CHAPITRE 10 : Avoir confiance

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STAN

Ça fait plus d’une heure que j’attends Samantha. On devait aller ensemble au marché ce matin. Elle a peut-être oublié. Je décide d’aller sonner chez elle pour en avoir le cœur net.

- Bonjour Stan, me dit Isabelle avec un grand sourire.

- Bonjour Isabelle. Samantha est prête ?

- Je vais voir.

Elle monte et des voix parviennent à mes oreilles, sans que je ne comprenne ce qu’il se dit. Une minute plus tard, Samantha me rejoint dans l’entrée.

- Bonjour Stan, elle me dit le visage fermé.

- Bonjour Samantha, je réponds avec un grand sourire. Tu as oublié que l’on devait aller faire le marché ensemble ce matin ?

- Ah oui ! C’est vrai, elle soupire. J’avais oublié.

Elle parait réfléchir, hésiter.

- Bon attend moi juste une minute, je vais me changer et j’arrive.

Je sors et en l’attendant je joue un peu avec Charly qui lui est content de me voir. Elle me rejoint. Elle a troqué son short en jean et son t-shirt pour une jolie robe rouge à bretelles, qui lui arrive à mi-cuisse et dont le bustier met bien en valeur sa poitrine, pas si petite que ça. Comme elle connait mieux les alentours que moi, nous prenons sa voiture. Elle a le visage sévère et les lèvres pincés. Visiblement elle me reproche quelque chose.

- Ça ne va pas ? J’ose lui demander.

- Non, ce n’est rien laisse tomber, elle me répond en soupirant encore.

- J’ai fait ou dit quelque chose qui t’a contrarié ? J’insiste.

- Ce n’est pas toi, c’est moi. Je me pose trop de questions et je me tourne des films pour rien.

- Comment ça ? Je ne comprends pas ? Te tourner des films à propos de quoi ?

- Non, mais je t’ai dit, laisse tomber.

- Sam ! Je dis en faisant une grosse voix.

- Ok, elle soupire de nouveau. Cette semaine, lorsque j’ai constaté que tu t’étais absenté pendant plusieurs jours et que tu ne m’avais pas prévenu, j’ai cru que j’avais été trop entreprenante, que tu avais eu peur et que je t’avais fait fuir, elle finit par avouer.

- J’adore quand tu es aussi entreprenante, je dis en lui caressant la cuisse. Plus sérieusement, je suis désolé. J’ai eu un appel pour un entretien d’embauche et j’ai dû partir presque immédiatement. Je pensais faire juste un aller/retour, mais ça a pris un petit plus de temps que prévu. Voilà, c’est tout.

- Pardon, je me sens complètement idiote à paniquer comme ça, elle dit avec un regard désolé. Mon ex-mari m’a menti tellement de fois, que je crois que j’ai du mal à faire confiance à nouveau.

- Je comprends et c’est normal, mais tu peux me faire confiance. Je suis sincère avec toi.

Elle hoche la tête.

- Tu m’as dit avoir eu un entretien d’embauche, mais au fait quel est ton métier ? Elle me demande.

Oh Shit ! Encore une question que je n’avais pas anticipée. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui répondre sans lui mentir, mais tout en ne lui révélant pas vraiment mon métier ?

- Je suis dans l’évènementiel.

- Ah ! Et ça consiste en quoi exactement ? Je n’ai jamais vraiment compris.

- On a chacun nos spécialités, moi je suis plus dans la réalisation d’évènements.

Pas mal trouvé ça. Ça décrit assez bien ce que je fais, sans rentrer dans le détail, ni révéler mon vrai métier et je ne lui ments pas. Elle paraît satisfaite de ma réponse.

- As-tu eu le poste ?

- Oui. Je commence en Février, mais j’aurais beaucoup de travail de préparation à partir d’Octobre.

- Ah ok !

On est arrivé au marché. Elle se gare, on descend et je lui prends la main, entremêlant mes doigts aux siens. On se regarde et on se sourit. Elle se dirige vers la place où se trouve les producteurs en tous genres. Je me laisse guider entre les étals multicolores. Ça sent bon les épices, le poulet rôti, le pain artisanal et tout un tas d’autres parfums effleurent mes narines et titillent mes sens.

