CHAPITRE XIII : Les amours interdites (4)
Le supplice
La place du château qui s’étendait jusqu’au parvis de l’église ne pouvait accueillir un badaud de plus. Partout, des visages tendus se tournaient vers l’estrade dressée devant l’entrée principale. Le soleil matinal éclaboussait la scène d’une lumière cruelle, amplifiant chaque détail. Geneviève se tenait droite, les bras croisés, à quelques pas de sa mère, refusant obstinément de croiser son regard ou d’accepter la main tremblante qu’elle lui tendait parfois. Dans son esprit, la colère sourdait, encore plus violente que le désespoir. Cette situation, cette horreur, tout cela aurait pu être évité. Et pour cela, elle tenait sa mère responsable.
Devant l’entrée du château se dressaient une estrade et un bûcher sur la droite, à l’écart. Deux gros rondins de bois sur pieds, larges comme des troncs et allongés, étaient installés au centre de la tribune, côte à côte. Un brasero crachait des flammes. Un homme grand et imposant, vêtu de cuir, se tenait figé, le bourreau. Le soleil dispensait une chaleur déjà marquée malgré l’heure matinale. Geneviève leva les yeux vers l’estrade. Son père et le prévôt s’étaient avancés, figures d’autorité rigides et impassibles. Mais elle connaissait trop bien son père, sous ses traits tendus, il y avait l’homme brisé. Il ne voulait pas être ici. Elle non plus. Pourtant, aucune issue n’existait. Pas pour eux. Pas pour Renaud.
Le prévôt se plaça en avant pour énoncer les sentences. Un silence complet saisit l’assistance. Les parents Mayeur, livides, lui soutenant sa femme, se tenaient non loin d’elle. Le prévôt se recula et fit signe aux gardes. Une porte du château s’ouvrit juste derrière l’échafaud. Une onde parcourut la foule. Geneviève porta la main à sa bouche pour étouffer un cri. Deux silhouettes apparurent, soutenues par des gardes. Renaud marchait à peine, ses jambes semblant sur le point de céder à chaque pas. Malgré tout, il releva les yeux et chercha Geneviève du regard. Lorsqu’il la trouva, il esquissa un sourire, pâle et vacillant, mais il s’éteignit presque aussitôt. Ses traits portaient la trace d’une nuit d’angoisse. Aubert, à ses côtés, semblait absent, comme déjà déconnecté de ce monde.
Les deux jeunes gens nus furent amenés en les portant à moitié. Un cri strident retentit. Geneviève tourna la tête vers la mère d’Aubert, effondrée dans les bras de son mari. Le prévôt se pencha vers le capitaine de la garde et lui murmura quelque chose. Un cordon de soldats se resserra autour de l’estrade, mais cela ne suffirait pas à contenir une foule qui commençait à s’agiter.
Les gardes apportèrent tout d’abord Renaud face au billot. Ils le plaquèrent de force et le bourreau lui lia pieds et mains de sorte qu’il enserrait le bois et ne pouvait plus bouger, offrant son dos. Ce fut ensuite le tour d’Aubert de se retrouver dans la même position.
Le bourreau s’approcha de Renaud avec un fouet. Geneviève détourna les yeux, mais un instant seulement. Elle ne pouvait pas. Pas maintenant. Lorsque le bourreau leva son fouet, elle ferma les yeux.
Le sifflement du fouet brisa le silence. Renaud hurla. Geneviève sentit ses ongles s’enfoncer dans ses propres paumes, mais elle ne bougea pas. Elle sentit sa mère défaillir avec un cri étouffé à ses côtés et elle vint la soutenir. Chaque coup résonnait comme un coup de marteau dans sa poitrine. Elle comptait malgré elle. À la vingtième frappe, Renaud ne cria plus. Sa tête retomba mollement sur le bois. Geneviève pleurait sans s’en rendre compte, ses larmes traçant des sillons brûlants sur ses joues.
