CHAPITRE 12 : Le revers de la médaille

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STAN

J’ai passé une nuit merveilleuse. Je me réveille aux côtés de Sam. Elle dort encore. Qu’elle est belle ! J’en ai imaginé des scénarios de nous deux faisant l’amour, mais la réalité a dépassé la fiction. J’en ai eu des femmes dans ma vie et dans mon lit, j’en ai connu qui n’avaient vraiment aucun tabou sexuellement parlant et pourtant je n’ai jamais ressenti avec aucune d’entre elle, ce que j’ai ressenti cette nuit avec Sam.

Je me mets sur le dos et me passe les mains sur le visage. Oh shit ! Comment je vais faire maintenant ? Je vais être obligé de lui révéler ma vraie identité, je ne peux pas continuer à lui mentir. Mais lorsqu’elle l’apprendra, je risque de la perdre et après ce que l’on a vécu cette nuit, il en est hors de question. Je me suis mis dans de beaux draps.

Je m’assois sur le bord du lit et je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux, les laissant ensuite sur ma nuque. Je ne sais pas du tout comment je vais me sortir de cette situation. Et si je laissais les choses se faire toutes seules. Je ne lui dis rien pour le moment, je profite du temps que l’on nous accorde ensemble et je verrais ce que je pourrais lui dire lorsque le moment se présentera.

Sam se réveille, derrière moi et aussitôt elle vient m’enlacer.

- Salut, toi.

- Hello, je lui réponds en lui caressant les mains.

- Ça ne va pas ? Tu as l’air soucieux.

- Non, non ça va. J’étais seulement en train de me dire que j’irais bien faire un tour en moto.

- Tu as une moto ?

- Oui une Triumph.

- Je n’y connais absolument rien en moto. Tu peux me dire ce que tu veux, je ne vois pas du tout de quel modèle tu parles.

- Habille-toi, je vais te la montrer.

- Ok, mais avant j’ai besoin d’un bon café et d’un petit déjeuner. J’ai tellement faim que je n’arriverais jamais jusque chez toi sans faire un malaise.

- Tu as raison.

On s’habille et on descend prendre un rapide petit déjeuner avant de se diriger vers mon garage. J’appuie sur le bouton de la commande électrique de la porte.

- Waouh ! belle voiture, elle admire impressionnée.

- Je ne me déplacerais bien qu’en moto, mais ce n’est pas possible lorsque j’ai Maia avec moi.

Je m’approche de mon engin mécanique et la lui présente fièrement.

- Ah oui ! Quand même ! Je ne l’imaginais pas aussi grosse. Je ne suis pas fan des deux roues, mais je dois reconnaitre qu’elle est très belle.

- C’est mon petit bijou.

- Je comprends.

- Ça te dirait de venir faire un tour avec moi ?

- Je ne sais pas. Je n’aime pas trop, ça me fait peur.

- Je te promets de ne pas faire d’excès. Tu ne risques rien avec moi, je lui dis en la prenant dans mes bras. N’ai pas peur.

- Bon ok. Je te fais totalement confiance.

- Alors va mettre un jean et des bottes. Je te prêterais un blouson et un casque. Je vais aller me mettre en tenue aussi.

- Le temps de prendre une douche quand même et je te rejoints dans un quart d’heure.

- Parfait. Moi aussi j’ai besoin d’une douche.

- A tout de suite.

Je lui fais un signe de la main, referme la porte du garage derrière elle et m’empresse d’aller me laver et me changer. Même si nous sommes en plein été et qu’il fait chaud, je ne rigole pas avec la sécurité et j’enfile ma tenue de protection : pantalon en cuir, bottes de moto, blousons renforcé et gants en cuir. Je suis en noir de la tête aux pieds. Je sors ma moto du garage en attendant le retour de Sam. Je n’ai pas fini ma manœuvre qu’elle me rejoint. Je lui tends un blouson rouge et blanc en cuir. Il lui va parfaitement bien.

- Où allons-nous ? Elle me demande.

- C’est une surprise, je réponds d’un air malicieux.

