1. Nostalgie
Lorsque j'ai quitté mon domicile ce vendredi 31 décembre 2010 vers 19 heures, j'arrivais dans la salle avec mon chapeau sur la tête. J'étais loin d'imaginer la rencontre que j'allais avoir. Cette pièce, qui ressemblait à une cave avec des chasseurs ou des joueurs de cartes, abritait de nombreux amis. Celui que j'aime appeler le Roi, Christian, qui est aujourd'hui marié à la Reine Cornelia (une personne adorable). Ivan, qui m'a fait rencontrer le groupe d'amis le plus cool de la planète et sa future femme Marina.
José, un homme exceptionnel, sacrément fort mentalement et philosophe à ses heures perdues, qui a su me conforter dans mes heures les plus sombres. Ronny, un homme qui a le cœur sur la main. Markus, qui m'a tenu l'épaule un jour que je jouais au poker. Ce simple geste a suffi à me faire comprendre que j'avais ma place pour lui dans le groupe. Stanko, longtemps un homme énigmatique pour moi, mais de ce fait un grand ami du Roi qui mérite mon respect. Mario, un homme toujours prêt à faire rigoler. Manuela ton amie de longue date qui semblait toujours douter de moi et que je suis un homme bien pour toi. Cette façon de te protéger et de vouloir ton bonheur exige de moi respect et admiration. Et toi là, tu étais cachée derrière ta timidité.
Par un hasard sans doute construit par le Roi et sa femme en arrière-plan, tu étais assis à ma droite sur ces chaises en bois. Ce soir-là, nous avons mangé une raclette. Je me souviens que lorsqu'il était temps de faire la vaisselle, nous avions brisé la glace. En fait, Ivan m'avait dit que tu étais célibataire et il avait aussi prononcé le mot « attaque ».
Sans lui et sans ce mot, je n'aurais probablement pas fait ce premier pas tout seul. Je suis venu te parler, je ne sais pas si c'est à cause de mon accent français ou de ta timidité ce soir-là. Mais tes yeux regardaient tes pieds, tu me semblais fragile et attachante. J'étais sous le charme de ta sensibilité.
Je suis arrivée en Suisse allemande en septembre 2009. J'avais alors un contrat de travail à durée déterminée. Le jour de la Saint-Sylvestre 2010, j'étais aux anges car je venais de signer un contrat suisse avec un salaire suisse. J'ai donc été très heureux de pouvoir partager cette bonne nouvelle avec nos amis.
C'est tout ce que j'attendais de la vie. Et tu es tombé sur moi, comme lorsque tu vois une étoile filante dans le ciel. Je ne peux pas m'empêcher de penser à cette soirée comme à la plus belle de ma vie. J'ai bavardé avec toi et quand les planètes se sont alignées cette nuit-là, je t'ai embrassé alors que le feu d'artifice commençait à peine.
À la fin de la soirée, tu es venue me voir. J'étais un peu ivre. Et je cherchais encore une bouteille à la maison. Tu m'as dit : "Je sais ce que tu veux".
Mais non, tu ne le savais pas. Tu pensais que je voulais juste te mettre dans mon lit avec l'aide de l'alcool. En fait, à l'époque, j'aimais trop les soirées. Du haut de mes 25 ans, je ne calculais rien. D'une certaine manière, j'étais toujours aussi candide. Je voulais juste partager ma vie avec une fille qui le voulait bien. Jusqu'alors, je ne connaissais que des échecs. Ce qui est facile à comprendre.
Nous avons parlé des mouvements oculaires, nous avons parlé un peu de tout et de rien ainsi que de la philosophie de la vie. Nous sommes ensuite allés dans mon lit. Je m'en souviens très bien. Tu as essayé de résister à la tentation comme une folle. Je crois que, pour une fois, tu voulais construire une vraie histoire.
Tu es probablement tombé amoureuse de moi autant que je suis tombé amoureux de toi. Tout n'est malheureusement pas comme dans les livres avec une belle fin. Le lendemain le Roi et Conny (Cornelia) t'ont ramené chez toi le samedi premier janvier 2011 à midi.
J'étais tellement stupide à l'époque que je pensais être intelligent (peut-être que je n'ai pas encore changé). Je ne comprenais vraiment pas grand-chose aux femmes, même si j'avais lu le livre "Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus". Je n'ai pas tenu compte du mardi 4 janvier, de ton anniversaire et de tes 30 ans !
J'étais complètement concentrée sur mon travail. Je te l'ai souhaité que tard le jeudi... Le samedi suivant, tu es venue me chercher avec ta "Polo" noire. J'ai pris une bouteille de crémant rapidement au coin du village pour te l’offrir comme cadeau à l’arrache…
Widnau, où j'ai souvent fait des achats trop rapides. Et je te l'ai donné. Un cadeau d'idiot, mais un cadeau quand même. Tu avais l'air très heureuse. Ma mémoire me fait défaut, je ne sais pas ce que nous avons fait ce soir-là.
