Chapitre 41 : Déchirements - Part2.

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Une courte, mais interminable épopée du point de vue d’Alex, s’était présenté à lui et à Steve, du moment où ce dernier avait appelé le taxi. Ils avaient premièrement dû rejoindre le véhicule au point de rendez-vous, une fois dans lequel Alex avait dégainé son téléphone pour appeler Selim… Sans réponse. Il jura ! Le cœur emballé et compressé par le poids de leur dernière dispute, il se décomposa dans son siège en imaginant le pire scénario qui pouvait s’insinuer dans son esprit : “et si Faye avait récidivé ?” ; “et si cette fois, elle avait été trop loin ?”. La drogue lui avait servi plus d’une fois d’échappatoire.

À cette idée, il frissonna…

Et s’il arrivait trop tard.

Envahi par les sueurs froides, il se mit à gigoter, comme pour chasser le mal qui le traversait. Comme s’il venait d’ingurgiter une boisson chaude en pleine canicule, il se sentait étouffé et il ne pouvait rien faire d’autre que de s’en remettre à Steve, dont le bourdonnement lui frappa les oreilles. Avec force, ce dernier indiquait au chauffeur le chemin le plus court vers l’hôpital. Un combat durement mené et qui se clôtura par l’échange d’un gros billet aux dépôts des urgences, où Alex n’attendit pas une seconde de plus.

Il fila aussitôt hors de la voiture et débarqua au sein des urgences dans un fracas qui fit tourner toutes les têtes en sa direction. Il les dévisagea une à une avant de se ruer sur le guichet le plus proche.

  • Où elle est ??

Alex ressemblait à un chien fou, fermement accroché au comptoir, et le visage pratiquement collé à la vitre. Face à la réaction de la femme qui avait reculé d’un cran en le voyant arriver, il s’énerva davantage. Steve le rejoignait tout juste.

  • Faye Fast !

En l’attrapant par l’épaule, ce dernier espéra le canaliser.

  • Pourquoi elle est pas là ??
  • Désolé, lança-t-il en prenant sa place. Nous cherchons notre amie. Pourriez-vous nous dire dans quel service elle a été transférée ?

L’Asiatique savait se montrer charmant. En contrepartie, la dame parut ennuyée de devoir accéder à leur requête. Mais après avoir tapé à la vitesse de l’éclair sur les touches de son clavier, elle leur répondit amèrement :

“Service gynécologique.”

Steve s’était alors retourné d’un coup vers Alex, et le tirait déjà par la manche.

  • Allez, viens !

Il était complètement secoué.

***

Dans l’ascenseur, les garçons avaient opté pour le silence, la cage leur offrant un moment de pause sur leur course qui reprendrait dès lors qu’ils en seraient sortis. Accroché à la rambarde derrière lui, Steve examina le type en face de lui : Alex avait la tête bien basse. Ainsi, il n’avait rien d’impressionnant, malgré ses précédents accès de rage.

Il était donc fait ainsi, de colère et de cris, au travers de la crainte et de l’ignorance. Bien que… Ils avaient maintenant un indice considérable sur ce qui était arrivé à Faye. Se rendait-il compte du service dans lequel on les avait envoyés ? Steve en doutait.

  • À quoi tu penses ? lui demanda-t-il, en le voyant grignoter nerveusement ses lèvres.

Alex les écarta, mais trop de pensées l’accablaient.

Il ne restait que la peur. L’ignorance, de nouveau, mais surtout les regrets. Il s’en voulait pour chaque détail qui les avait amenés à ce point de rupture.

  • Je suis un connard, souffla-t-il, alors que l’ascenseur s’arrêtait.

Le fait que Steve fasse comme s’il n’avait rien entendu n’avait pas beaucoup d’importance. Un énième couloir se présenta à eux, ainsi que de nouvelles portes à franchir, et une nouvelle femme à qui se présenter. En s’approchant, Alex jura que celle-ci n’était qu’une version plus âgée de la précédente.

