La gare
Le cœur battant à tout rompre, Marie-Louise courait dans les rues de La Rochelle. Chaque pas résonnait comme un tambour dans sa tête, et pourtant le temps lui glissait entre les doigts comme du sable.
Elle avait su, dès qu’Erine lui avait dit que Côme était parti, qu’il fallait qu’elle le rattrape. Qu’elle ne pouvait pas le laisser partir sans lui dire.
Son souffle était court, sa poitrine brûlait, mais elle avançait, aveuglée par cette urgence terrible.
La gare s’étendait devant elle, vaste et pleine de bruit. Les annonces résonnaient dans l’air glacial. Le train pour Paris allait partir dans quelques minutes.
Elle courut vers les quais, bousculant des passants, ignorant tout autour d’elle.
Puis, elle le vit. Là, sur le quai 3, Côme, adossé à une colonne, regardant sa montre, le visage impassible.
Le temps sembla s’arrêter.
Elle s’approcha lentement, comme si avancer trop vite pouvait le faire disparaître.
— Côme !
Il tourna la tête.
Elle sentit sa gorge se nouer. Les mots qu’elle avait préparés, répétés mille fois dans sa tête, se dérobèrent soudain.
Elle ouvrit la bouche.
Mais un appel au micro coupa sa voix :
— Le train en direction de Paris va partir dans deux minutes. Veuillez vous éloigner de la voie.
Côme se détourna, comme s’il ne l’avait pas entendue.
Elle fit un pas en avant.
— Attends, s’il te plaît, j’ai besoin de te parler.
Mais il fit un signe de tête, doux mais ferme.
Puis le train siffla.
Le cœur de Marie-Louise se brisa en silence.
Elle regarda le train partir, emportant avec lui toutes ses chances.
Elle tomba à genoux, les larmes roulant sur ses joues.
Ce moment-là, c’est la fin de l’espoir.
La fin d’un rêve qu’elle n’aura jamais eu le courage de vivre.
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