CHAPITRE 4 :Maia

22 minutes de lecture

STAN

J’ai pris l’habitude, tous les matins, d’aller faire un jogging. La route le long de chez moi, passe devant chez Samantha, puis donne directement en pleine campagne. Très peu de voitures passent par ici et le terrain légèrement en pente ajoute une difficulté intéressante. Je me chronomètre pour mieux me rendre compte de mes progrès. Déjà, je trouve que j’ai récupéré un peu de capacité pulmonaire depuis que j’ai arrêté de fumer. Pour le moment je me suis fixé pour but d’améliorer mon temps, puis par la suite je rallongerais mon parcours. Il faut que j’y aille progressivement sinon je risque de me faire mal et ça n’est pas le but.

Chaque matin, je suis debout à sept heures trente, je bois un ou deux cafés, j’enfile ma tenue de sport et je pars. Si Charly est dehors, je m’arrête deux minutes pour lui faire une caresse. De toute façon c’est un arrêt obligatoire car sinon il ne cesse d’aboyer jusqu’à ce qu’il obtienne ses gratouilles dans le cou. Je ne peux pas lui résister. C’est devenu notre rituel.

Presque tous les jours, je croise Samantha qui part travailler. Parfois lorsque je passe, elle est déjà partie au travail ou bien c’est le week-end et elle n’est pas encore réveillée. Je le sais car les volets de sa chambre sont encore fermés. Je ne l’espionne absolument pas, j’ai juste remarqué, par hasard en prenant mon petit déjeuner sur la terrasse, quelle était sa chambre en la voyant ouvrir les volets le week-end. Ça aurait pu être celle d’Axel, de Mégane ou de ses parents, mais je ne sais pas pourquoi, je suis persuadé que c’est la sienne. Elle est vraiment adorable. A chaque fois qu’elle me voit, elle m’adresse un signe de la main ou quand je la croise elle me dit bonjour avec un magnifique sourire.

J’ai eu l’occasion de rencontrer ses parents, Isabelle et Etienne. En revenant de mon jogging justement, ils étaient tous les deux dehors. Isabelle étendait du linge et Etienne faisait un peu de désherbage. Eux aussi ne m’ont pas reconnu ou bien ils ne l’ont pas montré. En tout cas, ils m’ont traité comme n’importe quel voisin.

Ce sont des gens très gentils, je comprends d’où vient cette chaleur humaine que dégage Samantha. J’ai discuté un petit moment avec mes voisins et j’ai appris que les précédents propriétaires de ma maison, étaient des amis à eux qui avaient déménagés pour se rapprocher de leurs enfants, en Bretagne. Le climat doit radicalement les changer d’ici. Bref. J’en ai profité pour leur demandé si le portillon qui se trouve au fond de mon jardin, donnait chez eux ou sur une parcelle vide.

- Il donne chez nous également, me répond Etienne. On l’avait installé ensemble, avec mon ami Pierre, afin d’aménager un chemin plus court pour que nos femmes respectives puissent papoter ensemble, il dit en plaisantant.

Isabelle lui donne une gentille tape sur l’épaule.

- Dis donc tu exagères. Tu étais plus souvent rendu chez eux pour boire une bière avec Pierre, que moi pour aller papoter, comme tu dis, avec Françoise.

- Ça vous ennuie peut-être ? me demande Etienne. Je peux le faire retirer et reboucher la clôture.

- Non, non, ça ne me dérange pas du tout. Je me posais juste la question. L’agent immobilier ne m’a pas donné la clé de ce portillon, c’est pourquoi je m’interrogeais.

- Si vous voulez, j’ai plusieurs doubles, je peux vous en donner un. Comme ça, si vous avez besoin de passer vous pourrez le faire par ce raccourci.

- Je n’ai aucune raison de passer chez vous sans votre accord. Je ne me le permettrai pas.

- Oh vous pouvez. On a confiance. Vous m’avez l’air d’un garçon très bien et puis on a notre Charly qui monte la garde, il dit en rigolant et en désignant le monstre qui se frottait à mes jambes pour réclamer des caresses.

On se met tous à rire de bon cœur, puis Etienne va me chercher un double de la clé du portillon.

- On ne sait jamais, ça pourrait servir, il dit en me la déposant au creux de la main.

- Merci Monsieur.

