CHAPITRE 13 : Rapprochement

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STAN

Nous sommes fin Août et ça fait maintenant un mois et demi que je travaille en permanence sur mon scénario. Je m’octroie quelques moments de détente lorsqu’Axel et Mégane viennent profiter de ma piscine.

Lorsqu’ils sont rentrés de chez leur père, fin juillet, ils sont passés me saluer. J’ai réitéré ma proposition de venir se baigner quand ils le voulaient. Ils ne se sont pas fait prier et je dois dire que leur présence, au lieu de me déranger, m’a fait énormément de bien.

Je les ai entendu, un jour, prier leur mère de les accompagner. Elle refusait et s’est même mise à leur faire un sermon, leur reprochant que ça n’était pas correct de se rendre tous les jours chez moi, de me déranger et de profiter de ma gentillesse. J’étais dehors à ce moment-là et je n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir. De quel droit, privait-elle ses enfants d’une telle opportunité sous prétexte qu’on avait eu une relation à laquelle elle avait mis fin, n’assumant pas ses sentiments.

- Samantha, je dis en ouvrant le portillon. C’est moi qui leur ai proposé de venir se baigner dès qu’ils en ont envi.

- C’est très gentil de ta part, mais ils ne peuvent pas passer tout leur temps chez toi.

- Et pourquoi ?

- Parce que… parce que tu as sûrement d’autres choses à faire que de supporter la présence de deux adolescents surexcités.

- Ça, ça me regarde. Je suis assez grand pour leur dire s’ils me dérangent.

- Et puis je suis en vacances et je ne profite même pas de mes enfants puisqu’ils passent leurs journées dans ta piscine.

- Et bien tu n’as qu’à venir aussi. Ça ne me gêne pas.

Je suis arrivé à maitriser mes émotions et à enfouir mes sentiments au plus profond de mon cœur. J’ai réussi à dépasser le stade de la colère et des reproches. Je ne lui en veux plus, enfin je crois. Je ne veux désormais être que son ami.

- Ah tu vois maman, dit Mégane, Stan est d’accord pour que tu viennes aussi alors s’il-te-plait.

- Par cette chaleur, ça te ferait du bien, intervient à son tour Axel.

- Bon, je capitule. Puisque vous vous êtes tous ligués contre moi. Je vais me changer. Allez-y les enfants, je vous rejoints.

- Ouaisss !!!! crient-ils en chœur en se précipitant chez moi.

Je suis content qu’elle ait accepté. La communication entre nous se rétablit et c’est tout ce que je demande.

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SAMANTHA

Je rentre pour me changer et croise ma mère, qui me retient par le bras.

- Ma chérie, pourquoi tu ne lui laisses pas une chance ?

- De quoi tu parles ?

- Samantha, je ne suis pas aveugle. Je suis ta mère et je te connais par cœur. Je sais, je vois à quel point vous vous aimez, mais ce que je ne comprends pas c’est ce qui a bien pu se passer en notre absence, pour que votre relation se soit dégradée à ce point.

- Il ne s’est rien passé. Tu te fais des idées. Nos relations sont strictement de bon voisinage, c’est tout.

- Arrête de me mentir et de te mentir, ma chérie. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure qu’il est dingue de toi et que toi aussi.

- Tu te trompes. Je n’ai pas le temps et pas la place pour un homme dans ma vie de toute façon.

- Chérie, ton père et moi voulons par-dessus tout ton bonheur. Tu ne peux pas rester seule jusqu’à la fin de ta vie. Nous ne sommes pas éternels et bientôt les enfants quitteront la maison. Tu es jeune et tu as le droit de refaire ta vie avec un homme.

- Maman, je n’ai pas besoin d’un homme dans ma vie, je suis très heureuse comme ça. Merci de t’inquiéter pour moi, mais tout va très bien.

- Ne laisse pas passer ta chance.

J’hausse les épaules et monte dans ma chambre, me changer.

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STAN

Samantha a fini par se radoucir et s’est laissée convaincre, par ses enfants, de les accompagner régulièrement se baigner dans ma piscine. Au début, elle était un peu tendue avec moi, mais au fil du temps elle s’est laissée gagner par la gaité des enfants et est redevenu la Samantha que j’ai connu à mon arrivée.

Notre relation est passée d’une entente cordiale à un début d’amitié. J’ai toujours, par moment, un pincement au cœur quand je repense à notre histoire, mais très vite je me remets dans mon rôle du voisin super sympa et j’arrive à faire face.

