Chapitre 3 – La magie, ça vous fera rôtir le balai

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Quilo appris à la fin du de la première partie du cours, qui dura quatre heures, que M. Yvain serait leur seul professeur.e durant toute l’année universitaire. Il en sortit tout déboussolé mais aussi contenté : il n’avait pas été catégorisé « Brisé » aux yeux des autres. Bien qu’il se doutait que l’enseignant.e finisse par s’intéresser à son dossier en particulier, il avait encore quelques temps de répit où il prendrait ses marques et se ferait des amis. D’ailleurs en parlant d’amis…

Tac le tirait par la main dans le couloir, bousculant sans ménagement des étudiants et ignorant leurs réprimandes. Quilo s’excusait pour chacun d’eux jusqu’à que son amie l’amène à un endroit bondé : la Hutte. Imaginez une cafétéria avec des poufs, des canapés et un maximum de coussins, tout ça dans une ambiance futuriste. Tac le fit asseoir à un fauteuil en face d’elle si violemment qu’il en lâcha un sifflement de douleur.

— Je peux savoir ce que tu fais ?

Sans répondre, elle ouvrit la bouche et frappa sur son torse. La musique de sa magie commença à envahir les alentours et, tout à coup, Quilo n’entendit plus rien à part les battements de tambour pectoral. Elle sait bien se servir de sa magie !

— Maintenant que plus personne ne peut nous entendre, on va discuter, dit son amie en continuant de battre sa poitrine comme ses mots.

— Euh… Pourquoi toute cette mise en scène ?

— Arrête de faire semblant, Quilo. Je sais ce que tu es.

Son sang se glaça. Il déglutit, sa voix prenant des accents menaçants et menacés.

— Et je suis quoi ?

À sa grande surprise, le regard de son ami se fit doux.

— T’es un Brisé ?

Dans sa bouche, ce mot n’avait rien de bizarre ou d’odieux. Pendant tout son collège, le ventou s’était fait avoir par des amitiés trop fortes qui l’avaient poussé à révéler son secret. Et pour ne récolter que des regards dégoûtés et des ghostings IRL. Mais pas chez Tac. C’était la première fois de sa vie que ça arrivait.

— Mon frère est un Brisé. Je te comprends, et… Oulà !

Normal qu’elle parut gênée : Quilo pleurait à chaudes larmes. Quelques étudiants à côté le virent et se dirent qu’il venait de se prendre un râteau. Les pauvres !

— Désolé… snif… c’est la première fois que quelqu’un…

— Ouais, j’imagine, le coupa-t-elle avec un hochement de tête. Mon frère a vécu cette merde pendant des années avant de se suicider. Pas que je pense que ça va t’arriver, un ! (elle blêmit) J’ai touché un sujet sensible ?

— Non… T’inquiète. J’ai jamais essayé.

— Putain. T’es courageux.

C’était l’une des principales raisons qui poussera Quilo à aimer Tac d’autant plus : cette façon de lancer des compliments avec la même adresse qu’un tarasque éméché. À l’heure actuelle, il lui en était juste reconnaissant et lâcha un petit rire. Les deux restèrent assis face à face, se regardant avec la complicité née du secret. Tac mit fin à son sort et lui fit un signe de tête.

— Allez, banshee, on va se prendre des smoothies. J’ai besoin de sucre.

Elle commanda un banane-chocolat et lui un lichee-coco avant d’aller s’installer dehors sur l’herbe. Certes, leur conversation risquait d’être entendue et Quilo doutait que Tac use encore de sa magie, mais elle avait un atout indéniable : de l’expérience.

— Donc… (elle sirota un coup) Ton « écharpe mauve », tu sais depuis quand tu la portes ?

— Mon… écharpe mauve ? (elle lui lança un regard entendu) Oh ! Euh… Depuis le début du collège, je dirais.

— Uh. Mon frère la portait depuis sa primaire, en CP. C’était pas tellement bizarre au début vu qu’on commence habituellement à nouer nos écharpes en quatrième.

— Ton frère, il s’appelle comment ? Si c’est pas indiscret, ajouta-t-il à la va-vite.

— J’ai fais le deuil, tout va bien… Il s’appelait Albin. C’est pas un nom commun chez les braiseurs mais mon père voulait l’appeler comme ça.

— Pourquoi ?

— Un héros humain portait ce nom. Mon père est un humain.

Dites-vous que si les mariages inter-espèces sont tout à fait acceptés et même parfois préférés dans l’Ultimonde, il y a peu de « métis ». L’enfant d’un couple mixte naît soit d’une espèce, soit de l’autre (bien qu’il ait effectivement les caractéristiques de ses deux parents, comme les cheveux, les yeux, la forme des doigts ou de l’oesophage).

