CHAPITRE 36 : Une nouvelle inattendue

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SAMANTHA

J’ai pleuré pendant toute la première heure de vol. Je n’arrivais pas à m’arrêter, malgré les paroles et les attentions qui se voulaient réconfortantes, de la part des hôtesses de l’air. C’est terriblement dur de quitter Stan surtout lorsqu’on ne sait pas quand est-ce que l’on va pouvoir se revoir. J’essaie de me consoler en me disant que l’on va s’appeler plusieurs fois par jour et je sais que dès qu’il en aura l’occasion, il viendra en France. Je songe à quitter mon travail pour aller vivre avec lui, mais j’ai peur de finir par m’ennuyer de rester à ne rien faire car ce n’est absolument pas dans ma nature. Et puis je ne veux pas vivre à ses crochets, je veux continuer de gagner mon propre argent.

Je décide qu’en arrivant chez moi, je me renseignerais sur les modalités à effectuer pour pouvoir travailler aux Etats-Unis et ensuite je commencerais à chercher un travail là-bas. Il sera plus facile que ça soit moi qui m’installe à New-York, plutôt que Stan vienne vivre en France. Sa fille est encore très jeune et a besoin de lui, alors que mes enfants sont quasiment indépendants. Ils pourront choisir de venir vivre avec moi ou de rester avec leur père. Peut-être même qu’Axel voudra prendre son propre appartement. Ils pourront me rendre visite quand ils le voudront, alors que Maia ne peut pas voyager seule et qu’il faut l’accord de sa mère.

Et puis il y a ma maison. Est-ce que je dois la vendre ? Si jamais ça ne marchait pas entre Stan et moi, je ne voudrais pas me retrouver sans logement. Peut-être que je pourrais la mettre en location, comme ça j’aurais une autre rentrée d’argent, un bien à léguer à mes enfants et un endroit où aller en cas de problème. J’avoue que ça me ferait drôle d’aller en vacances dans la maison de Stan et de voir mes locataires vivre chez moi, dans la maison derrière la palissade.

Il est minuit lorsque j’arrive chez moi. Tout le monde dort. Je fais attention de ne pas faire de bruits et je monte me coucher. Avant de m’endormir, j’appelle Stan pour lui dire que je suis bien arrivée. Il me dit qu’il a récupéré Maia, ce qui l’aide à mieux supporter mon absence, que l’appartement lui semble moins vide. Je lui dis que je l’aime et que je l’embrasse avant de raccrocher. J’ai la gorge nouée et il me faut un temps infini pour m’endormir entre mon cœur brisé et le décalage horaire. Heureusement, je ne reprends le travail que mercredi matin. Ça me laisse une journée pour me reposer.

************

Me voilà de retour au travail, mais je n’en ai pas du tout la motivation ni l’énergie. Mes collègues sont heureux de me retrouver et me posent pleins de questions sur mes vacances imprévues. Apparemment, la nouvelle de mon couple avec Stan n’est pas encore arrivée en France. Je me garde bien de révéler cette information et je préfère leur dire que mes parents m’ont fait la surprise de ce voyage à Dallas, puis New-York. Je leur raconte les balades à cheval, le réveillon sur Times Square, la promenade dans Central Park et sur la cinquième avenue, enfin les grands moments que vivent tous les touristes.

Ça fait presque une heure que je suis arrivée et je n’ai pas encore mis les pieds dans mon bureau. Il faut pourtant que je me mette au travail maintenant. Je salue mon assistante Lise, on fait un débriefing, je lui donne mes consignes et enfin je m’installe à mon bureau. J’allume mon ordinateur et prends connaissance de mes mails et mémos. Entre temps je reçois un sms de Stan. Il vient de se réveiller et veut juste me dire bonjour et qu’il m’aime. Je souris et lui répond avant de me replonger dans ma lecture.

Je suis concentrée sur l’étude d’une offre, lorsque Lise passe la tête par la porte, un peu gênée, pour m’avertir que le grand patron veut me voir dans son bureau. Je me demande quel peut être le motif de cet entretien et je m’y rends non sans une pointe d’appréhension. Je frappe à la porte et il m’invite immédiatement à entrer. Il m’accueille chaleureusement, ce qui est déjà un bon présage et je me détends.

- Samantha, ravi de vous voir de retour parmi nous. Alors ces vacances ?

- C’était parfait. Je vous avoue que j’ai eu un peu de mal à rentrer.