Elle a accepté de me donner à nouveau des cours de cuisine. Par contre, elle a demandé à Mégane de l’assister. Je pense que ça la rassure et que sa fille lui donne une excuse pour ne pas se laisser aller à ses sentiments. Grâce à ma jeune voisine, les cours se sont transformés en partie de rigolades, en batailles de nourriture et la cuisine est devenue un vrai chantier avec de la farine et des aliments partout. Même Samantha a participé à nos délires et qu’est-ce que c’est bon de la voir rire et de retrouver notre complicité.

************

Aujourd’hui, j’ai des copains qui viennent chez moi pour un barbecue. On s’est connu durant nos études, non loin d’ici, il y a vingt-cinq ans. Habituellement, c’est moi qui me rends chez eux, mais pour une fois, j’ai eu envie de les inviter dans mon paradis. Pour une fois, j’ouvre les portes de mon refuge, à d’autres individus. J’ai toute confiance en eux. Je sais qu’ils ne révèleront à personne, que je possède une maison en France.

Chacun apporte quelque chose. Je me charge de la viande et du barbecue. Nous sommes une dizaine. Je suis très heureux de les recevoir. Pourtant la journée va être très difficile pour moi car ça fait deux jours que j’ai une migraine terrible. J’aurais pu annuler, mais ça fait longtemps que je ne les ai pas vu et pour une fois que j’ai réussi à caler une date où tout le monde est disponible, je ne vais pas leur faire ça. Tant pis, je vais me bourrer de cachets et prendre sur moi.

A midi, mes premiers invités arrivent. On s’embrasse, on est tous heureux de se revoir. Ça doit bien faire presque deux ans que l’on ne s’est pas retrouvé tous ensemble. J’ai revu certains d’entre eux brièvement, le temps d’un verre, mais c’est tout. On garde contact par téléphone et par mail, bien sûr. Je leur demande de ne pas parler de mon travail et de tout ce qui tourne autour du cinéma au cas où mes voisins entendraient des bribes de nos conversations. Ils comprennent très bien, mon envie de rester incognito et je sais qu’ils respecteront mon choix.

On passe une journée formidable. J’en profiterais mieux si cette satanée migraine voulait bien disparaître. Elle diminue avec les cachets, mais j’ai la tête comme dans du coton. J’évite de boire de l’alcool pour ne pas aggraver mon état, mais je me laisse tout de même tenter par une bière dans l’après-midi.

On rit, on se remémore nos années d’études et nos frasques les plus inoubliables. On mange, on se baigne, on met un peu de musique et on s’éclate comme au bon vieux temps.

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SAMANTHA

Je suis dans mon potager, lorsque j’entends des voix inconnues provenant de chez Stan. Tiens ! Il a invité des amis. Je suis étonnée car depuis quatre mois qu’il s’est installé ici, je ne l’ai jamais vu recevoir qui que ce soit. Après tout, pourquoi ses amis ne viendraient pas lui rendre visite ? En quoi ça me regarde ? Il a une vie sociale, tant mieux pour lui.

J’ai les mains dans la terre lorsque ma mère arrive vers moi avec une lettre à la main.

- Sami, tu viens de recevoir un courrier avec le tampon de ton entreprise.

- Ça doit être la réponse à ma candidature au poste de responsable départementale des ventes, je dis.

J’ai les mains qui tremblent, un nœud à l’estomac et je suis tellement nerveuse que je ne sais pas si je dois l’ouvrir. Ma mère est presque aussi stressée que moi et me presse pour que je déchire l’enveloppe. Je prie pour que la réponse soit positive. J’espère tellement de ce poste. Outre le côté financier, non négligeable, cette promotion m’apporterait la reconnaissance professionnelle que j’attends depuis toutes ces années. Bon, si je ma candidature n’a pas été retenue, je garderais tout de même mon travail actuel et je le ferais toujours avec autant de passion et de plaisir.

Je sors la feuille et la déplie. Je la parcours rapidement des yeux, sans vraiment la lire, à la recherche des mots tant espérés.

- J’ai le poste, je me mets à crier en sautant sur place, folle de joie.

- C’est vrai ? me demande maman.

- Ouiiii, regarde, j’assure en lui mettant la preuve sous les yeux.

Nous lisons ensemble le courrier et elle me serre dans ses bras pour me féliciter. Je lis dans ses yeux, toute sa fierté et son émotion. Je m’empresse d’aller annoncer la nouvelle à mon père et aux enfants. Je suis aussi excitée, aussi heureuse qu’un enfant qui aurait reçu le jouet qu’il désire le plus au monde. Ma famille est presque aussi heureuse que moi et surtout ils sont fiers et ça aussi ça fait du bien.

J’aurais aimé courir chez Stan pour lui annoncer la nouvelle, mais je ne vais pas le déranger vu qu’il a des invités. Je le lui dirais demain. J’ai envie de partager ce moment avec lui.

Mon père ouvre une bonne bouteille et on fête cette nouvelle, comme il se doit.

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