Nouveau départ

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Henry. Son nom résonne encore dans ma mémoire, un écho fragile dans le labyrinthe de mon esprit malade. Il est arrivé un jour, nouveau pensionnaire de cet enfer de briques et de silence. Ses yeux, creux et vides comme les miens, portaient la même marque indélébile du deuil. Ses parents, eux aussi, perdus dans un accident de voiture. Une étrange familiarité s’est installée entre nous, un lien invisible tissé dans le même tissu de douleur et de solitude. Avec lui, j’ai retrouvé une partie de moi-même que j’avais oubliée, une part de mon enfance volée. Nous avons recommencé à jouer, à faire peur aux autres enfants, à semer la terreur dans les couloirs sombres de l’orphelinat. Des jeux innocents, au départ. Des farces enfantines, des cris dans la nuit, des ombres projetées sur les murs.
Mais les fantômes… ils ne toléraient pas cette amitié nouvelle. Ils ont senti la menace, la perturbation de leur emprise. Jalousie, peut-être. Ou peut-être quelque chose de plus sinistre. Un jour, Henry et moi, nous avons élaboré un plan ambitieux. Une farce grandiose, destinée à terroriser l’ensemble de l’orphelinat. Nous étions sur le toit, la nuit, préparant notre effroyable monstre de tissu et de ficelle.
Alors, la pression. La voix glacée de mes compagnons spectrales, se glissant dans mon esprit comme des serpents. "Pousses le garçon dans le vide," ont-ils ordonné, leurs voix un chœur discordant de douleur et de malice. J’ai résisté, au début. Je n’aurais jamais pu, jamais ! Mon amitié pour Henry était plus forte que ma peur, plus forte que mon propre mal. Mais la pression s’est accrue, leurs mains froides se refermant autour de mon cou, me serrant, m'étouffant... J’ai senti la puissance infernale se déchaîner en moi. La lutte fut courte, désespérée. Et puis, le vide. Le vide de ma volonté. Le vide devant moi.
Le poids de la culpabilité est un fardeau insurmontable. La chute d’Henry, sa mort, est gravée à jamais dans ma mémoire, un stigmate brûlant sur mon âme. Je ne pouvais plus nier la vérité, ni ma part de responsabilité. Lors de l’interrogatoire, j’ai parlé. J’ai révélé l’existence des fantômes, leurs murmures maléfiques, leur influence perverse sur mes actes. Mes paroles, aussi désespérées qu’elles étaient, n’ont été comprises que comme les divagations d’un esprit brisé. L’asile. Des murs blancs, des barreaux, le vide.

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