CHAPITRE 14 : Contraintes professionnelles

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SAMANTHA

Il est presque vingt-deux heure. Je suis dans mon lit et je n’arrive pas à trouver le sommeil, encore trop excitée par la bonne nouvelle que j’ai reçu ce midi. Je suis tellement impatiente de l’annoncer à Stan. Ça fait au moins dix fois que je relis le même paragraphe de mon livre, sans le comprendre car mon esprit est ailleurs.

Agacée, je me lève et descends. Mes parents et les enfants sont dans le salon, dans le noir, à regarder un film à la télévision.

- Qu’est-ce qui t’arrive, me demande maman.

- Je n’arrive pas à dormir, je vais prendre l’air frais sur la terrasse, je lui réponds.

Elle hoche la tête et reporte son attention sur le film. J’ouvre le volet juste assez pour me laisser un passage et le referme derrière moi. Même s’il fait déjà nuit, l’air ambiant est encore agréable. Je ne frissonne même pas. Le ciel est sans nuage et les étoiles brillent de mille feux. C’est une nuit magnifique. J’admire un instant la voie lactée qui m’apporte la paix intérieure et le calme que je recherchais.

Je sors mon téléphone portable de ma poche et commence à taper un texto à Stan. Grrrr satanées touches tactiles. Le message que je viens de saisir, s’est effacé. Je constate qu’il y a de la lumière au rez-de-chaussée, chez mon voisin et je sais qu’il est seul car j’ai entendu ses amis partir en fin d’après-midi. N’y tenant plus, je passe le portillon, m’approche de la porte de la cuisine ouverte et toque au carreau. Il est là, devant un évier envahi de vaisselle sale.

- Bonsoir Stan.

- Oh Samantha ! Que fais-tu ici à cette heure ?

- J’ai une surprise, je dis avec un grand sourire.

Il me détaille des pieds à la tête, fronce les sourcils et se retourne vers l’évier.

- Je ne suis pas d’humeur et je ne pense pas que ça soit une bonne idée, il me dit le visage crispé.

Je me regarde et constate que j’avais totalement oublié que j’étais en tenue de nuit : Short très court et t-shirt à bretelles. Je rougis en pensant à ce qui a bien pu lui passer par la tête.

- Oh non ! Ce n’est pas du tout ça. En fait j’ai une nouvelle à t’annoncer.

- On ne pourrait pas plutôt en parler demain ? Il me dit en se pliant en deux, la tête entre les mains.

Visiblement il ne va pas bien et souffre terriblement.

- Stan qu’est-ce qui ne va pas ? Je demande inquiète en m’approchant de lui.

- J’ai une migraine terrible depuis deux jours. Ça va passer, mais s’il-te-plait, on parlera demain, il dit en s’écartant de moi et en retournant à sa vaisselle.

Je ne peux pas le laisser dans cet état. Je dois faire quelque chose pour le soulager. J’ai trop mal au cœur de le voir souffrir autant.

- Ecoutes, monte te mettre au lit, je reviens, je vais chercher de quoi te soigner.

- Non, non ça va aller, il proteste faiblement.

- Tu n’es pas en état de m’affronter alors ne discute pas et monte. Je reviens dans un instant.

Il cède facilement et monte tandis que je me précipite chez moi. En passant dans le salon, j’informe ma famille que Stan est souffrant, que je monte chercher de quoi le soulager et que je vais rester pour m’occuper de lui. Une fois mes flacons en main, je retourne rapidement chez mon voisin.

Il s’est mis en boxer, sous les draps, allongé sur le côté, la tête entre les mains. J’ai tellement mal pour lui.

- Stan, je chuchote en lui caressant l’épaule.

- Hum ! il gémit.

- Essais de t’assoir s’il-te plait.

Il s’exécute. Je m’assois en tailleur derrière lui, place quelque coussin sur mes genoux et lui demande de se laisser aller contre moi. Il ne pose aucune question et se laisse faire. Je mets une goutte d’huile essentielle de menthe poivrée sur mes doigts. Je place mes index et majeurs sur ses tempes et pratique massage en faisant des petits cercles et en exerçant une pression plus ou moins importante par moment. Je suis la ligne de ses sourcils pour venir masser la zone de ses sinus et libérer ainsi la tension à cet endroit. Je vois son visage se détendre petit à petit.

