Chapitre 18 – La magie des mondes endormis

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Trois semaines plus tard après l’incident

Léandre se demanda si ce n’était pas trop tard pour préparer une soupe. Elle tapait du pied, un œil critique sur l’horloge. Vingt et une heures trois. Maël était encore en retard, sûrement à cause de son boulot d’informatique à la mord-moi-le-nœud, qu’elle considérait comme alimentaire mais lui le voyait comme sa vocation. Léandre avait déjà mangé sans attendre son petit ami, et elle avait envie de lui faire une surprise. Elle regarda son téléphone : le beau couillon lui avait laissé un message vocal, prétextant qu’il arriverait avant minuit. La gobeline ne s’en inquiéta pas et préféra traîner sur les réseaux sociaux.

Encore un post de Tac…. Elle et la gobeline ne s’étaient pas parlées depuis que Qwilo, comme si une barrière s’était formée entre elles avec la disparition de leur ami. Léandre avait fait rapidement son deuil : elle ne connaissait pas suffisamment le ventou pour ressentir de la peine. Mais ça avait fait mal et elle comprenait que Tac, plus proche de lui, était encore dans sa phase de déni. Là, elle avait pris une photo avec son énième partenaire, qui était une braiseuse qui travaillait sur une péniche. Léandre avait remarqué que Tac ne choisissait jamais de kaillaisse comme partenaire, mais le détail ne l’avait pas intéressé plus que ça. Ce qu’elle voyait, c’était une meuf qui se guérissait avec la drogue dure qu’était le sexe.

Personne n’accusait personne d’avoir plus ou moins de relations sexuelles ici bas. Léandre, elle, avait Maël et ils ne couchaient entre eux que le strict minimum. Elle… n’avait jamais ressenti de réelle attraction comme les autres en parlaient souvent, mais elle aimait bien se faire plaisir et Maël était l’un des seuls crétins qui ne s’en offusquait pas, bien qu’au fond, il y avait moins de passion et plus de plaisir.

Quelqu’un rentra une clé dans la porte et Maël l’ouvrit. Il était en uniforme d’information, une vieille tunique mauve avec le logo de son entreprise sur la poitrine. Léandre trouvait ce costume atroce, mais lui l’adorait, alors elle avait arrêté de lui faire le commentaire. Son petit ami avait les yeux tirés. Pas de sexe ce soir, se dit-elle en posant son téléphone sur la table pour prendre son bassin entre ses bras.

— Salut, dit-il avec un sourire fatigué. Bonne journée ?

— Une gorgone a attaqué le chantier. Ça arrive de plus en plus souvent. Et toi ?

Il grogna et haussa les épaules. Apparemment, lui aussi n’avait pas passé la plus folle des journées. Il s’écarta d’elle pour aller s’asseoir à la table et poser son sac à dos, quand il vit le téléphone toujours allumé sur les posts de Tac. Il ne dit rien ; il n’avait pas vraiment d’opinion sur la personne et ce n’était pas le genre à faire des remarques sur ceux et celles qu’il ne connaissait pas. Sauf si c’était des stars de la télévision, mais dans ce cas, c’était juste pour bitcher un coup.

Léandre lui demanda s’il avait mangé et il répondit que oui, au travail. Elle s’affaira à préparer un thé et il vint la rejoindre pour trier les feuilles – il n’aimait pas le thé en sachet – avant de lui raconter sa journée. Du code, de la protection et du tri de données, rien de bien palpitant mais c’était ce qui se passait autour qu’adorait entendre Léandre : les petits potins de collègues, les histoires de cœur, d’amitié, de rivalité… Il fallait avouer qu’elle avait souvent enjoint Maël à devenir podcasteur ou écrivain, tant la façon dont il narrait les choses, sa voix douce et envoûtante, ses mimiques : tout ça était délicieux.

Ils dégustèrent le thé en regardant les lumières de la ville (ils étaient trop fatigués pour regarder un épisode de série ou un film) et ce fut à ce moment-là que Léandre parla plus en détail de la gorgone :

— Apparemment, elle se serait échappée d’un zoo. On a retrouvé des traces de brûlure sur la serrure de sa cage ; la Milice qui nous a interrogé après le désastre nous a appris ça ; et on s’est tous dit que c’était criminel.

— C’est flippant, concéda Maël, parce que ça augmente.

