CHAPITRE 39 : Introspection

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STAN

Je suis dans la salle d’attente près de la porte d’embarquement à l’aéroport de New-York. Mon avion décolle dans une vingtaine de minutes. Une partie de mon équipe m’accompagne, les autres arriveront par des avions différents. Voilà, c’est notre tour. Je suis le dernier à présenter mon billet à l’hôtesse. Je suis sur le point de m’engager dans le tunnel qui conduit à l’avion, lorsque j’entends crier mon nom. Je me retourne et voit Samantha se frayer un passage à travers la foule pour me rejoindre.

- Stan ! Attends ! Elle cri de nouveau.

Je fais quelques pas en arrière et patiente stoïquement qu’elle arrive à ma hauteur. Elle est essoufflée et doit prendre quelques secondes pour récupérer sa respiration.

- J’ai cru que j’allais te manquer, elle dit encore haletante.

- Qu’est-ce que tu fais ici ? Je dois embarquer, je dis étonné.

- Je tenais absolument à te parler avant que tu ne partes. Je ne voulais pas qu’on reste sur une dispute.

- Ok, mais alors deux minutes, je dois y aller l’avion ne va pas m’attendre.

- Bon, très bien. Chéri, je suis vraiment vraiment désolée pour ce que je t’ai dit en sortant du restaurant. Je ne le pensais pas. Ça ne veut pas dire pour autant que j’accepte ton offre, mais je n’aurais jamais dû te parler comme je l’ai fait. Je m’en veux énormément et j’aimerais que tu me pardonnes.

Je baisse les yeux et soupire avant de la regarder à nouveau. Son visage exprime toute sa tristesse et ses remords. Je vois bien qu’elle est mal, mais elle m’a vraiment blessé.

- Ecoute, pour le moment j’ai besoin de prendre un peu de recul. Tu m’as dit des mots très durs que je ne méritais pas et ça, j’ai beaucoup de mal à l’avaler. Je t’aime, mais il faut que l’on réfléchisse tous les deux à notre avenir ensemble, s’il y en a un.

- Je comprends, elle répond les yeux pleins de larmes.

Je pose ma main contre sa joue et essuie les traces de ses pleurs avec mon pouce.

- Je ne veux pas te priver de ta liberté pour t’enfermer dans une cage dorée, je veux juste t’apporter la sécurité à laquelle tous les couples aspirent.

- Monsieur, il faut y aller maintenant, m’interpelle l’hôtesse de l’air.

- Regarde au fond de toi et fais un point sur tes attentes, tes envies et sur ce que tu attends de notre relation et lorsque tu réaliseras que je ne veux que ton bonheur, alors on pourra continuer sur le même chemin.

Elle hoche la tête positivement et renifle.

- Je t’aime de tout mon cœur Stan. Je n’ai aucun doute là-dessus.

- Monsieur…, m’interpelle de nouveau l’hôtesse.

- Je t’envoie un message dès que je suis à Los Angeles.

Je dépose un rapide baiser sur ses lèvres et monte dans l’avion. Ça m’a brisé le cœur de la voir pleurer et j’ai dû me faire violence pour ne pas la prendre dans mes bras. Si je lui accorde mon pardon, maintenant, les disputes recommenceront car elle n’aura pas fait face à ses démons. Elle a besoin de vaincre sa peur de s’engager à nouveau et de dépendre de moi autant que je dépendrais d’elle. Pour ma part, je suis prêt et je suis sûre de mes sentiments comme je ne l’ai jamais été auparavant. Je ne lui refuse pas mon amour car je ne veux pas la perdre, mais maintenant la balle est dans son camp. A elle de choisir ce qu’elle veut pour nous.

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SAMANTHA

Stan n’a pas tort, j’ai vraiment été injuste avec lui. Il fait tout pour me rendre heureuse, il a fait énormément d’efforts pour redevenir un homme respectable et moi j’ai tout gâché avec juste une phrase. Oh, je ne lui en veux pas de vouloir faire une pause, je l’ai bien cherché. Je ne cesse de lui en demander plus, je joue au yoyo avec nos sentiments : un coup je réclame sa présence, puis le lendemain je le repousse. Il a totalement raison, je dois être honnête avec moi-même et savoir ce que je veux une fois pour toute.

Je commence à comprendre qu’il n’est pas comme mon ex-mari, qui voulait contrôler ma vie, qui surveillait le moindre de mes faits et gestes, qui contrôlait mes dépenses au centime près et qui était le seul à avoir le dernier mot concernant les grandes décisions à prendre pour notre famille.

