CHAPITRE 28 : Vacances au Ranch

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SAMANTHA

Par la fenêtre, j’ai vu Stan s’enfoncer dans la forêt. Je suppose qu’il a besoin de se calmer et de réfléchir. Je ne lui en veux pas, j’aurais réagi de la même manière si j’avais été à sa place. Je décide d’adopter une attitude légère et joyeuse. Ça ne servirait à rien de l’accabler de reproches, de ressasser cet évènement finalement anodin et de gâcher nos si belles vacances et nos retrouvailles. Je vois que Stan fait énormément d’efforts et je veux l’encourager dans cette voix en mettant en valeur les points positifs et en effaçant les points négatifs.

J’ouvre tous les placards et le frigo pour faire un rapide inventaire des denrées à notre disposition. J’ai envie de lui faire plaisir et comme je le sais très gourmand, je sais que ça l’aidera à retrouver sa bonne humeur. Je sors mon portable de ma poche et je lance ma playlist. Je monte le son à fond et chante et danse tout en cuisinant. Voilà le gâteau au chocolat avec un insert de confiture de framboise, est au four. Le poulet au curry mijote doucement alors je vais prendre une bonne douche bien chaude.

Dix minutes plus tard je suis de nouveau dans la cuisine, en jean et t-shirt, en train de remuer ma préparation tout en dansant sur place quand Stan rentre. Il semble plus calme, mais fatigué. Il me rejoint et s’installe sur l’un des tabourets de bar derrière le comptoir de la cuisine.

- Salut, je lance joyeusement.

- Hello ! Ça sent bon ici, il me dit avec un pâle sourire.

- Tu as le temps d’aller prendre une douche si tu veux, ça sera prêt dans une vingtaine de minutes, je lui précise avec un grand sourire chaleureux.

- Ok.

Il monte et quelques minutes plus tard, j’entends le bruit de la douche. Je dresse la table tout en continuant de me déhancher et de fredonner sur l’une de mes chansons préférées de Maroon 5. Je sursaute lorsque je remarque que Stan est appuyé à l’escalier et m’observe.

- Désolé, je ne voulais pas te faire peur, il s’excuse en me rejoignant.

- Oh, ce n’est rien. Je ne t’avais pas entendu redescendre.

- J’appréciais le spectacle, il me dit avec un sourire satisfait.

Je suis gênée et je me sens rougir.

- Tu peux venir t’assoir, je vais servir, c’est prêt.

- J’ai hâte de goûter. Ça sent très bon. Tu n’étais pas obligée, j’aurais commandé le repas.

Je me place derrière lui, l’entoure de mes bras et colle tête contre la sienne pour un câlin.

- J’avais envie de te faire plaisir et c’est ma façon de te remercier pour ce fabuleux cadeau.

Je dépose un baiser sur sa joue et file en cuisine chercher les plats. Nous dinons dans une ambiance détendue. L’incident de tout à l’heure est totalement oublié et nous retrouvons notre complicité. Nous nous racontons nos anecdotes équestres les plus mémorables et rions à en avoir mal au ventre. Stan apprécie le repas et reprend une seconde fois de chaque plat. Il a choisi une bonne bouteille de vin et je crois que le breuvage nous à bien aidé à nous détendre. J’irais même jusqu’à dire qu’on est légèrement ivre.

Il m’aide à débarrasser la table et à faire la vaisselle. Nous nous taquinons comme deux adolescents. Je retrouve le Stan des débuts, mon voisin si séduisant et si charmant. Je suis en train de retomber totalement amoureuse de lui, même si en fait cet amour était seulement enfoui au fond de mon cœur.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? J’ai quelque chose sur le visage… il me demande en se frottant les joues.

- Oh non ! non ! tu n’as rien… c’est juste que… je suis heureuse car je retrouve l’homme qui habite de l’autre côté de ma palissade.

- Et c’est une mauvaise chose ? il me demande un peu inquiet.