Au bout d’un moment, je lui murmure de se redresser, toujours dos à moi. Je me mets à genoux, m’assois sur mes talons et cette fois je mets de l’huile essentielle de lavande au creux de mes paumes. Je pose mes mains sur ses épaules et toujours en faisant des petits cercles et en exerçant des pressions plus ou moins importantes, je masse ses muscles tendus. Des épaules je remonte vers sa nuque, jusqu’à la base de son cuir chevelu. Il me faut énormément de volonté pour me concentrer sur ma tâche. Sa peau douce sous mes doigts et la vue de son corps dénudé, excite mes sens. J’ai envie d’embrasser les parties de son corps que mes parcours, mais ça n’est pas le moment. Je sens que mes joues doivent être rouge écarlate et de petites décharges électriques parcourent ma colonne vertébrale, tandis qu’un feu ardent brûle au creux de mon ventre. J’imagine mes mains parcourir ses pectoraux, ses cotes, ses abdominaux et… je secoues la tête et reporte mon attention sur les points sensibles de sa nuque. Sa respiration est lente, il est totalement détendu et il pousse de petits gémissements de plaisir ce qui alimente encore plus mon esprit déjà en ébullition.

Lorsque je sens que tous les points de tension ont disparu, je l’aide à s’allonger confortablement.

- Dors maintenant, ça ira mieux demain, je lui dis tout bas.

Il m’attrape la main et me dit :

- Merci Sam.

Je lui souris et quitte la chambre sur la pointe des pieds. Je vais rester ici cette nuit, sur le canapé, pour le surveiller. Il ne faut pas prendre cette maladie à la légère, ça peut être grave. J’irais écouter régulièrement si tout va bien, sans entrer dans la chambre pour ne pas le réveiller et au moindre signe inquiétant, j’appellerais les pompiers. Mais je suis plutôt confiante. Je pense que c’était juste une accumulation de tension nerveuse au niveau de son cou et de ses épaules.

Je constate qu’il a bien fait la fête avec ses amis cet après-midi. Il y a des gobelets en plastique qui traînent partout sur la terrasse, dans la cuisine et dans le salon. Je m’arme d’un sac poubelle et fait le tour pour tout ramasser. Je m’attèle ensuite à remplir le lave-vaisselle et à nettoyer à la main ce qui reste dans l’évier. Je ne veux pas utiliser l’aspirateur pour ne pas déranger Stan, alors je balaye et serpille tout le rez-de-chaussée. Entre temps je vais écouter à sa porte, si tout va bien et il n’y a rien à signaler.

Je viens de passer une bonne partie de la nuit à faire disparaître les traces de la fête, chez Stan et je suis épuisée. Au moins, maintenant, je suis sûre d’arriver à m’endormir. Je monte une dernière fois voir si tout va bien du côté de mon malade et je m’écroule sur le canapé.

************

STAN

J’ouvre les yeux et m’étire paresseusement. Ça faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien dormi. Je constate avec soulagement que ma migraine a totalement disparu. Une bonne odeur de menthe et de lavande me rappelle ce que Sam à fait pour moi hier soir. Il faudra que j’aille la remercier dans la journée.

J’enfile un short et un t-shirt et je descends me faire une tasse de café. Dans l’escalier, le délicieux arôme de ma boisson caféinée préférée, parvient à mes narines. Lorsque j’arrive dans la cuisine, je constate qu’il n’y a plus de vaisselle dans l’évier et que toute la cuisine et le salon ont été rangés et nettoyés. La porte de la cuisine est ouverte et je m’en approche. Sam est adossée au mur, juste à l’entrée, avec une tasse de café à la main offrant son visage aux rayons déjà chauds du soleil. Elle ne doit pas avoir beaucoup dormi et pourtant elle est magnifique.

- Bonjour, je dis.

- Oh bonjour. Tu te sens mieux ? Elle me demande.

- Ma migraine a complètement disparue. Merci. Tu es une magicienne.

- Non quand même pas, elle rit. J’ai juste fait plusieurs stages de techniques de relaxation et de massages bien-être avec les huiles essentielles et j’en ai appliqué quelques-unes à ton cas. Je suis heureuse d’avoir pu te soulager.

- Je suis en pleine forme grâce à toi. C’est incroyable. Et c’est toi qui as fait tout ça ? je demande en désignant la cuisine et le salon d’un geste de la main.

- Oui. Je ne pouvais pas laisser cette maison dans cet état. Je n’aurais pas pu dormir cette nuit.

- Tu sais, tu n’étais pas obligé. J’ai une femme de ménage.

- Oh oui c’est vrai ! Et bien disons que je lui ai préparé le terrain, elle dit en riant.

Je ris avec elle, puis me sert une tasse de café. Je m’adosse au plan de travail et je ne peux m’empêcher de la détailler de la tête aux pieds. Sa tenue cache juste ce qu’il faut de son anatomie et me laisse deviner ce qu’il y a en-dessous. Je ne sais pas si ce sont les huiles essentielles, son massage d’hier soir ou sa tenue légère, mais tous les sentiments que je croyais avoir enfoui au plus profond de mon cœur, remontent d’un seul coup avec une telle force que ça en est douloureux. J’ai une boule au fond de la gorge et mes tripes se crispent douloureusement. Shit !

Sam se râcle la gorge et pose sa tasse dans l’évier. Elle semble nerveuse tout à coup.

- Bon je vais y aller, elle m’annonce.

