CHAPITRE XVIII : Un moment de réconfort (1)

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La déclaration d’Ancelin

Deux jours furent nécessaires pour planifier le départ. Finalement, un long convoi se forma avec des attelages, du bétail à surveiller et une centaine de personnes à pied. Petit à petit, le long du chemin, des familles purent trouver des hébergements dans différents petits bourgs. Mais ce fut encore une bonne moitié qui rejoignit Dànn et qu'il allait falloir loger.

Lorsqu'ils atteignirent enfin la ville, Ancelin ressentit un profond soulagement mêlé d'épuisement. Sale, fourbu et désabusé, il s'approcha de Hugel.

— Je vais me décrasser, dit-il en posant la main sur son épaule. Ensuite, je vous rejoindrai chez le gouverneur pour notre rapport.

Elle hocha la tête sans un mot, le regard perdu vers l'horizon. Ancelin tourna les rênes, disparaissant parmi les ruelles de la ville.

Il passa par l’auberge récupérer des affaires et se rendit aux bains. Il laissa son cheval à l’entrée, pénétra dans l’immense établissement où l’on percevait déjà la chaleur des bassins. Le gardien lui donna une plaquette de bois avec un numéro contre un denier. Il trouva son casier, se déshabilla avec lassitude et s’attarda un instant, le front appuyé contre la porte en bois. Ses muscles étaient lourds, son esprit encore embrouillé par les récents événements. Lorsqu’il se redressa, son regard accrocha une silhouette familière. Lianor avançait doucement vers le bain central, un fin nuage de vapeur l’enveloppant presque comme un voile. Son cœur bondit. Il l’appela doucement, car la discrétion régnait dans ces lieux.

Elle se retourna, un sourire éclatant illuminant son visage.

— Bon sang, mais tu as une sale tête, allez, viens !

Lianor lui prit la main et l’entraîna sans attendre. Ils entrèrent dans l’eau brûlante du bassin, et Ancelin sentit immédiatement une onde de chaleur l’envahir. Il s’allongea contre le bord, ferma les yeux, laissant enfin la fatigue l’emporter. Lianor respecta son silence, se contentant de glisser sa main dans la sienne. Il répondit par une légère pression, geste d’une tendresse silencieuse. Au bout de quelques minutes, elle se risqua à poser une question.

— Je sais que tu étais en mission, mais ça n’a pas été facile, on dirait.

Ancelin émit un long soupir et lui résuma brièvement les événements.

— Ce pauvre gamin, murmura Lianor.

— Oui, pour une simple mission de reconnaissance, c’est raté. Putain ! je garde toujours présente l’image de ce… cette créature, je ne sais pas comment dire. Il aurait pu me tuer aussi vite qu’Yvain avant même que je ne réagisse.

Elle se colla à lui et lui fit cadeau d’un long baiser qu’il reçut avec plaisir.

— Je dois aller chez le gouverneur.

— Alors, viens, laisse-moi te laver.

Ils quittèrent, un peu à regret, le doux cocon de l’eau chaude et, toujours en le tenant par la main, Lianor l’emmena à côté de la fontaine. Là, sans ménagement, elle lui jeta un seau d’eau froide. Ancelin sursauta sous l’effet de la morsure glacée, mais un rire involontaire lui échappa.

— Par les dieux, Lianor ! Tu es sans pitié !

— Tu en avais besoin, rétorqua-t-elle en riant.

Lianor prit une petite serviette, l'enduisit de savon et entreprit de lui frotter tout le corps. Il ferma les yeux et la laissa faire. Elle finit en riant. Elle le rinça et lui mit la tête sous l’eau froide. Elle se serra contre lui en les enroulant tous les deux avec la grande serviette.

Elle se blottit contre lui. Ancelin plongea son regard dans ses yeux sombres, où la tendresse le disputait à la malice. Quelque chose céda au fond de lui, un verrou qu’il croyait depuis longtemps rouillé. Il prit son visage entre ses mains et l’embrassa avec une passion retenue trop longtemps.

— Je t’aime, souffla-t-il enfin, sa voix rauque.

Le sourire de Lianor s’élargit, radieux.

— Moi aussi, murmura-t-elle en se serrant plus fort contre lui. J’attendais que tu le dises.

Le temps semblait suspendu, là, dans l’écrin chaud des bains. Mais Ancelin finit par s’écarter, non sans mal.

— Il faut que j’y aille.

— Oui, à ce soir.

Ce fut elle qui l’embrassa.

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