- Oh appelez nous Etienne et Isabelle, pas de Monsieur et Madame entre nous. Ça fait vieux, il dit avec un clin d’œil malicieux.

- Très bien. Merci Etienne.

Ces gens sont vraiment incroyables. Ils ne me connaissent absolument pas et ils me font immédiatement confiance en me donnant accès à leur propriété. On ne verrait jamais ça ni à Paris, ni aux Etats-Unis. Tout du moins pas là où je vis. On a plutôt tendance à tout ultra sécuriser au contraire. Ils me plaisent beaucoup mes voisins. Je suis vraiment bien tombé. J’aime de plus en plus vivre ici. Le retour à New-York va être difficile.

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Voilà, ça y est, enfin, c’est aujourd’hui que Maia arrive par avion depuis New-York. Milla m’a envoyé un texto au moment du décollage et pour me rappeler l’heure d’atterrissage à Paris. Comme si j’allais oublier ma fille à l’aéroport. J’ai pris moi-même l’avion pour Paris, la veille et j’ai dormi dans mon appartement pour être certain d’être bien à l’heure pour accueillir ma princesse. Nous passerons la journée là-bas et dormirons dans mon appartement avant de reprendre l’avion demain matin pour le sud. J’ai préféré rester une journée sur place, dans la capitale, pour ne pas imposer à Maia, encore une heure d’avion alors qu’elle vient déjà d’y passer de nombreuses heures.

Je l’attends à la sortie de la porte d’embarquement et dès qu’elle me voit, lâche la main de son accompagnatrice et se précipite vers moi en courant. Je me baisse et lui ouvre grand les bras dans lesquels elle se jette en m’attrapant par le cou. Elle me serre de toutes ses forces et je la serre également contre moi. J’ai les larmes aux yeux de la retrouver. Elle m’a tellement manqué et apparemment, c’est réciproque. Elle me couvre de bisous et me dit pleins de « Love you ». Son accompagnatrice attend patiemment que cesse nos effusions pour me faire un petit compte rendu du voyage qui s’est très bien passé. Maia a dormi quasiment tout le temps et a été très sage. Je remercie l’hôtesse et nous nous dirigeons vers le tapis roulant pour y récupérer la valise de ma fille.

Maia est en forme. Elle sautille en me tenant la main, alors que nous quittons les lieux. On prend un taxi qui nous conduit à mon appartement. Je profite du trajet pour envoyer un texto à Milla pour la rassurer que notre fille est bien arrivée à Paris, avec moi. Je dépose les affaires de Maia et je lui propose d’aller manger une glace, ce qu’elle accepte avec joie. On passe tout l’après-midi à se balader ou à faire des jeux dans le parc auprès de chez moi. Elle aimerait aller jouer avec les autres enfants, mais comme elle ne parle qu’Anglais, ils ne la comprennent pas et la laisse de côté. Ça me fait un peu mal au cœur pour elle qui est si amicale. Je me promets de commencer à lui apprendre le Français dès notre arrivée à la maison. Elle a deux ans, elle devrait apprendre rapidement. Sûrement plus vite et mieux que moi, même.

Ce soir, Maia ne fait aucune difficulté pour aller se coucher. Elle est complètement exténuée à cause du voyage, du décalage horaire, par l’excitation des retrouvailles et par son après-midi passée au parc. Elle s’endort devant sa pizza. Je la prends délicatement, la déshabille et la met au lit avec un bisou sur le front. Je la regarde dormir pendant quelques minutes. Ce soir, je suis le papa le plus heureux du monde.

Je n’ai pas entendu Maia de la nuit et ce matin, elle a du mal à se réveiller. Elle est encore calée sur les horaires de New-York, soit sept heures plus tôt qu’ici en France. Pour elle, on est au milieu de la nuit. Je ne la brusque pas, je l’habille et on prend directement le taxi pour nous rendre à l’aéroport. Elle somnole tout le trajet, dans mes bras puis dans l’avion. Ça va nous n’avons qu’une heure de vol à peine. En débarquant à Montpellier, je récupère ma voiture au parking et y installe Maia dans son siège-auto. Elle est désormais totalement réveillée et surexcitée à l’idée de découvrir sa nouvelle maison, sa chambre et surtout sa salle de jeux.

