XIII. Hôtel Hannibal
L’hôtel Hannibal était un petit établissement noyé dans le gigantisme de la Ville Éternelle. Le buste du général carthaginois en ornait fièrement l’entrée.
C’est en début de soirée que Tommaso et René franchirent enfin les portes de la réception. Ils étaient aussi rafistolés que possible, grâce à la bonté de jeunes bénévoles.
《 Regarde, c’est celle qui écrit quelque chose, derrière le comptoir.
- Je connais ta sœur, Tom. Pas la peine de faire semblant. 》
Sofia était la réplique féminine de Tommaso, à l’exception de ses cheveux noirs, unique héritage de sa mère.
En les remarquant, elle sauta de joie.
《 Tomino! Quelle belle surprise ! 》
Elle se jeta dans les bras de son frère, l’embrassant de toutes ses forces.
《 Que fait un rat parisien aussi loin de ses égouts?
- Arrête, Sofia. Je ne me suis absenté que trois mois.
- Seulement ? Pourquoi pas trois ans, temps que tu y es ?
- Le travail me tue, tu le sais.
- Il nous tue tous ... mais voilà notre bon vieux René ! Comment ça va ?
- Ça ... ça va.
- Tomino ... ton doigt ... ce pansement est colossal.
- Une longue histoire ... j’ai ... nous avons de gros problèmes, Sofia. 》
Elle scruta longuement les yeux de son frère, plus inquiète que jamais.
《 Nous devrions peut-être parler dans mon bureau.
- C’est le ... 》
Pan !
Sofia s’écroula.
Un cratère sanglant défigurait son front.
Un homme armé avait fait irruption dans la salle.
《 NONNNNNNNN! 》
Tommaso vacilla.
L’univers s’écroulait autour de lui.
《 TOM! IL FAUT Y ALLER ! TOM ! 》
Une nouvelle détonation retentit.
La balle frôla la tête de Tommaso.
Son instinct de survie reprit le dessus.
《 PAR LA PORTE DU FOND! PAR LA PORTE DU FOND ! PRESTO ! 》
Les deux amis s’y engouffrèrent, esquivant de peu une troisième salve.
Ils se trouvaient dans une petite rue pavée.
Un homme portant l’uniforme des Carabiniers accourait vers eux, l’arme à la main.
《 AIDEZ-NOUS, hurla René. IL VA SORTIR DE CETTE PORTE ! AIDEZ ... 》
Le gendarme tira sur René.
Il s’écroula.
Tommaso se jeta sur lui.
Lui brisa le bras.
Lui arracha son arme.
La porte s’ouvrit.
Tommaso tira.
Il tua le tueur.
《 T ... Tom ... 》
Il s’agenouilla près de René ...
Deux taches rouges commençaient à se former au niveau de son thorax.
《 Je vais te sortir de là.
- Tu ... p ... p ... peux pas ...
- JE VAIS TE SORTIR DE LÀ !
- Ma ... ma ... fam ... fam ... famille ... pro ... protè ... g ... g ... 》
René se tut.
À jamais.
Quelques mètres plus loin, une tête jaillit du sol.
《 Venez! Vite ! D’autres vont venir ! D’un instant à l’autre ! 》

Annotations
Versions