— Ouais. Mais si les autres trucs qu’on a eu – des harpies, des minotaures, des wombat – étaient plus ou moins de tas de muscles, de griffes et de crocs, là c’est passé à un stade supérieur : c’est des monstres avec des pouvoirs. On dirait que les gens qui les libèrent ne réfléchissent pas aux conséquences.

— Ou bien ils ont envie que ça jase et que ça fasse du bruit.

Oui. Il avait raison : pour des raisons de diversion, ce genre de catastrophes n’était pas quelque chose de très illogique, voire même carrément normal si on considérait l’apparition du groupe « Sex Is Magic » et la libération des créatures dans le même ensemble. Seulement, de ce que Léandre avait appris de Qwilo et Tac avant la scission prématurée de leur groupe d’amis, c’était que les révoltés ne ciblaient pas les civils. Est-ce qu’il s’agirait alors d’un autre groupe qui souhaitait leur chute en les accusant d’attaquer la ville ? Ou bien peut-être s’agitait-il de quelque chose de plus intriqué et sombre encore ?

Tout ces idées effrayaient la gobeline, qui n’aimait vraiment pas que les choses habituelles puissent partir en sucette. Elle repoussa une mèche verte et brune – elle devrait reteindre ses cheveux – avant d’apprécier les sons de la ville. Maël reprit la parole :

— Y a des keufs qui m’ont appelé, aujourd’hui. Pour t’interroger.

— Encore Qwilo ?

Il hocha la tête. Elle soupira et secoua la tête : la Milice lui avait déjà fait passer deux interrogatoires sur la question, et elle avait répondu la même chose : qu’elle ne savait pas plus que les autres, que Qwilo ne lui avait rien dit sur l’endroit où il était allé (s’il s’y trouvait encore) et que de toute façon, ils n’étaient pas si proches.

— Une nouvelle inspectrice. Qui s’appelle Alias, je crois.

— Un nom de code, devina Léandre. C’est pas bon, ça.

— Stylé, tu veux dire.

— Idiot, et elle lui ficha une bourrade qui le fit rire.

Le lendemain, elle partit au poste de Milice le plus proche, là où Alias lui avait donné rendez-vous. C’était un endroit bien fait, avec de beaux murs colorés par les enfants de la ville. La Milice était appréciée dans toute la ville pour ses efforts, sa patience et ses bonnes relations avec la population. C’était un corps armé qui avait vocation de ne pas répéter les erreurs du passé, avant le Schisme, quand les forces royales terrorisaient la population. Aujourd’hui, c’était devenu un aspect indépendant du gouvernement, un secteur autogéré qui était financé directement par la donation des entreprises et les associations de quartier. La Porte de Lébron était la première ville à avoir instauré ce système

Les tours de garde autour du bâtiment surplombaient Léandre et masquaient le soleil, déjà partiellement dévoré par quelques nuages. Elle entra, accueillie par l’odeur du café et des viennoiseries chaudes. Un Milicien de l’accueil lui demanda sa venue, qu’elle expliqua en quelques mots, et lui indiqua de s’installer dans la salle d’attente et de ne pas hésiter à se servir en thé, café et déjeuner. Elle ne prit aucun des trois. Dans la salle, il y avait deux SDF, une mère qui avait l’air d’avoir fait une nuit blanche et un homme encapuchonné. Léandre fut la première à être appelée.

Elle connaissait le lieu d’interrogatoire : une salle bleue et verte, deux fauteuils face à face. Une vitre teintée pour permettre à des miliciens d’entendre la conversation sans se faire remarquer. Léandre avait déjà été interrogée, il y a longtemps, pour avoir participé à un kidnapping de politicienne qui souhaitait réinstaurer la catégorisation des sexes, genres et sexualités alors que ce truc avait été aboli pour une raison précise. Se battre pour les droits et la liberté, ça avait été franchement bien mais fatiguant ; ça appartenait à son passé.

En face d’elle se trouvait une kaillaisse qui paraissait jeune, malgré son uniforme et sa haute taille. Elle avait de petits yeux fouineurs et une tête à ne pas rigoler après une blague.

— Bonjour.

— Bonjour, madame la Milicienne.

— Appelez moi Alias. J’ai beaucoup entendu parler de vous, Léandre. Je peux vous appeler Léandre ?

La concernée fit un geste vague de la main.

— Et en bien, j’espère ?

