CHAPITRE 40 : Sur le tournage

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STAN

J’ouvre la porte de mon logement, tout en continuant à déconner avec mes potes. Je suis surpris par une bonne odeur de cuisine flottant dans l’air et les lumières sont allumées. Ma mère devait s’ennuyer à New-York et a dû décider de venir faire un tour à Los Angeles. Et bien non. Je ne me serais jamais attendu à une telle surprise.

- Sam ?

- Bonjour les gars, elle nous accueille avec un grand sourire.

Mes compagnons s’empressent d’aller l’embrasser, ravis de la revoir. Adam la complimente, la trouvant radieuse et c’est vrai qu’elle l’est.

- Qu’est-ce que tu fais là ? Je demande n’en croyant pas mes yeux.

- Giulia a accepté de me donner un double de tes clés. J’ai des choses à te dire et je ne pouvais pas attendre ton retour.

- Tu es enceinte ? Je demande en contenant ma joie.

- Non, elle répond catégorique.

Suite à cette réponse, les gars font une drôle de tête et s’éloignent avec prudence.

- Bon, les mecs je crois que l’on devrait y aller, dit Adam gêné.

- Ok, je ne peux que répondre taraudé par l’inquiétude.

Ils m’adressent des gestes de sympathie et d’encouragement avant de nous laisser seul. Je suis nerveux et mille questions me viennent en tête. Je présume tout de même qu’elle va m’annoncer une bonne nouvelle sinon elle ne serait pas dans ma cuisine à préparer un bon petit plat. Je dépose mes affaires dans le salon et remarque qu’elle a dressé une jolie table et allumé des bougies. Je pense définitivement que c’est un bon présage, mais je reste tout de même sur la réserve.

Elle me rejoint avec deux verres de blanc dans les mains. J’accepte celui qu’elle me tend et nous nous asseyons sur le canapé. Elle a un sourire charmeur et son regard reflète toute sa détermination. Je ne détecte aucune peur, aucun stress, aucune angoisse de sa part. Elle est sereine et posée.

- Tu es arrivée quand ? J’engage la conversation.

- Dans l’après-midi. Je voulais absolument te faire une surprise. Oh d’ailleurs, j’ai quelque chose pour toi, elle me dit en se levant pour aller chercher un petit paquet dans son sac.

Elle me le tend et cette fois son sourire est un peu crispé.

- J’espère que ça va te plaire.

Je pose mon verre sur la table basse et déballe mon cadeau qui contient un petit écrin en velours rouge de chez Cartier. Elle a dû dépenser une fortune dans cette bijouterie, donc j’imagine que c’est très important pour elle.

- Sam, tu n’aurais pas dû faire cette folie. Tu aurais dû garder ton argent pour Mégane.

- Je t’assure que ça n’en ait pas une, elle me répond sérieusement. Tout s’est arrangé de ce côté-là.

J’ouvre l’écrin et y découvre un anneau en or blanc. Je constate que ma compagne se tord nerveusement les doigts et semble retenir sa respiration.

- Regarde l’inscription, elle continue.

Je prends la bague entre mes doigts et la tourne dans tous les sens pour arriver à lire ce qui est gravé à l’intérieur : « A Stan pour l’éternité » suivie de deux cœurs entrelacés et c’est signé « Sam ». Mon cerveau n’intègre pas tout de suite ce que cela signifie et je dois relire cette petite phrase plusieurs fois pour comprendre et réaliser. Samantha n’en peut plus d’attendre ma réaction.

- Est-ce que ça veut dire ce que je crois ? Je demande la gorge nouée.

- Si tu penses à une demande en mariage, oui, c’est bien ce que tu crois, elle confirme.

- Tu es sûre ?

- Je n’ai plus aucun doute. Je sais que j’ai été très dure avec toi et que je t’en demandais toujours plus alors que tu faisais déjà énormément d’efforts. J’ai bien compris que tu ne veux que mon bonheur et me faciliter la vie. Grâce à l’aide d’une psychologue, j’ai réussi à définir quelles étaient mes peurs et à travailler pour les vaincre. J’ai encore quelques rendez-vous de prévue avec elle, mais je suis en très bonne voie de guérison.

