Frémissement
L’obscurité est épaisse, une matière gluante qui colle à ma peau, me pénètre. Je ne vois rien, absolument rien. Seule la sensation de froid, une humidité glaciale qui s’insinue dans mes os, me parvient. Je suis allongé, le corps raide, les muscles tendus comme des cordes de violon. Une panique sourde, profonde, me ronge. Où suis-je ? Qui suis-je ? Le vide mental est presque aussi oppressant que le noir total.
Puis, une lueur. Une simple étincelle, lointaine, presque imperceptible. Elle grossit lentement, révélant une chambre exiguë, aux murs humides et recouverts d’une moisissure verdâtre. L’air est lourd, saturé d’une odeur âcre de terre et de pourriture. Un parfum familier, hélas. Je me sens étrangement à l’aise, malgré la terreur qui me submerge. Cette odeur… c’est l’odeur de la peur. La mienne, peut-être ?
Mon corps se raidit encore. Une force, une puissance brute, me traverse de la tête aux pieds. Je la sens bouillonner en moi, un volcan dormant sur le point d’entrer en éruption. C’est une sensation à la fois familière et horriblement nouvelle. C’est la puissance que j’ai toujours refoulée, le monstre que je porte en moi, qui s’éveille. Il réclame sa place, il réclame son dû. Je tremble de tous mes membres, non pas de peur, mais d’une excitation perverse, un désir sombre et intense de… de meurtre.
Mais la peur, elle, persiste, bien sûr. Elle n’est pas loin. Elle est mon ombre, mon compagnon de toujours. Elle se cache dans les recoins de ma mémoire, dans chaque battement de mon cœur devenu soudainement irrégulier. Elle est là, à l’affût, attendant le moment parfait pour me reprendre.

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