Chapitre 19 – La magie des trois fois rien

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Qwilo attendait impatiemment les trois Dragonnets reviennent de leur mission de racket sur l’employée à la DSSM. Il tapait du pied, les bras croisés, appuyé contre un mur de briques – c’était une chose rare en ville qu’il y ait de tels murs – qui appartenait à un entrepôt de peluches. La ruelle était suffisamment étroite et bien située par rapport au soleil pour être plongée dans une ombre protectrice. Pourtant, le ventou sentait son cœur battre à tout rompre et son sang qui bouillonnait dans ses veines.

Il ne faisait plus de crises de magie depuis un certain temps, cependant, il y avait quelque chose d’étrange dans son corps qui remuait et voulait sortir. L’autre fois, sous la douche au QG, il avait senti sa peau le picoter pour découvrir que des écailles lui étaient poussées sur ses avants bras. Il les avait arraché une à une, projetant des gouttes de sang. Aujourd’hui, il ne prenait plus le temps de le faire et le déguisement que Seisseir lui avait accordé suffisait à dissimuler cette malformation. Être un Réparé, ça n’était pas toujours une libération.

Des bruits de pas résonnèrent à l’autre bout de la rue. Qwilo tourna la tête : derrière des piles de carton et une poubelle pleine à craquer se trouvait un mur épais en béton. La matière se mit à palpiter et à onduler telle la surface d’un drap en plein vent, avant de se déformer violemment. Des visages, puis des têtes et enfin des corps s’y dessinèrent et s’y extrayèrent avec force. Les Dragonnets, encagoulés et portant les sweats où les lettres SiM&MiD se lisaient, étaient visiblement à bout de souffle, aussi le ventou leur lança :

— Qu’est-ce qui se passe ? Vous avez trouvé la cible ?

— Ouais, cette saleté de petite chimiste de mes deux a bien dégusté ! lança l’un des Dragonnets, un ventou baraqué à l’accent du Nord prononcé.

— On a pu récolter des données, souligna un des deux gobelins du groupes en soulevant un sac à main bleu pâle.

En s’approchant d’eux, Qwilo remarque que son poing était couvert de sang.

— Putain, mais vous avez fait quoi ? s’écria-t-il.

— On lui a donné une bonne leçon, fit l’autre gobelin, plus grand que son compère mais à la voix plus aïgue.

— Notre mission, c’était juste de lui voler son ordi ! Voler et rien d’autre, les engueula-t-il.

— Le voilà qui s’énerve ! ricana le ventou baraqué. Tu crois qu’il est jaloux qu’on était plus utiles que lui.

— Vous comprenez pas, bande d’abrutis ! La milice est pas loin ; la meuf a juste à faire quelques centaines de mètres et on est bon pour la prison, ou pire ! Vous voulez retourner au Centre ?

Qwilo vit les épaules du ventou s’affaisser, tandis que les gobelins se regardèrent, gênés. Bon, au moins n’avaient-ils pas été suivis, ils avaient encore le temps de…

TOMBE !

Le mur explosa. Les quatre Dragonnets furent projetés en arrière, Qwilo contre un mur et les autres dans les cartons et la poubelle. Le choc fut lourd, le jeune ventou lâcha un cri de douleur et fut sonné. Heureusement, le surplus de magie dans son corps avait quelque effet régénératif miraculeux, aussi récupéra-t-il en quelques secondes. Endolori, il se redressa, pour apercevoir à travers la poussière… Léandre ! Le choc que ça lui fit quand il la revit l’arrêta quelques instants. Heureusement, il portait un masque pour cacher ses traits humains.

STOP !

Le pouvoir de la gobeline le frappa de plein fouet : il donnait l’impression qu’un film plastique s’était déposé sur sa peau avant de se muer en pierre. Figé, Qwilo chercha à respirer, mais en vain : sa bouche comme son nez semblaient être atteints. Les autres Dragonnets, aussi solides que lui, s’étaient déjà relevés : le sort de ne les avaient pas touché. L’autre ventou fonça sur la gobelin en levant son poing qui se mit à luire intensément. La gobeline se tourna vers lui :

— Qwilo, c’est t…

Le ventou balança son poing vers elle et elle dut se jeter sur le côté. Quand il frappa le mur derrière elle, un bang sonore retentit et un trou apparut dans le mur, avec un petit nuage de cotons. Léandre, paniquée, s’écria :

GLISSE !