- Je suis très fier de toi my Love.

- Je te demande seulement d’accepter que je garde mon emploi et que j’assume les frais concernant Mégane. Je ne veux pas que son père croit qu’il n’a plus rien à débourser parce que je suis avec toi et que tu as de l’argent. Il n’en ait pas question, il doit continuer à jouer son rôle sur toute la ligne et je ne veux pas me faire entretenir.

- Mais bien sûr. Il n’a jamais été question que tu quittes ton emploi, je confirme en lui prenant la main. J’ai moi aussi une condition : que je prenne en charge la totalité des dépenses de notre foyer. Ton salaire servira pour tes enfants et pour tes frais personnels, le reste je m’en occupe.

- Hum, ça me convient.

- Parfait.

- Alors quel est ta réponse ? Elle demande impatiente.

- Quelle est ta question ? Je la taquine sachant très bien où elle veut en venir.

- Est-ce que tu veux bien me redemander en mariage ? Elle m’interroge en me passant l’anneau à l’annulaire droit.

J’éclate de rire face à cette demande incongrue et inattendue.

- Je n’ai pas de bague pour faire ma demande. Tu vas devoir patienter un peu alors.

- Aucun problème. Surprends-moi, elle me défi.

- Oh my Love, comme je t’aime, j’avoue en approchant mon visage du sien.

- Je t’aime aussi, elle murmure tout contre mes lèvres.

Samantha m’annonce que si ma proposition qu’elle soit ma consultante sur le tournage, tient toujours, qu’elle peut rester tout le mois de Juillet ici. Elle a ses congés à prendre et elle aimerait beaucoup les passer à me regarder travailler et à m’assister. J’accepte avec le plus grand plaisir. La voir s’intéresser à mon métier et s’investir à mes côtés, me donne une pêche d’enfer.

Nous passons le week-end à arpenter les rues de Los Angeles, main dans la main. Nous nous baignons à Venice Beach, mangeons une glace tout en sillonnant le Walk of Fame et flânons dans Beverly Hills. Il y a tant de choses à faire et à voir ici, que nous n’aurons pas assez de temps pour tout apprécier. Qu’importe, nous reviendrons indubitablement puisque je possède une villa ici.

Le soir nous préparons le diner ensemble, regardons un film, nous blottissons l’un contre l’autre sous les draps et nous endormons épuisés, mais heureux.

************

SAMANTHA

Los Angeles. Je suis dans la ville des anges, la ville du cinéma et des stars. Je n’en reviens pas de me retrouver ici. Ce pays est vraiment fantastique. Stan s’amuse beaucoup à jouer les guides touristiques et rit de mon émerveillement et de mon enthousiasme. J’ai l’impression d’avoir à nouveau quinze ans.

La villa de Stan est tout aussi incroyable, avec ses quatre-cent-cinquante mètres carré de surface habitable, neufs chambres et autant de salles de bain, une cuisine, deux salons, une salle à manger, une salle de visionnage plus grande que celle de son appartement New-Yorkais, un spa, une salle de sport et une salle de jeux pour Maia. C’est tellement vaste, que je n’ose pas m’aventurer partout au début, de peur de me perdre dans ce labyrinthe. Je vais avoir le temps de m’y faire en un mois. Pour le moment tant que je sais où se trouvent la cuisine, la salle de bain et la chambre, ça me convient parfaitement.

A l’extérieur je découvre une piscine, un terrain de tennis, une cuisine d’été et une magnifique terrasse en bois abritée par une pergola, le tout entouré d’un parc arboré de trois hectares. La chaleur Californienne est plus étouffante que chez moi, en France. Je vais apprécier de pouvoir me baigner en rentrant du plateau, le soir.

En parlant de tournage, c’est mon premier jour en tant que consultante. J’appréhende énormément la réaction des techniciens et des acteurs. Stan n’a pas eu le temps de les prévenir de ma présence. J’espère que tout se passera bien. Je suis très nerveuse et un instant je songe à ne pas l’accompagner. Comme toujours, il se montre rassurant et réussi à me convaincre que c’est une opportunité que je ne dois pas laissée passer.

