CHAPITRE 27 : Jalousie

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SAMANTHA

Je sors de ma chambre et redescend l’escalier pour rejoindre Stan, chaudement vêtue d’un jean, d’un t-shirt et d’un gros pull en laine. Le feu qu’il a allumé dans la cheminée, a déjà bien réchauffé l’atmosphère. Un doux mélange d’odeur de café et de pain grillé, vient titiller mes narines et je trouve mon compagnon dans la cuisine en train de nous préparer un brunch. Il m’invite à m’assoir à table et dépose devant moi plusieurs plats : fruits, pancakes, gaufres, toasts grillés et du bacon. Il nous sert une tasse de café.

- Alors ? ça te plait ? Il me demande avec un sourire charmeur.

- Attends, tu rigoles ? C’est magnifique ici. Je vois que tu as eu de bons informateurs car c’est exactement ce dont je rêve depuis des années.

- Parfait. Alors la suite du programme devrait te plaire. Est-ce que tu sais monter à cheval ?

- Oui, j’ai fait de l’équitation en club pendant dix ans, mais ça fait très longtemps que je n’ai pas mis un pied à l’étrier.

- C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, ne t’en fais pas. Un employé d’Ellen a été réquisitionné pour nous faire découvrir les alentours, à cheval.

- Génial, je dis avec enthousiasme.

On finit notre repas avant de nous habiller chaudement et de rejoindre les écuries où nous retrouvons John, un homme d’une cinquantaine d’années, de taille moyenne, un peu rondelet, les cheveux grisonnants et de petits yeux marron derrière des lunettes rondes. Il serre Stan dans ses bras et en fait de même avec moi après les présentations d’usage. Surprise, je lui rends timidement son accolade. Notre hôte prend des nouvelles de Stan et de sa famille avant d’en venir au but de notre présence. Il nous conduit vers le fond de l’écurie où se trouve trois chevaux déjà sellés.

John nous présente son fils Matt. Un jeune homme d’environ vingt-cinq ans, grand, brun, aux yeux marrons et à la carrure d’un footballeur américain. Très beau garçon. Stan va le saluer et s’étonne de voir quel bel homme il est devenu, rappelant que la dernière fois qu’il l’a vu, il n’était alors qu’un ado de dix-sept ans.

- Samantha vous savez monter ? me demande John.

- Oui, oui.

- Parfait. Bon de toute façon je vous ai donné mes bêtes les plus douces et les plus dociles. Samantha je pense que Rose-des-Sables vous conviendra parfaitement, il me dit en tapotant l’encolure d’une belle jument beige à la crinière blanche.

Je m’approche de ma monture, la caresse et lui parle d’une voix douce pour que nous fassions connaissance avant que je ne lui impose mon poids sur le dos.

- Stan, Vulcan est mort il y a deux ans alors j’ai dû t’attribuer un autre cheval. Voici Silver, dit John en désignant un bel étalon gris tacheté de noir.

Stan flatte l’encolure de son cheval, lui caresse les joues, puis pose son front tout contre son chanfrein. Je savais qu’il aimait les animaux, mais je ne pensais pas à ce point-là. Je trouve qu’ils s’accordent parfaitement tous les deux.

************

STAN

Ça fait plusieurs années que je ne suis pas venu chez John et Ellen. C’est John qui m’a enseigné l’équitation avec Vulcan. Ça me peine d’apprendre qu’il est mort, mais c’est ainsi. Dès que je pose ma main sur l’encolure de Silver, je sens un courant particulier me parcourir le corps et je comprends immédiatement que ce cheval est fait pour moi. Je me positionne face à lui et lui caresse les joues alors que je plonge mon regard dans le sien. Il approche sa tête de mon torse et je comprends qu’il m’accepte. Pour sceller notre nouvelle amitié, je pose mon front contre son chanfrein et ferme les yeux. Il ne bouge pas et je me sens tellement bien à son contact. C’est Matt qui me sort de cet état en donnant l’ordre de départ.

