CHAPITRE XXIII : Le consensus impossible (3)

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La déception de Hugues

L’atmosphère dans la salle était oppressante, Hugues avait réuni son conseil restreint pour leur rendre compte de l’entrevue d’Ensigesheim. Il avait relaté avec précision les échanges qui s’y étaient tenus, mais son récit n’avait fait qu’accentuer son sentiment d’impuissance face à ses conseillers. La capitaine Hugel et Ancelin s’étaient succédé pour rappeler les faits, exposant l’apathie des grands seigneurs du royaume face à une menace pourtant criante. Chaque mot semblait ajouter un poids supplémentaire sur leurs épaules. Le prélat Garcin crut pouvoir avancer ses arguments.

— Dans tout cela, je me range tout à fait de l’avis du grand prélat de Strasbourg. Si nous avions consacré plus de temps à l’évangélisation du massif, nous n’en serions sans doute pas là. On ne peut voir là que l’œuvre de sauvages sans foi.

Hugues haussa les épaules en regardant Ancelin.

— Écoutez père Garcin. Je ne veux pas entrer ici dans cette polémique. Ce n’est ni le lieu ni le moment. Par contre, je compte sur cette charité chrétienne que vous vous complaisez à nous rappeler, pour que vous trouviez un accueil pour cette population supplémentaire que nous devons rapatrier par précaution. Ainsi que la nourriture. Nous participerons bien évidemment.

Le prélat se recula dans son fauteuil, le visage rembruni.

— Pour le moment, le plus urgent capitaine, c’est l’accueil du détachement du Margrave. Nous devons prévoir de les installer à la porte sud. Ensuite vous verrez avec leur capitaine pour organiser une surveillance commune. En cas de litige. Il est convenu que c’est moi qui trancherai. Monsieur le miseur, avez-vous pu estimer le coût de cette charge supplémentaire ainsi que celle de l’accueil de cette population dont nous parlions ?

Le miseur se lança, documents chiffrés à l’appui, dans une longue explication sur laquelle Hugues eut du mal à se concentrer. Depuis qu’il avait revu son père à Ensigesheim, une étrange nostalgie s’était emparée de son âme. Une sorte de mal du pays qui le ramenait à son enfance insouciante où il jouait avec sa petite sœur. Il se disait que cette période de bonheur avait été cruellement courte. Il trouvait d’un coup, ce manteau de gouverneur bien trop large pour ses épaules. Mais il n’avait plus le choix. Il se ressaisit rapidement en percevant le silence qui suivait la fin de l’exposé du miseur dont il n’avait retenu que la fin comme quoi cette charge était supportable.

— Merci monsieur le miseur. Bien, la priorité reste la sécurité. Je dois m’entretenir avec mes hommes. Messieurs, je vous remercie.

Il fit signe à Ancelin et la capitaine de se rapprocher.

— Capitaine, je vous confie la tâche de rapatrier les populations des villages les plus isolés, vous les escorterez. Sire Ancelin vous assistera.

Celui-ci demanda la parole.

— Monseigneur, il ne faut pas oublier les charbonniers, encore plus exposés.

— Effectivement, vous avez raison. Je m’en veux de ne pas y avoir pensé, ce sont quand même eux qui nous ont avertis en premier.

— Je vous propose de m’en charger. Je n’ai besoin que de deux ou trois d’hommes fiables.

— Très bien qu’il en soit fait ainsi.

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