CHAPITRE 26 : Noël

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SAMANTHA

Thanksgiving est passé, Giulia est rentré aux Etats-Unis et Noël est dans deux jours. Mes parents arrivent ce soir pour passer les fêtes avec nous. J’ai trop de travail en ce moment, je ne peux absolument pas prendre de congés, pourtant j’en aurait besoin. Je suis exténuée. Je me motive en me disant que dans quelques semaines je serais en vacances et je pourrais faire la grasse matinée.

On a continué à s’appeler tous les jours avec Stan. Son livre est paru la semaine dernière et il a déjà battu tous les records de vente. Les médias ne font qu’en parler et il est l’invité principal de nombreux show télévisés américains. Il m’envoie les liens internet après la diffusion vu qu’en France nous ne captons pas ces chaines. Qu’il est beau. Je ne peux m’empêcher de verser quelques larmes lorsqu’il expose les grandes lignes de son livre, de notre histoire. Il me fait beaucoup rire aussi par ses pitreries et ses blagues.

J’avoue ne pas encore avoir acheté le roman de Stan. Je crois que j’ai peur. Je ne sais pas de quoi, mais j’ai peur. Ça serait pourtant la moindre des choses, en tant qu’amie, que d’acheter et de lire son œuvre. De toute façon, pour le moment, je n’ai vraiment pas le temps de me poser pour lire un livre, alors je me réserve cette activité pour mes prochaines vacances.

J’ai cherché pendant longtemps, quel cadeau faire à Stan cette année. Ça n’est vraiment pas facile de trouver quoi offrir à un homme qui peut tout se payer quand il veut. Comme il est un grand amateur de gastronomie et d’œnologie Française, je lui ai envoyé une corbeille gourmande contenant : du foie gras, des biscuits à l’anis, une bouteille d’un grand cru du Médoc et, pour la blague, un bouquet d’oseille. J’espère qu’il le recevra pour Noël, car je l’ai envoyé un peu tard, vu que je n’arrivais pas à me décider. J’ai aussi envoyé une poupée pour Maia et un parfum pour Giulia.

Mes parents arrivent à dix-sept heure. Même si on s’appelle tous les deux jours, on a tout un tas de choses encore à se raconter et on monte se coucher à plus de minuit. Heureusement que je ne travaille pas demain. Mon entreprise fermant le vingt-quatre et le trente et un décembre.

C’est l’effervescence dans la maison aujourd’hui. Maman et moi passons toute la journée devant les fourneaux. Papa et Axel bricolent dans le garage et Mégane se charge de décorer la table. A dix-huit heure trente, je monte prendre une douche et me parer de mes plus beaux atours. Ce n’est pas parce que nous ne sommes qu’entre nous, qu’il faut se négliger. C’est Noël. Je revête la robe, les chaussures et les bijoux que Stan m’a offert l’année dernière lorsqu’il m’a fait la surprise de m’inviter au restaurant, comme ça j’ai l’impression de l’avoir avec moi.

L’ambiance est festive. Maman a allumé la télévision sur une émission de Noël, papa ne cesse de faire des blagues et les enfants se chamaillent gentiment. On a encore fait bien trop à manger et je ne réussis même pas à finir mon plat. J’ai l’impression que mon ventre va exploser. Au moins, pas besoin de cuisiner demain, nous aurons suffisamment à manger avec les restes de ce soir. A la télévision, ils passent l’une de mes chansons préférées. Automatiquement je me mets à chanter et Mégane m’entraine au milieu du salon pour une danse improvisée. Je retire mes talons hauts pour ne pas me tordre une cheville en dansant. C’est parti pour du délire à l’état pur. On se défoule, on fait n’importe quoi, on chante à ne plus avoir de voix, on rit tant que nos abdominaux nous font mal, mais quel bonheur.