Je ne m’étais pas aperçu que Samantha est déjà en selle. Quelle grâce. J’enfourche ma monture et rejoint mes compagnons qui sont déjà quelques mètres devant moi en pleine discussion. Nous commençons doucement, au pas, puis quand nos chevaux sont échauffés nous passons au trot pour leur dégourdir un peu les pattes. Samantha est très à l’aise.

Matt reste auprès d’elle, lui raconte l’histoire de la région, de sa famille, lui montre des endroits connus seulement des gens du coin. Nous nous engageons dans la forêt. On est obligé de rester les uns derrière les autres, Matt en tête et moi en fin de cortège. Notre guide, nous fait poser pied à terre dans une clairière. Il veut nous montrer un faon qui se cache tout prêt dans les buissons. Il prend Samantha par la main pour la guider, puis passe son bras autour de sa taille et l’attire près de lui, très près, prétextant qu’elle pourrait glisser et tomber. Je sens une pointe de jalousie au creux de mon estomac, mais je ne dis rien.

Nous rentrons au Ranch au bout de trois heures de balade. Samantha a un sourire radieux. Nous ramenons les chevaux à l’écurie, les débarrassons de leur selle et commençons à les panser après leur avoir apporté un sceau d’eau. On voit que Samantha a l’habitude de s’occuper d’un cheval et pourtant Matt vient la reprendre sur sa façon de faire. Il se place derrière elle, pose sa main par-dessus la sienne et lui fait faire exactement le même geste qu’elle était en train d’exécuter. Samantha parait gênée et essaie de se dégager sans pour autant vouloir être désobligeante. Je sens la jalousie m’envahir et la colère monter. Je ne rêve pas, il drague ouvertement ma compagne. Il ne semble absolument pas se préoccuper de ma présence et continue son petit manège. J’essaye de me contenir, mais il faut tout de même que je mette fin à cette mascarade.

- Matt, je te rappel que Samantha a fait de l’équitation pendant dix ans, elle sait comment brosser un cheval.

Il se tourne vers moi, agacé par mon intervention.

- Occupe-toi de ton cheval et ne te mêle pas de mes affaires, il me crache.

Samantha arrive à se dégager, attrape le licol de son animal et le remet dans son box avant de me rejoindre. Je viens de finir de panser Silver et le ramène également dans son box. Matt profite de mon absence pour reprendre son jeu de séduction avec Samantha. Il prend le prétexte qu’elle n’arrive pas à atteindre le clou pour accrocher le licol de Rose-des-Sables pour plaquer son corps contre le sien, la bloquant contre le mur. Vu sa position, elle n’a pas de marge de manœuvre pour se dégager. Je n’ai qu’une envie, c’est de mettre un bon coup de poing dans la belle gueule de ce jeune insolent, mais je sais que c’est ce qu’il cherche pour me discréditer aux yeux de Sam, alors je contiens ma colère. Je m’approche d’eux, attrape le licol qu’ils tiennent et l’accroche moi-même tout en fusillant Matt du regard.

- C’est bon je m’occupe d’elle, je gronde.

Il s’écarte, se recule et d’un air innocent et me dit :

- Hey Stan, qu’est-ce qu’il te prend ? Je ne fais que me montrer serviable et agréable avec cette belle dame.

Je serre les poings. Samantha voit que ça pourrait dégénérer et intervient.

- Merci Matt pour ton aide et cette balade. On va rentrer maintenant, cette journée a été épuisante pour nous deux. On a besoin de repos.

Elle me prend par la main et m’entraine vers la sortie. Derrière notre dos Matt lance :

- Samantha, je suis à ta disposition, si tu as besoin des services d’un homme.

Elle ne se retourne même pas, serre un peu plus fort ma main et accélère le pas pour quitter au plus vite l’écurie. Je suis aveuglé par la colère et je ne me rends même pas compte qu’elle est venue se blottir contre moi pour me calmer et me rassurer. Nous arrivons au lodge, elle s’arrête sur le perron et me fait face.