Lorsque le bourreau s’arrêta enfin, un souffle parcourut l’assemblée. Geneviève monta les marches de l’estrade avant même que les gardes n’aient totalement détaché son frère. Elle avait emporté un drap blanc et enveloppa doucement son corps meurtri, ses mains tremblant devant tant de blessures. Héloïse s’approcha à son tour, mais Geneviève la repoussa d’un regard dur, presque haineux. Avec l’aide des gardes, elle souleva son frère. Il était lourd, inerte, mais elle ne faiblit pas. Pas maintenant. Elle murmura à son oreille, des mots qu’il n’entendait probablement pas. Elle descendit les marches, le drap blanc maculé de sang, et croisa des regards effarés. La foule murmurait. Certains se signaient. D’autres détournaient les yeux.
Elle voulut rester auprès de Renaud, mais un cri derrière elle la força à se retourner. Aubert était encore attaché. Le bourreau s’avançait avec une barre de fer chauffée à blanc. Geneviève aurait voulu courir, crier, mais ses jambes refusaient de bouger. Les hurlements d’Aubert déchirèrent l’air et furent bientôt couverts par ceux de la foule, enragée. Des hommes tentaient de percer le cordon de soldats. Geneviève, incapable de supporter davantage, baissa la tête. Elle ne la releva qu’au moment où le corps d’Aubert, inerte, fut porté jusqu’au bûcher. Les flammes jaillirent, apportant leurs volutes d’odeur écœurante. La foule devenait instable, une onde de colère déferlait sur la place. Geneviève accepta l’aide de sa mère qui se joignit aux gardes qui leur dégagèrent un passage au milieu du tumulte. Lorsqu’ils arrivèrent à la voiture qui les attendait, Geneviève eut le temps de se retourner pour voir que maintenant la foule montait à l’assaut de l’estrade. Elle monta, ferma la porte et donna l’ordre de partir.
Cette scène restera gravée à jamais dans sa mémoire, elle le savait.
Des serviteurs sortirent à l’approche de la voiture, silencieux et graves, comme si même leurs gestes devaient respecter le drame qui se jouait. Renaud, enveloppé dans le linge blanc, fut délicatement soulevé par quatre hommes. Geneviève suivait chaque mouvement, le cœur battant à tout rompre, guettant la moindre douleur qui pourrait marquer le visage inerte de son frère. Héloïse, en retrait, les yeux rougis, semblait à la fois proche et infiniment distante, comme si elle hésitait entre avancer pour aider et s’effacer pour toujours.
Dans le château, l’atmosphère était lourde, étouffante. Les serviteurs montèrent l’escalier avec précaution, murmurant entre eux pour coordonner leurs efforts. Geneviève ouvrit la porte de la chambre qu’elle avait préparée à la hâte. Elle avait disposé des draps propres sur le lit et poussé les meubles pour laisser de l’espace autour. Héloïse était là aussi, immobile près du seuil. Geneviève ne lui accorda pas un regard, concentrée sur une seule chose : Renaud.
Lorsque le corps martyrisé fut déposé sur le lit, face contre le matelas, un silence pesant s’abattit. Geneviève s’agenouilla immédiatement près de son frère. Ses mains tremblaient, mais elle ne se permit pas de faiblir. Elle caressa doucement ses cheveux collés par la sueur et le sang. « Renaud… c’est moi. Geneviève. On va s’occuper de toi, d’accord ? Je te promets, tout ira bien. » Sa voix se brisait par moments, mais elle poursuivit, inlassable, espérant qu’il l’entende quelque part, au fond de ce gouffre où il semblait s’être réfugié.
Le soignant et son assistante arrivèrent peu après, portant leurs affaires, un grand pot d’onguent épais et parfumé, des bandages, et un linge trempé dans une infusion d’herbes médicinales. L’homme d’un certain âge hocha la tête en voyant Geneviève.
— Mademoiselle, il faudra du temps. Et de la force.
Geneviève releva la tête, les yeux pleins de larmes, mais résolue.
— Faites tout ce qu’il faut. Je resterai.