  • Laisse-moi gérer, lui souffla Steve. Bonsoir. Une de nos amies a été prise en charge dans votre service. Il s’agit de Faye Fast.

Ce n’était que le remake de ce qui venait de se passer aux urgences. Malgré tout, Alex essaya de prendre sur lui. Il se détacha doucement du comptoir, trop nerveux pour les écouter parler.

  • Oui ? répondit la dame, en tapant déjà sur son ordinateur et en lui accordant un mauvais œil.

Il n’avait plus envie d’attendre.

  • Pouvez-vous nous dire quand on sera en mesure de la voir ?

Qu’est-ce qu’il avait dit ? Steve n’avait rien compris. En plaçant sa main sur le comptoir, entre lui et la femme, Alex se dressa à ses côtés.

  • Attendez,...
  • Pour les visites, vous pouvez revenir demain matin.

C’était comme il l’avait imaginé. Son cœur se mit à palpiter, tandis qu’il resta fermement accroché au regard de la dame, qui n’hésita pas à soulever le sien.

  • Non, dit Alex.

Steve pressa ses lèvres ensembles.

  • Je ne vais pas revenir demain matin.
  • Comme je viens de vous l’expliquer…
  • Non, non, non… Je m’en fous ! s’exclama-t-il. C’est maintenant que je veux la voir ! Vous savez qui je suis ?

Le silence qui suivit en dit long. Bien sûr, tout le monde savait très bien qui il était, mais de petits mouvements de tête, il l’incita à le dire.

  • Alex Stein.
  • Alex Stein, ouais ! Et vous savez qui je suis, moi ? Le petit copain de Faye Fast ! Alors, laissez-moi la voir !
  • … Peu importe, ce n’est pas la question.

En comprenant que ce serait toujours non, Alex sortit son portefeuille.

  • Ok. Vous voulez combien ? Je m’en fiche de vos heures de visites à la con. Dites-moi combien vous voulez et ce sera réglé.
  • Je ne veux rien, dit-elle, sans se laisser démonter. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne ici…
  • Au contraire, ça a toujours fonctionné comme ça ! Sinon à quoi ça servirait d’être un Richess, hein ?

Mais elle manqua enfin de patience.

  • Oh, je ne sais pas. À être pris en charge avant tous les autres, peut-être !
  • … Comment ça… ?

Toute agitation avait quitté le corps d’Alex, qui ne reçut aucune réponse à sa question. Il était vrai que Faye avait été très rapidement prise en charge, mais n’était-ce pas normal ?

  • On ne pourra pas toujours tout vous accorder sous prétexte que vous êtes des Richess.

Son monde s’écroulait. Comment ça, il n’allait pas pouvoir la voir ? Steve le tira en arrière pour tenter de le prendre à part. Il voyait flou. Et puis tout d’un coup, Selim débarqua de nulle part. Il courut en direction d’Alex, Nice à ses côtés.

Dans un premier temps, il les fixa, sans comprendre un seul mot de ce qu’ils racontaient.

  • … Tu étais où ? finit-il par entendre, de la bouche de Selim.
  • J’étais où… ?

Cela le réveilla, d’un coup.

  • Non, toi, t’étais où ?? J’ai essayé de t’appeler ! Pourquoi tu ne répondais pas ! Et Faye ?? Elle est où ? Qu’est-ce qu’elle a ? Elle va bien ? Ou…

Son ami le regarda complètement bouche bée. Nice, elle, arriva à le faire taire. Uniquement en posant sa main contre son cœur.

  • Calme-toi.
  • Je… !
  • Désolé, Alex, lança Selim. On était juste là-bas, dans le couloir, dit-il en envoyant son pouce en arrière.

Ils étaient juste là, depuis tout ce temps ?

