ACTE II, Scène 4 : promotion
Bernal et Sarmente.
SARMENTE. – Oui Pierre, je t’assure. Et j’en suis désolée, crois-moi. Tu comprends pourquoi j’hésitais à t’en parler.
BERNAL. – Je comprends.
SARMENTE. – Tu n’es pas trop déçu ?
BERNAL. – Déçu ? Par Juillet ? Pas le moins du monde. Il a fait ce qu’il avait à faire. Il a cru que c’était important. Il est dans sa vérité, dans ses vieux modèles.
SARMENTE. – Précisément. Enfin s’en prendre à Deligny, c’était vraiment mesquin… mais soit. La question est de savoir ce qu’on en fait dorénavant.
BERNAL. – On savait qu’il ne jouerait pas dans notre camp.
SARMENTE. – Alors on essaie de le ramener avec nous ou on lui propose gentiment de se mettre au vert ?
BERNAL. – Une retraite anticipée ?
SARMENTE. – Oui ou… (elle réalise qu’une meilleure idée est possible) pourquoi pas les retraites, justement ?
BERNAL. – Tu veux lui proposer une promotion ?
SARMENTE. – (enthousiasmée, sûre d’elle) Oui, une belle promotion, un beau dossier qui fera honneur à son passé de ministre de l’Intérieur. On le valorise pour l’écarter un peu de nous, pour qu’il nous fiche un peu la paix. Là, regarde-le, le pauvre, il tourne en rond dans son bocal, il s’ennuie, il se cherche une occupation !
BERNAL. – Julia, tu es redoutable.
SARMENTE. – Mais même pas, Pierre ! Même pas. On a besoin d’un homme fort pour porter ce dossier. Juillet a un réseau incroyable, il nous sera utile.
BERNAL. – Et tes mesures ? Les propositions de ton camp ? Tu ne peux pas tout lâcher sur le dossier des retraites, ça va complètement te déstabiliser.
SARMENTE. – (avec satisfaction) En réalité, les choses se passent bien mieux que je ne l’avais supposé. Des petits bouts de puzzle qui s’agencent tranquillement, sans qu’on ait besoin de rien faire… Et c’est Gaspard Trémond qui va nous aider. Il a déjà mis en place certaines des mesures que proposait mon parti. Et il portera ce dossier avec Juillet.
BERNAL. – Tous nos grands patrons ne sont donc pas obsédés par le profit ?
SARMENTE. – Détrompe-toi ! Ces mesures lui seront profitables. Elles sont extrêmement populaires auprès du peuple et ça va doper son image de marque.
BERNAL. – Doper son image de marque ? N’est-ce pas là l’une de ces vieilles recettes que nous avons juré de ne plus utiliser ?
SARMENTE. – Pierre, tout le monde n’acceptera pas de basculer dans le changement en même temps que nous. (confiante, en souriant) Laissons-leur le temps…
Noir.

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