CHAPITRE 22 : La visite inattendue

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SAMANTHA

Ahhhhh, enfin je suis en vacances. Je me suis consacrée corps et âme à mon travail depuis que je suis revenue de Paris après le concert de Maroon 5 et cette matinée horriblement difficile où Stan m’a fait sortir de sa vie. J’occupe depuis quelques mois, un poste à grosses responsabilité et je ne peux pas me permettre de me morfondre et de me laisser aller. Je ne peux pas foutre en l’air toutes ces années de travail à cause d’un homme. Alors j’ai travaillé deux fois plus, rapportant même des dossiers à la maison le week-end.

Mais j’avoue que j’ai bien besoin de ces quelques semaines de vacances d’été, pour recharger mes batteries. Je suis seule à la maison jusqu’à la fin du mois. Mes parents ont déménagé au bord de la mer, près de leurs amis. L’air marin leur fait beaucoup de bien et atténue leurs douleurs. Ils m’ont confié la maison, mais j’ai bien compris qu’en réalité, ils me l’ont légué pour que je ne me retrouve jamais sans un toit au-dessus de ma tête.

Cette année, Axel a décidé de partir en vacances avec ses amis. Il a travaillé durant les weeks-end et les vacances scolaires pour pouvoir s’offrir cette escapade entre potes, en Espagne. Mégane est chez son père. Il n’a pas pu s’arranger pour avoir ses congés en décalage avec les miens alors on a laissé le choix à notre fille de partir trois semaines à Nice avec son père ou de rester avec moi à la maison. Je comprends qu’elle ait préféré la côte d’azur à son environnement habituel.

J’ai décidé, cette année encore, de ne pas partir et de profiter de la tranquillité de mon chez moi. Oh ce n’est pas que je ne puisse pas m’offrir un voyage ou une location estivale, non, c’est juste que je n’ai pas la force et la volonté de me retrouver entourée de couples ou de familles heureuses alors que je suis seule. J’ai prévu de refaire toutes les peintures de la maison, de réaménager ma chambre et de profiter du soleil aoûtien.

La maison de Stan est restée close. Il n’est pas venu profiter du l’air rural Français. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un énorme pincement au cœur lorsque je regarde en direction de chez lui et que je repense à notre histoire. Je croyais que cette douleur s’atténuerait avec le temps, mais il n’en ait rien. J’ai juste appris à vivre avec. Oh ! J’avoue avoir des moments très difficiles où je passe mes nuits à pleurer et où je regrette d’avoir rencontré mon voisin.

Je viens de sortir de la douche et je ne porte qu’un short en jean et un t-shirt, lorsque l’on sonne à la porte. Ce doit être ma voisine, qui vient m’apporter ses clés pour que je m’occupe de ses chats en son absence. J’ouvre et je suis étonnée de découvrir sur le perron, une petite femme blonde. Elle porte une robe d’été que je devine être d’un grand couturier aux vues de la coupe et du choix du tissu. Elle a un magnifique sourire, mais je ne vois pas ses yeux derrière ses grosses lunettes noires Chanel.

- Bonjour. Tu es bien Samantha ? me demande en Anglais l’inconnue.

- Euh… Oui, mais qui êtes-vous ?

- Je suis venue te parler de mon fils, elle dit sans répondre à ma question.

Je réfléchis à toute vitesse et je ne vois absolument pas pourquoi une mère viendrait implorer ma gratitude pour l’erreur qu’a pu faire son rejeton. Je n’ai renvoyé, ni sanctionné sévèrement aucun employé sous mes ordres. Tout se passe très bien au travail. A moins qu’il n’y ait eu un problème avec un ami d’Axel ou de Mégane. Ils ne m’ont pourtant pas confié s’être disputé avec l’un de leur copain. Non, je ne vois vraiment pas de qui elle peut bien vouloir s’entretenir avec moi. De plus elle s’est adressée à moi en Anglais, ce qui brouille encore plus mes pistes.

Je l’invite à entrer et lui offre un verre, qu’elle accepte.

- C’est charmant chez toi, elle me dit en faisant un tour sur elle-même pour regarder un peu partout.

- Merci. La décoration n’est pas de prime jeunesse. Je vais justement refaire les peintures à partir de la semaine prochaine.