En seulement vingt minutes nous arrivons enfin à notre destination finale. Maia trépigne d’impatience dans son siège, alors je me dépêche de la détacher et d’aller lui ouvrir la porte. Elle s’arrête à l’entrée du salon et pousse un « wouahhhhh » d’émerveillement. Je ris de voir sa tête. Elle me réclame immédiatement d’aller dans sa salle de jeux. Dès que je lui indique quelle porte c’est, elle s’y précipite.

- It’s beautiful, elle me dit avec les yeux qui pétillent.

Je suis rassuré. J’ai bien choisi. Ça lui plait. Elle farfouille dans tous les placards et fini par sortir un jeu de cubes. Elle s’installe au milieu de la pièce et se met à les empiler pour faire une tour. Je lui précise que je vais vite fait à la voiture récupérer nos affaires et que je suis de retour dans deux minutes, histoire qu’elle ne panique pas en ne me voyant plus. Elle ne me prête même pas attention, trop plongée dans la découverte de son nouveau jeu. Je me dépêche de prendre nos sacs dans le coffre de la voiture et je les dépose dans l’entrée. On les montera plus tard. Je vais jeter un œil à Maia qui a déjà quitté ses cubes pour les poneys.

Comme elle joue tranquillement, je me rends dans la cuisine pour lui préparer un verre de lait et des biscuits, car elle n’a pas encore déjeuner ce matin, vu qu’elle était trop endormie et je me fais également couler un café. Dès que c’est prêt je l’appelle et elle rapplique en courant. Je l’aide à s’installer sur l’une des chaises hautes autour de l’îlot de la cuisine. Elle adore. Elle se trouve grande. Je m’installe à côté d’elle pour boire ma dose de caféine. Elle a à peine fini son assiette, qu’elle me demande, la bouche encore pleine, pour aller voir sa chambre. J’en profite pour attraper nos affaires et nous montons à la découverte de son autre royaume. Là encore, elle adore et est émerveillée. Elle saute sur son lit en riant. Je range ses affaires dans sa commode et son armoire le temps qu’elle fasse le tour de la chambre, puis on redescend tous les deux. Je ferme la barrière de sécurité que j’ai fait installer au bas de l’escalier. J’en ai également mis une en haut pour qu’elle ne tombe pas. Elle n’a que deux ans, elle ne se rend pas compte du danger.

Comme Maia est déjà repartie dans sa salle de jeu, j’en profite pour aller dans mon bureau et consulter mes mails sur mon ordinateur portable. C’est incroyable le nombre de messages que je peux recevoir en une journée. Je fais tout d’abord un tri rapide en effaçant toutes les publicités. Déjà, j’y vois un petit peu plus clair, mais il en reste encore beaucoup. J’entends Maia qui chante dans la pièce à côté. Elle me fait rire car parfois les phrases n’ont ni queue, ni tête ou bien elle déforme des mots.

L’heure du déjeuner arrive très rapidement. Je nous prépare des sandwichs que nous sortons manger sur la terrasse. Le jardin n’est pas aussi grand que celui de Los Angeles, mais Maia le trouve tout de même gigantesque. Dès que Charly nous entend, il accourt et se met à aboyer, comme à son habitude, pour manifester sa présence. Maia sursaute et se met à pleurer de peur. C’est vrai que vu la taille du chien s’est aboiements sont forts et peuvent impressionner une petite fille. Je la prends dans mes bras et nous nous approchons. Elle se cramponne à mon cou. Je m’accroupie, l’installe sur l’un de mes genoux et pose ma main sur la palissade.

- Regarde Maia, fais comme papa. N’aies pas peur. C’est Charly. Il est très gentil.

Maia hésite encore et ne veut pas poser sa main à côté de la mienne. Je n’insiste pas, je ne veux pas la brusquer et lui faire peur. Alors je me mets à parler à Charly pour qu’il se calme et arrête d’aboyer.

- Hey, salut Charly, c’est moi. Oui je sais il y a une inconnue avec moi. C’est ma fille Maia.

Non, mais comme si le chien allait comprendre ce que je lui dis. Je déraille. Pourtant, au son de ma voix, les aboiements diminuent et finissent pas cesser. Il doit s’être assis face à nous, comme il le fait toujours, alors je continue de lui parler. Maia prend confiance et ose enfin poser sa main sur la palissade, à côté de la mienne. Charly vient immédiatement la renifler. Ma fille a un mouvement de recul, mais repose sa main sur mes encouragements. Il continue de la sentir, puis fini par repartir.

