Prologue
Phaenna accusa le choc comme un coup de poing. Une douleur sourde envahit son esprit, et elle porta la main à son front en vacillant. Jila, la Seconde se précipita pour la soutenir ; elle lui prit le bras.
— Grande-prêtresse, que se passe-t-il ? Vous êtes pâle comme la lune !
Il fallut quelques secondes à Phaenna pour retrouver son souffle. Quand elle releva les yeux, son regard était voilé d’une immense tristesse.
— Elle est revenue, Jila. Je la sens… elle, et l’abomination qu’elle a libérée.
Jila blêmit, comme si ces mots lui glaçaient le sang. Ses lèvres se mirent à murmurer une incantation instinctive, une prière pour éloigner les démons.
— Nyx… murmura Phaenna. Cela signifie que nous allons, de nouveau, affronter des temps de ténèbres. Et elle est revenue plus forte encore que sa mère.
Elle redressa légèrement la tête, s’imposant une maîtrise stricte malgré l’angoisse qui l’oppressait. Sa voix devint plus dure, presque tranchante.
— Ce n’est pas qu’une hypothèse, Jila. C’est une certitude. Mais nous avons encore un espoir.
Jila leva les yeux, troublée.
— Un espoir ? Que voulez-vous dire ?
— Un jeune homme, choisi par la lumière. Il ne sait rien encore, mais la lumière l’a marqué. Je le sens… comme un éclat dans l’obscurité.
Jila hésita, son regard s’attardant sur le visage tendu de Phaenna.
— Il nous faut le trouver avant elle, car si elle s’en empare…
Phaenna se retourna brusquement, tirant légèrement sur les bords de sa robe immaculée. Sa silhouette élancée s’engagea dans le couloir menant à la grande salle, Jila sur ses talons.
— Préviens les Sépides. Qu’elles viennent au temple immédiatement. Chaque instant compte.
Le ton de Phaenna ne laissait aucune place à la discussion. Le souffle froid qui parcourait les pierres du temple des quatre vallées semblait résonner de la gravité de ses paroles. Dans l’air, un soupçon de magie tremblait déjà, éveillé par l’ombre qui rôdait désormais sur le monde.

Annotations
Versions