— Une gobeline qui arrête un kelpie en furie ? On ne voit pas ça tous les jours. Et vous sauvez souvent vos collègues de travail des récentes attaques de monstres.

— Parlons-en, d’ailleurs : comment ça se fait qu’autant de monstres puissants aient été libérés en un laps de temps si court ?

— Eh bien, La Milice tente de gruger le phénomène, mais les instigateurs sont très malins : ils posent des charges magiques indétectables qui détonnent à distance. On ne sait pas comment ils s’y prennent sans l’aide de cristaux de pouvoir, et nos Traceurs n’ont vu ni sort d’invisibilité ni de camouflages en éthérium. Nous envisageons qu’il s’agit d’une application magique encore inconnue du public.

— Rien que ça ? Super. Et quel rapport avec moi ?

Alias haussa un sourcil et tapota son index sur la table, qui cliqueta comme du gravier.

— Le fait est que vous avez été en lien avec Qwilo Tramonttana, et que nous avons facilement associé aux Sex is Magic

Léandre pouffa à cause du nom, qui donnait l’impression qu’il s’agissait d’un groupe de rock un peu craignos, avant de se raviser sous le regard acéré de la kaillaisse, qui continua :

—…et le voilà disparu depuis trois semaines. Mes collègues et moi, nous nous demandions « comme il est étrange de voir que les monstres libérés sont, depuis ces fameuses trois semaines, plus dangereux alors ».

— J’y crois pas ! Vous êtes en train de m’accuser, là ? (elle tourna la tête vers la caméra) Envoyez Géval, lui au moins il pose des questions pertinentes.

Alias frappa brutalement sur la table, faisant sursauter la gobeline. La colère se lisait dans son regard, mais elle ne serrait pas des dents ; quand elle retira son poing, l’impact laissa une brisure bien nette. Si elle le voulait, la kaillaisse pouvait aisément rompre le crâne de Léandre d’une droite bien sentie. Ce qu’elle ne ferait pas… Pas vrai ?

— Sachez une chose : je ne suis pas ici pour vous mettre de la pommade. Ça fait trois semaines que Géval se casse le cul à essayer de vous tirer les vers du nez, en vous posant les bonnes questions aux moments importuns. Mais là, fini de jouer : vous allez nous dire ce que vous a exactement dit M. Tramonttana le jour où il s’est enfui.

— Mais je vous l’ai déjà dis : il a été foutu dans le coma par le docteur Louisard ! Et il s’est réveillé seulement quand il était seul, donc personne lui a causé avant, à part Tac.

— Oui, Mme Idoine nous a parlé de leur conversation pré-crise et du rapport sexuel qu’ils ont eu ensuite. Je crois cependant que vous êtes le nœud du problème.

— Pourquoi ?

— Parce que les monstres n’ont attaqué qu’à deux endroits : votre chantier et votre rue. Vous voyez le problème ?

— Vous vous dites que Sex is Magic me vise directement. Ça n’a pas de sens.

— Mais ça en a, croyez moi : votre passé d’activiste fait de vous une cible de choix, c’est une chose rare à la Porte de Lébron. Nous pensons qu’il s’agit d’une diversion pour attirer les autorités sur vous, vous agacer de notre insistance et vous tourner vers eux.

— C’est naze, comme stratégie.

— On est d’accord, appuya Alias en hochant la tête. Mais je pense que nous devons coll…

Elle sursauta quand le téléphone dans sa poche se mit à sonner, avant qu’elle ne s’excuse pour sortir de la salle et aller le décrocher. Léandre eut le temps de voir son visage se fermer en regardant le numéro. Une fois dehors cependant, elle ne ferma pas complètement la porte et la gobeline entendit l’appel malgré elle :

— Allô ?… Oui, je suis en train de travailler… Hum… Non, ce n’est pas possible pour l’instant… Ce soir ? Ça risque d’être difficile… Non, je ne peux pas discuter de ça maintenant, j’ai peur d’être entendue… Hmm… Combien de fois tu as dû l’utiliser sur lui… HUIT ? Merde… Hmm… D’accord, on en reparle ce soir…

Alias lâcha un chapelet d’injures et revint direct dans la salle, sans surprendre Léandre qui faisait semblant de s’ennuyer, avant de se tourner vers l’inspectrice :

— C’est grave ?

— Pas vraiment. Juste un ami à moi qui fait des siennes, comme d’habitude. Où en étions-nous ?