Ça y est Maia est toute excitée et en confiance, elle veut absolument aller voir le chien. Je lui promets que l’on ira lui dire bonjour une fois que nous aurons fini notre déjeuner. Elle avale son sandwich si vite qu’elle manque de s’étouffer. Le dernier morceau avalé elle se précipite vers la porte d’entrée en me réclamant d’aller voir le chien. Vu sa motivation, je saute sur l’occasion pour lui apprendre quelques mots de Français : dog se dit chien, door = porte, dad = papa, please = s’il-te-plait… Elle répète sans difficultés. Je vais procéder comme ça, je vais me servir de notre quotidien et de ce qui nous entoure, pour lui apprendre la langue de ce pays.

Je lui prends la main pour qu’elle ne se précipite pas sur la route et nous allons rendre une petite visite à Charly. Il ne nous a pas vu arriver. Il est allongé sur la terrasse, au soleil et ronfle tellement fort que je l’entends de là où je me trouve. Je l’appelle, il bouge une oreille, mais n’ouvre pas les yeux. Je prononce à nouveau son nom. Il relève la tête pour voir qui l’appel et dès qu’il me voit il se met à courir vers nous. Maia prend peur et se cache derrière ma jambe en se cramponnant très fort et en pleurant. Je la comprends, pour une si petite fille, il doit paraitre vraiment énorme et voir foncer comme ça sur nous, un molosse d’une cinquantaine de kilos, ça peut être impressionnant. Moi-même, si je ne le connaissais pas, je ne serais pas fier. Je m’accroupie, comme tout à l’heure, pour être à leur hauteur à tous les deux. Charly remue la queue. Il a la langue qui pend et il gratte au grillage pour réclamer ses caresses. Je lui grattouille le cou comme il aime pour qu’il se calme un peu et pour montrer à ma fille qu’il n’est pas méchant du tout. Petit à petit Maia se rapproche doucement. Je lui prends la main et la lui pose sur le grillage, comme tout à l’heure sur la palissade. L’animal la renifle puis se met à lui lécher la main. Maia se met à rire et pose également son autre main pour avoir encore plus de bisous. Elle sautille sur place en riant. Je me félicite d’avoir fait le choix de venir ici. C’est un petit plaisir tout simple, que l’on n’a pas dans les autres villes où je possède un logement.

Au bout d’un moment, je vois que Maia est fatiguée, alors on dit bye bye à Charly et on rentre chez nous pour qu’elle fasse une sieste.

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Plus les jours passent et plus ma fille s’épanouie ici. Elle assimile très bien les mots de Français que je lui apprends et on arrive de plus en plus à converser ensemble dans cette langue. Ce doit être marrant à entendre car souvent nos phrases commencent en Français et à un moment donné ça dérape vers l’Anglais. Le mélange doit être assez déroutant pour une oreille non avertie.

Nous faisons des sorties au parc, au zoo, je l’emmène faire du manège, etc… Je nous ai acheté des vélos et nous partons tous les jours en balade dans la campagne. Pas très loin et pas très longtemps car elle est petite et se fatigue vite, mais ça nous fait du bien à tous les deux de prendre l’air et de faire du sport. J’ai mis en pause mon footing, le temps que ma fille est avec moi, alors comme ça je ne me rouille pas trop en attendant de reprendre. A l’aller comme au retour on fait un arrêt obligatoire dire bonjour à Charly et il nous répond par des grands coups de langue sur les mains, à travers le grillage. J’ai bien expliqué à Maia, qu’on ne peut le faire qu’avec Charly et pas avec les autres chiens sinon elle pourrait se faire mordre.