  • On t’a entendu crier, enchaîna Nice. Et Selim était au téléphone jusqu’à maintenant. Avec Elliot, il va arriver.
  • Elliot…
  • Ha, le voilà ! s’exclama-t-elle, avec soulagement.

En effet, il était là. En se retournant, Alex croisa son regard. Il était inquiet. Pressé, mais pourtant, il s’arrêta en voyant Alex. Dans les yeux l’un de l’autre, il se passa quelque chose. Aucun des deux ne savait ce qui était en train d’arriver à Faye, mais en se regardant, il sembla que tout devînt plus clair. Elliot était grand, et de plus en plus, en s’approchant d’Alex. Il s’adressa directement à lui, en ignorant toutes les autres personnes autour.

  • Qu’est-ce qui s’est passé ?

D’un ton accusateur.

  • … Je ne sais pas, répondit Alex, déboussolé.
  • Tu ne sais pas ?

Dans leur dos, Katerina arrivait en trottinant. Elle se rua directement sur Selim et Nice, en les encadrants. Ce dernier se mit à pleurer. Tous trois regardèrent Elliot et Alex. Steve jugea qu’il s’agissait du bon moment pour partir. D’une toute petite pression sur son épaule, et sans aucun mot, il lui souhaita bon courage.

  • Non, je… balbutia-t-il. Selim m’a laissé des messages et je… suis tout de suite venu. Je ne sais pas ce qui s’est passé et je voudrais le savoir, mais… Elle ! dit-il, en accusant la dame d’un geste, elle ne me laisse pas entrer !
  • Alex. Où sommes-nous ?

Il ne comprenait pas.

  • À l’hôpital…
  • Non, on est où ? Dans quel service ! s’écria Elliot, à bout de nerfs.

Katerina piétina. Elle aurait voulu lui dire de ne pas lui crier dessus de cette manière-là.

  • Au service… gynécologique.
  • Et par tout hasard, tu ne sais vraiment pas me dire ce que ma fille fait au service gynécologique ?? En urgence !
  • Elliot, couina Katerina, alors que Selim tremblait dans ses bras.
  • J’ai quelques théories qui me viennent à l’esprit personnellement !

Alex tombait des nues. Il pensait donc que c’était sa faute ? Comment Faye aurait-elle pu se retrouver ici à cause de lui ?

Le bébé. Elle portait son bébé.

En voyant son visage s’illuminer, puis se resserrer, Elliot insista davantage. Cette fois, avec une mine de dégoût et rempli de doutes.

  • Qu’est-ce que tu lui as fait… ?
  • Rien !
  • Tu lui as fait du mal ?
  • Non ! Jamais j’aurai fait ça !
  • Comment je pourrais le savoir !
  • Mais c’est évident…
  • Tu as vu ta tronche ?? lui cracha Elliot.

Il était en effet couvert de bleus.

  • Comment je pourrais faire confiance à un gamin qui a cette tête-là ! s’écria-t-il en attrapant son visage dans une seule main. Et tu pues l’alcool ! Qu’est-ce que je suis censé imaginer ?

Il le relâcha, en se rendant compte qu’il allait trop loin. Mais Elliot était hors de lui. Alex s’était mis à trembler aussi, craignant de lui dire la vérité. Il n’y avait que ça à faire, pourtant. Peut-être qu’Elliot comprendrait. Ils iraient ensuite la voir tous ensemble.

  • Elle est enceinte.

Peut-être qu’il pourrait les aider à se réconcilier… Avec des yeux remplis d’espoir, il le regarda s’éteindre petit à petit. Ceux de Katerina se transformèrent, habités par l’horreur. Tout se passa très vite. Selim continuait de pleurer à chaudes larmes. Nice était tout aussi bouleversée. Alex cherchait à parler avec Elliot, tandis que ce dernier s’était renfermé dans sa tête.

Il se tourna plutôt vers Nice :

  • C’est Laure qui a appelé l’ambulance, c’est ça ?
  • Oui…
  • Parce qu’elle… perdait du sang… c’est ça ?