Le décompte avant minuit commence. Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un… ding dong. On reste tous figé sur place en entendant la sonnette de la porte d’entrée. Axel, réagit le premier et va ouvrir à notre visiteur inattendu. Qui nous voyons apparaître sur le seuil de la porte ? Le père Noël. A tous les coups, c’est Stan qui a organisé cette surprise.

- Oh ! Oh ! Oh ! Joyeux Noël à tous, nous souhaite le gros monsieur en rouge et lunettes noires. Mes lutins m’ont informé que vous avez tous été très sage cette année, alors j’ai des cadeaux pour vous, il continue en retirant sa hotte de sur son dos.

Il appelle d’abord Mégane, puis Axel, ma mère, mon père et enfin c’est mon tour. Je déchire le papier cadeau et découvre le livre de Stan. Je l’ouvre pour voir s’il est dédicacé et je trouve à l’intérieur, un billet d’avion pour les Etats-Unis. C’est alors que le père Noël ôte ses lunettes de soleil, son bonnet et sa fausse barbe pour nous révéler qui se cache derrière ce costume : Stan.

- Je t’avais promis que je réaliserais ton rêve de visiter les Etats-Unis, notre avion décolle dans deux heures trente, il dit en tendant la main vers moi.

- Mais… Mais je ne peux pas partir comme ça. Les enfants ? Je n’ai pas fait ma valise… et mon travail ?

- Ne t’inquiète pas pour les enfants, on s’en occupe, me réconforte maman.

- Voici ta valise, me dit Mégane en faisant rouler l’objet jusqu’à moi. Ton passeport et ton visa se trouvent dans la pochette de devant.

- Et j’ai tout arrangé avec ton employeur. Il t’accorde deux semaines de congés, me dit Stan.

- Je… Je ne sais pas quoi dire… C’est tellement… incroyable.

- Allez, dépêche-toi, tu vas rater ton avion, me pousse maman.

Je les embrasse tous, prend mon manteau, remet mes chaussures, attrape ma valise et suis Stan qui s’est débarrassé de son déguisement.

************

STAN

Je suis aux anges. Avec l’aide d’Etienne, Isabelle et les enfants, j’ai pu organiser cette mise en scène. Je constate avec le plus grand plaisir, que Samantha porte mes cadeaux. Je ne pouvais pas rêver d’un meilleur Noël.

Alors que nous roulons vers l’aéroport, elle m’assaille de questions.

- Je… Stan… mais comment tu peux être là ?

- J’ai pris l’avion, je dis amusé.

- Oui, bien sûr, mais je croyais que tu étais débordé entre la sortie de ton livre et la réalisation de l’adaptation cinématographique.

- C’est Noël, j’ai le droit moi aussi de m’accorder un peu de vacances.

- Et Maia ?

- Elle a eu ses cadeaux un peu en avance et Milla est ravie d’avoir sa fille pour les fêtes.

- Tu as vraiment le chic pour me faire des cadeaux incroyables, mais tu n’étais pas obligé.

- J’en avais très envie. Il m’était inconcevable de rester jusqu’à l’automne prochain sans te voir. J’ai pensé que Noël était l’occasion rêvée.

- Et je pari que mes parents et les enfants ne se sont pas fait prier pour te donner un coup de main.

- C’est vrai que je n’ai pas eu à beaucoup à insister. Pas de tout d’ailleurs. Se sont même eux qui m’ont aiguillé sur les Etats à te faire visiter en priorité. Nous n’aurons pas le temps de tout faire, il y a tellement de choses à voir, mais je pense que le programme va te plaire.

- Ah ? Dis m’en un peu plus.

- Tss, tss, tss, hors de question. Il faut garder la surprise jusqu’au bout, je dis d’un air taquin.

- Ok, je n’insiste pas. Je te fais toute confiance et je te laisse me guider, elle dit en s’enfonçant dans le siège et en fermant les yeux.

