STAN

Je sors déçu de ce rendez-vous avec un énième éditeur. J’ai écumé toutes les maisons d’édition de New-york et aucune d’elle ne veut faire paraître mon livre. Ils sont très emballés par l’histoire et les personnages, mais il y a un petit détail qui pose problème. J’ai eu la bêtise d’être honnête et de leur avoué que ce livre est basé sur une histoire vraie. Pour qu’ils acceptent de le faire paraître, il faut l’accord de tous les protagonistes de l’histoire car même si j’ai changé les noms, ils pourraient se reconnaitre et me créer des problèmes ainsi qu’à l’éditeur. Forcément, ils n’ont pas envie de prendre ce risque. Si je veux vraiment que ce livre sorte, il me faut leur faire signer à tous, un document précisant qu’ils m’accordent tous les droits et surtout n’engagerons aucune poursuite contre moi.

Je n’ai plus le choix, il faut que je rende visite à mes personnages, dans le monde réel.

Comme je suis actuellement aux Etats-Unis, je débute mon périple ici. Milla voit son personnage comme un gros coup de pub pour elle. Elle me signe le document à condition que je change le prénom de l’ex compagne du héro afin que le lecteur puisse l’identifier immédiatement.

J’ai eu Adam Levine au téléphone. Lui et ses acolytes sont en repos à Los Angeles en ce moment. Je prends le premier avion et les retrouve tous chez le leader du groupe. On se connait depuis plusieurs années, on a fait un nombre incalculable de soirées ensemble et bien souvent ça se finissait au petit matin et on était dans un sale état. Je remarque que la dernière fois que l’on a fait une telle fiesta c’était il y a trois ans pour arroser la naissance de Dusty Rose, la première fille d’Adam.

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Behati, la femme de mon hôte, m’ouvre la porte avec un grand sourire et me serre dans ses bras pour me saluer. Elle me conduit jusqu’au studio d’enregistrement, dans un bâtiment éloigné de la maison, où le groupe est en train de composer et répéter. J’entre discrètement pour ne pas les interrompre et je les écoute un moment avant d’annoncer ma présence par un raclement de gorge. Aussitôt ils s’empressent de venir me saluer. Behati arrive à ce moment-là, accompagnée de ses filles, avec un plateau rempli de boissons et de sandwichs de toutes sortes.

J’ai beaucoup aimé les morceaux que je viens d’entendre et je leur en fait part. On parle un moment de leurs projets et de leur prochaine tournée. C’est James qui me rappelle le motif de ma présence ici. Je leur expose les grandes lignes de mon livre, que j’ai transformé également en scénario, et les motifs de refus de la part des maisons d’éditions. Ils me signent tous l’autorisation, sans difficultés, me félicitent et me souhaitent bonne chance.

Gio, la deuxième fille d’Adam, s’approche de moi et me tend les bras. Je ne peux pas résister à son joli minois. Behati me demande des nouvelles de Maia et comment ça se passe avec Milla. Je leur dis que tout va bien, je n’ai pas vraiment envie d’exposer mes problèmes avec mon ex. Je ne suis pas là pour me plaindre.

- Au fait, tu n’es pas venu avec… Samantha, c’est ça ? me demande Behati en s’asseyant sur les genoux de son mari.

Je ne pensais pas qu’Adam lui avait parlé d’elle. Shit ! Je ne peux pas mentir et je n’ai pas envie de m’attarder sur mes erreurs.

- On n’est plus ensemble, je réponds avec un tressaillement involontaire dans la voix et en baissant le regard sur mes pieds.

- Je suis désolé mec. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Vous aviez l’air tellement amoureux et heureux ensemble ? Comment une nana peut plaquer un mec qui a organisé un truc de malade comme tu l’as fait pour elle ? répond Adam, compatissant.

Je soupire et bois une gorgée de bière pour me donner le temps de la réflexion.

- C’est moi qui l’ai plaqué, je dis à voix basse toujours en regardant mes pieds, honteux.

- Fuck ! Mais t’es con où quoi ? s’indigne James en me donnant une tape derrière la tête.

Décidément l’arrière de mon crâne est la cible privilégiée de mon entourage en ce moment.

- Mais comment tu as pu laisser partir une nana pareille ? me blâme Adam.

- Je sais, j’ai déconné et je m’en veux à mort, mais je ne sais pas du tout comment rattraper le coup.

Je fini par leur raconter toute l’histoire. Les hauts et les bas de notre relation, mes inquiétudes et comment j’ai menti pour la faire partir. James m’a asséné une nouvelle tape derrière la tête lorsque je suis arrivé à la partie où j’ai voulu faire croire à Samantha que j’avais toujours joué un rôle avec elle. Je le mérite et bien plus encore même. Ils me proposent leur aide, si jamais j’en ai besoin pour reconquérir l’élue de mon cœur. Behati, qui jusque-là n’avait fait aucun commentaire, me donne une idée. Rien de mieux que les conseils d’une femme pour se faire pardonner auprès d’une autre femme.