Ça fait plusieurs années maintenant, que je suis totalement indépendante et ça m’a réussi. Je suis directrice générale d’une agence de voyage, qui plus est à l’étranger. Je gère une équipe de quinze personnes et les premiers retours sont plus que positifs. J’ai ordonné et organisé notre déménagement à New-York, d’une main de maître. Mon compte bancaire n’ait jamais dans le rouge, même s’il le frôle parfois. Mes enfants sont équilibrés et font des études qui leur plaise. J’ai une vie sociale. Je me suis fait de nouveau amis ici et je sors quand je veux et où je veux.

Stan ne m’a jamais empêché de faire tout ça. Au contraire, il m’a soutenu, encouragé, félicité et moi je l’abreuve de reproches infondés, juste parce que j’ai peur. Je n’ai pas peur de l’aimer, je n’ai pas peur de ce qu’engendre son statut de star internationale, j’ai peur de moi. J’ai peur de redevenir la femme soumise et totalement dévouée à l’homme qu’elle aime. J’ai peur de me perdre dans notre relation. Je crois que j’ai besoin d’en parler à quelqu’un. J’ai besoin d’aide car je ne veux pas le perdre. Je l’aime beaucoup trop.

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STAN

Ça fait maintenant un mois que je suis à Los Angeles pour le tournage de mon film. Tout se déroule à merveille. Le doute que j’avais concernant l’actrice jouant le rôle de Samantha, s’est totalement envolé après quelques scènes jouées ensemble. Je ne regrette plus mon choix, elle est exceptionnelle. Elle a très bien analysé le caractère de l’héroïne et sait parfaitement bien faire ressortir ses émotions. Ça va être fantastique à l’écran.

De mon côté, ce film est une thérapie pour moi. Il me permet de voir ma relation avec Samantha, sous un autre angle et a mis à jour des problématiques dont je n’avais pas conscience. On est très différents elle et moi. On ne vient ni du même milieu, ni du même pays. Je suis constamment dans la lumière alors qu’elle évolue dans l’ombre. Je suis toujours le centre d’attention alors qu’elle se fait discrète. Je n’ai jamais à me soucier de savoir si je vais pouvoir finir le mois, alors qu’elle doit faire attention à la moindre de ses dépenses. Elle s’inquiète pour l’avenir de ses enfants, alors que j’ai déjà fait en sorte que Maia soit à l’abris de tout.

Mais nous avons également tellement en commun. On ferait tout pour notre famille, nos enfants, nos parents. On a vécu des histoires sentimentales compliquées, douloureuses et qui nous ont laissé des cicatrices indélébiles, parce que l’on se donne toujours à cent pour cent. On tient à notre indépendance et à notre liberté. On est travailleur, ne comptant pas nos heures tout en jonglant avec nos vies de famille. On aime la vie, les gens et on veut leur apporter du bonheur et du rêve. C’est ce que nous faisons, chacun à notre façon grâce à nos métiers. Et puis on a le même petit grain de folie, les mêmes passions et la même vision de la vie.

J’ai compris désormais les erreurs que j’ai pu faire avec elle et pourquoi elle a si peur de s’engager avec moi. J’ai pris ma décision, j’en suis certain maintenant et rien ne me fera changer d’avis. Je n’ai plus de doute. Je l’aime de toute mon âme et je veux passer le restant de ma vie à ses côtés.

Durant ce mois de pause, nous n’avons pas totalement coupé le contact. Il est impossible pour nous de rester longtemps sans se donner des nouvelles. On échange des banalités pas textos seulement, mais ça nous permet de garder un lien. On se dit tous les soirs que l’on s’aime et je sais, je sens qu’elle est aussi sincère que moi. Je suis fier et heureux, car même si en ce moment un désaccord nous oppose, ces derniers mois notre relation a progressé et s’est consolidée. On va surmonter cette crise et on en ressortira encore plus fort et plus soudé. J’en suis persuadé.

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On termine la dernière scène de ces deux jours de tournage avec les Maroon 5. J’ai cru que nous n’y arriverions jamais. Ils ont été extrêmement dissipés et ont déclenchés de multiples fou-rires dont on a eu du mal à se remettre. J’avoue ne pas avoir été le dernier à déconner, ce qui n’aide pas à reprendre son sérieux. Nous avons tant bien que mal, filmé ce que je voulais et pour fêter l’arrivée du week-end, je les invite à diner dans ma villa, tout prêt d’ici.

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