Elle n’en avait pas envie, mais Nice lui affirma d’un mouvement de tête.

  • Elle saignait ?? s’étrangla Alex. Laure était avec ?
  • Elles étaient ensemble quand c’est arrivé, voulut répondre Selim. C’est la seule qui est près d’elle maintenant…
  • Taisez-vous, fit Elliot.

Il était devenu très calme et son visage complètement lisse. Vide d’émotion, il s’adressa au couple.

  • On va prendre le relais. Vous pouvez rentrer à l’internat.
  • Mais… ! On veut la voir aussi ! s’exclama Selim.
  • Je crois que Madame ici vous à expliquer les règles. Faye n’a droit qu’à un accompagnateur. Je vais prendre la place de Laure, et ils feront une petite exception pour ma compagne. N’est-ce pas ? dit-il en regardant la réceptionniste, qui ne trouva rien à redire.

Alex fronça les sourcils.

  • Pourquoi Laure a pu y aller avec elle, alors ? demanda-t-il, mais il se fit ignorer.
  • À l’internat, ils ne nous laisseront pas rentrer. Il y a le couvre-feu, maintenant, expliqua Nice.
  • Prenez-vous une chambre, dans ce cas.

Ils n’eurent pas d’autre choix que d’accepter. Quant à Alex, il se sentit frustré qu’on ne lui réponde pas.

  • Et moi, alors ? Je peux venir voir Faye ou…
  • Non, toi…

Elliot se tourna doucement en sa direction, en écrasant son regard dans le sien.

  • Toi, tu dégages.

Il resta sans voix, au même titre que Katerina et ses amis.

Elliot continua de s’approcher de lui :

  • Je veux que tu foutes le camp d’ici ! Et que tu ne t’approches plus de ma fille !
  • Elliot, arrête !

Katerina se positionna entre les deux, même s’il n’y avait aucun risque qu’il finisse par se battre. Alex était bien trop choqué. Elle essaya au contraire de raisonner Elliot.

  • C’est compris ?! cria le roux.
  • Arrête, tu ne peux pas lui interdire de voir Faye.
  • Je lui interdis ce que je veux ! Je suis son père !
  • Non ! Cela revient à agir comme nos parents l’ont fait !

Sa voix avait porté plus fort que tout le reste. Plus fort que la colère d’Elliot, qui s’envola juste le temps de replonger dans le passé. Il tiqua. Alex parut désespéré.

  • Je veux juste la voir… Je voudrais lui dire que… je l’aime, et être là pour elle et notre bébé…

Mais la rage prit le dessus. Elliot se jeta sur Alex et l’emprisonna par le col.

  • T’as toujours pas compris, espèce de petit con ?? Y a plus de bébé !
  • Cet enfant ne naîtra jamais.
  • Pourquoi tu…
  • Allez ! Emmenez-le loin de moi, parce que je vais… Je vais…

Les larmes grimpèrent aussitôt aux yeux d’Elliot. Katerina avait la main sur le cœur quand elle regarda Selim et Nice emmené Alex loin de lui. Il venait seulement de comprendre. Le couloir récupéra alors la quiétude qu’il avait connu avant l’arrivée des Richess.

  • Tu n’aurais pas dû lui dire comme ça.
  • … Je sais, répondit Elliot, alors que la main qu’il avait portée à ses lèvres tremblait comme une feuille. Mais là… je peux pas me le voir. Il faudra que tu t’occupes de lui, moi je…
  • Je comprends, dit-elle, durement.
  • J’ai besoin de voir ma fille.

Sur ces mots, Elliot se dirigea vers la dame qui ne rechigna pas à leur donner le numéro de chambre de Faye. Ensemble, ils traversèrent le couloir, au fond duquel ils repérèrent Laure. Cette dernière était assise sur un des sièges en plastique qu’il y avait devant sa chambre. Lorsqu’elle les vit à son tour, elle se leva, les mains rassemblées par la nervosité.