- Pas du tout. Au contraire. C’est de cet homme-là dont je suis tombée amoureuse et…

Je sens que je risque de déraper et je ne sais pas si c’est le vin ou l’endroit qui me fait cet effet, mais j’ai terriblement envie de me jeter à son cou. Mais je crois que ça ne serait pas raisonnable. C’est encore trop tôt.

- … Je crois que j’ai un peu trop bu. Je vais aller me coucher, je suis exténuée, je dis en posant le torchon que j’avais dans les mains et en me dirigeant vers l’escalier.

- Oui, moi aussi, il dit en me suivant.

J’ai des frissons dans tout le corps de le savoir derrière moi et je sens son regard sur mon dos et mes fesses. Je sais qu’il les adore. Nos chambres sont disposées de chaque côté de la salle de bain. J’ai la main sur la poignée de ma porte, je sens les bras de Stan enserrer ma taille, son torse venant se plaquer contre mon dos. Je sens son souffle chaud dans mon cou.

- Merci pour ce soir. C’était parfait, il murmure à mon oreille.

Tout mon corps s’embrase. Mon cœur bat plus fort et ma respiration s’accélère. Je suis en train de succomber, mais il ne faut pas et pourtant j’ai très envie de céder. A la moindre invitation de sa part, je crois que je n’aurais pas la force d’y résister. Il met sa tête contre la mienne et me serre un peu plus fort pour un simple câlin amical, comme je l’ai fait juste avant le repas. Je ferme les yeux et savoure ce moment. Je ne sais pas si c’est le vin qui me fait cet effet ou mes émotions, mais j’ai la tête qui tourne et me laisse aller contre lui.

Il soupire, dépose un baiser sur ma joue en me souhaitant une bonne nuit et entre dans sa chambre sans un regard. Je gagne également la mienne et me met en pyjama tout en repensant à cette belle soirée. Je me couche dans les draps frais et je suis tellement exténuée que je m’endors à peine ma tête posée sur l’oreiller.

************

STAN

Je suis allongé sur le dos, les mains derrière la tête et je scrute le plafond de ma chambre. Ce soir, c’est exactement la vie dont je rêve auprès d’une femme, de MA femme, de Samantha. Une vie simple, sans prise de tête, sans chichis et code de bonne conduite. On est simplement nous-même, on rit, on se taquine, on se câline et je veux vivre ça tous les jours pour le reste de ma vie. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Il n’y a qu’elle qui me fait ressentir ça. Je suis heureux car petit à petit, même si j’ai failli déconner avec Matt, elle me fait à nouveau confiance et me laisse entrer dans sa bulle d’intimité. Je ne franchirais pas le pas d’une relation sexuelle, sauf si elle me le demande. Je ne veux pas qu’elle regrette par la suite et s’enfuit. Je sais que c’est ma dernière chance et je compte bien ne pas la gâcher. Je vais tout faire pour que cette fois, notre relation parte sur de bonnes bases et soit durable.

************

La semaine se déroule dans la même ambiance détendue et amicale. Je l’emmène voir un match de football américain au Stade AT&T de Dallas, assister à un rodéo à Fort Worth, visiter Southfork Ranch de la célèbre série télévisée des années quatre-vingt, faire du shopping au Northpark Center, découvrir la ville de Dallas et ses nombreux monuments : la tour de le Réunion, les soixantes treize statues de la pioneer plaza, la cathédrale Notre-Dame de Guadalupe, le Trammell Crow Center et bien d’autres encore.

Je lui fais également découvrir la gastronomie Américaine dans divers restaurants et bars. C’est d’ailleurs dans l’un de ces derniers, que je lui lance le défi de monter sur le taureau mécanique. Il a fallu que j’insiste un peu et que je la provoque pour qu’elle se lance. Bien sûr, j’ai dû m’y soumettre aussi et ça a tourné à la compétition entre nous. J’ai gagné, mais elle a tenu presque aussi longtemps que moi. Certains soirs, nous sommes trop fatigués pour manger en extérieur et Samantha insiste pour préparer le repas. Elle me dit que c’est sa façon de me remercier pour les fabuleuses vacances que je lui fais vivre.

