CHAPITRE IXXX : La nuit de l’horreur (4)

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Les combats

Ancelin partageait une bière avec Hugel dans la cuisine du château lorsqu’il vit entrer précipitamment un garde de l’entrée du château. Il était essoufflé, l’air hagard.

— La ville est attaquée, il y en a partout.

Avant même qu’il n’ait fini, la cloche de la collégiale retentit, faisant vibrer les pierres de la pièce.

— Où est Henri de Bade ?

— Sur les remparts.

— Va vite prévenir le gouverneur.

Ils se précipitèrent vers la salle de garde en effervescence. Une trentaine de soldats s’armaient dans une cacophonie de cuir et d’acier. Des ordres fusaient, des prières aussi, mais l’urgence écrasait tout. Sans perdre de temps, ils laissèrent les chevaux. La route vers la ville serait trop encombrée.

Des habitants, les visages terrorisés, se pressaient vers le château. Femmes et enfants, criant à pleins poumons, encombraient le passage. Le flot humain obstruait l’entrée, mêlant désespoir et terreur. Hugel et lui se frayèrent un chemin à coups d’épaules, suivis de leurs hommes.

Ancelin se figea net en apercevant les premiers assaillants qui escaladaient les remparts, bondissant avec une agilité bestiale. Il reconnut immédiatement des hommes-chats. Ils affrontaient des hommes du margrave, mais il fut saisi d’un nœud au ventre en voyant que ceux-ci n’arrivaient pas à prendre le dessus. Les assaillants dégageaient une énergie féroce, sauvage. Les affrontements se faisaient à l’épée. Ancelin vit un homme-chat dégainer rapidement une dague pendant son combat et frapper à la gorge avec une facilité déconcertante. Le cri d’un enfant perça brièvement avant de se noyer dans le tumulte. La sauvagerie déchaînée des assaillants dépassait tout ce qu’il avait pu imaginer.

Avec son groupe, ils pénétrèrent dans la rue principale et découvrirent les premiers morts, des civils, tous, certains mutilés. Deux adversaires leur firent face. Ancelin libéra toute sa haine et se précipita sur eux. Il en avait assez appris sur cette engeance et il ne laissa aucune chance au premier dont il esquiva l’attaque. Il lui planta son épée en plein thorax. Il se retourna pour voir deux gardes mal en point face au deuxième. Sans aucune hésitation, il frappa à la nuque. Les autres soldats retrouvèrent un sursaut d’agressivité en comprenant que ces êtres n’étaient pas invincibles.

— Rempart nord ! hurla-t-il en désignant l’épicentre du carnage.

La scène qui l’attendait là-haut frappa comme un coup au ventre. Des éclairs de lame illuminaient des corps enchevêtrés, le sang maculait les pierres. Henri de Bade affrontait un homme-chat dont chaque mouvement semblait une danse macabre. Le guerrier esquivait les coups avec une précision inhumaine. Ancelin se précipita et la violence de son irruption déstabilisa l’homme chat, suffisamment pour que Henri lui plante l’épée en plein abdomen. Ils ne dirent rien, échangèrent juste des regards et repartirent au combat. Malgré tout, les hommes du Margrave semblaient résister. Ancelin regarda la ville du haut du mur et vit quelques hommes-chats occupés à tuer un maximum de personnes qu’ils poursuivaient dans les rues. Il sentit les premiers effluves de fumée. « Ils mettent le feu ».

— Je prends dix hommes et je vais en ville avec Hugel, dit-il à Henri, qui se contenta de hocher la tête. Ils durent enjamber des corps, l’odeur du sang imprégnait tout l’espace.

Un homme-chat sauta sur Hugel au moment où ils passaient sous une porte. Ils roulèrent à terre. Ancelin se précipita sur l’assaillant et lui planta sa dague en travers de la gorge. Il vit que Hugel était blessée au bras gauche.

— Ça va aller ?

— Il faut, se contenta-t-elle de répondre.

Ils reprirent leur course et furent un moment, bloqués par de violentes flammes qui sortirent d’un bâtiment. Deux grandes maisons de marchand de tissus étaient en feu. Deux femmes éventrées gisaient devant, plus loin, un homme décapité. Des hurlements provenaient de l’intérieur, mais il n’y avait rien à faire. Ancelin dut faire un effort pour rester concentré, car tout allait très vite, trop vite. Ils remontèrent la rue principale, les hommes-chats semblaient s’être volatilisés. Une évidence traversa l’esprit d’Ancelin. Il cria.

— La collégiale et l’hospice, je suis sûr qu’ils vont l’attaquer, vite.

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