Il avait une nouvelle fois raison. Toute l’équipe m’accueille chaleureusement. Je n’en reviens pas du nombre de personne présente dans le studio : maquilleuses, coiffeuses, habilleuses, ingénieurs son, ingénieurs lumière, caméramans, preneurs de son, assistants, acteurs, figurants, scénaristes, régisseur, décorateurs, accessoiristes, etc… ça en fait des têtes et des prénoms à se souvenir. Je suis étourdie et perdue. Je ne me sens pas à ma place parmi eux. Si ça n’était pas pour Stan, je ferais demi-tour en courant.

La journée de tournage débute. Je suis installée sur un fauteuil près d’un caméraman. J’avoue être piquée par une pointe de jalousie en découvrant l’exquise actrice qui donne la réplique à mon homme. Les voir s’enlacer et s’embrasser, même si ça n’est que du cinéma, me met de mauvaise humeur. C’est comme ça, je n’y peux rien. Stan le remarque immédiatement, s’en amuse au début, puis me rassure et veut m’embrasser. Je le repousse gentiment et sur le ton de la plaisanterie, lui demande d’aller se rincer la bouche car il est hors de question que ses lèvres touchent les miennes après le baiser qu’il vient d’échanger avec sa partenaire à l’écran. Il rit, mais obtempère. C’est peut-être bête, mais j’éprouve du dégoût à l’idée que l’on s’embrasse alors que ses lèvres viennent de toucher celles d’une autre femme.

Malgré la jalousie que j’éprouve envers l’actrice qui joue mon rôle, je fais des efforts pour apprendre à la connaitre et mettre mon ressentiment de côté. Il s’avère qu’elle est très sympa, intelligente et pleine d’humour. Je ne dirais pas que l’on va devenir les meilleures amies du monde, mais au moins il règnera entre nous une entente cordiale.

Durant les pauses, j’échange avec les autres acteurs et les techniciens et m’intègre très vite dans l’équipe. Ils sont comme les membres d’une grande famille. Je découvre ce qui se passe derrière la caméra et je n’aurais jamais imaginé tout le travail que le tournage d’un film, demande. Une scène n’est jamais bonne du premier coup. Il faut plusieurs prises avant que Stan ne soit satisfait et déclare qu’ils peuvent passer à la suivante.

Finalement, il n’a absolument pas besoin de mes conseils et de mes remarques, c’était juste un prétexte pour me faire venir et que je passe du temps avec lui. Il aurait pu tout simplement me dire qu’il voulait que je sois là et que je vois comment il travaille, mais je pense que ça l’amusait de me mettre un peu la pression avec ce rôle de consultante.

Je découvre une autre des facettes de Stan. Celle du metteur en scène, travailleur, exigeant, pointilleux, méticuleux et perfectionniste. Même s’il a des moments de fous rire, de déconnades et qu’il aime faire des farces à ses collaborateurs, lorsqu’il a une idée bien précise en tête, il ne lâchera rien et recommencera jusqu’à parvenir au résultat qu’il attend. Il me surprend, à piquer une colère noire parce qu’un des acteurs veut modifier une phrase de son texte et que pour lui il en est hors de question. Comme son interlocuteur insiste, ils finissent par s’échauffer et Stan entre dans une fureur, n’acceptant pas que l’on remette en cause sa vision. Lorsqu’il a décidé quelque chose, il met tout en œuvre pour l’obtenir et ça, je ne le sais que trop bien.