Je goûte par ci par là ce que les exposants me proposent : un morceau de fromage, du saucisson, du pâté, du melon, etc… Je me régale. La France est vraiment le pays de la gastronomie. Je me laisse facilement convaincre, ou plutôt mon estomac se laisse facilement convaincre et j’achète un peu de tout ce que l’on m’a fait goûter. Samantha est amusée de voir avec quelle facilité je cède à la tentation gustative. Elle finit par me tirer par le bras pour éviter que je m’arrête à chaque stand. On a déjà le panier plein de victuailles et nous n’avons même pas encore acheter les produits qu’elle a sur sa liste. Elle ne m’a pas dévoilé le nom du plat qu’elle veut m’apprendre et honnêtement, pour le moment, je m’en moque totalement. Je prends plaisir à parcourir les allées et à profiter de ce beau jour d’été. Je suis serein, personne ne peut me reconnaitre sous ma casquette et mes yeux sont cachés derrière des grosses lunettes noires. On est dans une petite ville, pas vraiment touristique, donc il y a peu de chances que je sois repéré. Après, j’en ai l’habitude. Les fans me laissent vite tranquille une fois qu’ils ont eu leur autographe ou leur selfie. La chose que je craints le plus dans le fait d’être reconnu, c’est que Samantha apprenne par des inconnus, qui je suis réellement. Alors je scrute continuellement, en toute discrétion, les alentours pour m’assurer qu’il n’y ait aucun photographe.

Après une heure trente à parcourir toutes les allées du marché, nous avons tout ce qu’il nous faut et nous rentrons. Samantha est d’humeur beaucoup plus joyeuse qu’au départ et elle se met même à chanter sur le morceau qui passe à la radio. Je souris de la voir heureuse. Elle se gare dans l’allée, devant chez moi. Nous déchargeons nos courses et déposons tout dans la cuisine. Elle commence à déballer les sacs, mais je l’arrête et la prend dans mes bras.

- Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ? Elle me demande surprise.

- Je n’ai pas encore eu droit à un bonjour en bonne et due forme, je dis avant de l’embrasser tendrement.

Que c’est bon ! Je rêve de ce baiser depuis une longue semaine. Je ne l’ai pas embrassée plus tôt car nous étions en extérieur et je ne voulais pas risquer d’être surpris par un paparazzi. Maintenant que nous sommes chez moi, à l’abri des regards, je peux enfin laisser libre court à mes envies.

Bon sang ! Qu’est-ce que j’aime l’embrasser. J’aime le goût sucré de ses lèvres. J’aime la façon dont sa langue joue avec la mienne. J’aime les petits soupirs de plaisir qu’elle pousse lorsque je passe ma main sur sa nuque et que je fais glisser mon pouce le long de sa jugulaire sur laquelle je peux sentir les battements forts et rapides de son cœur. J’aime la sentir s’abandonner dans mes bras. J’aime sentir ses mains passer sous ma chemisette et entrer en contact avec ma peau brûlante de désir. J’aime lorsqu’elle caresse la fine toison qui recouvre mon torse.

Oh Fuck ! je suis sur le point de perdre le contrôle. Je fais un effort surhumain pour me détacher d’elle. Elle me regarde avec des yeux pétillants de désir et ses joues sont rouges. Je vois qu’elle était, elle aussi sur le point de succomber totalement. On pourrait céder au désir, nous sommes deux adultes consentants, mais j’ai peur d’aller trop loin et de souffrir. Je sais qu’une fois que l’on aura fait l’amour, plus rien ne sera plus jamais pareil entre nous et j’ai peur de ce changement. J’aime notre relation telle qu’elle est, ce piquant qu’apporte l’excitation et le désir inassouvi. Je ne sais pas combien de temps je pourrais résister, mais je le ferais tant que je le pourrais.

- On a un repas à préparer, je murmure le souffle court.

Elle ne peut que hocher la tête positivement, encore étourdit par nos baisers. Elle range les courses pour se donner le temps de rassembler ses idées. Je nous sers un soda bien frais. Elle étale des produits et des ustensiles sur l’ïlot central.

- Bon, ça y est je suis prête. Qu’est-ce qu’on fait en premier ?

- On se lave les mains, je réponds en bon élève.

- Parfait.

Elle s’attache les cheveux pendant que je me savonne les mains, puis fait de même.

- Je vais t’apprendre à faire un poulet basquaise.

- Basquaise ? Qu’est-ce que c’est ?

- C’est le nom que l’on donne à une façon de cuisiner le poulet.

- Ok.

- Je suis désolée, mais toutes les recettes que je peux t’apprendre, sont typiquement Française.

