La Loi du Zodiaque
Les quatre amis étaient complètement largués. Être des « cobayes » pour un fameux « projet Z » top secret et soi-disant dangereux !? Eva et Gaby le prenaient mal, mais n’osaient pas demander d’informations supplémentaires en amont.
— Et c’est quoi, ce truc-là, ce projet Z ? Ça a l’air drôle !
Heureusement que les filles pouvaient compter sur Micka pour poser les questions délicates.
— Le projet Z, c’est le diminutif de « projet Zodiaque ». Mais avant de vous en dire plus, est-ce que vous connaissez la Loi du Zodiaque ?
« Hein, c’est quoi encore ce truc ? »
Telle fut la pensée qui les traversa tous au même moment. Même sans qu’ils le disent, Chris comprit à l’expression de leurs visages qu’ils n’avaient absolument aucune idée de ce dont il parlait.
— Je m’en doutais ! En fait, c’est assez simple. La Loi du Zodiaque est une loi universelle qui dit que chaque personne, selon son signe astrologique, est liée à un élément. Par exemple, toi Micka, tu es né le 24 août, si mes souvenirs sont bons. Donc tu es Vierge, ton élément, c’est la Terre ou quelque chose qui s’y rattache.
— Oooh, je comprends mieux. Donc toi, né le 24 février, tu es Poissons et ton élément, c’est l’Eau !
— Exact, tu as tout compris.
— Mais quel est le lien avec le projet Z, du coup ? – demanda Gaby.
— Un certain scientifique, dont il ne reste presque aucune trace aujourd’hui, a réussi à allier technologie et spiritualité. Malheureusement, il est mort en ne laissant derrière lui qu’un prototype.
— Le projet Z… – en déduisit Eva.
— C’est exactement ça – confirma Chris. – L’État l’a découvert il y a peu et a demandé à notre directeur de le développer.
Ils approchaient du laboratoire. Après avoir descendu les escaliers, ils se retrouvèrent devant une porte sécurisée par un code, juste derrière les marches. Une fois ouverte, ils débouchèrent sur un long couloir où de la fumée se diffusait dans toutes les directions. Chris leur expliqua que ce n’était qu’un système de désinfection.
Ils atteignirent un ascenseur menant au sous-sol.
— D’accord, mais du coup, on ne sait toujours pas en quoi consiste ce projet ? – s’impatienta Judes.
— Ne t’en fais pas – répondit Chris avec un sourire. – Tu vas vite comprendre.
Ils arrivèrent enfin dans une salle immense où une foule d’élèves en blouse s’affairaient. Chacun testait ou bricolait des inventions. Cet espace, réservé à l’élite de l’école, ressemblait à une deuxième académie, peut-être même plus grande que le campus principal. Les quatre amis n’en revenaient pas. Chris les mena encore plus bas, dans un espace désert : son fameux labo. Judes était ébahi, comme s’il pénétrait dans un sanctuaire.
— Ah bah tiens ! Vous en avez mis, du temps ! – lança une voix féminine au loin.
— Ah ! T’es là ! Tout le monde, je vous présente Oumou. Elle m’aide dans mes recherches. Disons que ce projet de virtualisation, c’est un travail commun.
Oumou avait la peau foncée, des yeux noisette lumineux, des cheveux noirs coupés courts en un carré net. Son allure ne laissa pas Judes indifférent. Chris lui demanda de préparer la salle de test pour le projet Z. Le sourire d’Oumou s’effaça un instant, laissant place à une inquiétude qu’elle tenta de masquer, mais elle s’exécuta sans discuter.
Pendant ce temps, Chris conduisit ses amis dans la salle de préparation.
— Tenez – dit-il en leur tendant des blouses – mettez ça et rangez vos affaires dans les casiers à gauche. Sauf toi, Micka.
— Hein ? Pourquoi moi ? – s’étonna Micka.
— Toi, tu dois enfiler la combinaison dans la cabine, juste en face. Une fois dedans, suis les indications.
Excité, Mickael fonça. La combinaison était large, noire, et sertie de cristaux aux extrémités et au centre de la poitrine. Une fois enfilée, il sortit par l’autre porte et traversa un couloir sombre jusqu’à déboucher dans une énorme salle blanche quadrillée de lignes noires. À travers une immense vitre, il aperçut ses amis en blouse. Oumou lui montra un casque.
— Salut, Mickael ! Tu m’entends ? C’est Oumou.
Le casque était équipé d’un micro interne.