J’ai passé tout l’après-midi et une partie de la soirée avec les Maroon 5. On a plaisanté, fait des projets et on a bien bu et bien mangé. J’espère ne pas croiser un barrage de contrôle routier sinon je suis mal. Je ne suis pas ivre, mais j’ai dépassé la limite légale autorisée au volant. Ça faisait longtemps que je n’avais pas passé une aussi bonne soirée et ça m’a fait du bien. Ça m’a reboosté.

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Je suis dans l’avion pour la France. J’ai su par ma mère qu’Isabelle et Etienne ont déménagé. Elle a réussi à avoir leur adresse via Samantha. Je ne sais pas comment elle s’est débrouillée, mais je sais pertinemment qu’elle est pleine de ressources lorsqu’elle veut obtenir quelque chose. Elle m’a aussi dit qu’Axel et Mégane ne sont pas chez eux pour le moment. On a discuté par visio et ils sont ok pour me signer le document. Axel pas de soucis, il est majeur, je lui envoie par mail et il me le retourne signé. Pour Mégane, qui est encore mineure, c’est autre chose. Il faut l’accord de l’un de ses parents. Connaissant mes soucis avec Samantha, elle a préféré en parler à son père. Il lui a fallu se montrer persuasive, mais il a fini par donner son aval. Tout comme pour Axel, je lui envoie par mail et elle me le retourne avec la signature de son père.

Enfin, je suis de retour en France. Après une vingtaine de minutes de route en taxi, j’arrive dans mon petit coin de paradis. Je me rends compte en redécouvrant les alentours, à quel point ça m’a manqué de vivre ici. Je me sens vraiment chez moi et instantanément, je suis apaisé. Je vais passer la nuit ici et dès demain je me rendrais chez Isabelle et Etienne. J’espère qu’ils ne m’en veulent pas trop et qu’ils accepteront de me parler. En tant que père, je ne sais pas si j’arriverais à rester ami avec celui qui a brisé le cœur de ma fille.

Maia et ma mère sont heureuses de me voir et ça me fait du bien de les retrouver après deux semaines d’absence. Le lendemain matin, j’enfourche ma moto et parcours les cent kilomètres qui me séparent de mes anciens voisins. Isabelle et Etienne habitent désormais, une charmante petite maison de bord de plage. C’est très petit, mais j’imagine que c’est suffisant pour eux deux seulement. Lorsque je me gare devant la maison, immédiatement Charly vient aboyer à la clôture. Je suis content de revoir ce bel animal et lorsqu’il entend ma voix et me reconnait, je vois au frétillement de sa queue, que lui aussi est heureux. Je franchis la barrière, mon ami à quatre pattes vient se frotter à moi, réclamant ses gratouilles habituelles et je m’empresse de répondre à sa demande. Alerté par les aboiements, Etienne sort de la maison. Il marque un petit temps d’arrêt en me voyant, surpris, puis un grand sourire éclaire son visage et il me serre dans ses bras pour me saluer. Je suis rassuré, je ne vais pas me faire fusiller sur place.

Il me fait entrer tout en appelant Isabelle. Elle aussi est heureuse de ma visite et me serre dans ses bras. La maitresse de maison m’offre un rafraichissement que j’accepte avec plaisir vu la chaleur estivale. Pour éliminer immédiatement le sujet sensible, je l’attaque de front. Je m’explique et m’excuse auprès de mes hôtes pour tout le mal que j’ai pu leur faire à tous. Ils m’apprennent que même si Samantha est extrêmement malheureuse à cause de cette rupture, elle a très bien compris mes intentions. Elle m’en veut d’avoir pris cette décision sans tenir compte de son avis, mais comprend que j’ai voulu la protéger. Ils m’avouent avoir été en colère au début, puis estiment me connaitre suffisamment pour comprendre que mes intentions étaient bonnes à la base, que je ne voulais éviter de leur faire du mal, mais que je m’y suis pris comme un manche.

Ce point éclairci, j’en viens au but premier de ma visite. Je leur présente mon ouvrage, mes intentions et mes projets. Ils sont extrêmement flattés et gênés d’apparaitre dans un potentiel futur best-seller. Ils sont un peu perdus, ne savent pas vraiment ce qu’ils doivent faire et penser. Je les rassure, leur réexplique tout en détail, ils prennent confiance et me signe les documents sans plus d’hésitations.

Cette formalité accomplie, ils me proposent de me faire visiter leur nouveau lieu de résidence. J’accepte avec plaisir. L’air marin me fera du bien et j’apprécie beaucoup leur compagnie. Je remarque à nouveau la différence énorme entre ma vie aux Etats-Unis et ma vie ici. J’aime autant ma vie professionnelle trépidante que ma vie paisible et tranquille en France. De retour de notre balade, il est temps pour moi de reprendre la route et de retrouver mon petit coin de paradis et ma famille. Ils m’embrassent tous les deux et me souhaitent bonne chance dans tous les domaines.

Voilà, je n’ai plus qu’à aller voir Samantha, en personne. Je suis extrêmement nerveux et honteux. Cette autorisation à signer n’est qu’un prétexte finalement, pour la revoir et essayer de lui parler. Quel accueil va-t-elle me réserver ? Acceptera-t-elle de discuter et d’entendre ce que j’ai à lui dire ? Durant tout le trajet, j’imagine mille et une façon de l’aborder et de m’excuser.