CHAPITRE 38 : Ah! L'argent...

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SAMANTHA

Ça fait deux mois que je suis installée à New-York. Le personnel de l’agence est au complet et nos débuts sont très prometteurs. Nous avons déjà explosé les objectifs. Je travaille beaucoup et souvent tard le soir car je veux réussir. Je veux être la meilleure, je veux que cette agence se développe et que nous en ouvrions d’autres dans tout le pays. J’ai attrapé le même virus que mon patron, je veux conquérir l’Amérique et le cœur des Américains.

J’en ai déjà assurément conquis un, celui de Stan. Lui aussi travaille énormément en ce moment et nous ne nous voyons que le week-end. Il passe régulièrement à l’agence, à l’improviste entre deux rendez-vous, juste pour que l’on partage un café, un déjeuner ou tout simplement pour m’embrasser. Pour le moment, je garde mon logement de fonction. Comme nous avons des emplois du temps compliqués actuellement, nous ne voulons pas y ajouter en plus la pression de mon emménagement chez lui. On veut faire ça à une période plus calme, que l’on puisse pleinement en profiter et prendre notre temps. J’avoue que ces petits rendez-vous mettent un peu de piquant dans notre relation et c’est très excitant.

Les jours où il a Maia, j’évite d’aller dormir chez Stan, même si lui ça ne le dérangerait pas. Je pense d’abord à la petite, qui ne comprendrait pas la raison de ma présence chez son papa. Elle m’a reconnu et s’est même jetée dans mes bras pour me faire un gros câlin la première fois que je l’ai revu et Stan lui a expliqué la raison de ma présence ici, mais pour le moment je ne veux pas compromettre l’équilibre de Maia et je préfère la laisser profiter seule de son père. On se voit pour déjeuner, aller au parc, jouer, mais j’évite d’embrasser Stan devant elle. Je veux d’abord créer un lien fort avec la petite fille pour qu’elle trouve naturel mon installation dans leur vie. Je ne veux pas qu’elle croit que je lui vole son père et pour le moment tout se passe très bien.

J’ai officiellement présenté Stan à tous mes collaborateurs, ainsi personne ne s’étonne de le voir aller et venir à sa guise dans l’agence. Au début, ils ont tous été surpris, impressionnés et terriblement excités, mais ils ont appris à le connaitre et désormais le considère comme n’importe quel autre homme.

En ce qui concerne mes enfants, nous nous envoyons des messages tous les jours et j’ai souvent Mégane au téléphone. Axel, c’est un garçon, il est moins proche de moi et plus indépendant. Et puis il a sa copine, ses études, ses amis, sa vie quoi. Mégane c’est différent. On est très proche toutes les deux et elle est à un âge où elle a besoin de se confier par rapport à ses coups de cœur, ses choix pour ses études, ses prises de bec avec son père ou son frère, etc… Elle doit passer son baccalauréat dans quelques jours aussi et ça l’angoisse énormément. J’essaye de la rassurer, de l’encourager, de la soutenir, mais je sais très bien que rien n’y fera tant que les examens ne seront pas passés.

En parlant d’examen, école, études, je viens de recevoir un mail d’une université dans laquelle j’ai pré-inscrit ma fille. Bon sang, je ne m’attendais pas à devoir débourser une telle somme pour les frais d’inscription. Comment je vais faire ?

************

STAN

Le tournage débute dans deux jours. Je n’ai pas réussi à convaincre Samantha de jouer son propre rôle dans mon film, je dois me contenter de l’actrice que j’ai choisi au casting. Je veux profiter d’elle avant mon départ alors ce midi, je l’emmène déjeuner dans un restaurant non loin de son travail. J’entre dans l’agence, salue tout le monde d’un signe de la main et me dirige directement vers son bureau. Je la trouve assise à son bureau, la tête entre les mains, en train de se tirer les cheveux en ruminant.

- Hello my Love, je dis gaiement.

- Bonjour, elle me répond d’un air las.

- Ça ne va pas ?

- Des petits soucis concernant l’inscription de Mégane à l’université. Ils me demandent trois mille cinq cent dollars de frais de dossier et je ne sais pas encore comment je vais faire pour payer une telle somme.

- Ton ex-mari ne veut pas en payer la moitié ?

- Oh si, il ne se défile pas, mais lui non plus n’a pas les moyens de payer sa part. Bon je verrais ça plus tard. On va déjeuner ?

Elle éteint son écran d’ordinateur, prends son sac à main et me rejoint. Elle m’embrasse puis nous quittons son bureau. Nous venons de sortir de l’agence et je relance le sujet des frais d’université de Mégane.

- La facture s’élève à combien déjà ? Je demande.

- Quelle facture ? Elle s’étonne.

- Pour les frais d’inscription de Mégane.

- Trois mille cinq cent dollars. Pourquoi ?

- Je te ferais un chèque ce soir, j’impose.

- Il en est hors de question. Ça n’est pas à toi de payer pour mes enfants, ni pour moi d’ailleurs. Je gagne ma vie Stan, je ne veux pas de ton argent, elle s’offusque. C’est à son père et moi de payer.

- Pourquoi tu refuses ? Je veux juste t’aider. Je gagne bien ma vie, très bien même, on est en couple toi et moi donc il me parait normal que je paye pour tes enfants.

