La faim et la faille

3 minutes de lecture

La faim me tenaille, une brûlure constante qui ronge mes entrailles. Les fantômes, sentant ma faiblesse, redoublent de pression. Ils veulent du sang, de la peur, du désespoir. Cette nuit, je dois agir vite, avant que la cacophonie des cris ne me paralyse à nouveau.

Oubliés les grattements sournois sous le lit, les jouets qui grincent dans le noir. Ce soir, la subtilité n'est plus une option. Je me concentre. Un enfant. Une cible. Dans cette maison, au bout de cette rue. Je me téléporte sous son lit. Le gamin dort profondément, paisible, inconscient du danger qui rôde.

Je me hisse lentement, silencieusement. Pas de bruit, pas de mouvement brusque. Je glisse mon bras par-dessus le bord du lit, ma main se refermant sur sa tête. Il sursaute à peine. Je lui comprime la bouche et le nez, étouffant le cri qui menace de s'échapper.

Ses yeux s'ouvrent, injectés de sang. La panique se lit dans son regard. Il se débat, faiblement d'abord, puis avec une force désespérée. Mais je suis plus fort. La peur l'envahit, une peur profonde, viscérale, qui le paralyse.

J'ouvre ma bouche. Une gueule béante, difforme, aux dents acérées comme des rasoirs. Des filaments noirs, visqueux, s'échappent de mes gencives, rampant sur mes lèvres. Ma langue, longue et fourchue, palpite d'impatience. Une odeur de mort et de soufre émane de mon souffle.

Sa peur est palpable, une énergie brute qui me parvient comme une vague. Je la savoure, je m'en abreuve. Plus sa terreur est intense, plus je me sens fort. Il se débat de moins en moins, ses mouvements se font saccadés, désordonnés. Sa respiration devient rauque, sifflante.

Je sens la résistance faiblir. Sa force s'épuise. Je rapproche ma seconde main de son petit pied. Je compte les orteils, imaginant le plaisir de les sectionner, de sentir le sang chaud gicler sur ma peau. Un instant de trop. La pression sur sa bouche se relâche légèrement. Un hurlement strident déchire le silence de la nuit.

Je sais ce que cela signifie. Disparaître. Fuir. Me terrer à nouveau dans l'ombre, rongé par la faim et la frustration. Mais le monstre en moi refuse. Jamais il n'a goûté une peur aussi pure, aussi intense. Il est en extase. La vision de cet enfant terrorisé le galvanise, le pousse à l'action.

Je l'oublie. J'oublie les cris, le danger, les conséquences. Je suis une bête sauvage, aveuglée par sa soif de sang. Des coups rapides, brutaux. Je taillade ses pieds, sans ménagement. Le sang jaillit, rouge et épais, maculant les draps blancs. L'enfant hurle, un son déchirant, inhumain.

La porte s'ouvre en fracas. La lumière crue m'éblouit. Les parents. Leurs visages, d'abord figés par la stupeur, se tordent en un rictus de rage et d'horreur. Ils hurlent. Des cris gutturaux, primaires, emplis de haine et de désespoir.

Ils me jettent tout ce qu'ils trouvent à portée de main : des oreillers, des livres, une lampe de chevet. Les objets volent, me heurtent, mais je ne ressens rien. Je suis protégé par la frénésie du massacre, par la puissance brute de la peur que je génère.

La peur sature l'air, un mélange toxique de terreur infantile et d'angoisse parentale. Je me délecte de ce cocktail explosif, mais la lucidité revient peu à peu. Les hurlements ont alerté le voisinage. La police. Leurs sirènes se rapprochent, un présage funeste.

Je tente de me téléporter, de disparaître sous un lit voisin, n'importe où pour échapper à cette lumière aveuglante. Mais rien ne se passe. Le masque, habituellement réactif à ma volonté, reste inerte. La lumière. Elle draine mes pouvoirs, me cloue sur place, vulnérable.

Les policiers défoncent la porte, leurs armes pointées dans ma direction. Je ne résiste pas. Je suis trop faible, trop affaibli par l'influence néfaste de la lumière. Ils me maîtrisent facilement, me traînent hors de la maison.

Annotations

Vous aimez lire Mac Byten ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0