Le baraqué, emporté par son élan, s’étala de tout son long à la façon d’un patineur qui aurait trop forcé sur la bouteille. Merde, pensa Qwilo qui paniquait en l’absence d’air. Combien de temps tiendrait-il ? Une, deux minutes ? Le ventou qui venait de tomber se releva, épaulé par le petit et le grand gobelin qui se placèrent en position de combat. Le musclé avait un poing explosif, les deux autres pouvaient respectivement annuler les vibrations sonores et désorienter une cible. En plus des sorts de base et leurs pouvoirs boostés par la dragonne, ils étaient passés de simples civils à de redoutables combattants.

Il fallait que Qwilo les arrête. Ça allait finir Mais il avait du mal à maîtriser ses pouvoirs nouvellement acquis, et l’air lui manquait… Le gobelin au pouvoir de confusion s’avança prudemment vers Léandre, qui recula. Pourquoi donc ? Elle pouvait les arrêter d’un mot si elle le voulait. Le jeteur de confusion leva la main vers elle et la gobeline aux cheveux verts tituba, s’appuyant contre un mur. Les Dragonnets ricanèrent et s’avancèrent de plus en plus. Le silencieur frappa Léandre au visage, lui ouvrant l’arcade sourcilière. S’il vous plaît…

TOMBEZ !

Tous sentirent leurs genoux céder et finirent au sol. Même Qwilo, qui fut en même temps libéré de cette chape invisible et prit une grande goulée d’air. Dès qu’il se releva, ce fut pour se mettre entre son amie et ses comparses, les bras écartés. Elle le confondait avec l’autre ventou, c’était certain.

— Laissez la tranquille, leur ordonna-t-il.

— C’est une vendue, ça se voit ! lâcha l’autre ventou.

— On a ce qu’on avait besoin d’avoir. On. Se. Casse.

Le ton était sans détour. Qwilo soutint le regard de son opposant, avant qu’il ne soupire et fasse un signe de tête aux autres. Ils s’éloignèrent de la ruelle pour atteindre la bouche d’égout, là où ils s’étaient aventurés pour ne pas être vus par la milice. Qwilo se tourna vers son amie, qui le regardait d’un air interdit, et lui fit un signe de tête avant de rejoindre les autres.

— Att… Hé !

Un ventou, c’était rapide. Quelques secondes plus tard, il était dans les égouts avec les autres, la trappe refermée derrière lui. Puis fut plaqué contre la paroi poisseuse par le baraqué.

— C’était quoi, ça ?

— Une décision judicieuse, rétorqua-t-il sèchement en dégageant la main contre son épaule. Ally sera contente si je lui dis que vous avez failli faire foiré la mission à cause de vos petites querelles perso.

— Laisse-le, fit le petit gobelin. Et toi, Tramonttana, tu vas bien fermer ta petite gueule de privilégié. Je sais pas comment t’as pu échappé aux services de la DSSM, mais sache un truc : nous, on a vécu l’enfer. Que ce soit bien clair : clairement, on veut pas y retourner…

Il s’approcha de lui doucement. Même s’il était petit, Qwilo se sentit dominé par sa présence qui semblait vibrante de haine.

—…mais c’est pas pour ça qu’on va se retenir devant ces chiens du gouvernement.

* * *

La Milice sur les lieux boucla tout le périmètre et Géval affirma à Léandre qu’ils cherchaient encore la trace des agresseurs de la jeune femme. Ceux-ci s’étaient volatilisés et ils soupçonnaient que l’un d’eux sache maîtriser la téléportation, aussi utilisaient-ils un Traceur pour dénicher une piste. En attendant, la femme blessée avait été prise en charge par les autorités compétentes.

— Il s’agit de qui ? demanda Léandre en voyant les secours la placer sur un brancard et l’amener dans un camion.

— D’après les portraits robots, il s’agirait d’une employée à la DSSM, le Département de Sécurité Sensorielle et Magique. C’est une société indépendante et internationale qui s’occupe des phénomènes paramagiques atmosphériques.

— Pourquoi ils voulaient la tabasser ?

— Écoute, je ne peux pas t’en dire plus… (Géval soupira) Tu es une civile et c’est une affaire sensible, alors il va falloir passer à autre chose. On te remercie d’être intervenue, même si c’était hors de ton rôle de citoyenne, mais on va pas te mettre en danger. Ces gens-là, ce sont pas des petits joueurs.

Léandre préféra garder ses remarques acerbes pour elle. Géval lui faisait confiance, mais là il semblait aussi stressé qu’un canard dans une cuisine et fuyait son regard. Qu’est-ce qu’il pensait à propos de cette affaire ? Normalement, il n’aurait pas hésité à partager ses soupçons avec elle ; peut-être y avait-il effectivement quelque chose de trop grave là-dessous, pas une simple querelle de quartier qui avait mal tourné.