À côté, Héloïse se tenait toujours, une main agrippée au chambranle de la porte. Ses lèvres remuaient comme si elle voulait parler, mais aucun son n’en sortait. Elle faisait un pas vers le lit, hésitait, reculait. Chaque mouvement semblait peser une tonne. Finalement, elle posa une main tremblante sur le bras de Geneviève.
— Je… je peux aider.
Geneviève leva des yeux froids et durs vers sa mère.
— Non. Vous avez fait assez.
Sa voix, tranchante comme une lame, coupa court à toute tentative d’insistance. Héloïse retira sa main et recula, anéantie, avant de se réfugier dans un coin de la pièce, où elle s’assit en silence, l’air écrasé par sa propre culpabilité.
Le soignant et son assistante commencèrent leur œuvre, enduisant lentement les plaies béantes du dos et des flancs de Renaud avec l’onguent. Geneviève observait chacun de leurs gestes, la gorge nouée par la douleur de voir son frère dans cet état. Chaque application du baume semblait réveiller des éclats de souffrance sur son visage, mais il restait inconscient, ses respirations faibles et irrégulières.
À un moment, le soignant releva la tête.
— Mademoiselle, pourriez-vous tenir le linge imbibé ? Il faut nettoyer les plaies avant de continuer.
Geneviève s’exécuta immédiatement, sans poser de questions. Ses mains ne tremblaient plus, elles étaient fermes, déterminées. Elle tamponna doucement les blessures, retenant son souffle à chaque fois qu’un soupir de douleur s’échappait des lèvres de Renaud.
Héloïse, de son coin, pleurait en silence. Elle ouvrit la bouche pour tenter de dire quelque chose, mais Geneviève la devança. Sans même se retourner, sa voix claqua à nouveau.
— Vous n’avez pas le droit de pleurer. Pas après ce que vous avez laissé faire.
Geneviève continua. Ses propres larmes coulaient sans interruption, mais elle les ignorait. Elle murmurait à Renaud des mots rassurants, des prières murmurées à demi-mot, des promesses qu’elle ferait tout pour tenir. Elle serra sa main, glacée, contre la sienne.
La nuit était tombée quand le soignant recula enfin.
— Nous avons fait le nécessaire. Le reste dépendra de lui et… de Dieu.
Il posa une main compatissante sur l’épaule de la jeune femme, un geste lourd de bienveillance, mais mal placé. Geneviève releva lentement la tête, et ses yeux, rougis, mais flamboyants, rencontrèrent les siens.
— Dieu ? » cracha-t-elle, d’une voix amère. Ce même Dieu qui a voulu qu’on le fouette comme un chien ? Qui a permis qu’on humilie mon frère jusqu’à le briser ? Non, ne comptez pas sur lui. Tout ce que Dieu a fait, c’est bénir ceux qui ont bâti ce bûcher.
Le soignant resta figé, pris de court par l’acidité des mots. Il ouvrit la bouche comme pour répondre, mais Geneviève ne lui en laissa pas l’occasion. Elle serra la main de Renaud et ajouta, plus doucement, mais avec une détermination implacable.
— Ce ne sera pas Dieu qui le sauvera. Ce sera nous. Moi.
L’homme finit par se redresser, silencieux, comprenant qu’aucune parole ne pourrait apaiser cette colère ni ce chagrin. Il posa un instant sa trousse sur la table, s’inclina légèrement et sortit de la pièce, son assistante à sa suite.
Geneviève ne bougea pas. Elle resta là, à genoux près du lit, veillant sur lui. Derrière elle, Héloïse tenta de se rapprocher.
— Geneviève, je…
— Sortez, murmura Geneviève, sans même lui accorder un regard.
Héloïse hésita, puis quitta la pièce, laissant sa fille seule avec Renaud. Geneviève s’installa près de lui, posant doucement sa tête sur le matelas à côté de son bras.
— Tiens bon, Renaud, chuchota-t-elle. S’il te plaît, tiens bon.