Je me souviens avoir passé du temps avec toi à regarder des films. Deux films m'ont marqué. "Into the Wild", aujourd'hui je me dis que tu voulais me montrer ce film parce qu'il ressemblait étrangement à ma vie de moine ermite en Suisse allemande dans un petit appartement. Si seulement tu savais ce que je donnerais pour revoir ce film à tes côtés. L'autre film que nous avons vu ensemble, entre autres, et qui m'a marqué, c'est : "Requiem for a Dream", une histoire tragique.
Dans ma tête, tout est incohérent. Je n'arrive pas à remettre les pièces du puzzle de notre aventure dans le bon ordre. J'ai des souvenirs très forts, mais j'ai parfois du mal à leur donner un ordre chronologique.
Tu te souviens de ce jour au bar ? Celui où il y avait il y a un cinéma ? Moi oui, j'ai partagé avec toi ma vision de la vie de cette époque. Tu m'as semblé très réceptive. J'aime ta ville de Dornbirn.
Chez toi, tout m'a toujours plus. Je ne voyais que de belles choses en ta présence. Je n'avais tout simplement pas assez confiance en moi et, d'un côté, j'avais trop peur de te perdre, de ne pas être assez bien pour toi. Tu m'as dit une fois : "Tu peux aller voir d'autres filles, mais ne me le dis pas", pour changer d'avis et dire "dis-le moi quand même". Alors que je ne cherchais pas d'autres filles. Tu m'as donné les clés de ta maison au bout d'un moment. Je suis un monstre parce que je t'ai quitté, je mérite mille fois mon sort.
Tu te souviens du 16 mars 2011 ? Moi oui, tu m'avais offert deux billets pour mon anniversaire, pour aller à " l'hôtel câlin ", si je me souviens bien. Je me suis réjouie de ce cadeau... Je suis juste trop bête pour ne pas avoir réservé. Et l'autre fois, tu m'as emmenée au cinéma. Tu m'as dit qu'il n'y avait plus de places pour le film que je voulais voir. Alors que c'était juste une blague. Je pleure de joie quand je repense à ces moments passés avec toi. Pour tout cela, je voulais te remercier.
Ta famille m'a ouvert ses bras. Ta grand-mère, qui t'a élevé, m'a montré les photos de sa fille (ta mère) lorsqu'elle t'a mis au monde. Pour me montrer ensuite le temps de sa maladie ... Je ne pouvais pas et ne peux toujours pas imaginer les souffrances que tu as endurées dans ton enfance et encore maintenant. Cette leucémie qui a emporté ta mère a entraîné une enfance et une vie compliquées... Heureusement, tu es entouré d'une famille soudée et solide. Ton caractère bien trempé a su faire face à tout cela ! Avec ta tante et ton cousin Mika. Mon ami qui m'a dit un jour "Ami de la montagne", l'homme qui accompagne ta grand-mère. Cet homme qui donnait de son temps pour faire des trajets en voiture pour aider les plus démunis. D'un autre côté, je n'ai jamais rencontré ton père... Je ne sais pas quel rôle il joue dans ta vie. Je suis curieux, même si je pense me souvenir qu'il tenait un restaurant.
Je repense aussi au jour où nous sommes allés chercher Santos ton chien. Je suis content que tu te sois si bien occupé de lui. Le voir "grandir" sur les photos des réseaux m'a souvent fait sourire. Ce panier avec des têtes de mort à la mode, que nous avions acheté ensemble à l'époque.
Je me souviens quand je devais à 6 heures du matin pour me lever, pour que Santos puisse faire ses affaires. Il est devenu pour toi un compagnon adorable et fidèle.
Tu te souviens quand je t'ai envoyé deux bouquets de fleurs le même jour ? Avec deux films ?
Le premier film était : "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain". Le deuxième : "Aime-moi si tu l'oses". Depuis dix ans, ce film est la clé de toute ma vie. Je suis parti loin de toi pour me comporter comme dans le film. Mais aujourd'hui, la fin sonne pour moi. Je ne vois pas d'autres alternatives que la mort. Je me souviens d'une phrase de Manuela : "La vie est faite pour des moments à couper le souffle " ou quelque chose comme ça.
Nous sommes allés ensemble à Lyon, tu avais fait la connaissance de ma mère. Tu avais préparé un panier de spécialités de ta région. Moi j’avais acheté un énorme Toblerone de quatre kilos. Nous étions heureux. Nous avions passé un super weekend. Tu me manques petit Ange. Si seulement tu pouvais voir le l’énorme trou béant que j’ai creusé dans mon cœur pour toi. Tu te souviens quand nous étions à Paris ? Je vois encore la photo avec ton T-shirt arc-en-ciel et une image de la Tour Eiffel en arrière-plan avec l’inscription « la Parisienne » !
Annotations
Versions