Je lui indique un fauteuil où s’assoir. Je suis de plus en plus nerveuse, pourtant elle paraît très calme et détendue. Elle boit une gorgée d’eau avant de poser son verre sur la table basse.

- Je ne vais pas tourner autour du pot, je me présente : Giulia Boomer, je suis la mère de Stanley.

Quel choc. Mon sang quitte mon visage, j’ai la tête qui tourne et je dois me concentrer sur la respiration pour ne pas faire un malaise. Je tremble comme une feuille lorsque je porte mon verre à mes lèvres. Je me sens un peu mieux après une gorgée d’eau et je suis prête pour entendre ce dont Giulia veut me parler.

- Ça va ma chère, elle s’inquiète.

- Euh… oui. Je… c’est que je ne m’attendais absolument pas à votre visite.

- Je sais, je suis désolée, mais j’avais peur de ne pas réussir à te rencontrer si je t’avertissais de ma venue.

- Que se passe-t-il avec Stan ? Il est blessé ? Il lui est arrivé quelque chose de grave ? Je m’inquiète alors que déjà tout un tas de scénarios défilent dans ma tête.

- Non, non, il va bien. Enfin physiquement en tout cas. Voilà, je suis au courant de ce qu’il s’est passé entre vous.

- C’est Stan qui vous en a parlé ?

- Disons plutôt que j’ai deviné et que je lui ai ensuite tiré les vers du nez. Je suis très en colère contre lui et je tenais à te dire que je suis vraiment, vraiment désolée de la manière avec laquelle il a mis fin à votre liaison. Mon fils n’est un gros imbécile.

- Ne dites pas ça. Vous ne pouvez pas être en colère contre lui alors que moi je ne le suis plus. J’ai dépassé ce stade et j’ai accepté sa décision, même si je ne la comprends pas. Je sais qu’il m’a menti lorsqu’il m’a dit avoir toujours simulé avec moi. Je sais qu’en disant cela, il voulait que je le déteste et que comme ça c’était plus facile pour lui de me savoir en colère plutôt qu’effondrée. Sauf qu’il ne peut pas me mentir. Je sais qu’il a toujours été sincère et qu’il a juste voulu me protéger.

- Je suis heureuse de t’entendre dire ça. Tu es une femme très intelligente et très perspicace.

- Merci madame Boomer.

- Oh non, pas de cérémonie entre nous, appelle-moi Giulia.

- Très bien Giulia.

Je comprends de qui Stan tient sa gentillesse et sa simplicité. Sa mère est vraiment adorable et très attachante. C’est dommage que nous n’ayons pas la chance de faire plus ample connaissance.

- Vous m’avez dit être venu pour me parler de Stan, non ?

- En effet. J’étais ici pour te révéler qu’il t’avait menti en te disant avoir toujours tenu un rôle auprès de toi, mais je vois que tu as toujours su la vérité, donc je ne t’apprends rien à ce sujet. En revanche, ce que tu ne sais pas, c’est que mon fils n’est plus lui-même depuis ton départ.

- C’est-à-dire ?

- Il a complètement changé. Je l’ai à peine reconnu lorsque je suis rentrée de croisière. Il est infect avec tout le monde. Il s’est remis à boire, il se bat, il passe ses nuits dans les clubs de striptease et je t’épargne bien d’autres frasques encore.

- En quoi ça me concerne ? Je dis d’un air pincé.

- Il n’est pas au courant de ma démarche. J’aimerais te ramener avec moi à New-York. Stanley m’a avoué regretter amèrement votre séparation et que si tu lui en donnais l’occasion, il mettrait tout en œuvre pour se faire pardonner et regagner ta confiance et ton cœur.

- Excusez-moi, je vois que vos intentions sont bonnes et que vous voulez aider votre fils, mais c’est à lui de venir me dire tout ça. Je suis désolée, mais ça n’est sûrement pas à moi de faire le premier pas. Je n’ai pas envie de faire des milliers de kilomètres pour le voir me rejeter encore une fois. Notre relation n’était qu’un flot continuel de séparations et de réconciliations. Je l’aime du plus profond de mon cœur, mais je ne supporterais pas un nouvel échec. Ces derniers mois, ma vie a connu de nombreux bouleversements donc j’ai besoin de me poser et de stabilité.