On lui demanda son témoignage une dernière fois avant de la laisser partir. Dès qu’elle fut éloignée du lieu, Léandre prit son téléphone en main pour voir le nombre de messages qu’elle avait reçu : Géval avait prévenu Maël qui avait bastonné son clavier pour abreuver la gobeline de messages de dissuasion. Chou. Seulement, ce n’était pas lui qu’elle voulait joindre ; elle composa un numéro qu’elle n’avait pas appelé depuis un mois et porta l’appareil à son oreille.

—…Allô, Tac ? Je crois que j’ai retrouvé Qwilo.

Elle vit la braiseuse réajusta son soutien gorge devant elle. Léandre remarqua qu’elle était décoiffée et semblait crevée. Manque de sommeil ? Installées face à face à la terrasse de l’appartement de Léandre, elles étaient le jour et la nuit. Pourtant, il y a un mois, c’était tout l’inverse : Tac était une braiseuse des plus clichées et Léandre sortait à peine de garde à vue.

Le silence qui s’était installé depuis son arrivée s’allongeait paresseusement. Pendant ce jeux de regards et de non-dits, entrecoupés de sirotements discrets d’un maté et d’un café frappé, la gobeline avait vu l’universitaire prendre un métastasique en tout discrétion : d’abord en faisant semblant de fouiller dans son sac pour sortir un paquet de clopes, en gardant le poing fermé sur la gélule, puis en baillant pour fourrer le médicament dans sa bouche. Léandre avait tout remarqué mais rien dit : si la braiseuse cachait sa condition, c’était son problème à elle. Pas besoin d’avoir un Qwilo-bis.

— Doooonc… Comment ça va, les cours ?

— Sérieusement ? (Tac ricana) Tu m’appelles pour me dire que t’as retrouvé Qwilo, tu restes muette puis tu me demandes ça ?

— Je tape la conversation ; faut bien commencer quelque part.

— Voyons… (elle porta un doigt à ses lèvres en levant les yeux) Je dors mal, ma magie dérate, je dois coucher deux fois plus pour la maintenir et mes notes en pâtissent. En plus de ça, j’ai un interrogatoire de la milice par semaine. À part ça tout va bien !

— Pas besoin d’être en rogne avec moi, protesta Léandre malgré elle.

— Ah oui ! Et la coloc de mon meilleur ami disparu m’appelle pour me dire qu’elle l’a retrouvé, sans aller voir la milice ! Logique, quoi !

Il fallait dire qu’elle n’avait pas un bon passif avec les autorités, mais pas besoin de se justifier devant Tac qui déjà avait du mal à digérer le fait que Qwilo n’était pas parti pour de bon. Léandre croisa ses doigts sur la table.

— L’autre jour, une meuf s’est faite agressée par des gars encagoulées. Des gars qui portaient des sweats sur lequel les initiales du slogan « Sex is Magic » étaient écrits. L’un d’eux était un ventou.

Bon, un ventou baraqué, mais un ventou quand même. C’était une piste suffisante pour qu’elle puisse se dire que c’était Qwilo, même s’il avait utilisé une drôle de magie et qu’il l’avait attaqué. Elle lui raconta la course poursuite et le combat, puis la dissension dans le groupe avec le sauveur providentiel.

— J’ai eu du pot que l’un d’eux soit pas un maniaque violent. Je pense que c’est pas un groupe homogène, plus des gens récoltés sur le tas avec des idéologies différentes.

— Ça m’intéresse pas, tes conneries militantes. Si c’était Qwilo, pourquoi tu l’as pas arrêté avec ton pouvoir ?

— Ma magie, expliqua Léandre avec une moue, c’est le triple mot. En gros je peux imposer des ordres simples aux choses, mais ça ne fonctionne que trois fois : au quatrième ordre, si le premier est un ordre constant, il s’annule.

Tac fit un geste las de la main pour montrer qu’elle avait compris.

— Il t’a attaqué. Pourquoi il aurait fait ça ?

— Pourquoi il est parti de base ? Je crois qu’on lui a lavé le cerveau.

Tac se tut, le regard dans le vague. Elle cachait quelque chose, c’était certain.

— Si t’as un truc utile à dire, ça nous avancerait, lui dit-elle.

— Je…, commença-t-elle.

— Vous voulez des cookies ?

Maël débarqua au pire moment, des manilles en main pour tenir le plateau de métal brûlant où trônaient de délicieux cookies aux raisins secs et à la camomille. Léandre lui lança un regard entendu, que l’elfe ignora pour se tourner vers Tac, l’air interrogateur.

— T’as pas l’air en forme, ma grande. Tu manges assez ?

— Arrête de faire ton papa poule, râla la gobeline alors que la braiseuse pouffait légèrement.

— Quoi ? Moi, papa poule ? Je suis bien plus que ça : je suis le daddy cocatrix et… Eh, pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Tu me dégoûtes, soupira Léandre en prenant un cookie. Ah !

