ACTE IV, Scène 4 : avertissements

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Côté extérieur, Augusta tient son mari par le bras. Ils saluent quelques passants. En arrière-plan sonore, on entend le bruit de la circulation, des voitures, un coup de klaxon. Au premier plan, des conversations. Peu à peu, les bruits s’assourdissent.

BERNAL. – Tu voulais me parler de quelque chose, Augusta ? Tout va bien avec ton frère ?

AUGUSTA. – (se lamente) Ah Pierre… Mon frère… Tu me parles de mon frère alors que tes ministres travaillent contre toi !

BERNAL. – C’était prévisible. Mais comment le sais-tu ?

AUGUSTA. – J’ai eu une longue conversation avec mon frère, justement. Il était très contrarié. Les patrons sont inquiets. Tes binômes passent leur temps à se poignarder dans le dos… Tout cela n’est pas bon.

BERNAL. – Que les crabes se dévorent entre eux, tant qu’ils tiennent leurs objectifs.

AUGUSTA. – Tu prends les choses trop à la légère !

BERNAL. – Le peuple nous soutient. Le peuple nous soutiendra. Ils savent que nous sommes sérieux, ils ont compris que nous voulions impulser le changement.

AUGUSTA. – Pas tous, Pierre, pas tous ! Vous faites peur à beaucoup de monde.

Bernal soupire. Il lève les yeux vers le soleil qui l’aveugle.
Il les ferme à demi puis se tourne vers sa femme et la prend par les épaules.

BERNAL. – (exalté) Ça aussi, c’était prévisible. Mais quand ils verront arriver les premières réformes, quand ils constateront de leurs yeux que nous tenons nos engagements, ceux qui doutaient encore ne pourront que nous suivre !

Augusta se dégage avec douceur de son étreinte et lui prend les mains.

AUGUSTA. – Mais Pierre… Êtes-vous prêts, Sarmente et toi, à vous faire poignarder dans le dos ?

BERNAL. – (grave) Si nous devions en arriver là… (il souffle) Eh bien cela signifierait que nous avons échoué et que le peuple n’était pas prêt à l’union… à l’alliance, comme le dit Julia, que nous leur proposions.

AUGUSTA. – Fais attention, Pierre… On ne peut pas forcer des gens à travailler ensemble s’ils n’en ont pas envie… Ça n’est pas bon.

BERNAL. – Mais on peut susciter cette envie en leur montrant qu’ils ont tout à y gagner.

AUGUSTA. – Je ne sais pas… Cette histoire… La trahison de Sarmente… Ça reste un problème.

BERNAL. – (inspiré) C’était génial !

AUGUSTA. – C’était une trahison !... Vous vouliez être exemplaires… Vous l’avez été : vous avez révélé l’exemplarité de la trahison !

BERNAL. – Alors le théologien de la télévision avait raison : nous sommes bel et bien les cavaliers de l’Apocalypse.

AUGUSTA. – Je ne sais pas Pierre… Vous… Vous avez pris un risque énorme.

BERNAL. – Julia a tenté quelque chose. Elle a sacrifié quelque chose. Elle a donné de sa personne, elle s’est impliquée…

AUGUSTA. – (ne le laisse pas terminer sa phrase) Et elle sera sacrifiée, crois-moi.

BERNAL. – (en lui souriant avec tendresse) Tu exagères.

AUGUSTA. – Écoute… Mon frère pense que…

Noir.

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