A plusieurs reprises, j’ai senti que j’étais sur le point de flancher et de l’embrasser, mais j’ai réussi à me ressaisir et je me suis éloigné soit prétextant avoir besoin d’aller fumer une clope, ou devoir appeler Maia, ou bien encore que j’avais besoin de prendre l’air à cause de la chaleur qui règne dans le lodge. On s’accorde des pauses câlins, de se tenir la main lors de nos sorties et sans nous en rendre compte, tout naturellement, nous échangeons de rapides baisers pour nous dire bonjour ou bonsoir.

Je n’ai pas recroisé Matt sur le Ranch depuis notre altercation. J’aimerais tout de même comprendre pourquoi il a tant d’animosité envers moi. J’ai l’impression qu’il m’en veut, mais je ne sais pas ce que j’ai pu faire pour ça.

Nous n’avons pas eu l’occasion de faire une nouvelle sortie à cheval, alors que je sais que Samantha en meurt d’envie. J’annule ce que j’avais prévu pour aujourd’hui et décide qu’une balade dans la campagne nous ferais le plus grand bien après avoir respiré l’air pollué de Dallas, toute la semaine. Je laisse Samantha faire la grasse matinée, je vais voir John et lui demande s’il est possible que l’on prenne Rose-des-Sables et Silver pour l’après-midi. Il me dit qu’il n’y a aucun problème et qu’il enverra Matt nous les préparer pour quatorze heure. J’appréhende un peu cette rencontre, mais je n’ai pas le choix. Je ne vais pas embêter mon ami avec mes problèmes, je peux gérer ça seul.

Je rentre au lodge et découvre avec plaisir, que ma compagne est réveillée. Elle est douchée et en train de se servir une tasse de café lorsque je la rejoints dans la cuisine. Je la prends dans mes bras et dépose un baiser dans son cou.

- Hello you, je dis mon menton posé sur son épaule.

- Bonjour. Je suis désolée, je ne me suis pas réveillée ce matin. Je dois avoir gâché ton programme.

- Pas du tout, c’était mon programme justement de te laisser dormir, je dis en la faisant pivoter pour que l’on se retrouve face à face. Aujourd’hui, c’est relâche. Pas de visite, pas de bousculade dans les rues, pas de bruit de klaxon ou de moteur, on reste ici. Enfin sauf cet après-midi. Je viens d’aller voir John et on peut prendre Rose-des-sables et Silver pour aller faire un tour.

- Ohhhh génial, elle dit en sautillant sur place, les yeux pétillant d’excitation.

- J’ai pensé que vu que c’est notre dernier jour et que nous n’avons pas vraiment profiter de loger dans un Ranch, tu aimerais monter à nouveau.

- Je constate que tu me connais très bien, elle dit en passant ses bras autour de mon cou. Tu es le plus adorable des hommes.

- Hummm j’apprécie le compliment, je réponds en déposant un baiser sur son front.

Je sens que l’énergie qui nous enveloppe, change et une tension sexuelle s’installe entre nous. C’est le moment de partir, il faut que je m’éloigne.

- Je t’aime Stan, elle dit en m’embrassant.

Je la serre contre moi en poussant un soupir de contentement et répond à son baiser. Shit ! Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? Il ne faut pas. On joue avec le feu là. Je m’écarte doucement et prétexte aller faire quelques courses pour le déjeuner, pour quitter le lodge. Si je reste une seconde de plus, je vais faillir à la promesse que je me suis faite, de ne pas la toucher. Quoi ? Un baiser, ça ne compte pas !

Cette sortie à l’épicerie, me fait du bien et la pression redescend. J’achète des pizzas et de la salade. On ne doit pas manger trop lourd, car on risque de mal digérer après avec les secousses que nous allons subir sur le dos ne nos chevaux.

