CHAPITRE XXV : Un bref instant de bonheur (8)

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On trinque

Guer et Hans étaient assis face au Henki miraculeusement à jeun et à Cendrine. Leur logement d’hiver était mieux construit que leur baraque du massif. Malgré tout, le foyer central tirait mal et une légère fumée stagnait dans la pièce. S’ajoutait une faible odeur de vomis et d’urine. Le Henki devinant leur inconfort leur expliqua qu’un gamin était malade. La seule ouverture dispensait un éclairage insuffisant, tout particulièrement par ces sombres journées d’hiver. Guer attendait que son père ouvre la conversation.

— Voilà. Gus.

Guer comprit que son frère préférait l’appeler par son prénom pour une approche plus douce.

— Je suis venu avec mon fils pour te parler de Cendrine, tu t’en doutes.

Il reçut un grognement pour toute réponse, mais c’était encourageant. Il continua.

— Tu sais qu’ils se fréquentent depuis longtemps déjà, depuis l’été. Maintenant ils voudraient se voir plus et librement. Tu comprends ?

Cendrine piqua du nez, la tension monta d’un cran. Guer se dit que son père avait été direct, mais que c’était mieux ainsi. Quitte ou double. Il ressentit une bouffée de chaleur et des fourmillements dans les fesses devant le silence du Henki qui s’éternisait. Impossible de deviner ses sentiments. Puis il prit une profonde inspiration.

— Ton Guer… c’est un bon gars, travailleur, et vous êtes une famille honorable que tout le monde respecte, alors…

L’atmosphère devint épaisse, presque irrespirable pour Guer.

— … je veux bien.

Et ce fut tout. Un silence s’installa suite à cette réponse sibylline. Guer comprit que son frère n’allait pas en rester là.

— Donc, tu es d’accord pour qu’ils se voient seuls entre eux deux seulement ?

De nouveau, un silence.

— Ja, ja richtig.

La tension s’effondra brutalement. Tout le monde souriait. Guer et Cendrine se dévoraient des yeux.

— Bon, àschtoosa (trinquons) !

Le Henki se leva et ils l’entendirent fouiller dans un cellier situé dehors. Il revint avec une bouteille douteuse. Le regard de Guer croisa celui de son frère. Ce dernier haussa les épaules pour lui faire comprendre que c’était un passage obligé. Finalement c’était maintenant le moment le plus pénible de l’entrevue.

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