Mickael, qui avait passé sa matinée à échanger avec Chris, ne pouvait dissimuler sa joie. Alors qu’il était dans la salle d’étude avec ses amis, il se détacha complètement de la discussion. Judes fut le premier à le constater.

— Eh, Micka, qu’est-ce que t’as à sourire comme un abruti devant ton téléphone ? Celle que tu as mise enceinte a enfin décidé d’avorter ou quoi, bwahahaha ?

— Mais quelle blague de merde ! – dit Eva en regardant Judes d’un air dégoûté. – T’es vraiment qu’un pauvre con quand tu t’y mets !

— Mooooh, ça va, c’est qu’une blague, les filles. Pas la peine de s’énerver !

— Tu ferais mieux de te taire avec tes blagues de gros porc – lança Gabrielle très froidement.

— Ouais, Gaby ! Allez, viens, on y va ! J’en ai déjà marre d’être ici – suggéra Eva.

— Quoi, sérieux ? Vous allez nous laisser pour ça, vraiment ? – se lamenta Judes en regardant les deux jeunes femmes s’en aller.

— J’ai un truc à faire aussi, on se revoit en cours. À plus ! – conclut soudainement Mickael, laissant Judes seul dans cette grande salle.

Chris et Micka ne cessèrent de s’envoyer des messages pendant toute la journée. Ils étaient tels deux ados fous amoureux qui venaient de se retrouver. Puis, vers la fin des cours, Chris lui fit une proposition. Aux alentours de 21h00, Mickael convoqua tout le monde chez lui.

— Bah tiens, c’est rare que tu nous invites tous chez toi de ton plein gré ! C’est quoi, l’embrouille ? – chercha à savoir Gaby.

— Peut-être qu’il voulait juste avoir de la compagnie ! Pourquoi es-tu autant sur la défensive ? – sermonna Judes.

— Oh toi, retourne faire tes blagues de porc ! – s’écria Gaby de manière agressive.

— Bon, ça va, tu ne vas pas continuer avec ça !

Ils continuèrent de se chamailler jusqu’à l’arrivée d’Eva quelques minutes plus tard. Elle venait de faire sa toilette.

— Oh, je constate que c’est mouvementé ici ! Quelle blague ce porc de Judes a-t-il bien pu faire encore ? – questionna-t-elle.

— J’ai rien fait et d’ailleurs…

Les chamailleries perdurèrent, mais cette fois, à trois. On ne s’y entendait plus du tout.

— Booon ! Maintenant que vous êtes tous là, je peux commencer !

Le calme s’installa, ils se mirent tous à observer Mickael.

— Comme vous le savez, la fin d’année approche. Entre devoirs et contrôles incessants, nos corps et nos âmes ne cessent de se fatiguer, jour après jour !

— Oooooooh… – pensèrent-ils tous.

— C’est pourquoi, ce week-end, j’ai décidé qu’on irait tous… à Snakefield !!! – déclara-t-il en souriant.

— Ce menteur, ce n’est clairement pas la vraie raison ! – se dirent-ils tous en même temps.

Snakefield était une grande ville située dans le sud du pays. Très connue pour ses plages et ses magnifiques paysages montagneux, elle était particulièrement prisée des vacanciers.

— Aaaah, c’est vrai que tu as raison ! Je me sens si fatigué au quotidien ! Si on ne part pas à Snakefield, je vais faire un burn out ! – prévint Judes en faisant de grands gestes pour faire état de sa fatigue.

— Quel menteur, lui aussi, il veut juste aller faire la fête ! – en déduisirent Eva et Gaby.

— Je ne suis pas contre ! Haha ! Si tu payes le voyage, bien sûr ! – taquina Eva, sourire aux lèvres.

Micka retourna le fond de ses poches, elles étaient d’un vide abyssal.

— T’as pas honte ? Tu m’obliges à montrer mes poches !

— Grave ! Il a raison, surtout que c’est toi la plus riche ici, Eva. Paye-nous ce week-end ! – plaisanta Judes.

— Je ne suis pas la banque nationale, débrouillez-vous !

— Comment ça, débrouillez-vous !? Tu veux que je te montre à nouveau mes poches, c’est ça !?

— Non, pas la peine, tu fous déjà assez la honte comme ça ! – marmonna-t-elle en repoussant le visage de Micka.

— Bahahahahaha, c’est trop drôle quand Micka t’énerve, Eva ! – remarqua Judes.

— Toi, la ferme ! – interrompit Eva.

Leurs conversations étaient toujours agitées quand ils étaient tous ensemble.

— Mais du coup, plus sérieusement – reprit soudainement Gaby –, que veux-tu qu’on aille faire là-bas, en réalité ? Te connaissant, ce n’est pas juste pour aller faire la fête.

— Haha ! Eh oui, Gaby ! – admit Micka. – La vérité, c’est que si je veux aller là-bas, c’est pour y revoir un vieil ami à moi.

Judes fit le lien.

— Mais non, ne me dis pas que tu veux aller voir le virtualisateur !?

— Si ! Chris est un ami d’enfance, même bien plus que ça, c’est mon frère ! Ça faisait des années qu’on s’était perdus de vue et ça me fait mal de l’avouer, mais c’est grâce à Judes que…

— Eh oh, comment ça, ça te fait mal !?

— J’ai pu le retrouver et reprendre contact avec lui. Il m’a invité ce week-end, je lui ai demandé si je pouvais emmener trois personnes et il a accepté. Donc, si vous êtes partants, j’aimerais beaucoup y aller avec vous ! – confia Mickael avec un grand sourire.

Ses trois amis le fixèrent, remplis de compassion.

— Mmmh, comment te laisser partir seul ? Si on ne t’accompagne pas, tu vas être déboussolé ! – lança Eva.

— Elle a raison, sans nous, tu risques de te perdre, de te faire kidnapper par des vendeurs d’organes et de finir enterré vivant !

— Pourquoi tu penses toujours à des choses si sombres, Gaby !? – maugréa Micka.

— Bon bah, je crois que c’est décidé ! Haha ! On va t’accompagner, mon pote. En plus… je veux voir le virtualisateur !

— Du calme, Judes, cache ta réelle intention – temporisa Eva.

C’était décidé, ils allaient tous se rendre à Snakefield pour accompagner Micka afin qu’il retrouve son frère de cœur…