- Oh, mais ce n’est pas grave. J’adore la cuisine Française. Et puis comme ça je pourrais épater ma famille et mes amis avec des plats qu’ils ne connaissent pas.

- Vu comme ça, elle dit en souriant.

Elle me nomme les ingrédients et m’indique les étapes à suivre. Je prends des notes pour ne rien oublié si je veux le refaire plus tard. Vu le nom du plat je m’attendais à quelque chose de compliqué à préparer, mais c’est très simple en fait. Ça sent tellement bon, que j’en ai l’estomac qui grogne d’impatience.

Après un temps de cuisson bien trop long à mon goût, c’est enfin l’heure de la dégustation. La cuisse de poulet se coupe toute seule. La viande est fondante et pas sèche du tout. Les légumes sont encore légèrement croquants et j’aime beaucoup la note épicée qu’apporte le poivron. C’est un régal.

- Je te félicite, me dit Sam. C’est vraiment délicieux.

- Je n’ai fait que suivre tes instructions.

- Peut-être, mais justement comme tu as été un élève studieux le résultat n’en est que meilleurs pour nos papilles. Je suis fière de toi.

- Merci, je dis en l’embrassant sur la joue.

Elle se lève et débarrasse nos assiettes totalement vides, pour les mettre au lave-vaisselle puis nettoie les plus gros plats à la main que j’essuis et range dans le placard.

- On fait une bonne équipe, tu ne trouves pas ? Je constate.

- Oui, c’est vrai qu’on se débrouille pas mal.

- On recommence samedi prochain ?

- Si tu veux. J’ai déjà une petite idée du plat que je vais te faire préparer et j’ai bien envie de te tester en pâtisserie.

- Ouh laaa ! Tu es sûre ? Tu ne vas pas un peu trop vite ?

- Non, ne t’inquiète pas. Si on respecte bien les proportions et les instructions, c’est très facile.

- Ok. Je te fais confiance, mais si c’est raté, ça sera de ta faute.

- Pas de problème, j’assume.

- Ça te dirait de piquer une tête dans ma nouvelle piscine ?

- Bonne idée. Je vais me changer et je reviens.

- Je t’attends.

Je monte dans ma chambre enfiler un maillot et je passe par la salle de bain prendre deux serviettes, avant de plonger dans la piscine, dont j’ai au préalable retirer la protection. L’eau est un peu fraîche, mais une fois que l’on est dedans, c’est agréable. Je m’adosse au rebord et me laisse flotter à la surface de l’eau en fermant les yeux. J’entends les gonds du portillon grincer, m’avertissant du retour de Sam. Elle porte un maillot de bain deux pièces noir et un paréo multicolore autour de la taille. Elle n’aime pas son corps et pourtant, il est magnifique. Elle est tellement plus belle que ces mannequins sans formes et qui n’ont que la peau sur les os. Je me retourne et pose mon menton sur mes bras repliés sur le bord de la piscine. Je l’observe retirer son paréo et rajuster sa coiffure. Elle a de longues jambes fines et des hanches bien dessinées. Son maillot de bain met en valeur son postérieur bien rebondit. Heureusement que je suis déjà dans la piscine, car sinon il me faudrait une bonne douche froide. Je plonge la tête sous l’eau pour me rafraîchir les idées et essayés de chasser de mon esprit, toutes les images obscènes qui s’y imposent.

Elle n’a pas l’air à l’aise de se retrouver dans cette tenue devant moi. Je l’encourage, la prend par la taille, tandis qu’elle pose ses mains sur mes épaules pour ne pas perdre l’équilibre et descend doucement de l’échelle. Elle pousse un petit cri de surprise lorsque le haut de son corps plonge dans l’eau fraîche. Son regard accroche le mien. On ne s’est pas lâché. Je m’approche un peu plus, jusqu’à ce que nos corps se touchent et je l’embrasse. Elle me rend mon baiser et aussitôt nos corps en demande plus. Je ne veux pas céder à mes pulsions. Je me recule de deux pas et plonge en arrière jusqu’à me retrouver la tête complètement sous l’eau.