- Non Stan, non, elle s’énerve. Je ne veux pas que l’on me reproche par la suite d’être avec toi pour ton argent et d’en profiter.

- Tu n’en profites pas puisque c’est moi qui te le donne. Tu ne m’as rien demandé, je commence à m’énerver moi aussi, et puis on n’en a rien à faire de ce que pense les gens, on sait tous le deux que c’est faux.

- Oui, c’est exactement ça : je ne t’ai rien demandé. Je vais économiser et l’année prochaine je pourrais inscrire ma fille dans la fac qui lui plait. Tant pis, ça retardera ses études, mais elle comprendra.

- Alors tu préfères sacrifier ta fille pour une question de fierté mal placée ? Je l’accuse.

- Je ne sacrifie pas ma fille, je retarde juste d’une année son entrée à la fac, elle proteste vigoureusement.

Je soupire. Je ne veux pas m’engueuler avec elle alors que je vais bientôt partir pour plusieurs semaines et surtout pas sur un sujet aussi délicat que l’argent. Je comprends son point de vue et c’est tout à son honneur de raisonner ainsi, mais je vois aussi que je peux leur offrir la sécurité financière.

Nous arrivons au restaurant et le serveur nous installe à une table. Samantha est tendue, je le vois à ses sourcils froncés et ses lèvres pincées. Je suis moi-même agacé. Le repas se déroule dans une ambiance oppressante. Je sais qu’elle rumine et se retient d’exploser pour ne pas faire de scandale en plein restaurant. Pour ma part, je préfère me taire pour le moment, pour ne pas mettre le feu aux poudres. Nous ne prenons pas de café car il est temps pour elle de rentrer à l’agence. Une fois sur le trottoir, je passe mon bras autour de ses épaules et dépose un baiser dans ses cheveux. Elle me regarde en coin, mais ne décolère pas pour autant.

- Et si on se mariait ? Je propose. Ça règlerait tout tes problèmes. Mon argent serait aussi le tien, tu pourrais emménager chez moi et en plus tu n’aurais pas à faire renouveler ton visa, puisque tu deviendrais automatiquement citoyenne Américaine.

Elle retire vivement mon bras de ses épaules, me fait face et laisse éclater sa colère.

- Alors c’est ça pour toi le mariage ? Juste un moyen d’obtenir ce que tu veux ? Je suis désolée mais pour moi ça a une autre signification. Le mariage c’est un engagement que l’on prend parce que l’on aime l’autre du plus profond de son cœur et que l’on veut passer le restant de ses jours à ses côtés, elle argumente les larmes aux yeux. Ta proposition est peut-être juste un élan de générosité de ta part, mais vu les conditions, si j’accepte j’aurais juste l’impression d’être une pute de luxe, elle me crache au visage.

Elle part rageusement, me laissant complètement abasourdi sur place. Comment peut-elle penser ça de moi ? Je ne l’ai jamais traité comme tel. Tout ce que je lui ai offert, je l’ai fait de bon cœur, parce que je l’aime et que je veux lui faire plaisir. Je n’ai jamais monnayé mes cadeaux contre du sexe. Si c’est comme ça qu’elle le voit alors pourquoi est-elle restée avec moi ? Pourquoi ne me l’a-t-elle pas dit avant ? Je voulais juste l’aider à payer les frais de scolarité de Mégane. Je ne lui ai pas acheté une maison ou une voiture, ce n’est que trois mille cinq cent dollars, shit !

Comment je vais pouvoir rattraper le coup maintenant ? Bon je vais la laisser se calmer et pendant ce temps je vais réfléchir à un moyen de lui prouver que je suis sincère. Bon sang, qu’est-ce que les femmes sont compliquées. Pourtant je suis raide dingue d’elle.

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SAMANTHA

Je m’arrête quelques mètres avant d’arriver à l’agence pour essuyer les larmes qui coulent sur mes joues. Je regrette déjà mes dernières paroles, j’y suis allée un peu fort, mais par contre je le pensais vraiment lorsque je disais que je ne voulais pas de son argent. Je vais trouver une solution pour Mégane, enfin son père et moi allons trouver une solution.

Je retourne travailler, mais toute cette histoire et ma dispute avec Stan occupent mon esprit et m’empêche de me concentrer. Il doit commencer le tournage dans un peu moins de deux jours et je ne veux pas que ce désaccord ne soit pas réglé avant son départ. Je ne veux pas qu’il parte alors que nous sommes fâchés.

Je décide de lui envoyer un message pour m’excuser :

« Mon amour,

Je suis désolée pour les mots très durs que j’ai eus envers toi. Je ne les pensais pas. J’ai agi sous le coup de la colère et ma fierté a encore pris le dessus. Je ne veux pas que tu partes sur une dispute. Je veux que tu ais l’esprit libre et serein pour travailler. Est-ce que l’on peut se voir ce soir pour en reparler ?

Pardon. Je t’aime.

Sam »

************

STAN

Je viens de recevoir un texto de Samantha. Elle s’excuse et veut que l’on se voit ce soir, mais je ne suis pas prêt. J’ai encore ses paroles en travers de la gorge et il me faut un peu de temps pour les avaler. Je lui réponds :

« My Love,

On ne peut pas se voir, j’ai Maia et je veux profiter d’elle avant mon départ.

Je t’enverrais un message une fois que je serais arrivé à Los Angeles.

Je t’aime.

Stan »

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