CHAPITRE XXV : Un bref instant de bonheur (7)
Les progrès de Benoît
— Allez, je suis sûre que tu peux y arriver
La voix de Lisette était douce, mais ferme, tendue d’un fil d’espoir. Elle glissa un bras derrière le dos de Benoît pour l’aider à se redresser. Il prit appui sur son bras droit, le gauche restant encore assez faible. Le moindre mouvement semblait réclamer une énergie titanesque, mais ses yeux brillaient d’une volonté neuve.
Avec une grimace de douleur mêlée d’effort, il se hissa lentement, centimètre par centimètre, et, aidé d’une poussée discrète de Lisette, parvint à s’asseoir sur le bord du lit. Il haletait, les cheveux collés au front, mais un sourire triomphant fendit son visage.
— Tu vois, souffla-t-il, le regard pétillant malgré l’épuisement.
Lisette s’agenouilla devant lui, posant les mains de chaque côté de ses jambes, ancrée comme un roc, les yeux rivés aux siens.
— Oui, c’est très bien… Mais on va essayer d’aller plus loin maintenant.
Elle vit passer une lueur de crainte dans les yeux de Benoît. Il savait ce qu’elle allait dire, et il en redoutait le poids.
— Tu vas te lever, murmura-t-elle.
Deux soignantes s’étaient rapprochées sans un mot, prêtes à intervenir.
— Tu vas y arriver, Benoît, on est là, dit l’une d’elles avec un sourire rassurant.
Lisette, elle, ne le quittait pas des yeux. Elle lui prit les mains, les serra doucement, puis se leva lentement, l’attirant à elle avec prudence.
— Un pas à la fois. Tu n’es pas seul.
Benoît se pencha en avant. Son dos se courba, ses jambes tremblèrent, son souffle s’accéléra. Il vacilla un instant, chancelant comme une flamme sous le vent, mais Lisette le tenait fermement. Et puis… il y parvint. Il se redressa. Debout.
La salle, soudain silencieuse, semblait suspendue hors du temps. Puis les applaudissements éclatèrent, spontanés, émus, sincères.
Flore et Lianor arrivèrent, alertées par le tumulte.
— Tes deux jambes arrivent à te porter, tu vois ? dit Lianor, un sourire d’émotion au bord des lèvres.
Benoît, les joues rouges, chercha à se tourner vers les autres, mais ce fut plus incertain. Lisette glissa une main dans son dos pour maintenir l’équilibre. Il se tourna plutôt vers elle, le regard accroché au sien, plus intense que jamais. Ses lèvres bougèrent à peine, dans un souffle tremblant.
— Je t’aime.
Lisette resta un instant, figée, les yeux humides. Puis elle s’approcha doucement et l’embrassa, un baiser tendre et vibrant, offert au milieu des rires et des vivats.
Toute la salle s’était levée pour les applaudir, mais pour Benoît, il n’existait plus qu’elle.

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