Il était brûlant. Elle le fit bondir entre ses mains en soufflant dessus à plusieurs reprises, avant d’y croquer. La pâte parfumée fondit en myriades de petits morceaux dans sa bouche et l’apaisa grandement. Franchement, c’était le pied de manger quelque chose d’aussi bon après une matinée aussi nulle. Tac ne se priva pas en attrapa un – Léandre eut une pointe de jalousie de ne pas être une braiseuse capable de supporter des chaleurs élevées – et croqua à pleines dents à l’intérieur. Son sourire satisfait et sa mine détendue fit plaisir à l’hôte, qui prit une voix plus douce.

— On dira rien à la milice, si c’est ce qui t’inquiète. C’est mieux si on règle cette affaire tous seuls… (Maël lui lança un regard) Bon, avec l’aide d’un inspecteur à la limite.

Tac la regarda un instant avant d’opiner, puis commença son petit récit. Au fur et à mesure, Léandre et Maël écarquillèrent des yeux : un dragon, ici, à la Porte de Lébron ? Dans le parc du Nord ? C’était si géant qu’ils n’osèrent pas la couper pour aucune question, et à la fin, Léandre dut se taper un clope pour ne pas voir ses mains trembler.

— Donc cet André est au service d’une dragonne… (Maël blêmit) C’est carrément flippant.

— Comme dans les récits d’antan où les dragons régnaient sur l’Ultimonde, ajouta Léandre. Cette Seisseir, elle veut conquérir la Porte ?

— Ça, j’en sais rien. Avec le palomin dans les parages, elle n’a pas tous ses pouvoirs. L’objectif de ses séides est de le détruire.

Rien que ça… Donc ils devaient sûrement s’user à faire les quatre cent coups les plus éclatants – ou moins – pour attirer l’attention des autorités hors d’Hallioce et affaiblir les défenses de l’école. Et avec un dragon dans leur manche, ce serait alors un jeu d’enfant de prendre d’assaut l’université et brûler l’arbre.

Seulement, il y avait quelque chose d’étrange : Qwilo était un Brisé, André était un Brisé… alors par extension, tous les SiMiD avaient la même condition. Par quelle façon faisaient-ils de la magie ? Léandre connaissait pas bien les dragons, n’ayant jamais prêté attention aux cours de biologie, mais peut-être pouvaient-ils guérir les Brisés de leur inaptitude à faire de la magie. Ou alors ils agissaient comme un canal…

— Léandre, ça va ? demanda Maël en posant une main sur son épaule.

Elle la prit dans la sienne et lui sourit, en lui assurant que tout allait bien. C’était un peu tôt pour se soucier d’histoires de dragon : la priorité, c’était de retrouver Qwilo.

— On peut pas exclure le lavage de cerveau, dit-elle. Tu connaîtrais pas quelqu’un qui pourrait contrecarrer cette magie ?

— Y a bien M. Yvain qui est métamage.

— Je pensais à lui également, dit Maël. Je vais aller le contacter ; j’ai été un de ses étudiants préférés.

Il partit dans la cuisine pour chercher son téléphone et Léandre se tourna de nouveau vers Tac, qui regardait le sol. Elle en avait bavé, la pauvre : après avoir blessé son meilleur ami en tentant de l’aider, ou plutôt de le « réparer » parce qu’il n’avait pas d’autre choix, il était parti et elle avait été maudite par la même condition que lui. Comme une sorte d’écho à rebours.

— Comment tu te sens, en ce moment ? Je veux dire, vraiment.

— J’ai l’impression qu’il y a une tempête permanente dans mon corps, répondit-elle immédiatement à son grand étonnement. Qu’elle veut s’échapper et fuir, qu’elle n’est pas à sa place. Parfois, mon cœur bat si vite que je fais une crise de panique. Souvent, mon sang me donne l’impression qu’il bout. Ça m’empêche de dormir, de… de penser.

Elle se recroquevilla sur son fauteuil, les genoux repliés contre sa poitrine. Léandre se leva pour aller la prendre dans ses bras et là, Tac se mit à pleurer. Elles ne s’étaient pas parlées depuis ce soir fatidique et Léandre se sentit coupable de ne pas l’avoir fait plus tôt, peut-être… peut-être parce qu’elle ne voulait pas souffrir d’amitié comme avant. De ne pas voir les autres s’approcher pour les voir partir à cause des circonstances. Mais ce soir-là, Tac pleurait dans ses bras et elle la consolait tant bien que mal.

— On va le retrouver. On va régler toute cette affaire. Je te le promets.

Trois mots, simples. Elle n’en prononça pas un de plus pour éviter de les annuler.

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