- Je vous comprends. Bon, ne tournons pas autour du pot, je vous ais convoqué pour vous parler d’un nouveau projet.

- D’accord, je vous écoute.

- Voilà, après de nombreuses études financières, publicitaires et autres, j’ai pris la décision d’ouvrir une succursale à l’étranger.

- Oh ! Magnifique, je m’exclame ravie.

- Je sais que je vois grand, mais je veux conquérir les Etats-Unis, il me dit avec les yeux pétillants. Et je veux que vous nous représentiez en devenant la directrice de notre nouvelle agence Américaine.

Je reste abasourdie par cette nouvelle. Je n’en reviens pas. Ça ne fait qu’un an et demi que je suis à mon poste actuel et il veut me nommer directrice d’agence, carrément. C’est une consécration à laquelle je ne m’attendais absolument pas et dont je n’aurais jamais osé rêver.

- Où va se situer cette succursale, j’arrive enfin à demander.

- A New-York bien sûr.

Ma bouche s’ouvre encore un peu plus d’étonnement. Alors là, ce n’est pas possible, je dois rêver. Non seulement j’obtiens un poste inespéré, mais en plus il me permet de pouvoir m’installer près de Stan à New-York. J’ai envie de sauter et de crier de joie. Si je ne me retenais pas j’embrasserais mon patron.

- Quand… Quand est-ce que je dois prendre mes fonctions ? Je demande, cachant péniblement mon excitation.

- Si je comprends bien vous accepter ?

- Oui, cent fois oui monsieur.

- Parfait. Alors vous devez être là-bas dans deux mois, ça vous laisse le temps de vous organiser. Je vous ai déjà obtenu un permis de travail d’un an et vous bénéficierez d’un logement de fonction. Plusieurs de nos collaborateurs, dans les différentes agences Françaises que nous possédons, vous rejoindrons et votre premier travail sera de recruter sur place, les membres qui complèteront votre équipe. Si vous avez des questions, je suis à votre disposition, n’hésitez pas.

- Merci monsieur. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis ravie de l’opportunité que vous m’offrez. C’est… c’est absolument fantastique.

- Ça fait plaisir de vous voir aussi enthousiaste Samantha. J’ai confiance en vous et je sais que vous allez faire un travail formidable. J’avoue que je suis un peu triste de vous voir partir, mais je viendrais deux fois par an faire un point et voir comment se porte le marché.

Il me fournit un dossier complet que je dois étudier, ainsi que la liste de mes futurs collaborateurs. J’en ai déjà rencontré certains et les autres je ne les connais que de noms. Ils sont tous dans des agences du Sud de la France. Je vais organiser une réunion et les faire venir ici, au siège. Ainsi nous nous verrons et commencerons à travailler ensemble avant de nous retrouver à New-York. J’ai l’impression de vivre un rêve. Ce matin encore, je me torturais l’esprit pour trouver une solution afin que Stan et moi arrivions à nous voir le plus souvent possible et sans le savoir, mon patron vient de régler tous mes problèmes. J’ai hâte que cette réunion se termine pour annoncer la nouvelle à l’homme de ma vie.

Mon supérieur ne me lâche qu’à l’heure du déjeuner. Je regagne mon bureau, y dépose les documents que j’ai en main et au moment où je décroche mon téléphone pour appeler Stan, mon assistante passe la tête par la porte pour m’inviter à déjeuner. Nous avons peu de temps pour manger lorsqu’il s’agit d’aller en extérieur alors c’est à contre-cœur que je repose le combiné du téléphone et remet mon appel à plus tard.

Lors de ce repas, j’apprends que mon assistante va me suivre aux Etats-Unis. Elle ne m’avait rien dit avant car notre patron voulait m’annoncer la nouvelle lui-même. Nous sommes toutes les deux très excitées à la perspective de ce déménagement. Elle s’inquiète tout de même de se retrouver dans une si grande ville inconnue, mais je la rassure en lui disant que je la guiderais et qu’elle se fera très vite à cette vie trépidante.

De retour au bureau, je demande à Lise d’organiser la fameuse réunion avec nos nouveaux futurs collaborateurs pour dans trois semaines. Voilà, enfin je peux prendre quelques minutes pour téléphoner à Stan. Je suis surexcitée et j’espère que cette nouvelle va lui plaire. Ça sonne, mais il ne décroche pas et je suis envoyée sur sa messagerie. Je suis déçue. Je ne laisse pas de message, je veux lui annoncer la nouvelle de vive voix. J’allais lui envoyer un texto lorsque j’en reçois un de sa part me disant qu’il est en réunion et qu’il me rappel plus tard.

