CHAPITRE 1 : L'emménagement

9 minutes de lecture

STAN

Enfin voilà le camion de déménagement. Il était temps, je commençais à perdre patience. Ça fait plus de deux heures que j’attends mes meubles, tout seul dans cette maison vide. J’ai eu le temps de penser et repenser l’aménagement des dizaines de fois, à tel point que je ne sais même plus quelle option choisir. Bref, je ne vais pas me prendre la tête, le principal c’est que mes meubles et mes affaires soient enfin là.

La maison, achetée dans un petit village du Sud de la France, sent bon la peinture fraîche. J’ai acquis cette charmante demeure il y a un mois et j’ai intégralement fait refaire la décoration à mon goût, pour m’y sentir immédiatement bien. Elle n’est pas très grande, seulement cent vingt mètres carrés, par rapport à ma villa de Los Angeles ou mes appartements de New-York ou Paris. J’ai besoin d’avoir un endroit plus simple, moins raffiné, plus authentique et proche du milieu d’où je viens. J’en ai un peu marre de tous ces faux-semblants et des stars qui se disent mes amis, mais qui me tournent le dos à la moindre occasion. Je dois m’éloigner pour un temps des strass, des paillettes, des flashs des photographes et de toute cette attention perpétuellement tournée vers moi. Mon programme sera de me recentrer sur moi-même, de prendre du bon temps, de me reposer et de retrouver les vraies valeurs de la vie.

Je ne me suis pas présenté. Je suis Stanley Boomer, vous savez l’acteur, producteur et réalisateur d’un mètre quatre-vingt-cinq et quatre-vingt-cinq kilos, au corps de rêve, aux pectoraux parfaitement dessinés et aux abdos saillants. Mes yeux bleus presque transparents, mes cheveux châtains légèrement ondulés et mon sourire ravageur qui creuse de mignonnes fossettes sur mes joues, selon les dires de mes fans, sont mes atouts auprès de la gent féminine. Actuellement, j’ai laissé pousser mes cheveux qui me tombent sur la nuque et mon menton est habillé d’une barbe bien fournie. Mon nom doit obligatoirement vous être familier vu le triomphe annoncé de mon dernier film « Success », qui retrace le parcours de l’une de nos plus grandes stars américaines : Clint Eastwood. J’ai beau avoir quarante-quatre ans, j’ai déjà un beau parcours derrière moi. J’ai joué dans de nombreux films qui ont fait un carton dans les salles de cinéma et qui m’ont fait gagner plusieurs Oscars, Grammy Awards et autres récompenses. Je suis l’un des acteurs les plus sollicité et j’ai été plusieurs années de suite élu « homme le plus sexy de la planète ». Autant vous dire que je ne manque pas de groupies dans mon sillage et que je n’aurais qu’à claquer des doigts pour avoir n’importe quelle femme dans mon lit.

Sans en abuser, j’ai tout de même un beau palmarès de ce côté-là. Je viens d’ailleurs de me séparer de ma dernière compagne, la mère de ma fille, avec qui j’étais depuis un peu plus de 5 ans. J’ai été ébloui par sa beauté et sa prestance, mais au fil du temps je me suis aperçu que nous étions diamétralement opposés même si nous vivions tous les deux sous les feux de la rampe. Dans l’intimité, nous n’avions absolument rien en commun et ce que je prenais pour de l’amour n’était en fait qu’une passion éphémère.

Ma récente séparation, m’a beaucoup ébranlé. Ajoutez à ça le tourbillon médiatique qu’à entrainé le triomphe de mon dernier film, plus toutes ses années de folies cinématographiques, j’ai un énorme besoin de m’éloigner un peu d’Hollywood et de revenir aux vraies valeurs de la vie. J’ai une irrépressible envie de me retrouver dans un endroit simple, en pleine campagne sans être isolé car je n’aime pas être totalement coupé de tout et de vivre comme tout le monde sans projecteurs fixés sur moi. J’ai besoin de m’éloigner de tout ce monde superficiel, des restaurants chics et de fêtes mondaines. J’ai besoin de faire un point sur ma vie.