Le repas se passe dans une ambiance détendue et nous préparons notre parcours de l’après-midi. Nous arrivons à l’écurie, pile à quatorze heure. Matt a préparé et scellé nos montures. Il me jette un regard meurtrier, mais je ne relève pas. Je veux éviter l’affrontement, alors je l’ignore.

Je dis bonjour à Silver et le caresse un moment. Du coin de l’œil, je surveille le comportement de Matt envers Samantha. Il lui tourne clairement autour en me jetant des regards provocateurs. Sans qu’elle ne le demande, il entreprend de l’aider à se mettre en selle en la prenant par la taille. Samantha proteste, mais il la soulève tellement facilement qu’elle est presque projetée sur le dos de sa monture et dois se cramponner au pommeau pour ne pas atterrir de l’autre côté du cheval. J’ai envie de sauter à terre et de lui en coller une. Il aurait pu la blesser.

- Hey ! Vas-y doucement, elle le reprend.

- Excuse-moi, mais je ne sens pas ma force, il dit en exhibant les biceps. C’est ça les hommes de la campagne, les vrais hommes.

Elle soupire et talonne son cheval pour le faire avancer. Je la suis et nous nous empressons de quitter les écuries.

Le vent est frais mais les rayons de soleil nous réchauffent. Nous chevauchons côte à côte. Les arbres sont dépourvus de leur feuillage, mais la prairie légèrement vallonnée est couverte d’herbe d’un vert profond. Nous longeons un petit cours d’eau, puis empruntons un sentier de gravier jusqu’au sommet de la colline. Le spectacle qui s’offre à nous est absolument incroyable. De la verdure à perte de vue. Nous pouvons distinguer des troupeaux de chevaux et de vaches. Les animaux paraissent aussi gros que des fourmis. A loin, on aperçoit le Ranch et ses bâtiments. Je jette un œil vers ma compagne, qui a les larmes aux yeux tellement l’émotion est forte. Nous mettons pied à terre pour laisser nos chevaux se reposer un peu après une heure trente de marche. A cette hauteur le vent est plus piquant et le soleil entame sa descente, nous privant peu à peu de sa chaleur. Je prends Samantha dans mes bras, son dos plaqué contre ma poitrine, pour qu’elle n’ait pas trop froid et nous restons là, en silence, à contempler la beauté de la nature.

Il nous faut rentrer maintenant, car il va bientôt faire nuit. Nous remontons sur le dos de nos chevaux et reprenons le chemin du retour. Nous avons à peine atteint la prairie que Samantha se met à talonner vigoureusement sa monture et part au galop, tout en me défiant de la rattraper. Je ne peux pas la laisser gagner, il en va de mon honneur. Silver répond immédiatement à mes éperonnages et file comme le vent. Je rejoints très vite ma compagne qui jette régulièrement des regards en arrière pour évaluer la distance qui nous sépare. Lorsqu’elle constate que j’arrive à sa hauteur, elle stimule sa jument pour qu’elle augmente encore sa vitesse, mais mon étalon est plus rapide et je la dépasse sans réel effort. Nous freinons nos bêtes jusqu’à ce qu’elles reviennent au pas. Elles sont essoufflées et il faut les ménager jusqu’au Ranch.

- J’ai gagné, je lui lance avec moquerie.

- Je t’ai laissé gagner plutôt. Je sais que tu es mauvais perdant et je ne voulais pas écorcher ta virilité, elle me taquine.

- C’est ça…, c’est ça… je crois qu’aujourd’hui c’est plutôt toi la mauvaise perdante.

Elle me tire la langue.

- Tu ne paies rien pour attendre, elle me menace.

- J’ai hâte de voir ça.

- La vengeance est un plat qui se mange froid, je t’aurais au moment où tu t’y attendras le moins.

- Et je suis convaincu que tu y arriveras car je ne suis qu’un homme faible dès que tu es à mes côtés.

- Charmeur, elle me dit en fronçant le nez.

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