Quilo, aux faits, l’enjoint à continuer.

— Bref, je me souviens pas trop de lui parce qu’il est mort quand j’avais trois ans. Il en avait quatorze quand c’est arrivé.

— C’est horrible. Je suis désolé.

— T’es mignon. ‘Fin bref, il s’est jeté dans le lac et on sait comment sont les braiseurs au contact de l’eau : pschhhhh… (Quilo fut horrifié. Tac haussa des épaules) Quoi ? Je préfère rire de la mort qu’en pleurer.

— C’est que, par chez moi, c’est plutôt l’inverse, avoua le ventou.

— Questions de culture, philosopha la blageuse. On a retrouvé son corps le lendemain, y a eu une crémation, on a pleuré… Puis la vie !

— « Puis la vie ». Et tu penses qu’Albin s’est suicidé parce qu’il était Brisé ?

— Je le pense pas, je le sais ! Papa et maman l’ignoraient jusqu’à qu’ils retrouvent le journal intime qu’il avait planqué dans sa chambre. Dedans, il décrivait les horreurs qu’il faisait pour tenter de faire de la magie, plus son addiction à faire l’amour.

Un frisson s’empara de Quilo. Lui aussi avait eu son lot d’expériences magiques ratées, d’invocations stériles et de… Attends, j’ai bien entendu ?

— Il a couché ? Avec des gens ?

Lui s’imaginait à peine réussir à s’imaginer le faire !

— Ouais. Y avait des noms dans le journal et mes parents ont demandé à voir ceux des enfants mentionnés pour leur poser des questions. C’était compliqué, tu sais, parce que c’est des affaires privées, avec tout le bazar juridique. Mais j’imagine que le contexte a aidé pour que les barrières s’abaissent un peu et que les langues se délient. Il se les ait tout.e.s fait.e.s, pour aucun résultat. S’il n’avait pas été Brisé, il aurait accumulé de la magie jusqu’à exploser.

— Donc il a fini par…

— Se foutre en l’air.

Il accueillit cette révélation avec une boule dans le ventre. C’était, pour ainsi dire, le destin de tout Brisé : finir à l’honneur de son titre. Pour des gens chanceux comme lui, on pouvait vivre jusqu’à quarante ans avant de vriller maboul et finir comme ceux qui n’avaient pas de bol comme Albin. Se sentant un peu mal, Quilo changea de sujet :

— Tout à l’heure…

— Hmmm ?

— J’ai entendu des types parler de « tic-tac »… (Tac se hérissa) C’est pas grave si tu veux pas en parler.

— Non. Tu m’as donné un secret…

Tu l’as plutôt deviné.

—…donc je me dois de t’en donner un. Règle des Trois Frères.

Puis elle fit un signe avec l’index, le pouce et le majeur qui ressemblait à une griffe fermée.

Ah, la fameuse Règle des Trois Frères ! Menteur, Indice et Trahison, trois figures, trois frères qui se détestent mais qui ne peuvent s’empêcher de s’entraider au travers des histoires et contes de toutes les contrées de l’Ultimonde. Chacun possède un défaut qui devient une qualité par la suite des événements ; Trahison, par exemple, finit toujours par tenir parole malgré ses efforts et retient tous les secrets du monde dans sa poche. Sa règle est : « Tu me donnes un secret, je t’en donne un. Comme ça je peux trahir quelqu’un que tu connais pas et ne connaîtras jamais et en retour, je garderais ton secret aussi longtemps que possible » et que le secret qu’il vous donne est celui que vous souhaitez le moins posséder. Tout n’est pas à prendre au sens littéral, bien sûr, mais vous voyez l’idée.

Quilo, devant cette preuve indéniable de confiance partagée, devint deux oreilles attentives sans une bouche pour objecter. Tac prit une grande inspiration puis se tapota la poitrine :

— J’ai toujours été Tacmek à l’intérieur. Mais jusqu’à mes treize ans, on me voyait encore comme le petit frère. On m’appelait Ticmek.

* * *

Le soir venu, après une longue journée de cours, Quilo referma la porte de l’appartement et…

Oh ?

Vous vouliez connaître l’histoire derrière le surnom sordide de Tacmek Idoine, la braiseuse qui se rit de la mort des autres ? Mais je viens de le mentionner plus haut : Règle des Trois Frères ! Vous ne lui avez donné aucun secret, donc vous n’avez aucun droit à connaître le sien. « Quid Quilo ? » me diriez-vous ? Vous connaissez le secret du ventou sur le bout des doigts maintenant, alors pourquoi pas celui de Tac ? C’est simple : c’est le secret le moins alléchant que je vous ai donné en retour de celui que vous m’avez donné en début de cette histoire. Vous ne vous en souvenez pas ? Moi non plus. Pas de chance !