Je m’approche d’elle et prends ses mains dans les miennes.

- Merci pour tout, je lui dis avant d’embrasser tendrement, chacune de ses mains sans la quitter des yeux.

- Stan, s’il-te-plaît, ne fais pas ça, elle murmure presque d’une voix rauque.

Je lis dans ses yeux, la bataille qui se déroule en elle. Ses joues rosissent prouvant son trouble.

- Faire quoi, je murmure en plaçant ma main sur sa nuque et en lui caressant la joue de mon pouce.

- Tu… tu ne… peux pas… elle articule péniblement.

- Pas quoi ? je la torture encore, mes yeux ne quittent pas les siens. Je veux juste t’embrasser. Il n’y a rien de mal à ça ?

- Non… Stan, elle essai de protester vainement.

Mes lèvres viennent écraser les siennes et je sens ses barrières défensives, s’écrouler. Elle passe ses bras autour de mon cou et je la serre contre moi. J’ai tellement envie d’elle. J’ai terriblement envi de lui faire l’amour à nouveau. Je n’arrive plus à résister, c’est trop dur, je ne suis pas assez fort. Je constate avec plaisir, qu’elle ne fuit pas, qu’elle répond à mes baisers, à mes caresses, qu’elle en a autant envie que moi.

Je lui retire son t-shirt et couvre sa peau dénudée, de baisers. Elle s’accroche à mes épaules et enfonce ses ongles dans ma peau. Je la soulève pour la porter jusque sur le canapé ou je l’allonge avant de recouvrir son corps du mien. Je ne dis rien, je ne veux pas briser cet instant magique et risquer de la faire fuir à cause d’une parole mal interprétée. Je me contente de laisser mon corps parler et exprimer ce que je ressens pour elle. Nos vêtements se retrouvent vite au sol et nos corps ne font bientôt plus qu’un. En cet instant, je suis aux anges.

************

SAMANTHA

Je repose, béate, dans les bras de mon amant. Je n’ai pas pu résister, j’ai été faible, j’ai cédé à mon désir et je ne le regrette pas. Au fond, en restant ici cette nuit, n’avais-je pas espéré que ça se termine comme ça ? Si peut-être, sûrement même. Je n’en peux plus de lutter contre mes sentiments.

Je prends la main de Stan, posée sur ma hanche, je la porte à mes lèvres pour y déposer un baiser et la repose sur mon cœur. Il m’embrasse dans le cou et pose sa tête contre la mienne.

On reste ainsi, un temps indéfini, tendrement enlacés. On finit par se lever et se rhabiller, nos estomacs criants famine. On se sert un bol de céréales avec du lait et une autre tasse de café, installé autour de l’îlot de la cuisine.

On a tous les deux le sourire greffé sur notre visage. On est heureux de s’être retrouvé.

- Au fait, si me souviens bien, hier soir tu avais une annonce à me faire, me dit Stan.

- Oui, c’est vrai. J’avais complètement oublié le but de ma visite. Voilà, hier j’ai reçu une réponse à ma candidature pour le poste de responsable départementale des ventes et j’ai été accepté.

- Nooon ? Fantastic ! Félicitations !

- Merci.

- Et ça t’oblige à déménager, je suppose, il dit tout à coup le visage triste.

- Non, pas du tout. Je reste dans les locaux où je travaille actuellement. C’est ça qui est bien. Et en plus j’ai une augmentation de salaire, le rêve.

- Je suis heureux pour toi. Vraiment. Tu le mérites.

Il sourit, mais je vois qu’il y a quelque chose qui a changé d’un seul coup.

- Stan ? Qu’est-ce qui ne va pas.

Il soupire en repose sa cuillère dans son bol de céréales, tout à coup énervé.

- Ça m’énerve, il soupire.

- Qu’est-ce qui t’énerve ? Que j’ai eu une promotion ? Mais tu viens de dire…

- Non, non pas ça, il me coupe. Non je suis très content et très fier de toi. Non c’est que tu parles boulot et ça m’a rappelé que je dois retourner aux Etats-Unis dans deux jours.

- Ah ! je dis tristement.

- Oh, mais ça n’est pas pour longtemps. Je serais absent seulement trois semaines. Je dois participer à plusieurs évènements pour le travail, mais dès que j’ai terminé, je reviens ici.

- Je comprends. C’est normal. Pardon. C’est vrai que j’ai oublié que toi aussi tu as une vie professionnelle et qu’à la base tu vis sur un autre continent.

Il se lève et vient me prendre dans ses bras.

- Ne t’inquiète pas, je reviendrais aussi souvent que mon travail me le permettra. On va pouvoir gérer ça.

- Oui, bien sûr, je dis faussement enjouée pour cacher mon cœur blessé.

On vient à peine de se retrouver, que la vie nous sépare à nouveau, mais cette fois, nous savons que nous allons nous retrouver.

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