Et dans le silence de la nuit, elle continua de veiller
Gérard d’Eguisheim ne décolérait pas. Dès qu’il le put, il rejoignit son bureau et fit appeler sa femme. Héloïse entra toujours blême, le visage ravagé par le chagrin. Il se campa devant elle.
— Voilà où nous mènent vos bigoteries. J’espère que, maintenant, vous en pesez toutes les conséquences. Avoir voulu laisser toute la place à cette… église ne nous amènera rien de bon. Je vais reprendre tout ça en main et je ne sais pas encore comment. De plus ça ne s’arrête pas là, le mécontentement gronde en ville. Les gens ne veulent pas de cette violence et ne comprenne plus rien. Je crois que tout cela dessert vos desseins. Vous ne dites rien ?
Héloïse restait muette et immobile.
— Je vais me retirer.
— C’est ça, oui, lui jeta-t-il avec un geste de lassitude.
Héloïse regagna sa chambre, comme une ombre. Elle avait traversé les événements de ces derniers jours avec une distance qu’elle ne s’expliquait pas, une sorte de voile opaque entre elle et la réalité. Ce détachement l’avait préservée, ou du moins elle le croyait, jusqu’à ce qu’elle croise le regard de Geneviève, flamboyant de reproches, et qu’elle voie le corps martyrisé de son fils, nu, fragile, brisé. Ce moment avait fissuré son armure. Une douleur sourde et implacable avait pris racine en elle, grossissant chaque seconde.
Ses certitudes, autrefois si solides, semblaient désormais autant d’illusions bâties sur du sable. Toute sa vie, elle avait suivi les enseignements de l’Église, convaincue qu’ils étaient la seule voie pour protéger son foyer, ses enfants, et son honneur. Mais maintenant, tout cela lui paraissait dérisoire, cruel même. Comment ce Dieu qu’elle avait tant prié pouvait-il permettre un tel supplice ? Était-ce elle, avec son intransigeance, qui avait offert Renaud et Aubert en sacrifice sur l’autel de principes creux ?
Héloïse atteignit enfin sa chambre et s’effondra sur son lit. Le poids de tout ce qu’elle avait nié jusque-là s’abattit sur elle, une tempête intérieure qui balayait tout sur son passage. Elle pleura, d’abord en silence, puis de façon irrépressible. Des sanglots longs, violents, convulsifs, s’échappèrent d’elle, comme si son âme elle-même cherchait à fuir cette douleur insupportable. Quand les larmes se tarirent, ce fut la rage qui prit leur place.
Un cri déchirant, presque animal, emplit la pièce. Héloïse hurla jusqu’à en perdre la voix, frappant son matelas de ses poings tremblants. Elle aurait voulu briser tout ce qui l’entourait, détruire ce monde qui lui avait pris son fils et son honneur. Ce fut ainsi qu’une servante, attirée par le bruit, entra précipitamment. La jeune femme hésita un instant, terrifiée par cette figure qu’elle ne reconnaissait plus. Héloïse, si froide, si digne, n’était plus qu’un amas de douleur.
La servante, rassemblant tout son courage, s’avança.
— Madame…
Héloïse leva des yeux rougis par les pleurs, son regard vague et désemparé. La servante, malgré son effroi, s’agenouilla devant elle, osant l’impensable, elle prit doucement les mains d’Héloïse dans les siennes.
— Venez, dit-elle d’une voix douce, mais ferme.
Elle l’aida à se lever, sa poigne ferme comme celle d’une mère guidant une enfant perdue. Héloïse se laissa faire, ses jambes flageolantes la portant à peine. La servante la conduisit vers le lit, ouvrit les draps avec soin, puis ôta les chaussures de sa maîtresse avec un respect empreint de tendresse.
— Essayez de dormir, murmura-t-elle en la guidant pour s’allonger.
Héloïse se laissa tomber sur le matelas, épuisée. Alors que la servante rabattait la couverture sur elle, une lueur de gratitude, faible, mais sincère, traversa son regard. Pourtant, le tumulte dans son esprit ne s’apaisait pas. Les questions tournaient en boucle, comme des spectres affamés.