Nous enfilons nos casques, j’enfourche mon engin et elle s’installe derrière moi. J’attrape ses mains et les place autour de ma taille. Je mets le contact et fais rugir un peu le moteur avant de démarrer. J’emprunte les routes de campagne en roulant à allure modérée pour ne pas faire peur à ma passagère. Plus les kilomètres défilent, plus je la sens se détendre alors j’augmente un peu la vitesse. Cette sortie est un pur bonheur.

Après une heure de trajet, nous arrivons à destination. J’emprunte un petit chemin de terre, puis j’arrête ma moto en haut d’une colline. Nous mettons pieds à terre et nous approchons du bord de la falaise. Le spectacle qui s’étend sous nos yeux est indescriptible. La mer méditerranée, d’un beau bleu azur, s’étend à perte de vue, se confondant avec le ciel. Quelques nuages blancs nous permettent de nous repérer dans l’espace qui nous entoure. On entend juste le chant des cigales. C’est étourdissant. Il faut par moment, que je ferme les yeux pour ne pas être aspiré par le décor et tomber de la falaise.

- C’est magnifique, Stan, me dit Sam émerveillée.

- Oui. J’ai découvert cet endroit par hasard, il n’y a pas longtemps. Ici j’ai l’impression d’être au bout du monde. J’ai la sensation que si je sautais, je pourrais voler et ce sentiment de liberté est incomparable.

- Je vois ce que tu veux dire.

Je viens me placer derrière elle et je la prends dans mes bras.

- Pourquoi tu m’as emmené ici ? Elle me demande.

- Parce que tu es la seule personne qui me fasse me sentir moi-même et avec laquelle je me sens libre. Je voulais te montrer cet endroit car ce que je ressens ici, je ressens exactement la même chose lorsque je suis avec toi. Je n’ai aucun mot assez fort pour décrire mes sentiments alors j’ai préféré te le montrer et te le faire ressentir également.

Je l’embrasse dans le cou et la serre un peu plus fort contre moi.

- Merci. J’ai la même sensation lorsque je suis à tes côtés. Toi aussi tu m’apportes beaucoup.

- On est un remède l’un pour l’autre, un guide sur le chemin à la découverte de notre vrai moi.

- Ouiiiii ! C’est exactement ça.

On reste un moment, enlacés, à admirer le paysage qui s’offre à nous, puis nous allons manger dans un restaurant peu fréquenté. Elle me fait découvrir l’histoire et notre village, en parcourant les ruelles étroites, main dans la main, comme de vrais touristes.

Je n’ai pas envie de finir cette journée en me retrouvant seul chez moi, alors je lui propose de passer la nuit ici et elle accepte. J’ai l’impression de vivre un rêve tellement cette journée est exceptionnelle.

*************

SAMANTHA

C’est trop beau pour être vrai. Je dois être en train de rêver, ce n’est pas possible. Je viens de passer la nuit avec mon voisin hyper sexy et dont je suis éperdument amoureuse, il m’a fait découvrir un endroit magique, m’a fait une déclaration digne d’un film romantique et le reste de la journée a été tout aussi irréelle. Je n’hésite pas lorsqu’il me propose de passer la nuit chez lui. Je n’ai pas envie de que cette journée se termine. Je veux profiter le plus possible de ce bonheur. Parce que je sens que ça ne va pas durer. Il y a forcément quelque chose qui cloche ou il va y avoir un évènement qui va venir tout gâcher.

Je mets vite ses interrogations loin, dans un coin de ma tête et je me consacre entièrement à l’homme qui est à mes côtés.

Nous passons tout le week-end ensemble. Nous n’arrivons pas à nous séparer. Pourtant c’est inévitable. Demain matin je dois retourner travailler et mes parents rentrent mardi de vacances. Je vais devoir reprendre ma vie mouvementée.

- Passe encore une nuit avec moi, me supplie Stan en m’embrassant alors que nous venons de faire l’amour.

- Ce n’était qu’une parenthèse, je dois retourner à ma vie, je dis tristement.

- Une parenthèse, il dit un peu vexé. Alors c’est ce qu’est pour toi notre relation ? Juste une parenthèse.

- Mais non ! je me défends.

Il se lève, enfile son boxer et commence à faire les cents pas dans la chambre, énervé.

