CHAPITRE VI : La bibliothèque, Biber (2)

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« Lors de mon séjour au Monastère de Haslach, il me fut donné le loisir de m'entretenir, lors d'un souper, avec le grand intendant de la bibliothèque. Ce dernier me fit montre de maints ouvrages antiques, ornés de gravures, où estaient représentés les diverses bestes sauvages de leur contrée. Il m'a conseillé qu'il convenait de discerner les légendes des vérités, car bien des récits anciens estaient emplis de fables. Ainsi, me cita-t-il des passages décrivant dragons, griffons et autres chimères, me certifiant que tout cela n'était que pure invention, fruit des superstitions des siècles passés.

Mais il se monstra fort assuré en me désignant le dessin esquissé d'un grand cerf, lequel, me dit-il, n'estait autre qu'un puissant élan dont la ramure se pourrait étendre jusqu'à douze pieds en largeur. Il m'affirma que cet animal sauvage existe encore et que certains voyageurs, revenant des vastes contrés du Nord, disaient l'avoir aperçu. Leurs descriptions correspondent en tous points à celles des écrits, et pour cela le moine incline à y prêter créance.

Puis, il me monstra un passage traitant du lion des montagnes, fauve redouté que l'on tenait pour éteint depuis longtemps. Sur ce point, il ne put offrir plus de certitude, ayant recueilli nulle confirmation de l'existence actuelle de ce monstre ; il pense même qu'il n'avait jamais existé hors des songes anciens.

Enfin, estaient décrit les animaux de faune plus commune et bien connus : l'auroch, l'ours, le lynx, le loup et le bison. Chaque espèce y est accompagnée d'une description précise de ses mœurs et habitudes, le tout semblant fort soigneusement documenté. »

-Récit du 2e voyage dans l’Occident, Tome2, Vol 3,- Thomas de Cithère-

Biber se redressa et rendit le livre au chanoine Herbrecht.

— On nous autorise rarement à lire de tels textes, dit-il d'une voix où perçait une pointe de respect mêlée d'étonnement. Je suis assez attiré par tout ce qui est décrit comme croyances, superstition et mythes, vous le savez bien.

Le père Herbrecht le regarda avec bienveillance. Biber reprit.

— Mais c’est justement ce qui est occulté ici. Le narrateur a vite fait d’écarter ceci en parlant des dragons, chimères, etc.

— Je crois que ce sont réellement des légendes, reprit le chanoine, mais, si c’est la magie et les phénomènes inexpliqués qui t’attirent, il y a d’autres textes chez le chanoine intendant, tu pourras les consulter. Avec ce statut d'assistant-intendant, tu devras faire preuve d'une grande curiosité, mais aussi d'une certaine retenue. Désormais, tu es responsable d'une partie de ce savoir, de ces récits et de ces trésors. Prends conscience que tu as le droit de lire ces œuvres rares, oui, mais surtout le devoir d'approfondir ce que tu apprends et de le transmettre à ton tour.

Biber caressa la couverture du livre, effleurant la reliure dorée abîmée, conscient que ces pages contenaient plus que des mots. Mais pour l’heure, il prit surtout conscience de sa faim, car son estomac le rappela à l’ordre. Il devait bientôt être midi. Tout absorbé par ses lectures, il n’avait pas entendu sonner la petite cloche de l’office. Il salua le prêtre et se dirigea vers la cuisine.

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