Hormis ce petit incident, tout se passe plutôt bien sur le plateau, en extérieur et à la maison. On cuisine tous les soirs ensemble et même si Stan est très fatigué, il insiste pour préparer le repas à quatre mains. C’est notre moment complice de la journée où l’on échange nos points de vue, nos ressentis et nos idées. Je fais tout ce que je peux pour lui faciliter la vie aussi bien ici que durant ses heures de travail. Je fais la vaisselle pendant qu’il prend sa douche, je lui masse les épaules, la nuque et le dos pour l’aider à se détendre avant de dormir, je l’aide à revoir son texte pour le lendemain, je me lève plus tôt pour lui préparer un bon petit déjeuner, je l’oblige à faire des pauses régulièrement pour manger et boire et petit à petit je prends le rôle de médiatrice entre lui, les techniciens et les acteurs. Je n’aimerais pas être à leur place, il peut être absolument adorable et agréable, tout comme il peut être totalement imbuvable. Heureusement, cet état ne dure pas longtemps.

Les jours passent et ne se ressemblent pas. Chaque instant est une découverte pour moi et je m’amuse beaucoup. La seule scène à laquelle je ne peux pas assister, c’est celle où Stan et sa partenaire se retrouvent dans un lit. Je sais que ça n’est que de la comédie, mais il m’est vraiment impossible de les regarder. Alors je quitte le plateau et me balade sur le site. Il y a un autre film et une série en cours de tournage dans les bâtiments voisins. Grâce à mon pass, je peux entrer et observer leur façon de travailler. Je fais connaissance et discute avec quelques acteurs. J’ai vraiment l’impression d’être dans un autre monde, tellement tout ceci me paraît irréel.

Je ne vois pas le temps passer et réalise que ça fait plusieurs heures que je suis partie, lorsque je reçois un texto de Stan me demandant où je suis passée. Je lui réponds de ne pas s’inquiéter, que j’arrive et après avoir salué mes interlocuteurs je regagne le studio.

- Tu vas bien ? Me demande Stan préoccupé.

- Oui, bien sûr. J’étais en train de bavarder avec les acteurs du studio voisin et je n’ai pas vu le temps passer. Je suis désolée de t’avoir inquiété.

- J’ai juste eu peur que tu te sois perdue, mais je constate que tu te débrouilles très bien toute seule.

- Oui, comme tu peux le voir. Pas besoin de garde du corps, je me moque de lui.

- Oh, ça je le sais déjà. Tu m’as donné un petit aperçu de tes capacités de self défense et je ne suis pas prêt de l’oublier. Bon ! La journée est finie. On va rentrer et profiter du week-end car lundi matin on s’envole pour Paris, il me précise en me prenant dans ses bras.

- Paris ?

- Oui. On doit tourner une scène sur un bateau-mouche et dans quelques rues de la capitale Française. On devrait en avoir pour trois ou quatre jours maximums.

- Fantastique.

Bon, ça fait peut-être cliché, mais je trouve ça tellement romantique une balade en bateau-mouche sur la Seine. Ça ne m’étonne pas de Stan. Il est imprévisible, incroyablement sentimental et généreux, dans tous les domaines. Lorsqu’il aime quelqu’un, c’est de toute son âme et il se damnerait pour son bonheur.

- Au fait, pourquoi as-tu quitté le studio tout à l’heure ? Il me demande.

- Je suis désolée, mais la scène que vous venez de tourner m’était insupportable. Je sais que tout est factice, mais les sentiments ne se commandent pas et il était préférable que je parte si tu ne voulais pas d’un meurtre sur le plateau.

- Jalouse ?

- Oui et je n’ai pas honte de l’avouer.

- Et je te comprends, j’aurais réagi de la même manière à ta place. En parlant de ça, je dois dire que tu as eu raison de refuser d’être ma partenaire pour ce film.

- Ah bon ? Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

- La journée d’aujourd’hui.

- Et pourquoi ?

- Si j’avais dû jouer cette scène avec toi, je n’aurais jamais pu faire semblant et je t’aurais réellement fait l’amour devant les caméras. Je ne pense pas que tu aurais apprécié.

- C’est vrai. Quoi que, je dois dire que c’est plutôt excitant, je réponds d’un air coquin en me collant sensuellement contre lui.

- Oh ! Alors vivement que l’on rentre à la maison pour que tu m’aides à répéter la prochaine scène du même genre.

Nous nous embrassons et nous empressons de regagner l’intimité de notre nid douillet.

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