Tu as quitté ton poste pendant deux minutes, et tu oublies ce dont on parlait ? Léandre trouvait ça bizarre, mais en y regardant bien, cette femme semblait préoccupée : son tapotement de doigt sur la table s’intensifia sous le silence insistant. Après quelques instants, Alias décréta qu’elles en avaient terminé, et demanda à Léandre quand elle serait de nouveau disponible pour un interrogatoire. Cette dernière préféra lui donner une date assez lointaine, mais pas trop non plus pour ne pas qu’elle insiste à consulter ses horaires de travail ou appeler sa chef de chantier. Une fois hors de la salle d’interrogatoire, Léandre croisa Géval, l’autre inspecteur. C’était un humain aux cheveux aussi noirs que le pétrole, avec la tête de quelqu’un qui en consommait à la place du café. Il était installé à l’accueil, pieds croisés sur la table, en train de lire le journal. Quand Léandre s’approcha, il leva les yeux et grommela :

— Elle vous a pas trop cuisiné, l’Alias ?

— Vous auriez pu me prévenir plus tôt que vous aviez lâché l’affaire.

L’autre fit un geste agacé de la main. S’il était si familier avec elle, c’était parce qu’il s’agissait du milicien qui avait fait le suivi juridique de Léandre pendant ses années révolutionnaires. Résultat, ils étaient devenus proches d’une façon étrange, un peu comme un oncle lointain forcé de garder l’enfant de ses cousins par alliance.

— J’ai pas eu le temps d’appeler en perso, Ulrich avait des problèmes.

Elle hocha la tête. Le frère de Géval Yvain, c’était un des profs de l’uni que Léandre – et Qwilo – connaissaient en tant que seul prof théorique d’Hallioce. Ce que le ventou n’avait pas eu le temps d’apprendre, c’était qu’Ulrich avait été un des meneurs du mouvement anti-cases de Léandre. Le monde était petit à la Porte de Lébron.

Parfois, trop petit.

— Qu’est-ce que c’était, cette fois ? s’enquit-elle en croisant les bras et s’appuyant sur le rebord près de la vitre ; elle avait du temps à revendre.

— Une crise de panique, un burn out… (l’inspecteur soupira, sa tête un peu baissée) Franchement, je sais pas quoi faire à part appeler les secours, mais souvent ils me disent que ce n’est pas grave et qu’Ulrich devrait prendre ses médicaments plus souvent.

— Et son partenaire ? Iel en pense quoi ?

— Iyab préfère ne rien voir, et ça m’agace. Y me dit : « Ne t’en fais pas, mes collègues s’en chargent » sauf que je vois mon frérot s’enfoncer un peu plus chaque jour dans un marais de merde. Parfois, je me demande si je dois pas le forcer à changer de médecin.

— Iyab pourrait pas s’en charger ?

Le flic haussa des épaules. Léandre avait appris, pendant ses gardes à vue, combien Géval – qui aimait taper la discute pour détendre l’atmosphère – n’aimait pas son bel adelphe pharmacien. L’humain pétrole plongea la main dans sa poche et en sortit une cigarette, qu’il alluma. Un collègue se tourna immédiatement vers lui :

— Dis, si tu veux encore te ruiner la santé, nous entraîne pas dans ta chute !

— Ça va, ça va… (il fit un signe à Léandre en se levant) Viens, on va discuter dehors.

Il y avait un petit patio pour les fumeurs, à l’arrière du bâtiment. Dans le souvenir de Léandre, c’était du bois plus fréquenté par des mégots que par ceux qui les fumaient. Aujourd’hui, c’était nettoyé, témoignant de la pauvre présence des fumeurs. Géval était-il le seul survivant de cette apocalypse ? Léandre lui tapa une cigarette et se sentit tout de suite mieux en tirant une bouffée. Le flic grogna.

— Quand je te vois taffer, ça me donne envie d’appeler ma fille pour arrêter de le faire.

— Papa poule, va.

— Touché. Alors, quoi de neuf ?

— Rien de spécial, à part les attaques. Faut dire que ma vie a été pas mal chamboulée ces derniers temps, j’aimerais bien que tout redevienne tranquille.

— La vie n’est pas un long fleuve tranquille, cita l’inspecteur dans une bouffée. C’est des torrents successifs qui, si tu fais pas attention, te fracassent contre les rochers.