************

Je suis sur la terrasse à lire un livre pendant que Maia fait la sieste sur le canapé. J’entends, sans vraiment y prêter attention, que mes voisins sont également dans leur jardin. Charly se met à aboyer d’une façon étrange et avec insistance. Ça m’interpelle une seconde, puis je me replonge dans ma lecture. Ça fait déjà plusieurs minutes que j’entends le chien qui ne veut pas se taire malgré les ordres de ses maîtres. J’entends des bruits de métal, des bribes de conversations et ça m’intrigue. Ce n’est pas dans mes habitudes d’espionner mes voisins, mais là, je trouve qu’il y a quelque chose de pas normal. Je me lève et me mets sur la pointe des pieds pour regarder par-dessus la palissade. Je vois Charly debout sur ses pattes postérieures, celles de devant posées sur le tronc d’un arbre et il aboie en direction du sommet. D’où je suis, je ne distingue rien, parmi le feuillage, qui pourrait l’énerver à ce point. Etienne et Samantha essaient de caler une échelle métallique, contre l’arbre dans l’intention d’y grimper. J’entends Etienne dire qu’il ne peut pas y aller à cause de son vertige, qu’il allait essayer de tenir Charly le temps que Samantha grimpe. La jeune femme monte. Elle est obligée de se mettre en équilibre sur le dernier barreau et j’ai peur qu’elle ne fasse une chute tellement sa position semble instable.

Je ne peux m’empêcher de constater qu’elle est très sexy dans son short en jean et j’admire ses longues jambes parfaitement galbées. Je me mords la lèvre inférieure alors que des images réservées à un public adulte, me viennent en tête.

J’entends Samantha dire à son père :

- Je n’y arrive pas. Il est trop haut. J’y suis presque mais je ne suis pas assez grande.

- Vous avez besoin d’aide, je leur cri depuis mon point d’observation.

Etienne se tourne vers moi.

- Ça ne serait pas de refus, il me répond.

- J’arrive.

Je fonce dans la maison pour prendre la clé du portillon, ça sera plus rapide de passer par là. Cet accès existe, autant s’en servir. J’ai à peine ouvert que Charly se précipite vers moi et me saute dessus, content de me voir. Je lui fais une gratouille vite fait tout en me dirigeant vers mes voisins.

- Alors qu’est-ce qu’il se passe ? je demande.

- Il y a un chaton de coincé dans les branches. Il n’arrive pas à redescendre. Je suis trop petite pour l’atteindre et les branches sont trop fragiles pour que je puisse grimper dessus. Je l’ai touché du bout des doigts, il ne me manque que quelques centimètres, me dit Samantha.

Effectivement, maintenant que Charly a cessé d’aboyer, j’entends les légers miaulements du chaton. J’inspecte le feuillage des yeux et j’arrive à distinguer une petite boule de poils blanche, noire et rousse.

- Ok, je vais attraper ce petit fripon, je le vois, je dis en commençant à grimper à l’échelle.

Je monte prudemment, pour ne pas l’effrayer. Je ne voudrais pas qu’il perde l’équilibre et tombe. Je suis presque arrivé jusqu’à lui. Je lui parle d’une voix toute douce pour le rassurer. Il miaule de plus en plus fort. Il est apeuré. Ça y est je peux l’atteindre, mais dès que j’approche ma main il me donne des coups de griffes en crachant et manque de tomber à chaque fois. Je décide d’adopter une autre approche. Je demande à Samantha de tenir fortement l’échelle pour ne pas qu’elle bouge et je me cale bien pour pouvoir utiliser mes deux mains. Je détourne l’attention du chaton en agitant ma main gauche devant lui et dès qu’il est concentré à essayer de me griffer, de ma main droite je l’attrape vivement au niveau du cou et j’arrive à l’extirper de sa prison. Je le maintiens toujours par la peau du cou car je sais que dans cette position il ne peut plus rien faire. C’est comme ça que les mamans portent leurs chatons et ça les apaise. Maintenant, il faut que j’arrive à descendre avec le petit fauve, sans que Charly ne me saute dessus.

Etienne a réussi à l’éloigner de l’arbre et le maintien fermement en position assise. Au moment où je pose le pied au sol, le chien se redresse.

- Charly assis, je dis d’une voix forte et ferme.

Je m’étonne moi-même. Les mots sont sortis tout seul de ma bouche. Il doit être aussi étonné que moi car il se rassoit immédiatement et ne bouge plus. Samantha me prend le félin et l’examine.

- Ça va elle n’a pas l’air blessée.

- Elle ? Je dis intriguée.

- Oui tous les chats qui ont trois couleurs, sont des femelles. Celle-ci est magnifique, m’informe Samantha.

- C’est vrai qu’elle est très mignonne, j’approuve en caressant la petite boule de poil qui se remet de ses émotions dans les bras de ma voisine.