Je souris. Je suis heureux. Ses paroles me font un bien fou. Je lui jette de rapides coups d’œil tout en conduisant. Sa tête oscille, signe qu’elle s’endort. Bon sang qu’elle est belle. Je doute de mon idée, d’un seul coup. Je ne sais pas si je pourrais passer deux semaines auprès d’elle simplement en ami, sans la toucher, sans la caresser, sans l’embrasser et… Arrête Stan, reprend toi. Si tu déconnes tu risques de la perdre définitivement.

Nous arrivons à l’aéroport. Je caresse la joue de ma passagère pour la réveiller. Elle ouvre les yeux et met quelques secondes à se reconnecter avec la réalité et à se rappeler pourquoi je suis à ses côtés dans un parking. Nous descendons de la voiture et je prends nos bagages dans le coffre avant de nous diriger vers la zone d’embarquement. Nous patientons sur des sièges, attendant notre tour. Pour passer le temps, nous nous amusons à essayer de deviner où vont les gens, quel métier ils font et nous leur inventons des vies invraisemblables. Ça nous fait beaucoup rire.

Enfin nous embarquons. Nous bavardons pendant une bonne heure, de tout et de rien. Samantha est épuisée et finit par s’endormir sur mon épaule. Je remonte la couverture jusqu’à son cou, pour qu’elle ne prenne pas froid et pose ma tête contre la sienne. C’est cet instant mon cadeau de Noël.

Je mets les écouteurs et regarde le film, mais très vite le sommeil me gagne à mon tour. Je rêve que je me retrouve au bord d’une plage sous un soleil agréablement chaud. Samantha est habillée d’une belle robe blanche et elle a des fleurs dans les cheveux. Elle me prend par la main pour m’entrainer vers une plage. Nous marchons pieds nus dans le sable chaud, jusqu’à un autel sous lequel nous attends un prêtre. Nos deux familles et nos amis sont réunis autour de nous et nous jettent des fleurs à notre passage. Ma compagne rayonne de bonheur. Je n’ai pas peur, je suis bien, terriblement bien. Je ressens une paix intérieure indescriptible. Je n’ai jamais été aussi serein de ma vie. Nous nous faisons face, devant le prêtre, nos mains jointent alors qu’il prononce la phrase qui fait que nous devenons mari et femme jusqu’à ce que la mort nous sépare. Lentement nos visages se rapprochent l’un de l’autre, mon regard ne quitte pas ses beaux yeux noisette qui pétillent de bonheur. Nos lèvres se frôlent presque… Je suis réveillé par l’hôtesse de l’air qui me secoue par l’épaule pour me prévenir que l’avion est en phase d’atterrissage.

Samantha est toujours endormie à mes côtés. Ça au moins, ça n’était pas un rêve. Je replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille et lui caresse délicatement la joue tout en lui parlant à voix basse, pour la réveiller en douceur. Elle ouvre difficilement les yeux, se frotte le visage avec ses mains pour s’aider à sortir du sommeil. Elle me regarde et me souris en me disant « Bonjour ». Nous entendons un tintement, le voyant représentant une ceinture s’allume et nous bouclons les nôtres. L’atterrissage se passe sans encombre et nous voici à New-York à quatre heure trente, heure locale.

Notre correspondance pour Dallas est dans une heure. Nous nous rendons dans un Starbucks boire un café. Samantha essaie de nouveau de savoir quel est le programme de ces deux prochaines semaines, mais je ne me laisse pas avoir et ne divulgue rien. Ça me plait de la torturer un peu comme ça.

Il nous faut encore trois heures dix-sept de vol entre New-York et Dallas. L’un de mes amis possède un Ranch, le Hill Country Equestrian Lodge à une vingtaine de minutes à peine de l’aéroport. Une voiture nous attend pour nous y conduire.

