Une nuit mouvementée
Notre histoire reprend quelques mois plus tard, le soir des retrouvailles entre Chris et Mickael. Nos deux amis, accompagnés d’Eva, Gabrielle, Judes et Oumou, sont en route pour faire la fête.
— J’arrive pas à croire que je vais enfin aller à la White Snake House, et avec ma petite Gaby ! — déclara Eva tout enjouée, prenant Gabrielle dans ses bras.
— Je me disais bien que c’était bizarre que tu nous demandes de prendre notre « meilleure tenue » pour le voyage. — dit Mickael, complètement blasé.
— Bah quoi ? On ne pouvait pas passer à Snakefield sans aller dans la meilleure boîte du pays !? Chris, Oumou, dites-leur vous !
— À vrai dire… je n’y suis jamais allée, je n’aime pas trop les boîtes de nuit, haha… — répondit-il, gêné.
— Quoi !? Bon, t’es le meilleur ami d’enfance de ce ringard de Mickael donc ça ne m’étonne pas.
— Eh oh, pourquoi je me mange une balle perdue là ?
— Et toi Oumou ? Dis-moi que t’es pas comme eux !
— Euh… désolée Eva, moi non plus je n’aime pas trop ça… — répondit-elle.
— Mais ? EST-CE QUE QUELQU’UN ICI AIME FAIRE LA FÊTE AU MOINS !?
La brise du vent nocturne caressa le silence que laissa cette question.
— Si, moi ! Moi ! Moi !! — s’écria Judes.
— Hein, quoi, qui a parlé là… ?
— ARRÊTE DE M’IGNORER EVA !
— Par contre, tâchons de tous rester ensemble et de bien partager nos localisations. — déclara Chris.
— T’inquiète, on partage déjà tous nos localisations. — répondit Mickael.
— Oui, mais il faut redoubler de vigilance. — expliqua Oumou. — Depuis quelques temps, il y a plusieurs personnes qui disparaissent en ville. Et il y a quelques mois de cela, une élève de notre établissement s’est fait kidnapper à la White Snake House.
— T’entends Mickael ? T’as pas intérêt à disparaître pour aller pêcher des poissons. — ordonna Eva.
— Laisse-moi tranquille…
En ce samedi soir, les rues de Snakefield étaient bondées, comme à chaque week-end. Dans toutes les allées, les bars et les pubs étaient remplis. Chaque week-end et période estivale étaient un moyen pour les habitants de décompresser et profiter de la vie. Les allées du centre-ville avaient un charme ancien : les bâtiments haussmanniens et les dalles qui recouvraient la plupart des routes en charmaient plus d’un.
Après avoir profité de la beauté du centre-ville, nos amis arrivèrent enfin à la White Snake House. Eva, éblouie, était dans son élément, et malgré la gêne de ses amis, l’atmosphère de la boîte de nuit était tellement envoûtante qu’ils se laissèrent tous happer par l’ambiance.
Les retrouvailles entre Chris et Mickael ne pouvaient pas être mieux célébrées, et malgré leur règle de tous rester ensemble, ils se perdirent tous de vue petit à petit.
Après quelques heures, Eva, qui était restée avec Gabrielle et Oumou, s’en rendit compte.
— Venez, on va chercher les garçons ! — déclara-t-elle.
Après quelques minutes, elles retrouvèrent Chris et Mickael, tous deux totalement éméchés, en train d’enflammer la piste de danse.
— Eh, les danseurs, il est où Judes ? — demanda-t-elle.
— Il est… bardi bour méré d’la zeus il a dit… — répondit difficilement Mickael.
— Quoi !?
— Il est, barzi… bour… méré… du la… zeus ! Il a dit !
— Articule, triple idiot !
— « Il est parti pour gérer de la meuf, il a dit. » — traduisit Gabrielle.
— ??? Et depuis quand tu comprends le langage des bourrés toi ? — demanda Eva.
— Depuis que je le suis aussi ! — répondit-elle, un grand sourire aux lèvres.
— Oui bon, venez tous, on va le chercher ! Allez, allez, et que ça saute !
Ils cherchèrent Judes pendant une dizaine de minutes. La tension d’Eva commençait à monter, son regard allait et venait nerveusement entre les visages étrangers et les néons qui clignotaient. L’ambiance festive devenait oppressante, les basses trop fortes, les lumières trop vives.
— Ah tiens, je viens de recevoir un message de Judes. — annonça Gabrielle.
Il s’agissait d’un message que Judes envoya à tout le monde :
« Salut les gars, je me sentais vraiment pas bien, j’ai décidé de rentrer au campus. Désolé de ne pas vous avoir prévenus, je ne voulais pas gâcher les retrouvailles entre Chris et Mickael. »
Par précaution, Eva regarda la localisation de Judes. Son téléphone se trouvait bel et bien au campus dorénavant. Après ça, la pression retomba, et voyant qu’Oumou n’en pouvait plus, ils décidèrent de rentrer.
Il était environ trois heures du matin, les rues commençaient petit à petit à se vider, si bien que le vacarme causé par notre groupe résonnait dans tout le centre-ville.
Alors qu’ils traversaient une petite ruelle, une sensation étrange s’empara de Chris : un froid soudain, un silence trop parfait, comme si la ville entière retenait son souffle. Puis ils entendirent des voix, et des bruits qui semblaient être des coups et des cris de douleur.
— Sale tarlouze ! J’vais t’apprendre à me parler comme si j’étais ton pote, sale suceur de bite !
Chris et Mickael, en alerte, cessèrent leurs chamailleries et coururent vers les voix.
Les filles, bien trop fatiguées, eurent du mal à les suivre, les suppliant de ralentir. Une fois tous arrivés, ils virent un jeune homme se faire tabasser par trois autres garçons.
Chris le reconnut. Il s’agissait de Paulo !

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