Chapitre 9 – La magie est le dildo de tout l’établissement de la vie

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Le docteur Paolini observait le moniteur indiquant les différentes constantes vitales du patient 37 : le pouls, le taux d’hormones, l’oxygénation, le potentiel électrique et magique… Tout semblait parfaitement en ordre. De son point de vue cependant – à l’instar de tous ceux qui travaillaient dans le Complexe – rien ne l’était. Le patient 370 : Agart Sampson, célestin, non-binaire, âgé de vingt-six ans, agent-technicien de surface en supermarché, marié depuis cinq ans, deux enfants adoptés. Tout cela était bien normal aux yeux de tout le monde, mais le DSSM avait rapidement fait l’enquête suivante : le patient 370 avait fait cinq crises de magie en l’espace de deux semaines, blessant son partenaire et ses enfants à plusieurs reprises. Paolini et son point de vue étaient convaincus de la raison de cette crise : n°370 était un Brisé.

Il ne lui restait plus que quatre ans avant son extinction finale.

Le Complexe servait à ça, et Paolini en avait eu la certitude le jour où il avait interné sa propre mère, désormais connue comme la patiente n°164, et que le programme du DSSM avait soigné. Car un Brisé, sachant qu’il ne pouvait ressentir de l’attirance envers autrui, ne pouvait pas rester stable magiquement et finirait forcément par exploser. D’ailleurs les récentes études et découvertes avaient prouvé que le stockage excessif d’énergie magique attaquait le système nerveux et provoquait lésions, maladies mentales et parfois comportements extrêmes. Ainsi, Paolini se sentait héroïque d’aider ces pauvres gens à surmonter leur maladie.

Après avoir rapidement fait entré les données journalières dans le dossier 370, il passa devant la porte blindée et présenta son œil, son doigt et sa langue pour que le système reconnaisse son accréditation et le laisse rentrer. La chambre de 370 était spacieuse comme toutes les autres : climatisée, les murs étaient colorées, les lumières changeaient en fonction de l’heure de la journée et il y avait des livres, des films, des jeux vidéos en tout genre bien rangés et à disposition. Le bureau du patient possédait un ordinateur dernier cri dont les connections était surveillées par le DSSM, car même si le patient pouvait communiquer avec l’extérieur, il n’avait pas le droit de dire autre chose que « je suis en thérapie » à propos du Complexe. C’était vital puisque le public acceptait mal l’idée des thérapies intensives et des centres de retraite ; ainsi, le gouvernement travaillait main dans la main avec le DSSM pour cacher partiellement ce qu’ils faisaient réellement ici.

Je considère personnellement que la thérapie n’est qu’un outil pour discuter calmement de ses problèmes, sans se sentir menacé ou emprisonné. Bien sûr, il est normal de prendre des précautions avec des bombes magiques sur pattes, j’entends – dans les cas comme Sampson, ce n’est pas problématique. Je suis toutefois contre cette stigmatisation qui est d’enfermer à double tour toute personne que l’on considère comme un danger simplement parce qu’elle a les mêmes symptômes qu’un autre. Pour ma part, je préfère guérir que prévenir : blesser ou se blesser est inévitable, alors il est bon d’être prêt pour réparer les pots casser plutôt que d’arrêter de cuisiner.

370, alias Agart Sampson, était allongé sur son lit – très confortable, un matelas à mémoire de forme que Paolini avait eu le bonheur de tester – en train de lire Les Songes d’une Nuit d’Eté. Chose prometteuse ! Les ouvrages de Shakespeare débordaient de scènes et de mentions suggestives qui permettraient sûrement à guérir le blocage de 370. Ce dernier remarqua Paolini, ainsi que le milimagicien qui se tenait juste derrière la vitre teintée. Sampson était un Visiomage, quelqu’un qu voyait avec la magie. Son Brisage avait cependant endommagé sa vue, le rendant incapable de voir dans le spectre visible. Le docteur Paolini, comme avec tous les patients, lui sourit.

— Bonjour, Agart ! Bien dormi ?

— Ouais.

— Apparemment, c’est l’anniversaire d’Anika aujourd’hui, dit le docteur sur le ton de la conversation en s’asseyant sur la chaise du bureau, à deux mètres du lit.

Une légère tension traversa les traits du patient. Le magicien derrière la vitre se tendit mais Paolini le fit calmer d’un regard, avant de reporter son attention médicale sur 370, qui finit par dire :

— Je lui ai commandé un cadeau.

— Oh ? Quoi donc ?

— Le manuel de l’enfant perdu.

Paolini écrivit ça sur ses notes. Le livre dont son patient parlait était un ouvrage assez ancien, datant de l’époque où le sexe était restreint voire prohibé, et où la magie était diabolisée.