Je me plonge tant bien que mal dans mes dossiers. J’ai des urgences à gérer, les tâches quotidiennes à effectuer et en même temps je dois commencer à préparer notre installation dans la nouvelle agence. Lise me rassure, tous nos collaborateurs ont un passeport valide et l’entreprise leur a obtenu un visa de travail d’un an, comme pour moi. Nous établissons une liste des choses à faire, tant au niveau professionnel que privé. Je veux que tout soit organisé, envisagé, préparé dans les moindres détails afin d’éviter un stress supplémentaire le jour du départ. Au moins je ne vois pas l’après-midi passer.

C’est en sortant du bureau à presque vingt heure, que je me rends compte que Stan ne m’a pas encore rappelé. Il doit sûrement être très pris par son travail. Dès que j’arrive à la maison, j’annonce la grande nouvelle à mes enfants qui sautent de joie. J’appelle mes parents, qui viennent à peine de rentrer et eux aussi sont très heureux pour nous. J’éprouve tout de même des regrets à l’idée de les quitter alors qu’ils ont une santé précaire, mais ils me rassurent en me disant que l’air marin ainsi que les soins auxquels ils ont droit, leurs font énormément de bien. Ils m’encouragent à partir en argumentant que si leur santé se détériore de toute façon je ne serais moi-même plus capable de m’occuper d’eux et qu’ils devront faire appel à des aides de vie. Ils m’incitent fortement à accepter ce poste et à partir vivre mon rêve tant que je peux le faire. Ils ont raison, je le sais même si j’ai du mal à l’accepter. Nous prévoyons de nous voir tous les week-ends jusqu’à mon départ pour profiter un maximum les uns des autres.

Mes enfants et moi, passons la soirée à prévoir notre déménagement. Axel décide de rester ici. Il envisage de s’installer avec sa copine Tina, avec qui il est depuis deux ans, dès la fin de ses études cet été. En attendant il continuera à vivre entre chez son père et chez Tina. Mégane est partagée. Elle veut me suivre, mais en même temps ça l’embête de ne plus pouvoir voir son père aussi souvent. Je ne veux pas influencer son choix, elle est assez grande pour prendre cette décision toute seule. Je lui dis qu’elle peut venir vivre avec moi et qu’elle ira voir son père à chaque vacances si elle le souhaite, ou tout l’été, enfin quand elle le voudra. Ou inversement, elle peut rester vivre avec son père et venir me voir dès qu’elle en aura l’opportunité. Même si le billet est cher, je ferais ce sacrifice pour qu’elle puisse garder le contact avec lui. Pareil pour Axel, je lui affirme qu’il pourra faire le voyage quand il voudra. Je ne sais pas encore comment se composera mon logement de fonction ou si je vais habiter avec Stan, mais je trouverais toujours un moyen pour accueillir mes enfants dans les meilleures conditions.

Nous montons nous coucher à plus de vingt-trois heure. Je suis encore trop excitée pour arriver à trouver le sommeil, alors je décide de m’installer dans mon lit et de continuer à lister tout ce que j’ai à faire avant mon départ, je propose la maison sur des sites de location et je recherche des écoles pour Mégane. Il est une heure du matin lorsque je me décide enfin à dormir. Toujours aucune nouvelle de Stan. Je lui envoie tout de même un texto pour lui souhaiter une bonne nuit et j’éteins, le cœur un peu lourd de ne pas avoir pu lui parler.

A mon réveil ce matin, je découvre avec plaisir que Stan a répondu à mon message d’hier soir. Il s’excuse de ne pas m’avoir rappelé, mais en rentrant Giulia lui a dit que Maia était malade. Il a dû l’emmener chez le médecin, courir à la pharmacie et ensuite prendre soin d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme enfin et qu’il était alors trop tard pour me téléphoner. Je lui réponds que je comprends, que sa fille passe avant tout et que ça n’est pas grave on s’appellera lorsqu’il sera plus disponible. Je lui dis que je l’aime et combien il me manque. Je sais que je n’aurais pas une réponse avant quelques heures, il doit dormir, enfin si Maia lui en a laissé le temps. La pauvre choupette, ça me fait mal au cœur de savoir qu’elle n’est pas en forme.