La servante recula doucement, tirant les rideaux pour plonger la pièce dans une pénombre salvatrice. Lorsque la porte se referma, Héloïse ferma les yeux. Mais le sommeil ne vint pas.
Geneviève poussa la porte du bureau de son père sans frapper. Elle n’avait ni la patience ni l’envie de ménager qui que ce soit, surtout pas lui. Gérard était assis derrière sa table, une main sur son front, les épaules affaissées. Le grand homme, si imposant habituellement, semblait réduit, écrasé sous un poids invisible. Ses yeux rougis par le chagrin ou le manque de sommeil se levèrent vers sa fille, mais il ne trouva rien à dire.
Ils restèrent un moment ainsi, en silence. Geneviève, debout, droite, son regard chargé de reproches, et Gérard, prisonnier de son propre effondrement. Finalement, il leva une main, comme pour saisir quelque chose dans le vide, un geste désespéré qui traduisait son incapacité à trouver des mots.
— Je pense à Aubert… à sa famille, murmura-t-il, la voix rauque. Comment avons-nous pu laisser faire ça ? Mon Dieu…
À l’évocation de Dieu, Geneviève eut un ricanement glacé qui le fit sursauter.
— Dieu ? Laissez-le donc où il est, celui-là, lança-t-elle. Si c’est ça, Dieu, je n’en veux pas ! Oui, dites-moi, père. Comment avez-vous pu laisser faire ça ?
La colère vibrait dans sa voix, mais derrière elle, on devinait une douleur à vif, un désespoir qu’elle ne savait plus comment contenir. Gérard baissa les yeux, honteux, incapable de soutenir le regard incendiaire de sa fille.
— Que comptez-vous faire ? poursuivit-elle, implacable. Votre fils est mutilé à vie. À vie ! Et je ne parle même pas de son désespoir, de la façon dont il vous regardera, s’il peut encore lever les yeux vers vous sans…
Sa voix se brisa un instant, mais elle se reprit, son ton devenant plus dur encore.
— Tant que c’était cette pauvre folle que vous avez bannie pour sorcellerie, tout allait bien, n’est-ce pas ? On pouvait faire semblant de ne pas voir. Mais maintenant ? Qu’avez-vous à dire ?
Gérard resta silencieux. Ses mains tremblaient légèrement sur le bois du bureau. Il ouvrit la bouche, la referma, cherchant des mots qui ne venaient pas.
— Comment va-t-il ? demanda-t-il enfin, presque dans un souffle.
Geneviève serra les poings, sa colère bouillonnant à nouveau.
— Comment va-t-il ? Nous lui avons donné du lait de pavot. Il dort. Mais combien de temps pourra-t-il fuir dans le sommeil ? Et quand il se réveillera, qu’aurez-vous à lui dire ?
Le silence tomba à nouveau. Gérard sembla s’effondrer encore plus, son visage blême, sa respiration lourde.
— Je suis… anéanti, lâcha-t-il. Je garde ces images en tête… elles me hantent.
— Nous les gardons tous en tête, coupa Geneviève, cinglante. Et pas seulement nous. Vous pensez que les choses se passent bien en ville ? Vous vous trompez.
Il releva des yeux pleins de détresse vers elle.
— Je sais… murmura-t-il. Il a fallu fournir une escorte pour raccompagner le prélat. Les gens sont en colère. Très en colère.
Il passa une main sur son visage, comme pour s’effacer lui-même.
— Je vais réfléchir, reprit-il d’une voix basse, presque inaudible. Mais il faut que nous sortions de tout ça…
Geneviève le fixa un long moment, immobile. Son regard était dur, intransigeant, mais une lueur de déception, presque de pitié, traversa ses yeux.
— Vous réfléchirez, répéta-t-elle avec amertume. Je retourne auprès de Renaud. Votre fils.
Elle tourna les talons et quitta la pièce sans un mot de plus, refermant la porte derrière elle. Dans le couloir, son pas resta ferme, mais son cœur battait violemment. Elle se força à ne pas regarder en arrière.

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