— Ce n’est pas un ouvrage pour les enfants.

— Elle a quinze ans, et je pense que moi et Torn sommes bien placé pour savoir ce qui est bon pour elle.

— Torn l’a accepté ? fut étonné d’apprendre le médecin.

370 tchipa et le docteur sut qu’il ne fallait pas continuer sur ce sujet. Autant passer à la suite ! Il rajusta son col de chemise, sur laquelle un as de pique était brodé, avant de se pencher en avant, un sourire engageant aux lèvres.

— Avez-vous fait un rêve mouillé cette nuit ?

Le célestin hésita avant de répondre, comme tous les jours depuis son arrivée ici :

— Oui.

— Bien. Le pic d’énergie que nous avons perçu à ce moment-là est toujours le même. De qui avez-vous rêvé ?

— De Torn.

— C’est la septième fois consécutive. Vous l’avez pourtant vu en visio la semaine dernière.

Le patient garda le silence, le regard tourné vers le mur. Paolini comprenait la souffrance de son patient : après tout pour les monogames, se voir séparé de son âme sœur était presque synonyme de mort. Lui-même manquait à ses femmes et l’inverse également, alors qu’il les voyait tous les soirs.

— Je suis certain que vous allez bientôt guérir, Agart, lui assura-t-il sincèrement. Passons à la question suivante…

Ils continuèrent quelques minutes ainsi, et les résultats ne furent pas plus concluants. Paolini insista lourdement sur les tests neurocognitifs modernes et, pour les rendre plus effectifs, il connecta un transpondeur électrique à l’ordinateur aux patches qu’il colla sur la peau du célestin. Les lignes de force magique sur son corps furent parcourues de brèves épisodes lumineux, mais sans grand changement par rapport à d’habitude.

Quand les tests furent terminés une heure plus tard, Paolini dit au revoir au patient en lui proposant de regarder Love is War, un anime japonais très romantique pour se changer les idées. Le docteur sortit et la pièce fut scellée de nouveau lorsque soudain, son téléphone vibra. Il regarda le numéro et déglutit, avant de décrocher avec un sourire enjoué :

— Bonjour Madame… Oui, oui, j’étais avec le n°370… Non, pas de changements dans ses crises… Oui… Comprenez, c’est… Oui, bien sûr… (il resta silencieux quelques instants, la goutte au front) Je considère qu’il est trop tôt, madame… On ne peut pas, c’est contraire à l’éthique ! Ce sont des gens ! Je n’ai pas signé pour ça… Oui, oui… Très bien, je… veuillez m’excuser. Oui, vous avez raison, je suis trop émotif… Je pensais que vous vouliez… Non, bien sûr que non… Oui. Passez une bonne journée.

Il raccrocha, colla son téléphone au front en prenant un grande inspiration, avant de se tourner vers le milimagicien pour lui dire, presque avec douleur :

— On va devoir appliquer le protocole Kautoc. Préparez le n°370.

Alors qu’il était au bout du couloir menant au hub, Paolini ferma son cœur aux cris de protestation du mari et amant de Torn, puis le silence suivant l’endormissement. C’est pour son bien, se répétait-il en se rappelant de sa mère qui était torturée par sa propre magie. Pour. Son. Bien.

* * *

Qwilo attendait. Assis devant les portes de la direction, il attendait que son nom s’affiche au dessus, un concept qu’il trouvait franchement dépédagogique.

Notre ventou n’était pas du genre à décompresser à haute-voix, ou à décompresser tout court dans ce genre de situation. Qwilo contrôlait bien ses émotions et savait gérer les crises quand elles arrivaient, une question d’habitude. Là, il pensait juste à ce qu’il allait dire pour s’excuser, comment il allait faire trouver du travail en ville alors qu’il était un Brisé et surtout annoncer à ses pères qu’il ne pourrait plus jamais entrer dans une école ou une université pour tricherie. Pas qu’ils ne s’en doutaient pas ; ils étaient au courant des risques dès que Qwilo avait pris sa décision d’entrer à Hallioce. Cependant voir cette angoisse devenir réalité les dévasterait bien plus que lui, parce qu’ils seraient tristes pour leurs fils. Ils avaient une qualité majeure : un cœur trop gros.

Le nom Qwilo Tramontane fut affiché. Avant d’entrer, Qwilo regarda les derniers messages du groupe textuel d’amis du lycée : personne n’était au courant de ce qui s’était passé, le ventou s’étant seulement contenté de dire qu’il avait « performé » à l’examen, information tout à fait vraie sans pour autant être 100 % fausse. Mentir n’avait jamais été aussi compliqué qu’aujourd’hui.

— Ok, ça va le faire, se dit-il pour lui-même avant d’entrer : Bonjour.