C’est totalement par hasard, en surfant sur le net, que je suis tombé sur l’annonce de cette jolie maison dans un petit village du Sud de la France. J’adore ce pays où j’ai fait une partie de mes études et dans lequel je possède un appartement depuis quelques années. J’y viens régulièrement en vacances et je connais très bien le coin où se situe cette maison pour laquelle j’ai craqué. Je n’ai pas hésité une seule seconde et j’ai immédiatement pris contact avec l’agence immobilière. Un mois plus tard je faisais le déplacement depuis New-York pour signer l’acte de vente et prendre possession de mon petit bijou. Aussitôt les entrepreneurs se sont mis au travail selon mes plans. Et nous voici le jour J, le jour de l’emménagement.

Même s’il me reste encore à m’installer, je respire déjà de me retrouver dans mon chez moi. Oui c’est bien ça, ici je me sens réellement chez moi. Je ne sais pas exactement vous décrire ce sentiment qui m’envahit, ce bien-être, cette paix et cette sensation d’être à ma place. C’est un bonheur incomparable. Pourtant je possède déjà plusieurs logements, mais je ne m’y suis jamais senti aussi bien que dans cette petite maison de campagne.

Mon chez moi est tout simple. L’extérieur a été recouvert d’un bardage en bois, peint en gris clair et les fenêtres sont toutes en pvc blanc. C’est frais, moderne et chic à la fois, mais sans que ça fasse trop tape à l’œil. Le porche à l’entrée n’est pas très grand, mais il a le mérite de me protéger du soleil et de la pluie pour entrer ou sortir de la maison. La porte principale donne sur une petite entrée, puis nous passons directement au salon dont j’ai fait repeindre les murs en beige. C’est beaucoup mieux que le mauve criard qu’il y avait avant. Trois grandes fenêtres occupent tout un pan de mur de la pièce, apportant beaucoup de clarté. J’ai fait poser du carrelage marbré blanc sur tout le rez-de-chaussée au lieu du lino marron imitation parquet tout déchiré et vieillot, sauf dans la salle de jeux de ma fille dans laquelle j’ai fait installer une épaisse moquette rose.

En parlant de salle de jeux, j’ai trouvé une artiste peintre habitant le village voisin, qui a accepté de créer une énorme fresque sur le plus grand mur. Cette œuvre regroupe tous ce que Maia aime : les princesses, les licornes et poneys, les étoiles et bien sûr tout ceci dans des teintes roses, violets, mauves et blanc. Cette femme est vraiment très douée. Le résultat est absolument magnifique.

Juste à côté du royaume de Maia, il y a mon bureau. C’est la plus petite pièce du rez-de-chaussée. Elle ne doit faire qu’une dizaine de mètres carré, mais c’est suffisant. Je ne compte pas y passer mes journées. Je ne suis pas ici pour travailler. Je ne pourrais pas totalement me couper de mon travail, c’est pour ça que j’installe un bureau. Bien sûr j’ai apporté mon ordinateur portable, pour pouvoir consulter mes mails, suivre mes comptes facebook, twitter et instagram et parler en visio avec ma fille ou ma mère.

En prolongement du salon se trouve la cuisine ouverte de taille moyenne avec un grand îlot central blanc recouvert de marbre gris. Il y a la place pour manger à six personnes autour de ce grand espace qui est le cœur de la cuisine. Juste derrière il y a une grande fenêtre donnant sur le jardin sous laquelle a été installé l’évier. Une partie des murs est habillée de placards bas et haut blancs et d’un grand plan de travail de la même couleur que celui de l’ïlot. Sur la gauche de la cuisine il y a un petit recoin assez grand pour mon réfrigérateur américain et juste à côté il y a une belle porte blanche vitrée donnant sur la terrasse et le jardin.

