CHAPITRE 25 : La roue tourne

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STAN

Je ne suis resté en France que deux jours après ma discussion avec Samantha. Elle m’a reboosté et je déborde d’énergie pour courir à nouveau les maisons d’édition. La première dans laquelle je me présente, accepte aussitôt et me propose son contrat. Je ne signe pas immédiatement, je veux l’étudier au préalable. Par curiosité, je décide de toutes les revoir et là, oh ! Surprise ! Cette fois-ci ils acceptent tous de le publier. Ok. Maintenant, c’est moi qui suis en position de force pour négocier mes conditions en faisant jouer la concurrence. Je me délecte de ce pouvoir.

Je prends rendez-vous avec les directeurs des maisons d’édition et je débute les pourparlers. A leur tour de réfléchir et de me faire leur meilleure offre. J’en accepte une après les avoir étudiées les unes après les autres et je suis très satisfait du contrat que j’ai réussi à négocier et enfin signer.

Comme Samantha me l’a demandé, je la tiens au courant de chaque étape de la publication de mon livre, depuis que je suis rentré aux Etats-Unis. On s’envoi des textos tous les jours, même si c’est juste pour se dire bonjour et se souhaiter une bonne nuit avant de se coucher. Je l’ai appelé en visio pour qu’elle me voit apposer ma signature au bas du contrat d’édition et on a bu un verre ensemble, toujours par caméras interposées, pour fêter ça.

Depuis que j’ai annoncé à Milla que mon livre paraîtrait avant les fêtes de Noël, elle ne me cherche plus d’histoire concernant Maia et elle est même très conciliante. Je sais que ce n’est que temporaire, que lorsque l’euphorie de la pub que lui fait mon livre sera passée, elle trouvera de nouveau des raisons de m’ennuyer.

Ma mère est fière de moi. Une fois de plus, elle m’a sauvé en me bottant les fesses et en m’obligeant à reprendre ma vie en main. Qu’est-ce que je ferais, non qu’est-ce que je serais sans elle ? J’ai arrêté de boire plus que de raison et j’ai totalement cessé mes frasques nocturnes avec des stripteaseuses. Toute cette colère, cette culpabilité, cette frustration qui me rongeaient et me rendaient fou, ont totalement disparues au moment où Samantha m’a dit qu’elle m’aimait toujours. Je n’ai plus besoin de me saouler pour apaiser la douleur et je n’ai plus besoin d’essayer d’évacuer mon mal-être par le sexe. Je ne cherche plus la bagarre et j’évite même tous conflits ou discordes avec les paparazzis. J’ai obtenu un rendez-vous avec Martin Scorsese et après lui avoir expliqué les raisons de mon comportement horrible, il m’a pardonné et m’a même proposé un rôle dans son prochain film. J’ai remis de l’ordre dans ma vie.

La période noire est terminée et je suis bien content que tout ceci soit derrière moi. Je réalise maintenant, que j’avais besoin de cette descente aux enfers pour m’améliorer, devenir encore meilleur et de nouveau briller. Je n’ai aucunement envie de revivre une phase aussi horrible, alors je vais tout faire pour rester l’homme que je suis devenu aujourd’hui. J’ai trouvé mon équilibre.

************

SAMANTHA

Stan est reparti pour les Etats-Unis avec Maia. Giulia a décidé de rester en France jusqu’à Thanksgiving. On passe du temps toutes les deux, dès que mon travail me le permet. On est devenues très proches. Nous parlons souvent de Stan et j’apprends beaucoup de choses sur son passé, ses bons et ses mauvais moments, tout ce qui fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. J’ai fait la promesse à Giulia, de ne jamais laisser tomber son fils, que même si nous ne nous remettons jamais ensemble, je serais toujours son amie et je resterais à ses côtés pour le guider et le soutenir. Même si je ne lui avais pas fait cette promesse, je me l’étais faite à moi-même. Je ne peux pas vivre sans lui, sans lui parler, sans savoir qu’il pense à moi et qu’il m’aime. Et même s’il nous est impossible de vivre ensemble, la technologie actuelle nous permet de garder le contact et c’est déjà un énorme soulagement de savoir que l’on peut s’appeler ou se voir via la caméra, dès que l’on en a envie.

