CHAPITRE XXI : accepter l’inacceptable (6)

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Naissance d’un amour

Aude gratta à la porte d'Aléma. Ses doigts tremblaient légèrement, mais son cœur battait d'une détermination qu'elle ne s'était jamais connue. La tension augmentait ces derniers jours, ces regards volés et ces sourires échappés, lui rendaient cette visite inévitable. Elle avait dû user de mille précautions pour arriver jusqu'ici, sans être vue dans le quartier des gardes. Aléma ouvrit et écarquilla les yeux.

— Aude ? Mais vous…tu…

Aude lui posa son index sur la bouche et pénétra dans la pièce sans hésiter devant une Aléma médusée. Elle découvrit une chambre rustique, même spartiate. La couche était simple avec son matelas de paille. Un bahut occupait un coin, pendant qu’un meuble simple supportait un évier en grès avec une cruche. Une cheminée occupait tout un mur. Aléma n’était vêtue que d’une simple chemise blanche.

— J’étais venue te remercier pour ton efficacité de l’autre nuit. Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’en reparler.

Elle s’approcha d’Aléma.

— Mais j’ai fait que…

Elle ne put finir sa phrase, Aude l’embrassa avec fougue. Aléma resta les bras ballants, sidérée, et puis elle aussi enlaça Aude et lui rendit son baiser. Elles glissèrent rapidement vers le lit où Aude poussa sa conquête tout en lui ôtant sa chemise. Elle marqua un temps pour admirer un corps d’ébène magnifique. Les seins coniques étaient fermes et dressés avec de larges aréoles presque noires. Sous la peau satinée, on pouvait deviner une musculature fine et développée. Ses jambes semblaient interminables. Aude se coucha sur elle pour caresser tous ces attributs qu’elle avait si longtemps désirés. Elle découvrit avec émerveillement un tatouage sur le bas-ventre. Une superbe tête de serpent avec une collerette en losange se déployait juste sous le nombril. Les anneaux du reptile s’étalaient en descendant jusqu’à se perdre dans la belle toison drue, noir ébène. Tout à fait fascinée, Aude suivit du doigt le corps du serpent, continua son trajet imaginaire sous les poils et s’introduisit dans la fente douce et humide. Aléma poussa un gémissement de plaisir. Elle se laissa caresser puis se retourna pour rendre la pareille à Aude. Les corps d’albâtre d’Aude et ambre foncé d’Aléma se mêlèrent dans une succession d’ondes de plaisir.

Rassasiées pour un temps, elles roulèrent toutes les deux sur le dos, essoufflées et en sueurs. Puis Aude se déplaça sur le côté et laissa courir ses doigts sur la peau satinée d’Aléma. Elle se plaisait à souligner tous les contours de son corps. Elle caressait le tatouage.

— Placé là, la séance a dû être douloureuse ?

— On m’a fait quand j’avais quinze ans.

Aude se releva pour la regarder.

— Mon Dieu, mais c’est bien tôt, pourquoi ?

Aléma resta silencieuse un moment, puis inspira profondément.

— Il s’agit d’une marque familiale, clanique. J’appartiens à une famille importante dans mon pays ; ce dessin est le symbole. Il s’agit du cobra, un serpent très venimeux. Il est censé me protéger, sa vue doit imposer le respect.

Aude restait silencieuse. Ces informations apportaient d’autres questions, mais elle sentait une Aléma très réticente à se livrer. Elle préféra prendre le biais de l’humour.

— Alors, moi, j’ai commis un crime de lèse-majesté.

Elle fut surprise de sa réaction, elle la fixait intensément avec un air sévère.

— Pourquoi majesté ?

— Heu… je ne sais pas c’est une expression comme ça. Bon tu comprends que ce que tu dis apporte beaucoup d’interrogations.

— Oui, excuse-moi, c’est compliqué ce que j’ai vécu.

Aude s’approcha tout près de son visage.

— Alors, raconte-moi, souffla-t-elle en l’embrassant.

— C’est une longue histoire.

Elle prit une profonde inspiration.

— Disons que je suis né en Abyssinie, dans une famille noble. Mais il y a eu des révoltes, des luttes de clans et nous avons dû nous exiler. Avec toute ma famille, nous avons remonté le grand fleuve par un très long voyage jusqu’en Égypte où nous avons été recueillis par des membres de notre famille du côté de ma mère. Nous nous y sommes installés et mon père. avec mon oncle a développé un commerce prospère de tissus avec l’Europe. Ça, tu sais, puisque c’est avec ton père, surtout que nous commerçons.

Elle s’interrompit. Aude sentait que l’histoire n’était pas finie. Elle préféra rester silencieuse. Aléma reprit.

— Et puis… ma famille a été… massacrée, je suis la seule survivante.

Le cœur d’Aude se glaça.

— Je suis vraiment désolée, je ne sais pas quoi dire… je comprends que tu ne veuilles pas en parler. Mais te voilà ici en Elsàss ?

— Mon oncle, dans son commerce, avait des liens ici, ton père. Il ne me restait que cela comme connaissances, je suis venu. Cela fait plus d’un an que je suis parti et voilà.

Aude se retourna sur elle, la regarda fixement et l’embrassa longuement sur les yeux, le front, les lèvres à nouveau.

— Mais maintenant je suis là, moi, je t’aime et je ne te quitterai pas, lui murmura-t-elle à l’oreille.

Aléma se releva et commença à l’embrasser sur tout le corps descendant rapidement jusqu’à sa toison dorée. Aude se contorsionnait déjà de plaisir, Aléma lui mit le feu.

Elles sombrèrent ensuite dans une douce torpeur. Aude se réveilla d’un coup et se leva.

— Il faut que je regagne mes appartements.

Elles se séparèrent difficilement dans un long baiser brûlant. Aude ne croisa personne sur le retour, il devait être minuit passé. Elle ouvrit délicatement la porte de la chambre pour ne pas réveiller Viviane. Elle se glissa rapidement entre ses draps. Elle n’avait pas envie de dormir.

— Alors comment c’était ?

Elle sursauta presque à la voix de sa sœur.

— Tu ne dors pas ?

— Je me suis réveillé il n’y pas longtemps et j’ai tout de suite senti que tu n’étais pas là. Ce n’est pas difficile de deviner où tu étais. Alors ? Tu te rappelles que tu m’as promis de tout me dire.

Aude soupira.

— Bon, qu’est-ce que tu veux savoir ?

— Je ne sais pas moi, est-elle vraiment jolie ?

— Jolie ? murmura Aude. C’est bien plus que ça. Une peau noire comme la sienne c’est vraiment une merveille. Elle a un corps fin, mais musclé.

— Et… dedans… enfin c’est noir aussi ?

— Mais quoi dedans ?

— Enfin tu sais bien, là où…

Aude éclata de rire.

— Ah oui, mais non, bien sûr. Sa corolle est d’un beau rose nacré et ça sent si bon.

Elle lui décrivit le tatouage extraordinaire.

— Eh bien ! se contenta de dire Viviane, qui resta perdue dans ses pensées.

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