- Je comprends très bien et je n’essaierais pas de te convaincre. Stanley n’a que ce qu’il mérite. Je voulais juste m’assurer que tu allais bien, connaitre ton état d’esprit vis-à-vis de mon fils et puis j’avoue que j’avais très envie de faire ta connaissance.

- Vous êtes adorable, merci. Je suis heureuse de vous avoir rencontré, je dis en prenant ses mains dans les miennes.

- J’ai encore une petite question à te poser.

- Oui, bien sûr.

- Si mon fils venait te supplier à genoux et essayait de se faire pardonner par tous les moyens, est-ce que tu retournerais avec lui ? Je veux juste savoir s’il y a la moindre petite chance que tu deviennes ma belle-fille, elle dit avec le même sourire malicieux que Stan.

- Honnêtement, je ne sais pas. Je crois qu’il faudrait qu’il me prouve que cette fois, c’est pour le reste de notre vie. Je me moque qu’il soit une star adulée par des milliers de fans dans le monde entier et que toutes les femmes rêvent de coucher avec lui. Je me moque des paparazzis, des médias et de tout ce qui touche à son métier. Je ne l’aime pas pour son image, mais pour l’homme qu’il est. Celui avec qui j’ai vécu un été fabuleux l’année dernière. Je sais qu’il m’aime aussi, car si on n’aime pas quelqu’un, on ne lui réalise pas son rêve comme il l’a fait en m’offrant ce concert et cette soirée avec Maroon 5. Ne vous méprenez pas, je n’attends pas à ce qu’il m’offre une rivière de diamants, non je veux retrouver celui que j’ai connu lorsqu’il a emménagé dans la maison juste à côté de la mienne. C’est cet homme-là que j’aime passionnément.

Ma voix se brise sur ces derniers mots et je n’arrive plus à retenir mes larmes. Giulia vient me prendre dans ses bras et me berce comme si j’étais sa propre fille. Je n’arrive plus à m’arrêter de pleurer. Je n’ai jamais pu exprimer mes sentiments, je ne suis jamais arrivée à sortir ce que j’avais sur le cœur et cette femme, que je ne connais que depuis quelques minutes, a réussi à toucher mon cœur et je ne comprends pas comment elle a fait pour que je m’ouvre autant à elle. Mais elle l’a fait et ça me fait du bien de pleurer ainsi, sans retenue.

Au bout d’un moment, j’arrive enfin à me calmer et à faire face de nouveau à Giulia. Elle essuie mes larmes, son regard pénétrant le mien. J’y lit énormément de tendresse, de compassion et d’amour. Elle me sourit et dépose un baiser sur mon front.

- Comment mon fils a-t-il pu mettre à la porte, une telle perle. Je te promets qu’il va se prendre un bon coup de pied au derrière en rentrant.

Je ris en imaginant la scène. Lui, un mètre quatre-vingt-cinq et elle que j’estime mesurer un mètre cinquante. Il va lui falloir un escabeau pour lui mettre sa raclée. On rit toutes les deux lorsque je lui explique l’image que j’ai en tête.

Giulia et moi discutons encore pendant près d’une heure. Elle me raconte sa croisière, me pose des questions sur ma famille, mes enfants, mon travail. On apprend à se connaitre. Juste avant de partir elle m’indique que Maia et elle vont passer quelques semaines dans la maison voisine et qu’elle serait heureuse de m’inviter à déjeuner. Elle précise que Stan ne sera pas là. Il est trop pris par la mise en scène de son prochain film et il est en pleine recherche d’un éditeur pour son livre. Je suis à la fois soulagée, car je ne suis pas encore prête à le revoir et en même temps déçue. Il me manque tellement que ça aurait un peu apaiser mes blessures, de le savoir juste à côté et de voir qu’il va bien.

Ma nouvelle amie me serre dans ses bras et m’embrasse juste avant de me quitter. Je sens que les cicatrices de mon cœur se sont refermées encore un peu plus grâce à elle. Stan a beaucoup de chance, sa mère est quelqu’un d’exceptionnel.

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