Axel et Mégane ont repris les cours. Je leur ai raconté pour la visite de Stan et ils sont soulagés de pouvoir à nouveau parler librement de lui avec moi et de ne plus être obligés de se cacher pour communiquer avec lui. Oui, ils avaient gardé un lien tous les trois et ils s’envoyaient régulièrement des mails ou des textos. Ils m’ont avoué être heureux que nous nous soyons réconciliés et ils espèrent que nous nous remettrons ensemble un jour.

Je suis au travail et Stan vient de m’envoyer un message me demandant quand il pourrait m’appeler en visio. Il a une grande nouvelle à m’annoncer. Je lui envoie un texto pour lui indiquer l’heure à laquelle je serais rentrée à la maison ce soir. Nous serons plus tranquilles à ce moment-là. Au bureau, je peux être dérangée à tout moment soit par un collègue, soit par le téléphone.

Cet après-midi je n’arrive pas à me concentrer sur mon travail. Je me demande quelle est donc cette grande nouvelle dont Stan m’a parlé. Il a piqué ma curiosité. J’envisage plusieurs hypothèses aussi bien sur le plan professionnel que personnel. J’ai hâte d’être à ce soir.

Il est dix-huit heure lorsque je monte dans ma voiture. Enfin cette journée interminable touche à sa fin. Je m’empresse de rentrer chez moi car Stan doit m’appeler en visio dans trente minutes. Je trépigne d’impatience. Je sais que c’est une bonne nouvelle, je n’ai aucune crainte là-dessus. Je me gare dans l’allée, devant la maison, vingt minutes plus tard. Je rentre, dépose mes affaires dans l’entrée et monte me changer. Je me sens étriquée dans ce tailleur et j’ai besoin de passer des vêtements plus confortables. Je me débats quelques minutes avec la fermeture de ma jupe, qui est coincée. Ah ! Enfin elle veut bien s’ouvrir. Je suis dans ma chambre, en sous-vêtements lorsque la sonnerie de mon téléphone m’avertie d’un appel en visio. C’est Stan, je ne peux pas manquer cet appel parce que je suis à moitié nue. Je décroche mais tourne la caméra vers le mur pour qu’il ne me voit pas.

- Hello Stan.

- Samantha ? Je crois que tu as un problème avec ton téléphone. Je ne te vois pas.

- Non, c’est normal. Juste deux minutes, s’il-te-plaît. J’étais en train de me changer et je suis en sous-vêtement. J’enfile rapidement un jean et un t-shirt et je suis à toi.

- Hum, dommage, j’aurais bien aimé profiter du spectacle.

Je vérifie rapidement ma coiffure dans le miroir et enfin je prends mon téléphone de façon à voir mon interlocuteur.

- Voilà, c’est bon.

- Oh !

- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

- Je pensais que tu me préparais une surprise et que tu avais passé un vêtement plus… enfin… moins… habillé, il me dit avec un sourire coquin.

- Stan, s’il-te-plait, je le sermonne.

Il s’excuse et se râcle la gorge pour reprendre son sérieux. J’essaie de ne rien laisser paraître du trouble qu’il a provoqué en moi en suggérant cette scène affriolante.

- Bon alors, quelle est cette grande nouvelle que tu as à m’annoncer, je demande avec impatience.

- Ah oui c’est vrai.

Il farfouille sur son bureau, puis présente un document devant la caméra. Je n’arrive pas à déchiffrer. La mise au point n’est pas bonne et les écritures sont flou pour moi. Je lui demande alors de lire à ma place.