- Stan ?

Je baisse les yeux vers elle et je remarque que son expression est d’une infinie douceur. Elle me prend le visage entre ses mains et plante son regard dans le mien.

- Ne laisse pas cet incident gâcher nos vacances ensemble. Ne t’occupe pas de lui. Je gère la situation, ne t’en fais pas.

- Tu gères ? Je m’emporte. Tu ne gères rien du tout oui, je continue en me mettant à faire des allers et venues sous le porche.

- Je suis assez grande pour me défendre toute seule, tu n’as pas besoin de me protéger.

- Encore faudrait-il que tu ais envie de le repousser. C’est vrai qu’il est jeune et très bel homme, je ne peux m’empêcher de l’accuser.

Elle pose les mains sur ses hanches et un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres.

- Je rêve où tu es jaloux ? Elle me dit.

Sa réaction me déroute et fais redescendre ma colère pour la remplacer par de la gêne. Oui je suis terriblement jaloux. Je sais que l’on n’est plus ensemble et que de ce fait, elle est totalement libre de sortir avec d’autres hommes, mais pas en ma présence. J’espérais que ces vacances nous permettraient aussi, de nous rapprocher et peut-être de reformer notre couple.

- Tu connais la réponse à cette question.

- Oui, c’est vrai, elle dit en se rapprochant de moi avec un regard malicieux, mais je veux t’entendre l’avouer, elle continue.

Elle me fixe droit dans les yeux, s’approche encore jusqu’à ce nous ne soyons plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. A cet instant, ce n’est plus de la jalousie que je ressens, mais une terrible envie de l’embrasser.

- Alors ? Elle insiste dans un murmure, en me tendant ses lèvres.

Je suis tellement troublé que je ne sais même plus quelle était sa question.

- C’était quoi déjà ta question ? Je murmure à mon tour.

- Es-tu jaloux des hommes qui m’approchent ?

- Oui, terriblement, je souffle mes lèvres frôlant presque les siennes.

Elle se recule brutalement et ouvre la porte du lodge.

- Si tu avais confiance en toi et surtout en moi, tu saurais que tu n’as aucune raison d’être jaloux d’un autre homme, elle dit avant d’entrer.

Elle n’a pas tort, mais c’est plus fort que moi et pourtant je sais qu’il va falloir que je me contrôle sinon je risque de l’étouffer et de la perdre. Je sais que les occasions ne manquent pas, à son travail, dans la rue, aux réunions parents-profs, n’importe où. Mais c’est la première fois que je suis confronté directement à un rival et je n’y étais pas préparé. Avec mes ex, vu le milieu dans lequel on évolue, on vit avec ce risque continuellement lorsqu’on est en couple. Pourtant, je n’ai jamais éprouvé cette jalousie dévorante auparavant. Je dirais même que ça m’était complètement égal, car je savais que je retrouverais une autre femme, en un claquement de doigts. Lorsque Milla m’a quitté, ça n’a pas vraiment été de la perdre qui m’a fait mal, mais le fait qu’elle m’enlevait ma fille et que je ne pourrais plus la voir autant. J’avoue que c’était surtout mon égo qui en avait pris un coup.

J’agrippe la balustrade à deux mains et serre de toutes mes forces, pour évacuer ma colère sans tout démolir.

Mais là… là… c’est Samantha et Matt en plus. Un gamin que je connais depuis qu’il est haut comme trois pommes… et puis je voyais bien qu’il le faisait exprès pour m’énerver et ça alimentait encore plus ma colère. Fuck ! Il faut que je garde à l’esprit qu’on est ami, Samantha et moi et que je lui ai offert ces vacances parce qu’elle en rêvait et non pour lui faire une scène à la première occasion.

Je décide d’aller faire un tour dans la forêt pour calmer totalement mes nerfs avant de la retrouver, afin que l’on passe une bonne fin de journée.

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