CHAPITRE VII : Le temps des intrigues
L’échevin marmonna encore de son côté. Maître Blenner en profita pour intervenir.
— En tout cas, ces futurs travaux de pavage et d’assainissement sont de bonnes nouvelles, intervint-il. En tant que représentant des commerçants, je vous remercie de cette décision qui va améliorer nos échanges sans aucun doute et continuer d’augmenter l’attractivité de la ville. Il faudra que nous nous entretenions avec le miseur, car j’ai des suggestions pour améliorer la circulation des chariots. J’en profite d’ailleurs pour renouveler ma demande que nous ayons également accès aux comptes de la ville. Cela faciliterait sans aucun doute la circulation d’argent et tout le monde en profiterait.
— Vous savez bien que la décision ne dépend pas que de moi, lui répliqua Hugues
Il détecta sans erreur une nouvelle tentative de la communauté des marchands pour se rapprocher du pouvoir. Son père l’avait mis en garde contre cette haute bourgeoisie qui cherchait obstinément à supplanter la noblesse. Ce mouvement prenait de l’ampleur au fur et à mesure que grandissait la fortune de certains marchands. Fortune qui pouvait être supérieure à celle de grandes familles nobles.
— Malgré tout je me permets d’insister pour que nous envisagions, au moins, un dialogue sur ce sujet.
— Désolé, maître Blenner, mais, pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour.
L’intéressé se recula au fond de son fauteuil dans un silence contrarié. Hugues eut le temps d’entrevoir un regard de défi dans les yeux du ferblantier.
— Bien ! messieurs, le conseil est clos.
Hugues se leva, tout le monde l’imita. Il fit signe à de Weinberghügel pour l’entretenir à l’écart. Ils attendirent que la salle soit vide.
— Sire, vous avez bien vu la nouvelle tentative de maître Blenner pour élargir leurs prérogatives, je compte sur vous pour le contrôler.
— Ne vous inquiétez pas, ce soir, la corporation tient une réunion et je vous rapporterai ce qui aura été dit. Maintenant, si vous le permettez, je vais m’enquérir des nouvelles au sujet de mes filles.
Hugues lui mit la main sur l’épaule.
— Vous avez mon assurance que cette affaire va être réglée rapidement.
De Weinberghügel s’inclina et s’éloigna sous le regard de Hugues qui se félicita encore de son idée d’anoblir Bertrand Weinberghügel. La promesse de fiançailles avec sa fille avait achevé de le rallier à son camp. Il s’était ainsi forgé une sérieuse alliance au cœur de la communauté des bourgeois de Dànn.
Gauvin, son précepteur approcha.
— Vous avez vraiment l’intention d’épouser cette fille ? Vous vous doutez bien que votre père à d’autres ambitions d’alliances pour vous.
— Ne t’inquiète pas Gauvin, depuis quand des fiançailles impliquent-elles toujours un mariage ? Le plus important c’est que lui, pour l’instant, y croit. Mais à part ça, est-ce que notre « petite affaire » est réglée ?
— Tout à fait, ce sera fait la nuit prochaine.
— On ne craint rien de la part de l’exécutant ?
— Non, notre homme sait qu’on lui attribue déjà deux crimes commandités et s’il parle, il sera immédiatement arrêté et pendu.
— Je me demande toutefois si, à terme, il ne faudra pas le faire. Il va devenir un témoin gênant.
— Il faudrait que ce soit discret, mais pour le moment, je suis sûr que nous sommes tranquilles, notre homme n’est pas bête et il sait très bien que le succès de son entreprise dépend de son silence.
— Bien ! bonsoir Gauvin.

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