Le bureau de la proviseure était d’un charme moderne très bourgeois : des tableaux d’art minimalistes, des sculptures de verre et de pierre, un carrelage monochrome et des murs blancs. Une tarkine au visage cendré et aux yeux rouge sang leva les yeux de son ordinateur portable et lui offrit un sourire aux dents d’acier. Elle donnait l’impression d’être une gorgone à deux doigts de vous pétrifier.

— M. Tramontane ! J’espère que je ne vous ai pas trop fait attendre.

Elle se leva pour aller lui serrer la main énergiquement ; le contact lui parut désagréable, mais il se força à sourire. La tarkine lui présenta une chaise devant elle avant d’aller de s’appuyer à son bureau, le regard intrigué. À force qu’elle le scrutait, il ressentit un malaise lui donnant envie de disparaître au fond de la chaise.

— Pardonnez-moi, je n’ai juste plus vu de ventou depuis, Ah ! Des lustres. Votre peuple est tellement anti-cosmopolite.

— Question de tradition, approuva-t-il mollement.

— Je suis d’accord. Les ventous ne représentent-ils pas le vent et la liberté ? (elle rit) Encore désolée, je suis problématique de faire des amalgames aussi antiques. Passons aux choses sérieuses/

Elle croisa les mains sur son ventre et le regarda droit dans les yeux.

— Vous avez conscience de votre présence ici, n’est-ce pas ?

— J’ai triché à un examen et j’en suis navré. Je serais totalement d’accord si vous me virez maintenant et que…

— Oh, pas de ça avec moi ! (elle le tapota sur le bras avec familiarité et un rire, avant de passer derrière son bureau pour zieuter son ordinateur) Voyons cela… Vous avez été dans les trois premiers de votre classe pendant tout le collège et le lycée ce qui, compte tenu de votre condition de Brisé, est admirable. Et d’après vos résultats actuels dans le cours théorique de M. Yvain, vous êtes un excellent élève, attentif et appliqué.

— Oui, mais ça n’empêche pas que j’ai triché ! cracha presque le ventou, dévoré de honte.

— Et vous seriez puni selon les modalités de l’université, à savoir le renvoi clair et net… mais nous savons vous et moi qu’il en faut plus pour éradiquer de jeunes talents comme vous. Avez-vous des crises de magie, Qwilo ? Je peux vous vous appeler Qwilo ?

— Oui, et… oui.

— Hmm. Vous suivez un traitement ?

— Des mésostasis – il la vit acquiescer – Vous connaissez ?

— J’ai travaillé dans l’industrie alchimique avant d’être mutée ici.

Moi même, j’aurais posé des questions quand à savoir comment une vendue de la poudre et de la gélule pouvait finir à la direction de l’institut de magie la plus prestigieuse du pays. Qwilo se la posa en lui-même parce qu’il n’était pas un abruti fini qui provoque les puissants.

— Je prends votre silence pour de l’admiration… Depuis combien de temps suivez-vous ce traitement ?

— Depuis mes quinze ans.

Sachez qu’un tel traitement est monnaie courante chez les personnes âgées de plus de soixante ans, mais extrêmement rares chez les jeunes. Il sert notamment de régulateur magique (si le taux est trop haut ou trop bas), vu que cette énergie a une répercussion directe sur l’état psychologique des êtres vivants. Dans le cas de Qwilo, cela lui permettait surtout de ne pas faire de crise : le médicament, sous la dose que Cleffe lui avait prescrit, absorbait l’excédent de magie stocké dans la colonne vertébrale.

— Cela ne doit pas être facile tous les jours.

Il acquiesça parce qu’il n’y avait rien à ajouter. Même en prenant les médicaments, il restait des moments de picotement, de chute de tension, de sensations désagréables. Pas tous les jours, pas toutes les heures… ce qu’il avait paradoxalement espéré, parce qu’au moins la répétition aurait été attendue et plus supportable.

— Je vous comprends : mon mari était un Brisé également, avoua la directrice en baissant les yeux.

— « Était » ? …Oh ! Toutes mes condoléances.

— Merci.

— Si ce n’est pas indiscret…

— Tu veux savoir comment il est mort ?

Qwilo aurait certainement refusé dans l’immédiat par politesse, mais la curiosité le poussa à hausser des épaules puis à murmurer « oui… ». La directrice fit un geste de la main.

— Ça ne me dérange pas, et je suis sûre qu’il serait d’accord pour que tu saches. Il s’est… suicidé.