Lorsque je remonte à la surface, elle m’éclabousse. Je riposte immédiatement. Nous entamons une bataille et nous amusons comme des adolescents durant un bon moment. Elle finit par capituler, prétextant devoir sortir parce qu’elle est gelée. Effectivement, ses lèvres son bleues et elle claque des dents si fort qu’on dirait des castagnettes. Elle sort et s’enroule dans une serviette pour se sécher. Je sors à mon tour et la frictionne pour l’aider à se réchauffer. Je la prends dans mes bras, dos à moi et nous nous asseyons sur un transat, au soleil. Je continue de la frictionner jusqu’à ce qu’elle me dise qu’elle se sent mieux. Elle retire la serviette qui désormais lui tient trop chaud, mais elle reste blottie contre moi et nous restons là l’un contre l’autre à somnoler au soleil, mes doigts effleurant son bras de haut en bas à un rythme régulier et lent.

- Merci Stan.

- Pourquoi tu me remercie ?

- Parce que tu me redonne confiance en moi. Tu me fais me sentir à nouveau une vraie femme et tu m’apportes tellement de joie, elle avoue en tournant la tête pour me regarder dans les yeux.

- Tu le mérites, je réponds avant de l’embrasser tendrement.

Cette fois, c’est elle qui met fin à ce moment intime. Elle se relève, attrape son paréo et le noue autour de ses hanches.

- Il faut que je rentre maintenant.

- Non, reste encore un peu, je la supplie en la prenant dans mes bras.

- Je ne crois pas que ça soit une bonne idée. Les choses pourraient aller plus loin qu’on ne le veut et je crois qu’on n’est pas prêt.

- Je vois, je dis un peu déçu.

Mais elle a raison. Nos deux corps presque nus, l’un contre l’autre, ajouté au désir qui brûle à l’intérieur de nous, ça pourrait vite déraper. J’aimerais pourtant qu’elle reste, je n’ai pas envie qu’elle me quitte et en même temps je sais qu’il le faut avant que l’on ne cède à l’envie.

- On se voit demain, je demande.

- Demain, je ne peux pas, désolée. Je dois aider mes parents à faire leurs bagages. Ils partent pour une semaine de vacances, lundi matin.

- Ok. Je comprends.

- Si tu veux jeudi soir tu peux venir diner à la maison et ensuite nous irons voir le feu d’artifice.

- Un feu d’artifice ?

- Oui, on sera le quatorze Juillet. C’est notre fête nationale et il y a toujours des feux d’artifices un peu partout.

- Oh ! Euh ! Je suis ok pour le diner, mais le feu d’artifice… Je n’aime pas trop me retrouver dans la foule. On se marche les uns sur les autres, on se bouscule, ça n’est vraiment pas mon truc.

En réalité plus il y a de monde et plus les risques que je sois reconnue sont grands. Je préfère éviter au maximum ce genre de rassemblement.

- Je comprends. Si tu veux on pourra s’installer tout au bout du jardin. De là, on peut voir les plus hautes fusées éclater dans le ciel.

- Perfect. Ça me va.

- Alors on se dit à jeudi, dix-neuf heure trente ?

- Ok.

Je la prends dans mes bras et l’embrasse une dernière fois avant qu’elle ne me quitte pendant cinq longs jours.

************

SAMANTHA

En me réveillant ce matin, je n’aurais jamais imaginé vivre une aussi belle journée en compagnie de l’homme de mes rêves. J’ai eu tort de me monter la tête comme ça à propos de son absence. Il faut que j’ai plus confiance en moi, en lui et surtout que je mette ma jalousie naturelle de côté. Il m’a dit travailler dans l’évènementiel, alors il ne doit pas souvent être chez lui et il doit rencontrer beaucoup de femmes. Et vu le physique qu’il a, il ne doit pas manquer de propositions de la part de ces dames.

Si notre histoire doit prendre un tournant plus sérieux et si elle doit durer, il va falloir que j’accepte et que je m’habitue à son métier et à sa vie. Mais il faut que je garde dans un coin de ma tête, que cette histoire peut aussi prendre fin du jour au lendemain, justement pour les mêmes raisons.

Je dois vivre le moment présent.

Mais bon sang, je l’ai dans la peau ce mec. Depuis notre premier baiser, je ne pense plus qu’à lui, je ne rêve que de lui, je compte les jours, les heures, les secondes qui nous séparent de notre prochain rendez-vous. Je me sens tellement bien avec lui. Ça faisait bien longtemps qu’un homme ne m’avait pas regardé avec la même flamme de désir que celle qui brille dans ses yeux à chaque fois qu’il les pose sur moi.

J’ai déjà hâte d’être à jeudi soir.

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