— Il m’avait un peu manqué, le tonton poète. Tu la sorts d’où, celle-là ?

— Des Braiseurs à Veneur. C’est un feuilleton de vieux, tu connais pas. Et sinon, ce bon vieux Maël ?

— Rien à signaler, toujours un loser adorable.

— Hmmm… T’es pas bavarde, aujourd’hui ?

— Après un interrogatoire ?

— Vrai.

— Et puis, je l’étais pas avant.

Il hocha la tête. Ouais, elle n’était pas la plus coopératrice des interrogées à l’époque : des doigts d’honneur, des insultes, des menaces de mort. Elle avait été à ça de passer en cour d’assise et en taule pour outrage à agent. Il avait fallu un Géval très patient pour la calmer. Enfin, pour canaliser sa colère dans du travail. Léandre était toujours en colère. Tout le temps. C’était juste que la plupart du temps, elle était trop fatiguée ou trop occupée pour se concentrer là-dessus. La colère, elle venait pas d’un passé tragique, d’une relation qui avait mal tourné ou d’un connerie du système comme beaucoup d’autres adelphes militants. Non, elle venait simplement du savoir : savoir que les choses allaient mal et que personne en s’en rendait compte, savoir que la Porte de Lébron était une ville fermée, avec des portes impénétrables et des douaniers à tout va, savoir que le Pays tout entier fonctionnait de la même manière : ingérence à l’avenir et à la magie, ingérence au sexe et à l’amour. Tout ça, c’était… maladif.

Elle remercia Géval pour la clope et partit du poste de milice. La rue était plutôt déserte pour une fin de matinée, mais sachant que la moitié des trottoirs étaient en travaux, elle comprenait que peu de monde avait envie de passer sur la chaussée pour atteindre ne serait que le pauvre kebab du coin, ou la supérette avec la vieille elfe acariâtre qui mâchonnait de la réglisse en vous regardant mal. Et puis aujourd’hui, c’était le Jour de la Lune Noire, un jour férié, donc il y avait peu de services ouverts et les gens étaient partis au Nord de la ville pour profiter du soleil et de la pause.

Alors qu’elle marchait depuis quelques minutes pour rejoindre le métro et observait un commerçant en nuisette qui balayait le trottoir, elle entendit des coups assourdis. Curieuse, Léandre regarda aux alentours et aperçut de l’autre côté de la rue, dans une bifurcation étroite, trois types cagoulés qui tabassaient une ondine sans défense. La gobeline ne réfléchit pas à deux fois et se précipita, téléphone en main pour appeler Géval.

Allô ? répondit-il. T’as oublié un truc ?

— Y a une agression au 27, à la bifurc. Vite.

Elle l’entendit crier un ordre à l’autre bout du téléphone, et raccrocha en courant puis cria à l’encontre des trois connards :

— Hé ! VOUS, LÀ !

La voix porta grâce à la magie, et les trois types levèrent la tête. En la voyant s’approcher à grande vitesse, ils partirent à toute allure s’enfoncer dans la ruelle étroite. C’était pourtant un cul de sac… Dès qu’elle fut près de l’ondine, elle s’agenouilla : le visage nacré était couvert de bleus violets méchamment douloureux rien qu’à la vue, et ça gâchait un visage déjà pas très harmonieux. Cette meuf était maquillée jusqu’au sang et ses larmes rendaient le tout très avant-gardiste.

— Hé… Hé ! (l’ondine leva les mains devant son visage) T’inquiète pas, tout va bien… J’ai appelé la milice.

— Pitié… Pitié, ils m’ont… ils m’ont piqué mes affaires.

— La milice arrive, t’inquiète pas.

— Vous… ugh… vous comprenez pas… L’un d’eux traverse les murs, ils vont s’échapper avec… avec mon bébé…

— Oh putain de merde.

Les ondins pondaient des œufs, c’était connu. Ils tenaient ça des batraciens, apparemment. Mais leurs œufs étaient petits comme des billes et ils les conservaient dans des petites jarres thermostats pour les garder au frais. Le mieux était de les laisser chez soi, mais vu la dégaine de cette meuf, Léandre se disait qu’elle devait pas avoir de chez elle. Elle s’assura que l’ondine était pas en danger de mort imminente et envoya un message à Gévant.

Léandre

La victime est safe. Je vais rattraper les agresseurs.

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