J’ai retrouvé ma motivation et mon énergie habituelle. Je ne suis pas beaucoup dans mon bureau ce matin, j’ai plusieurs rendez-vous et je me déplace dans les autres services pour régler quelques problèmes. Au moment du déjeuner, je n’avale qu’une salade à la cafétéria et me replonge immédiatement dans mon ordinateur. Lise vient de sortir de mon bureau lorsque mon téléphone portable se met à sonner. C’est Stan. Mon cœur bat la chamade lorsque je découvre son nom sur l’écran.

- Salut, je l’accueille.

- Hello my Love, il me répond.

- Ohlaaaa ! Tu as l’air épuisé, je constate au son de sa voix.

- Epuisé est un faible mot. Je n’ai quasiment pas dormi de la nuit. Maia a une otite et n’a fait que pleurer.

- La pauvre. Je suis désolée pour elle.

- Bon et toi comment vas-tu ?

- Très très bien. J’ai appris une nouvelle extraordinaire hier matin.

- Ah ?

- Mon patron m’a nommé directrice d’agence.

- Félicitations, il s’exclame avec enthousiasme. Je suis heureux pour toi.

- Par contre il y a un petit souci, je dis pour faire durer le suspens.

- Lequel ?

- La nouvelle agence sera basée à l’étranger.

- Oh ! Il répond avec une note de déception dans la voix. Dans quel pays ?

- A plusieurs milliers de kilomètres de la France malheureusement, je continue ravie de la petite pression que je lui mets.

- D’accord. Je suppose que ça sera presque impossible alors pour nous, de nous voir.

- Ça dépend, si tu trouves que New-York est trop loin…

- Nooooon ? Tu viens vivre à New-York ? Il s’écrit, surpris.

- C’est ce qu’il y a de marqué sur mon visa en tout cas.

- Fuck ! Mais c’est trop génial, il explose de joie. Tu ne pouvais pas me le dire plus tôt au lieu de me torturer comme ça ?

- Non, c’était trop marrant, je dis en éclatant de rire.

- Tu arrives quand ?

- Fin Mars.

- Ah shit ! Je dois partir en repérage de sites pour le tournage de mon film à cette période-là. Je ne serais même pas là pour t’accueillir.

- On se verra à ton retour, ça viendra toujours plus vite qu’à l’automne comme prévu initialement.

- Je laisserais une clé de mon appartement pour toi, chez ma mère. Comme ça tu n’as pas à te soucier de trouver où habiter.

- Je ne vais pas t’envahir comme ça alors que tu ne seras même pas là. Ne t’en fais pas j’aurais un logement de fonction le temps de trouver un appartement pour Mégane et moi.

- Ok, bon on en reparlera lorsque tu seras ici. J’ai tellement hâte.

- Moi aussi.

On discute encore pendant un petit moment avant qu’il ne soit obligé de raccrocher car Maia s’est remise à pleurer. Cet appel m’a fait un bien fou et je sens que la séparation va être moins douloureuse puisque je sais que nous allons nous revoir plus vite que prévu.

************

Les semaines suivantes j’ai une tonne de choses à faire. Les visites s’enchainent pour ma maison et je finis par trouver les locataires idéaux. Je suis rassurée de ce côté-là. J’ai mis toutes mes affaires que je n’emmène pas, en garde-meuble et en attendant je vis à l’hôtel. Avec Mégane, on a convenu qu’elle finissait son année scolaire ici et habiterait chez son père puis elle me rejoindra au mois d’Août. Ça nous laisse plus de temps pour lui obtenir son visa.

Côté professionnel, on finit de boucler les derniers dossiers et de régler les détails juste avant le grand départ. Mes nouveaux collaborateurs sont venus passer deux jours au siège. Nous avons fait connaissance les uns avec les autres avant que je ne leur attribue leurs nouvelles fonctions et responsabilités. J’ai répondu à leurs questions et ai rassurés les plus anxieux. C’est une aventure formidable que nous allons vivre tous ensemble.

Avec Stan on s’est appelé le plus souvent possible et nous sommes échangés des textos tous les jours. Il a essayé de décaler son planning pour être là à mon arrivée, mais il n’a pas pu. Il est extrêmement déçu. Moi aussi, mais je comprends qu’il ait des impératifs professionnels. Il ne peut pas tout laissé tomber pour moi, c’est normal. Je me réconforte un peu en me disant que je verrais Giulia. Certes ce n’est pas pareil, mais ça fait toujours du bien de retrouver une amie dans un lieu qui finalement m’est presque étranger.

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