Chapitre 2 : Zelda

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Petit, fin et souple. Zelda s'agrippa de ses mains à la branche sur laquelle il avait glissé. Quel idiot avait-il été de grimper sur un arbre pour sauter, par la fenêtre, dans sa chambre ! De toute manière, il ne pouvait pas passer devant ses parents qui regardaient la télé dans le salon puisqu'il devait dormir. Il n'aurait vraiment pas dû faire le mur pour rejoindre sa copine - qui le dépassait de dix centimètres - qui lui avait posé un lapin.

Zelda avait 16 ans, il était né le 3 janvier, il avait trois prénoms, il venait d'Amérique latine, il avait redoublé le CP et le pire, il mesurait 1m60. Le jeune homme n'avait pas de parents spécialements stricts, ni de problèmes familiaux ou sociaux dramatiques, il était juste Zelda, le petit nain. Qui portait par ailleurs le nom d'un jeu vidéo.

Fut un temps où Zelda aimait être petit. Sa taille avait des avantages : lorsque le ballon se coincait dans les arbres, il était choisi pour grimper et aller le chercher, sur les photos de classe, on voyait parfaitement son joli ensemble tout neuf, il avait toujours été au premier rang etc. Sa 6ième lui avait montré que ce n'était pas si cool que ça d'être petit.

Il avait une classe de géants, larges d'épaules et vulgaires comme des cochons. Leur professeur principal était aussi un fou, il se nourissait de la tristesse et la vulgarité de ses élèves. Il aimait faire passer ses étudiants au tableau pour qu'ils écrivent la date, la météo, c'était un prof d'anglais, etc. Il fallait écrire bien en haut, ce que Zelda ne pouvait faire. Qui sait le nombre de fois où il s'était ridiculisé ou bien à cause de son écriture bancale du fait qu'il doive écrire en étirant le bras, ou bien quand il devait sauter pour effacer le tableau s'il avait fait une faute.

Zelda avait franchi le seuil de la honte qu'une fois, et il s'était rendu compte que les gens étaient vraiment des chiens. Cela lui avait suffit. Il rentrait seul, son père préférant le laisser crever de froid en hiver ou de chaud en été, plutôt que de se lever et conduire une voiture pour aider son enfant. Sa mère ne pouvait pas, tout simplement car elle n'avait pas le permis.

C'était un soir de décembre où il rentrait à 17h45 car il avait eu cours au cinquième étage - leur collège étant l'unique du quartier. Le temps de descendre, de vider son casier lui prenait quinze - petites - minutes. Des gars de sa classe l'attendaient à l'entrée ce jour-là.

  • Tu rentres seul le nain ?
  • Euh... oui, pourquoi ?
  • Nan, comme ça. On t'accompagne ?

Zelda avait hoché les épaules. Les gars avaient ricané et s'était mis à marcher en le bousculant sur la route de temps en temps. Le gamin qu'il était n'avait rien dit. Il ne s'était rendu compte que trop tard qu'ils se foutaient ouvertement de sa gueule en le filmant pour envoyer la vidéo à "des gens". Zelda avait rougi, ravi que la nuit masque ses traits, puis avait ouvert sa trousse et balancé son contenu à leur visage et s'était enfui en courant.

Il avait honte de ne pas s'être défendu lorsqu'ils le bousculaient ou s'amusaient à l'appeler "Passepartout" mais ce qui était fait, était fait, s'était-il dit. Il avait 12 ans, un an de plus qu'eux, mais avaient l'impression de n'en avoir que cinq face à cette humiliation.

Il n'avait pas eu vraiment de potes avant le lycée où il était bienheureux de changer de lycée. Sa première année s'était bien passé, il était en première. Rien n'aurait pu lui arriver.

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