Ne soyez pas en colère pour autant : le secret de Tac n’a rien de très palpitant. Il s’agit d’une histoire sordide de harcèlement, aussi grave qu’elle puisse l’être, qui l’a changé à jamais. Peut-être qu’un jour, Quilo me donnera le secret de Tac en échange d’un autre.

Quilo donc, referma la porte de l’appartement et tomba nez à nez avec un elfe éphèbe baraqué… et nu.

— Wow ! (il se couvrit les yeux) Habille-toi, mec.

— Oh, désolé…

Le type s’éclipsa puis revint l’instant d’après, un futal sur le colifichet. Il tendit une main indécise à Quilo avec un de ces sourires forcés que l’on voit sur les photos de mariage.

—…Maël, enchanté…

— Quilo, et de même.

Il avait cette petite voix de personne qui ne veut pas s’imposer.

— Ouais, Léandre m’a parlé de toi…

— PUTAIN, TU TE CROIS CHEZ TA MÈRE ?

Léandre – Dieux merci n’était pas nue – débarqua en agitant un slip en main. Maël se rétracta tel un arbuste en manque d’eau et Quilo trouva cette scène un peu amusante. La gobeline se tourna vers son coloc en fourrant le slip dans les mains de l’elfe.

— Ah, salut. Bonne journée ?

— Super. Je me suis fait une amie.

— Cool, euh.. (elle fit un signe de tête vif vers Maël) Ça, c’est mon petit ami. Désolé, j’ai pas pris le temps de te prévenir.

— Y a pas de mal, répondit Quilo en allant poser son sac dans le salon puis se servir un verre d’eau.

— Et d’ailleurs, tu l’as retrouvé ? s’adressa-t-elle à Maël.

— Ouais, ouais… Caché sous mon canapé, comme tu l’as dis. Tu sais qu’on pourrait…

— Génial. Eh, Quilo, ça te dit soirée pizza ?

— Ouais, grave ! (il regarda Maël) Tu restes ?

L’elfe parut gêné.

— C’est que je veux pas m’imposer dans la coloc…

— Il vient de te demander ! Roh, j’te jure, les elfes, y en a pas un pour rattraper l’autre, râla la gobeline en allant chercher son téléphone dans sa chambre.

— Eh, c’est du racisme systémique, ça ! (Mais elle était déjà en train de téléphoner ; Quilo pouffa et l’elfe se tourna vers lui, l’air peiné) Elle me tuera…

— Vu la bourrasque qu’elle est, y a des chances.

Quilo alla s’asseoir sur le canapé pour feuilleter ses prises de notes de cours. Maël s’installa à côté de lui et fit son curieux.

— Léandre m’a dit que t’étais à Hallioce…

— C’est le cas. T’y as été ?

— Ouais… Enfin, pas vraiment, on va dire… J’avais, euh… un peu de mal avec les cours.

— Ton prof était pas ouf ?

— J’avais M. Yvain, donc non.

— Ah ouais ? Moi aussi ! Mais alors pourquoi…

— Quand j’étais encore à l’univ, je faisais les… les « quatre cent coups » avec mes potes. M. Yvain me collait, alors qu’on était plus au lycée… (il prit un air bougon)

— J’imagine sans mal, avoua le ventou.

— N’empêche, c’est un bon prof. T’as de la chance d’être tombé sur lui…

Maël n’avait pas tort ; à la fin de la deuxième partie du cours de l’après-midi, M. Yvain avait personnellement questionné les élèves sur les difficultés rencontrées au cours de leur scolarité. Curieusement, il n’avait pas fait de commentaires sur le fait que Quilo était très mauvais en pratique.

— Ouais, c’est un bon prof.

— Les garçons, je vous ai pris une anguline et une oplozine, lança Léandre et s’asseyant entre eux.

— Merci, doudoune…, fit Maël en baissant la tête.

— Quoi ? Mais pourquoi tu nous as pas appelé pour choisir ?

— Tu l’as pas spécifié de base, alors tant pis pour toi.

Quilo se pencha en arrière pour chuchoter à l’elfe :

— Et tu te laisses faire ?

Il haussa des épaules et la gobeline grinça :

— Si tu veux pas avoir de problèmes de broyeur quand tu fais la vaisselle, fais gaffe, le ventou.

— Oh ? T’es un ventou ?

Les deux colocs se tournèrent vers l’invité qui agita ses mains, embarassé.

— C’est que, j’ai du mal à savoir de quelle espèce les gens font partie !

— Y a pas de mal, rit Quilo. T’as jamais vu de ventous ?

— Oh si, plein.