************

SAMANTHA

Une fois que nous avons quitté la capitale de l’état du Texas et sa vie citadine mouvementée, le paysage diffère totalement. Ce ne sont plus que des prairies verdoyantes qui défilent sous nos yeux. Quelques maisons et fermes rompent la monotonie du décor. Le soleil se lève et nous offre le spectacle absolument merveilleux d’un ciel rose-orangé-jaune, on ne voit pas ça dans les grandes villes, ni dans les campagnes Françaises. Je n’en reviens pas. C’est exactement comme dans tous les reportages que j’ai pu voir, mais en beaucoup plus grand et beaucoup plus majestueux. Aucune photo, aucun film, aucune vidéo ne peuvent transmettre les émotions qui nous envahissent à la vue d’un tel spectacle. Il faut le vivre au moins une fois dans sa vie.

Tout est beaucoup plus grand ici, même mes sensations. Mes émotions sont décuplées et plus intenses qu’en France. J’en prends plein les yeux. Stan me regarde, amusé par mes réactions. Je suis comme une enfant dans un magasin de jouets, tellement l’excitation est grande. Je ne tiens pas en place sur mon siège et j’ai presque le nez collé à la vitre pour mieux voir à l’extérieur. Je ne cesse de parler, d’échanger mes impressions avec Stan qui rit car il n’a même pas le temps de me répondre que je lui pose déjà d’autres questions.

Je ne peux réprimer un « Wouaaaah » d’émerveillement lorsque nous franchissons l’entrée du Ranch. La voiture emprunte une grande allée en terre qui longe les enclos délimités par des barrières blanches en bois. Les chevaux paissent paisiblement. Notre véhicule s’arrête dans une cour devant une grande maison en bois, typique de ce pays. L’extérieur est peint en gris clair et les fenêtre, les portes et le porche en blanc. Une femme, que j’estime avoir près de cinquante ans, les cheveux bruns attachés en queue de cheval haute, à peu près de ma taille, mais plus fine, sort et vient nous accueillir chaleureusement. Elle s’appelle Ellen. Elle et son mari John sont les propriétaires du Ranch depuis une quinzaine d’années. Stan prend des nouvelles de la famille pendant qu’elle nous conduit vers notre Lodge. Nous empruntons un chemin sur la droite de la maison principale et longeons les écuries, puis marchons encore quelques mètres avant d’atteindre un joli petit chalet en bois.

Deux fauteuils à bascule, en bois eux aussi, nous invitent à venir paresser sous le porche. Ellen nous ouvre la porte d’entrée et s’efface pour nous laisser passer, en nous souhaitant un bon séjour. L’intérieur est incroyable. Nous entrons directement dans la pièce à vivre. Devant la cheminée en pierre, trône un canapé en cuir et au sol s’étend un moelleux tapis en poils synthétiques blanc. Au fond à gauche se trouve la cuisine ouverte et sur la droite le coin repas installé devant une grande baie vitrée donnant sur un bosquet. Un escalier en bois massif nous mène aux deux chambres séparées par une salle de bain. Le mélange entre le bois et les meubles modernes créé une ambiance accueillante et chaleureuse. Stan dépose ma valise dans une chambre et son sac dans l’autre. J’ai un peu froid et je me frotte les bras pour me réchauffer.

- Tu as froid ? Me demande mon compagnon.

- Oui, un peu. Ma tenue n’est pas vraiment adaptée au climat, je dis en désignant mes chaussures et ma robe de soirée.

- Je vais allumer un feu pendant que tu te changes.

- Merci.

Je referme la porte de ma chambre derrière moi, j’ouvre ma valise et découvre ce que Mégane y a fourré : des Jeans, de gros pulls en laine, des t-shirts à cols roulés, de grosses chaussettes, un pyjama chaud, une écharpe, un bonnet, des gants, une paire de botte, des sous-vêtements et une tenue de soirée. Une pochette attire mon attention. Je fais glisser la fermeture et en sort le contenu : une nuisette bleu nuit en dentelle et des sous-vêtements ultra sexy, en dentelle également. Une note de ma fille accompagne ces choses affriolantes « Au cas où. Amuse-toi bien ». Je souris. Elle n’est pas possible. Je n’ai pas l’intention d’en faire usage, quoi que…

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