  • Elliot, Katerina,...

Elle avait déjà beaucoup pleuré. Le temps lui avait paru s’étirer à chaque seconde qu’elle avait passé dans ce couloir, seule, à attendre du renfort et des nouvelles de Faye, qui arrivèrent aussitôt que la cavalerie débarqua.

Une médecin se présenta à eux du moment où Katerina et Elliot étaient rentrés dans le service. Elle leur serra la main, l’un après l’autre, et débuta le discours qui les amènerait enfin à savoir ce qui était arrivé à Faye.

  • C’est une fausse-couche.

Comme ils s’en étaient douté, dès le moment où ils avaient appris qu’elle était enceinte. Le choc amena tout de même Elliot à s’asseoir. Imité par Laure, il garda son regard plongé dans le vide.

  • Je vous laisse un instant. Vous serez en mesure de la voir ensuite, je reviens vers vous pour plus d’informations.
  • Merci, répondit Katerina, qui était restée debout, le cœur écrasé par cette nouvelle.

Elle eut peine à lire les mines affreuses d’Elliot et de Laure, qui tout d’un coup, se mit à se ronger les ongles.

  • C’est ma faute…
  • … Oh, voyons !
  • C’est vrai ! Faye était venue me voir. Elle… m’a dit qu’elle était enceinte et qu’elle avait besoin d’aide, mais moi, je… je ne l’ai pas écouté. Et puis elle est partie, couina-t-elle. Quand je suis allée la retrouver, elle saignait déjà ! J’aurai jamais dû lui crier dessus…
  • Tu lui as crié dessus ?

Assis à côté d’elle, Elliot avait tourné son visage vers elle. Son regard lui glaça le sang.

  • Ma fille t’a demandé de l’aide… et toi, tu ne l’as pas aidé ?

Il était fou.

  • Allez. Toi aussi, va-t-en.

La main sur la hanche, Katerina semblait prier le ciel. Il était en train de mordre tout le monde. Paralysée, Laure se leva d’une traite quand il lui cria dessus.

  • Va-t-en !

Ses larmes coulèrent de plus belle, tandis qu’elle essayait de s’échapper, mais la voix d’Elliot la rattrapa comme un mauvais présage.

  • Laure Ibiss !! hurla-t-il, en la pointant du doigt. Ton père…

Chuck Ibiss.

  • Il n’aurait jamais fait ça !!!

Elle fila.

  • Calme-toi, Elliot. Ce ne sont que des enfants.
  • Tu parles… !
  • Pour Faye, au moins. Il ne faudra pas s’énerver face à elle.
  • Je n’ai pas envie de m’énerver contre elle ! Je veux juste la voir et la serrer contre moi…

Elliot craquait à son tour.

  • Je sais, dit Katerina d’une douce voix. Mais si ça nous fait si mal à nous, imagine comme cela doit lui faire mal à elle. Elle vient de perdre son bébé, elle doit être…

Déchirée.

C’était sans nul doute comment Faye se sentait, seule, dans sa chambre d’hôpital.

***

“Arrête, tu ne peux pas lui interdire de voir Faye.” ; “Cela revient à agir comme nos parents l’ont fait !”

Katerina avait glissé un espoir en Alex. L’espoir qu’elle puisse convaincre Elliot de le laisser venir voir Faye, mais en réalité, il ne fut aucunement question de le convaincre. Il avait beau être un sang-chaud, Elliot n’était pas un monstre.