Charly gémit aux côtés d’Etienne. Il n’a pas l’air agressif, au contraire, on dirait qu’il est contrarié. Qu’il aimerait lui aussi voir le chaton. Je prends le félin des bras de Samantha et m’approche du chien.

- Attention Stan ! me mets en garde Samantha. Je ne sais pas comment il va réagir et il pourrait n’en faire qu’une bouchée.

- Je ne pense pas, je dis en arrivant à la hauteur de l’animal qui pousse de plus en plus de petits cris plaintifs.

Le chaton est calmement installé dans le creux mon bras, sa tête cachée dans le pli de mon coude. Je me baisse à la hauteur de Charly, qui a un mouvement de recul en découvrant la boule de poil dans mes bras. Il revient lentement, curieux. Il renifle l’air puis approche son énorme museau du minuscule animal. Il le sent puis, à notre étonnement à tous, se met à le lécher. Samantha nous rejoint et félicite son chien par de nombreuses caresses et bisous.

- Daaaad, daaaad.

C’est Maia qui a dû être réveillée par les aboiements de Charly et qui me cherche partout. Je m’apprête à lui répondre lorsque je la vois passer le portillon.

- Hey mon bébé, viens, approche.

Contente de mon invitation, elle se précipite vers nous, enfin plutôt au cou de Charly qui s’empresse de lui faire un bon débarbouillage en règle. Ma fille tombe par terre, mais rit à en avoir mal au ventre.

- Je vous présente ma fille Maia, je dis à l’attention de Samantha et Etienne. Elle est avec moi encore pour deux semaines puis elle devra repartir chez sa mère aux Etats-Unis.

- Ah votre femme n’a pas pu venir ? me demande Etienne.

- On n’était pas marié et on est séparé depuis quelques mois, je précise.

- Je suis désolée, dit tristement Samantha.

- Pas moi. On était finalement trop différent. C’est mieux comme ça.

Samantha me sourit, puis regarde tendrement Maia.

- Elle est belle comme un cœur, elle dit.

- Oui elle ressemble à un ange avec ses boucles blondes et ses grands yeux bleus, ajoute Etienne qui éloigne un peu le chien de la petite fille pour la laisser respirer.

- Merci, je réponds fièrement.

Maia se relève et viens se cacher derrière ma jambe, intimidé par les inconnus en face d’elle. Samantha se baisse à sa hauteur pour lui parler.

- Hello Maia. My name is Samantha and this old man is my father Etienne. Nice to meet you, elle dit pour se présenter.

- Hello, répond Maia en lui faisant un petit signe de la main.

- Tu parles Anglais ? Je m’étonne.

- Oui. Je travaille dans une agence de voyage alors c’est indispensable d’être bilingue.

Maia s’aperçoit que j’ai quelque chose dans les bras. Elle tire sur mon t-shirt pour mieux voir. Immédiatement ses yeux se remplissent d’étoiles et elle se met à caresser doucement la petite boule de poil qui s’est endormie.

- Dad, it’s my cat ?

- Cat, it’s chat, in french.

- Chat, répète-t-elle. Dad, it’s my chat, elle demande à nouveau en mélangeant les deux langues.

On rit tous les trois de ce mixage linguistique. J’explique à mes voisins que le Français n’étant pas la langue maternelle de Maia, je la lui apprends vu qu’elle va être amener à passer du temps régulièrement ici. Je veux qu’elle soit totalement bilingue. Ils acquiescent, me félicite pour mon initiative et Samantha me propose son aide.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit pour la petite, n’hésitez pas. Que ça soit pour la garder si vous avez un rendez-vous, pour l’apprentissage de la langue ou pour toutes autres choses, on est là, dit Samantha avec un regard compatissant. Je sais que ça n’est pas toujours facile d’être un parent célibataire et encore moins pour un père, surtout avec une si petite fille.

- Merci, c’est gentil. Je ne me débrouille pas trop mal pour le moment, mais je prends note de ton offre.

- Papaaaaa ! Chat, insiste Maia en tapant du pied.

Elle a volontairement parler en Français pour attirer mon attention, la petite maligne. J’essaie d’éluder la question en la félicitant pour sa bonne prononciation.

- Oui chat, c’est bien mon bébé.