— Ouais, je t’entends !
— Super. Il ne va pas tarder à arriver.
— Hein, qui ça ?
Chris entra à son tour, vêtu d’une combinaison blanche. Il enfila aussi un casque.
— Bon, Oumou, lance la phase de fusion – ordonna Chris.
La combinaison de Mickael se mit à vibrer.
— C’est quoi, ça !? – paniqua Micka.
— Calme-toi. C’est la fusion : la combinaison analyse ton corps et s’adapte à ta morphologie.
Effectivement, l’armure trop large se resserra parfaitement autour de lui.
— Phase de fusion terminée ! – annonça Oumou.
— Bien. Tu peux lancer la phase du Zodiaque.
Les cristaux se mirent à briller de mille couleurs. Micka entra en transe, yeux révulsés, tête rejetée en arrière. Chris, habitué, ferma simplement les yeux, serein.
— Qu’est-ce qui lui arrive !? – cria Eva, paniquée, se souvenant du mot « cobaye ».
— Arrêtez tout ! Il va pas tenir ! – hurla Gaby.
— Calmez-vous, il n’y a aucun risque – tenta de rassurer Oumou.
Micka reprit conscience. En une minute, il avait vu défiler des centaines d’images : souvenirs inconnus, visions étranges. Le plus marquant : un homme de dos, devant une terre dévastée, portant quelqu’un ou quelque chose.
— Alors Micka, c’est bon, tu es prêt ? – demanda Chris avec un sourire qui trahissait plus d’excitation que de doute.
— Ouais… enfin, je crois que oui. Qu’est-ce que je dois faire ?
— Tu le sais déjà. Concentre-toi sur les extrémités de ton corps. Le reste suivra tout seul.
— Me concentrer sur les extrémités de mon corps ? Mais c’est débile, ton truc…
Il ferma malgré tout les yeux. Au début, il n’y croyait pas une seconde. Mais soudain, une lourdeur s’installa dans sa main droite. Elle pesait comme du plomb, trois fois plus lourde qu’à l’ordinaire.
— Hein ? Mais qu’est-ce que…
Il ouvrit les yeux. Sa main s’était transformée en pierre, solide, dense, parcourue de reflets sombres.
De l’autre côté de la vitre, ses amis restèrent figés. Judes écarquilla les yeux, partagé entre fascination et peur. Gabrielle, elle, recula d’un pas, ses lèvres tremblaient sans qu’aucun mot n’en sorte.
Quant à Eva, ne pouvant en supporter plus, elle fit un malaise.
— C’est… c’est pas possible… – murmura Judes. – C’est quoi ce délire, Chris ?
— Le projet Z – expliqua Chris. – Le scientifique a découvert que nos éléments astrologiques ne se limitaient pas au caractère. Nos corps pouvaient les matérialiser.
— Donc… chacun pourrait faire ça ? – demanda Gaby, mi-curieuse, mi-sceptique.
— Comme ça, non – répondit Chris. – Mais avec la combinaison, oui.
Micka bougeait ses membres, encore incrédule, alors que ses bras se transformaient tour à tour.
— C’est incroyable ! Mais qui a inventé ça ?
— On a peu d’infos. Tout a été effacé. On a juste retrouvé un dossier signé « J.B. Moussomo ». Aujourd’hui, c’est l’État qui contrôle cette découverte.
— Hein ? T’as dit… J.B. Moussomo ? – répéta Mickael, choqué.
— Oui, pourquoi ? Ça te dit quelque chose ?
Micka se mura dans le silence. Impossible de révéler son lien avec le continent éteint, seul Chris était au courant.
— Non, rien. Tu m’expliqueras plus tard. Mais alors, pourquoi nous avoir fait venir ici ?
Chris esquissa un sourire.
— Tu n’as pas encore compris ?
Il leva brusquement la jambe : une lame d’eau jaillit de son pied, éclatante.
— L’État veut qu’on teste et qu’on améliore ce bijou. Et pour ça… on va devoir se battre, Micka !
Au même moment, dans son bureau, le directeur tenait son téléphone.
— Allô, ici Sabimmia Isaac. Oui, je confirme la réunion des huit familles. Prévenez les autres : il est bel et bien arrivé dans mon école… Oui, c’est notre première réunion de l’année, nous serons enfin rassemblés… Très bien, je vous laisse.
Il raccrocha, un sourire mystérieux au coin des lèvres.
Qui étaient ces « huit familles » ? Et que préparait réellement Sabimmia ?
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