Entre le salon et la cuisine, il y a une porte qui ouvre sur une buanderie et le garage. Les travaux ménagers ne sont pas mon fort alors j’ai d’ores et déjà engagé une femme de ménage qui viendra trois heures, le mardi et le vendredi.

Le garage, bah c’est un garage quoi. Il est conçu pour accueillir deux voitures. Parfait pour y ranger ma moto et ma jeep renegade. Je préfère me déplacer en moto, c’est plus rapide, moins encombrant à stationner et j’aime le frisson que procure la conduite de cet engin, mais bon quand Maia est avec moi, une voiture est plus adaptée pour nos déplacements.

Dans le salon, à l’opposé de la porte de la buanderie, se trouve un majestueux escalier menant aux quatre chambres et deux salles de bain. Les marches sont en bois et la rampe en fer forgée. Lors de la construction, les plans ont été conçus de sorte que les salles de bain se trouve entre deux chambres et chacune y a un accès direct par l’intérieur.

Les trois portes le plus à gauche sont pour les amis et la famille qui viendront me rendre visite. Non parce que je ne veux pas devenir un ermite non plus. Tout à droite c’est ma chambre. La chambre de Maia n’est séparée de la mienne que par notre salle de bain commune.

Qu’est-ce que j’ai hâte de revoir mon bébé. Ça fait seulement deux semaines que j’ai quitté les Etats-Unis et elle me manque tellement. J’ai pourtant l’habitude de voyager et de la quitter, mais je pense que le fait qu’elle vive avec sa mère et que je puisse la voir encore moins souvent, accentue le manque. Bientôt, elle viendra passer tout un mois à mes côtés et j’ai déjà repéré plusieurs activités que nous pourrons faire ensemble.

Le camion de déménagement se gare dans l’allée, devant le garage. Ils sont venus à trois gros costauds. J’ai fait venir des Etats-Unis, des meubles que j’ai acheté dans mes magasins préférés et introuvables en France. Ils ont voyagé par bateau pendant plusieurs semaines et les voici enfin. J’ai hâte d’être installé, mais en attendant je dois relever mes manches et aider les déménageurs à tout décharger. Je leur laisse le plus lourd, ils ont l’habitude et savent comment s’y prendre sans se faire mal. Je les guide et leur indique dans quelle pièce vont tels ou tels meubles. Je n’ai pas beaucoup de cartons, juste quelques-uns de vêtement pour Maia et moi, quelques souvenirs que j’avais envie de mettre ici, et les jouets préférés de ma fille. Dès que les meubles seront montés, j’irais en ville acheter tout le linge et la vaisselle dont je peux avoir besoin. Je me suis fait livrer l’alimentaires hier, de ce côté-là pas de soucis, les placards sont bien remplis. Je ne vais pas mourir de faim.

En fin de journée, le camion est vide et tous les meubles sont montés et installés. J’avais payé pour que les déménageurs m’aident également pour cette partie car tout seul c’est mission impossible. En plus je ne suis pas très bricoleur. Ça me prendrait une éternité pour monter un meuble et encore s’il arrive à tenir debout. Je n’ai pas envie de me prendre une armoire sur la tête ou que Maia ou moi soyons réveillés en pleine nuit par l’effondrement de notre lit. Au moins, là, je suis tranquille.

Les déménageurs partis, je prends une bière sans alcool dans le frigo, elle n’est pas très fraiche, mais ça n’est pas grave. Je sors sur la terrasse à l’arrière de la maison, je m’installe dans un transat et allume une cigarette. Je ferme les yeux un instant pour mieux savourer le silence entrecoupé par moment par le chant d’un oiseau ou l’aboiement du chien du voisin, derrière la palissade qui sépare nos deux terrains. En ce début du mois de Mai, les températures sont agréables et même lorsque le soleil a totalement laissé place à la lune, je ne frissonne pas. Je reste là dans la nuit, sans aucune pensée traversant mon esprit et le corps vidée d’énergie, mais le cœur serein.

Je suis à ma place. Je suis chez moi. Enfin.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Sabrina CRESSY ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0