Dans la faible lumière de la pièce à quatre portes qu’il occupe, Horace se lave les mains pour en retirer les derniers spores des champignons empoisonnés. Il suppose que la nuit est déjà avancée de quelques heures, puisque la femme derrière la porte a conseillé au borgne de se rendormir. Le golem conçoit de quitter ce lieu rapidement, avant la venue du jour.
« Tu peux les laver aussi longtemps que tu le veux, tes mains ; rien n’efface le sang qui les a souillées ! »
Horace lève la tête, conscient d’avoir été découvert alors qu'il se croyait seul. Une porte de fer, à demi barrée, abrite la voix qui lui parle. L’individu est prisonnier dans une cellule, qui a tout l’air d’oubliettes, au nord des quartiers de Merlan.
« Tu sais qu’un mot un peu trop fort de ma part, un petit cri, mettrait ton évasion à l’eau ? Tu n’as pas l’air très doué, mais tu es costaud. On pourrait s’entraider ! »
Le golem s’approche de la porte d’où vient les petites phrases de l’intrigant. Horace demande à ce prisonnier son nom.
« Je vais t’aider à t’évader d’ici. Libère-moi, ou tu es mort !
- Si je meurs, tu meurs, oppose Horace. Ton nom ?
- Cendres. Demain soir, mon corps sans vie sera jeté au feu. Libère-moi, on y gagne tous les deux !
- Ou bien, je peux te faire brûler vif dans ta cellule, tout de suite, si je t’entends encore.
- Et tu te feras repérer. Aide-moi, je te prie ! insiste l’intrigant. Tu as besoin d’aide, et j’ai besoin de toi. La gardienne revient bientôt pour sa ronde. Je sais comment sortir d’ici vivants, tous les deux. Seule la porte qui nous sépare m’en empêche !
- Un mauvais geste et tu es mort. Je n’ai pas confiance en un condamné.
- Tu es une bonne personne. Sinon tu ne te serais pas lavé les mains ! Libère-moi, même si je suis déjà mort », relativise Cendres.