Tendu, il accusa la révélation évidente ; aucun Brisé ne s’en était vraiment sorti sans exploser sur place ou se donner la mort par folie de douleur. Un sort prédestiné qui attendait Qwilo… mais il espérait. Il espérait qu’un jour, ça s’arrête ; que d’un coup, il trouverait quelqu’un attirant et coucherait avec luille pour enfin ne faire qu’un avec la magie. Pour ne pas être une prison à cette force formidable et universelle.

La main de la directrice se posa les siennes ; il ne l’avait pas remarqué, mais il agrippait le bureau avec une hargne si grande que ses articulations rougissaient. Il leva les yeux vers la directrice, perdu :

— Qu’est-ce qu’il va m’arriver ?

—…nous allons te transférer dans un autre département. La fac est grande, une filière plus générale plus générale, peut-être…

— Non !

Il s’était levé, les larmes aux yeux. Lui qui en avait chié pour en arriver là, ratant la quasi-totalité des soirées collégiennes et lycéennes pour réviser, prendre des cours supplémentaires, s’avancer sur le programme… Lui qui avait rêvé chaque jour de trouver l’amour, de sentir les papillons dans le ventre ou d’avoir un crush comme tout le monde… Lui qui avait rêvé chaque matin que sa propre magie, son propre être ne se rebelle pas au réveil envers lui-même. Tout ça constituait une partie immense de Qwilo Tramontane et venait d’ébrécher le barrage qu’il s’efforçait de garder étanche.

— Non, gronda-t-il. Je ne veux pas changer de filière. Je ne vais pas changer de filière ! (Il renifla, tentant de ravaler la colère frustrante de tant d’années d’efforts) Dites-moi ce que je dois faire. N’importe quoi.

La directrice, interdite, s’adossa à sa chaise en expirant avec lassitude. Son regard ne laissait plus voir cette bienveillance programmée, celle qu’on offre aux élèves problématiques qui ont encore une chance, ou aux parents inquiets. C’était le regard d’une personne fatiguée devant une minuscule minorité qui exaspérait le monde depuis bien trop longtemps.

— Je ne vais pas y passer par quatre chemins, M. Tramontane. Vous ne pouvez pas faire de magie, un prérequis essentiel pour continuer à étudier dans le cours de M.Yvain. Et je vous arrête tout de suite : ce n’est pas que vous n’êtes pas capable de faire de la théorie. Seulement, des tours de passe-passe ne vous permettront jamais de savoir ce qu’est la saveur de votre magie, la façon dont elle agit sur votre propre corps et surtout… comment elle réagit au contact des autres.

— J’aimerais faire de la magie !

— Mais vous êtes un Brisé : vous avez couché avec quelqu’un et vous n’avez pas réussi à développer votre magie.

Devait-il avouer ? Avouer sa plus grande honte ? La révélation était sur le bord de ses lèvres, comme un goût de vomi…

— Je suis prêt à tout.

— Je le vois bien ! Mais la réalité est là, vous…

— Je n’ai jamais fait l’amour ! s’écria-t-il d’une voix aïgue.

Un silence suivit, long comme la face de la directrice quand il rouvrit les yeux après les avoir fermé par réflexe. Elle était vraiment étonnée mais… pas en colère. Le ventou se sentait… léger et lourd à la fois ; c’était la première fois de sa vie qu’il révélait cette information. Tac ne savait pas, Cleffe l’ignorait et ses pères également. Le dire, devant une presque inconnue dans cette situation prouvait néanmoins que notre Brisé était vraiment courageux.

Après un instant à être estomaquée, la tarkine se passa une main dans les cheveux, pouffa et dit :

— Vous n’avez jamais… mais comment avez-vous survécu jusque-là ?

— Je ne sais pas, vous… êtes la première personne à qui j’en parle.

— Qwilo… (cette fois-ci, son prénom était utilisé avec une douceur plus personnelle) Pourquoi ?

— Je… je n’ai jamais osé demander. Je trouvais ça dégoûtant quand j’étais ado.

— C’est toujours le cas aujourd’hui ?

Qwilo réfléchit. Longtemps. Avant de prendre une décision qui n’était que le fruit d’une société où le sexe était roi.

— Non. Je veux tomber amoureux, avoir des rapports… mais je ne sais pas comment faire.

Chose indifférenciée à votre monde, c’est que Qwilo se sentait tout aussi honteux de ne pas savoir. La directrice, qui avait bien entendu la science infuse et une idée derrière la tête, s’enquit :

— Vous avez un ou une ami.e ?

— Oui. Tac.

— Parfait alors : parlez-lui de votre problème, et je suis sûre qu’elle acceptera. Comme on dit, « c’est dans l’amitié que fleurit les plus belles histoires d’amour ».

Voyez par cette expression à quel point vos deux mondes sont semblables et si différents quand il s’agit d’amour. Sauf qu’en Ultima, cela marche habituellement très bien.

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