Horace avance un peu dans la pénombre. Il marche sur de la toile élimée, qui semble être une couverture sur un peu de paille sèche. Ce doit être la couche du borgne, dont le golem a emprunté jusqu’au bandeau sur le visage.
Horace tire sur le tissu du sol, pour s’en couvrir les épaules. Malgré sa stature, il prend une apparence passant pour humaine, si l’on y regarde pas de trop près.
Il bouscule dans ce geste un récipient en verre qui se brise, ainsi qu’une écuelle où un rongeur s’attardait. Le borgne vivait ici, mais qu’y faisait-il ? Quel est cet endroit ?
Le golem rencontre encore une table, toujours à tâtons, et renverse ensuite un tabouret. Une lumière approche alors, sous le jour d’une autre porte de la pièce. Une voix crie de l’autre côté :
« Merlan ! Arrête de boire, tu dormiras mieux ! »
D’un ton amical malgré sa rudesse, la femme qui prodigue ce conseil de l’autre côté de la porte ne l’ouvre pas pour autant. Elle écoute ce qui se passe dans les quartiers de Merlan, où le golem ne dit mot. Il ne bouge plus, attendant qu’elle s’éloigne comme elle est venue, voire qu’elle essaie d’entrer.
« Je te sens jusqu’ici, crasseux ! dit elle encore. Tu as peut-être déjà refermé ton œil… Dors bien, espèce de vieux… »
La femme s’en va sans prononcer une dernière insulte, dans un bruit de cliquetis métallique, semblable à celui que font les clés entre les mains de Horace.
Le golem a profité du peu de lumière sous la porte pour regarder la configuration de la pièce. Il allume une lanterne dans un coin de celle-ci, assuré de ne pas provoquer d’incendie, dans un carré de sol de terre battue sans détritus.