- Stan, ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est… que… tu comprends, mes parents vont rentrer, Axel et Mégane aussi dans deux semaines et je vais devoir reprendre ma triste vie, mon quotidien.

- Attends, tu es en train de me dire qu’il n’y a pas de place pour moi dans ta vie ?

- Non, ce n’est pas ça… enfin si… Roohhhh je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis complètement perdue. Tu comprends, j’ai tellement de responsabilités entre ma famille et mon travail, je ne sais pas si je peux être aussi disponible que tu le voudrais. Je ne veux pas que tu te sentes délaissé.

- Parce que tu crois que je me sens comment là, maintenant ? Il me rétorque en colère.

Je baisse la tête. Les larmes roulent toutes seules sur mes joues. Voilà, je savais bien que ce bonheur ne pouvait pas durer, mais c’est moi qui ai tout gâcher à cause de mes peurs et de mon manque de confiance en moi. Mes paroles ont été au-delà de mes pensées et maintenant que les mots ont été dit, je ne peux plus les effacer. Il faut que je fasse face et que j’assume, maintenant.

- Je suis désolée Stan, je dis en me levant et en rassemblant mes affaires. J’aurais dû écouter ma tête au lieu de mon cœur. Je veux croire en notre histoire, mais je ne sais pas comment gérer tout ça. Je crois que l’on est allé un peu trop vite.

- Deux mois, tu appelles ça aller trop vite ? Je ne te demande pas de m’épouser, je veux juste que l’on passe plus de temps ensemble. Je m’en moque moi que tes parents et tes enfants sachent pour nous deux. Je veux juste être avec toi, il dit à la fois énervé et désespéré. Je te rappelle que c’est quand même toi qui t’es jetée sur moi.

- Je ne me suis pas jetée sur toi et puis tu ne m’as pas repoussé. Tu étais consentant.

- Oui c’est vrai et j’aurais peut-être dû me méfier et résister, il dit en me tournant le dos tout en se passant les mains dans les cheveux, nerveusement.

- Tu regrettes ? je demande avec un poids sur la poitrine.

- Je ne regrette absolument pas ce qui s’est passé entre nous, mais oui je regrette d’avoir mal jugé tes intentions. Je croyais que tu étais différente, il persifle, mais tu es comme toutes les autres. Tu n’as fait que te servir de moi.

- Non c’est faux, je me défends.

- Alors dis-moi ce que c’est. Dis ce que je suis pour toi, il cri avec des larmes dans les yeux.

Je ne réponds pas. Je ne sais pas quoi lui dire. Je l’aime, mais je ne peux pas lui avouer, on ne dit pas ces mots là pour s’excuser. On les dit comme une promesse, un engagement et je viens de lui refuser tout ça.

- Tu ferais mieux de rentrer chez toi, il m’ordonne en quittant sa chambre.

Je fini de m’habiller et je quitte la propriété de Stan en passant par le portillon. Je viens à peine de le refermer derrière moi, que j’entends le rugissement de sa moto et que je le vois passer à toute allure dans la rue. Mon cœur est en miette et je pleure désormais sans retenue. J’ai tellement mal, mais tout est de ma faute. Je ne dois m’en prendre qu’à moi-même.

************

STAN

J’ai roulé sans vraiment savoir où j’allais et je me suis retrouvé sur la falaise. Il fait nuit, mais je peux entendre le bruit des vagues et la lune se reflète dans la mer, comme dans un miroir. J’aurais pu être subjugué par ce magnifique spectacle, si je n’étais pas aussi malheureux.

J’ai laissé éclater ma colère en criant à plein poumon, jusqu’à ne plus avoir de voix, puis je me suis effondré en larmes. J’ai laissé ma peine sortir, mes larmes couler et mon cœur saigner. Ici, personne ne peut me voir.

J’ai passé toute la nuit sur la falaise, à réfléchir. J’ai envisagé de rentrer immédiatement aux Etats-Unis, puis je me suis dit que je n’allais pas me priver de mon petit coin de paradis à cause de l’insensibilité de ma voisine. Je n’aurais qu’à faire comme s’il ne s’était rien passé. Je suis acteur, je peux jouer ce rôle, après tout.

Je rentre chez moi et me plonge à fond dans l’écriture de mon scénario.

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