— Ah bon ? À l’uni, ma pote Tac m’a dit qu’il y en avait qu’un seul à part moi et qu’il était en congé maladie.

Les deux amants se regardèrent avant que Léandre ne dise :

— C’est bizarre. Quand on était à Hallioce y a quatre ans, y en avait des tas.

— Ils ont dû déserter l’université pour d’autres plus proches, prétexta Quilo.

N’empêche, c’était bizarre. Il y pensa tout le reste de la soirée et ce même quand arrivèrent les pizzas – succulentes par ailleurs – et durant le film préféré de Léandre, Barbac le barbare. Quilo, trop crâneux face à ce genre de mystères, ne rit même pas quand Barboc avala un cochon tout entier pour défier le basilic à tête blanche. Il avait moins le regard sur le film que plongé sur des détails qui lui mettaient la puce à l’oreille.

Quand Maël et Léandre s’éclipsèrent pour faire leur affaire – arrachant une grimace à Quilo quand il les entendit se frapper contre le mur – le ventou s’installa à la terrasse pour appeler ses parents ; son père, Filin, surtout, car son autre père, Ouran, était souvent occupé.

Allô, mon grand ! Alors, ce premier jour à l’université ? Tu t’es trouvé quelqu’un ?

— Papa, c’est le premier jour, soupira-t-il. Et puis une université, c’est fait pour étudier, pas pour… baiser.

J’aime pas quand tu utilises ce mot, il sonne mal dans ta bouche. Tu sais, il y a plein d’autres alternatives comme « batifoler », « faire l’amour », « s’envoler »…

— Papa…

Pardon, pardon…

Les pères de Quilo étaient bien entendu au courant de son affliction et avaient été aussi compréhensifs qu’inquiets. Bien sûr, le docteur Cleffe leur avait assuré une chose : tant qu’il prenait ses comprimés, leur fils serait à l’abri des pires affres des Brisés, à savoir la folie et les actes suicidaires. Il n’empêchait que parfois…

Il n’avait pas envie d’y penser. Ni moi envie d’en parler et j’espérais que ça ne lui arriverait jamais. J’avais, bien entendu, tort.

La voix du père, celui qui inquiet et pas occupé, celui qui veut aider son enfant sans réellement comprendre ce qui ne va pas, reprit :

On a trouvé, avec ton père, une thérapie. On a appelé Cleffe pour être sûrs.

— Pour que je puisse… ?

Oui, pour que tu puisses faire de la magie.

Quilo rata un battement de cœur et dût s’accrocher à la rambarde pour ne pas tomber. C’était, pour ainsi dire, son rêve le plus fou.

— Et ?

Et ça coûte cher. Et il y a pas beaucoup de place. Donc il faut attendre un peu…

L’excitation retomba aussi vite qu’un avion en papier raté. Puis une colère enfla, rafale empoisonnée. Quilo serra les dents et lâcha :

— Je comprends. Merci papa. Et tu diras merci à papa de ma part aussi. Je vous fais de gros bisous.

Mon zéphyr, tu es sûr que tout va bien ?

— T’inquiète, c’est juste… je te rappelle. Bises.

Il raccrocha et accrocha ses doigts autour du métal froid. Le ciel était couvert mais il ne pleuvait pas. Les voitures klaxonnaient au loin, la nuit battait son plein. Le monde s’envoyait en l’air de la meilleure manière possible. Et pour les Brisés, pour Quilo, de la pire.

Décrire l’état dans lequel il se trouvait est ardu, alors je peux vous donner une idée : imaginez-vous, en fauteuil roulant à cause de la maladie de Charcot. Petit à petit, vous sentez que vous êtes en train de mourir – comme tout le monde, oui, mais c’est pire. Vous regardez progressivement votre corps vous désobéir et vos muscles finir par fondre. C’est inévitable, indiscutable et vous allez devoir prendre des traitements pour ralentir le processus sans pour autant le stopper. Vous souffrez chaque jour de vous voir inutile, asservi par votre propre carcasse. Vos proches doivent s’occuper de vous comme si vous étiez sénile et aviez 106 ans. ? Mais quelqu’un vient vous voir et vous dit « je crois que j’ai un remède. Mais par contre, tu dois attendre. Attends un peu, s’il te plaît parce qu’il y a une queue monstre ». Je pense que vous seriez globalement soulagé, anxieux et en colère. Mais je ne suis pas plus vous que je ne suis Quilo.

Ce qu’il ressent m’échappera très souvent, comme en ce moment. Vous m’excuserez donc de ces appartés maladroits qui cherchent à comprendre, avec l’humanité que j’ai cultivé, ce que ressent profondément notre ami ventou.

Quilo s’y noyait littéralement.

C’est là que vint ce que je redoutais.

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