Nice et Selim, ainsi qu'Alex, avaient passé tous trois la nuit dans un hôtel à proximité de l’hôpital. Ils avaient tous pleuré, mais Alex, lui, s’était vidé de ses larmes, jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. Le lendemain, Katerina était venue les voir, en leur expliquant comment les choses allaient se dérouler pour Faye. Ils avaient pris une décision. Celle de la garder à l’hôpital, le temps de…

Katerina n’aurait jamais imaginé devoir donner ce genre de détails à ces adolescents. Le corps devait faire son œuvre et ils voulaient à tout prix éviter que Faye associe cette perte à son foyer. Quant à cette dernière, elle ne voulait voir personne. Aucun de ses amis, et encore moins Alex. Mais cela, elle ne lui précisa pas. Elle lui promit simplement qu’elle l'appellerait une fois que Faye serait prête, avant de tous les renvoyer à l’école.

La période des examens s’apprêtaient à débuter et ils ne devaient pas se relâcher, peu importe à quel point ils pouvaient être tristes. Pour cette raison, Alex retourna chez sa mère plus tôt que prévu. Sans elle, jamais il n’aurait réussi à ouvrir ces cours pour étudier.

Marry, fort heureusement, arriva tout à fait à se glisser dans ce nouveau rôle : celui de maintenir son fils debout, et avec poigne, s’il le fallait. Et pour ce qui était du restant du groupe, chacun s’efforça de faire ce qu’il avait à faire, bien qu’il était certain que la vie à Saint-Clair sans leurs deux amis n’était plus la même.

L’appel de Katerina ne fut pas long à se faire attendre. Moins d’une semaine après l’accident, Faye avait demandé à voir Alex. C’était ainsi qu’elle l’avait tourné au téléphone, et de cette manière, qu’Alex se retrouva à nouveau à parcourir les couloirs de l’hôpital. D’un pas lent, cette fois. Il s’y rendit, nerveux et coupable, mais avec la certitude qu’elle lui manquait. Il voulait la voir, la serrer dans ses bras, ramasser ses larmes,... L’embrasser. Lui dire qu’il l’aimait.

Katerina l'accueillit devant la porte de sa chambre, d’un geste affectueux. Aucun mot ne sortit de sa bouche, cependant. Elle le laissa simplement faire. Alex se plaça alors devant sa porte. Il frappa ensuite, avant de rentrer. Puis se faufila dans la pièce pour se diriger jusqu’au pied de son lit. Il la voyait enfin.

C’était une image particulière. Faye regardait par la fenêtre, son profil, alors saillant, ainsi que les longs cernes qui pendaient sous son regard. Face au soleil, sa crinière brillait. Ses yeux, à l’inverse, manquaient de lumière. Lorsqu’elle les déposa sur lui, Alex sentit son estomac se nouer.

Ils se regardèrent longuement. Contrairement à ce qu’il avait imaginé, il fut incapable de faire un pas vers elle. Il ne pouvait pas. Voilà ce que tout chez Faye lui traduisait.

Elle n’était pas en colère. Elle ne semblait pas le détester, et la tristesse qui s’écoulait en elle, se montrait moindre. Elle le regardait simplement, épuisée par ces derniers jours. Par-dessus sa couverture, ses mains ornaient encore son ventre, où il le savait, leur bébé n’était plus.

En ramenant ses mains derrière son dos, Alex baissa la tête. L’émotion le gagna. Il comprenait que plus rien ne serait pareil.

  • Faye ! Je…

Il fut muet, en voyant des larmes couler sur ses joues. Tandis que ses sourcils se plissaient, un tout petit sourire se dessina sur ses lèvres. Elle était désolée.

  • Je ne veux plus être avec toi.

Ça ne pouvait pas être vrai.

  • Je suis désolée, Alex… Je…

Ses doigts se crispèrent autour de la couverture.

  • Je n’y arriverai pas. On ne peut plus continuer comme ça. Alors…
  • On rompt ? dit-il, d’une si petite voix, qu’il eut un hoquet.
  • … Oui.

Maintenant, c’était trop tard. Une larme dévala sa joue. Il l’essuya, d’un coup, en regardant Faye, qui grimaçait de douleur. Cela lui déchira le cœur. Il resta là quelques secondes de plus, mais cela ne servait à rien. C’était fini.

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