- En gros ce document est un ordre de financement pour la réalisation de mon film, il me dit surexcité.

- Mais c’est formidable, je dis en tapant des mains avec presque autant d’enthousiasme que lui. Et de quoi va parler ton film ?

- C’est l’adaptation cinématographique de mon livre.

- Quel succès ! Je suis fière de toi, Stan. Vraiment.

- Merci. Ton avis est très important pour moi.

Je ne sais pas trop quoi dire, je suis gênée. Je baisse les yeux vers le bas de l’écran. Je cherche quoi répondre. Il faut que je ramène cette conversation vers un terrain neutre.

- Quand vas-tu commencer le tournage ? je demande.

- Il y a beaucoup de préparation avant, je devrais pouvoir débuter les prises de vues l’été prochain, il me répond en levant les yeux pour réfléchir.

- Oh ! Je fais un peu déçue. Ça veut dire que tu ne viendras pas passer l’été en France alors, je pense à haute voix.

- Non, effectivement. Et je vais avoir énormément de travail jusque-là. Je ne vais pas être très disponible dans l’année qui vient.

- Je comprends, je dis en baissant la tête. C’est normal. C’est vraiment génial et tu dois te donner à fond, je dis d’un air faussement enjoué pour le motiver.

Voilà pourquoi notre couple ne pourra jamais fonctionner. Nous ne pouvons qu’entretenir une amitié à distance, à la limite s’offrir des bons moments les rares fois où nous pourrons nous voir, mais nous ne pourrons jamais construire une vie à deux solide et durable. Quel couple pourrait résister à tant de mois de séparation ?

- Sam ?

- Oui.

- Je te promets de me rattraper dès que le film sera terminé.

- Non Stan, pas de promesse. On est amis, tu ne me dois rien. Je suis là pour toi, quand tu en as besoin, par mail, par texto ou même comme ça en visio, de jour comme de nuit. Je serais toujours là, pour les bons comme les mauvais moments, mais… non… s’il-te-plait…

- Ok, Ok, pardon.

Il y a un moment de silence gêné, où ni l’un ni l’autre n’osons nous regarder, mais nous n’avons pas envie de raccrocher non plus. J’entends Axel et Mégane rentrer. Ça me donne un prétexte pour mettre fin à la conversation. Je lui répète que je suis fière et heureuse pour lui et je lui dis que je l’embrasse avant déteindre mon téléphone.

Je suis tiraillée entre plusieurs sentiments. Je suis réellement heureuse et fière de Stan. Il a réussi à vaincre ses démons et à transformer une situation négative en quelque chose de positif. Très positif même. Je suis persuadée que son livre et son film vont avoir un succès énorme. Et il le mérite. Il travaille dur et se donne toujours à deux cent pour cent. Mais j’ai toujours, au fond de moi, ce chagrin de ne pas l’avoir auprès de moi, pour moi, rien que pour moi. Ça ne je peux pas lui dire, j’ai choisi aussi cette situation en restant son amie et je jouerais ce rôle jusqu’au bout, quoiqu’il m’en coûte.

************

STAN

Voilà, j’ai encore merdé avec elle. Fuck ! Pourquoi je ne sais pas fermer ma gueule ? Bon elle ne s’est pas totalement fermée, elle se réjouit pour moi et m’encourage, me soutien, mais j’ai senti qu’elle mettait une distance entre nous. Je suis trop impatient. Il faut que j’y aille plus lentement. Elle doit reprendre confiance en moi avant tout.

Behati, la femme d’Adam Levine, m’avait déjà soufflé une idée. Je sais désormais quand je vais l’appliquer et j’en ai même une autre qui vient de germer dans mon esprit. Si tout se passe bien, je devrais revoir Sam beaucoup plus rapidement que prévu. Il est hors de question que je reste plus d’une année sans la voir, la sentir et j’espère au moins pouvoir la prendre dans mes bras.

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