Mais mon subterfuge ne prend pas et elle s’énerve encore un peu plus. Shit ! me voilà coincé, je suis obligé d’adopter ce chaton maintenant, sinon ça va être la grosse crise. Je sais que je ne devrais pas céder à ses caprices, que c’est lui donner de mauvaises habitudes, mais je déteste la voir pleurer. Et puis j’avoue que moi aussi j’ai craqué pour cette adorable frimousse à moustaches.

C’est décidé, nous avons un nouveau membre dans la famille. Ma fille a décidé de l’appeler Kitty. Je trouve un carton dans lequel la mettre le temps de l’emmener chez le vétérinaire. Je veux m’assurer qu’elle n’appartienne à personne et qu’elle soit en bonne santé. Il nous apprend qu’elle est âgée d’environ trois mois et qu’hormis quelques puces, elle est en pleine forme. Il nous dit également, que vu l’état de ses griffes et son poil sale, elle doit être issue d’une portée née dans la rue, donc qu’aucun propriétaire n’attend son retour. Je suis soulagée car je ne sais pas comment j’aurais expliqué à ma fille qu’il fallait la rendre à sa famille. Le vétérinaire nous informe qu’elle pourra être stérilisée et identifiée dans trois mois et qu’en attendant il serait plus prudent de la garder à l’intérieur.

On redépose Kitty à la maison, dans son carton dans le garage et on file à l’animalerie pour lui acheter tout ce dont elle aura besoin. Je demande conseil à une employée et nous repartons avec un chariot qui déborde. Heureusement que j’ai une voiture avec un grand coffre, sinon tout ne serait pas rentré dedans.

************

SAMANTHA

Il me semblait bien avoir entendu un enfant chez Stan. Je suis heureuse d’avoir fait la connaissance de Maia. C’est une petite fille très mignonne, rigolote, intelligente et elle sait comment mener son père par le bout du nez, la maligne.

J’admire Stan. Il paraît très impliqué dans l’éducation de sa fille et sa volonté à lui apprendre notre langue est admirable. A cette âge, Maia assimile très vite et si elle pratique régulièrement, elle deviendra rapidement bilingue. On voit qu’il aime profondément sa fille et qu’il ferait tout pour elle. Cette scène était très attendrissante.

En plus d’être canon, c’est un super papa. Je me demande bien pourquoi sa compagne et lui se sont séparés. Il doit obligatoirement avoir des défauts, mais pour le moment, je n’en vois aucun. Il est gentil, aimable, serviable, posé, un très bon père donc et je ne le dirais jamais assez, il est vraiment craquant.

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STAN

Ça fait quelques jours que Kitty a intégré notre famille et Maia et elle, sont inséparables. J’ai pourtant établi des règles, comme celle qui interdit à ma fille de dormir avec elle, mais le matin je retrouve Kitty bien installée, dormant profondément aux pieds du lit. J’ai abandonné, une fois de plus. Je suis les recommandations du vétérinaire et Kitty est interdite de sortie dans le jardin si elle n’est pas tenue en laisse. J’ai trouvé cette option car garder un chaton curieux à l’intérieur d’une maison, alors qu’il fait beau et que l’on a qu’une envie c’est d’ouvrir tout en grand, qui plus est lorsqu’il y a une enfant de deux dans cette même maison, c’est mission impossible. Je dois les surveiller étroitement toutes les deux et c’est du travail, mine de rien. Elles m’épuisent plus qu’une journée de tournage. Une fois Maia endormie le soir, je m’écroule sur un transat, dehors, avec une bière et je savoure cet instant de tranquillité.

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Un mois ça passe extrêmement vite. Voilà, c’est déjà le jour du départ de Maia. Comme à son arrivée, nous sommes partis la veille et nous avons dormi dans mon appartement Parisien. Son vol était à neuf heure ce matin. Les au revoir ont été très difficiles. Maia pleurait à chaude larmes et l’hôtesse à eut beaucoup de mal à l’arracher de mes bras. Pour ma part, je n’étais pas fier non plus et j’ai dû faire un gros effort pour contenir mon émotion devant ma fille, pour ne pas aggraver son chagrin. Je n’ai pas omis d’envoyer un message à Milla pour lui confirmer que notre fille était bien dans l’avion.

Mon vol pour Montpellier est parti une heure plus tard. Me voici de retour chez moi, seul et la maison me parait vide sans ma princesse.

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