Cendres évolue avec une grâce féline dans des corridors de pierres plus sombres que les murs des étages inférieurs. Il assomme trois veilleurs de suite, quand leurs regards sont attirés par la lanterne de Horace.
La cour extérieure du palais de justice sera plus difficile à traverser pour quitter cette institution. Les clés des cellules et des couloirs internes sont différentes de celles des portes vers la cité.
« L’incendie n’est pas encore déclaré, remarque le golem.
- Quand la porte des quartiers de Merlan sera ouverte, cela créera un appel d’air. Dès que la première gardienne se réveillera, elle appellera à l’aide depuis ma cellule où nous l’avons laissée, et… cela se produira. Il nous reste peu de temps ! »
Horace et Cendres se déguisent en huissier, en passant dans l’ombre des quartiers des magistrats. Bien que mal mis dans de telles tenues, ils espèrent passer pour des négligents, en vue des circonstances qui se préparent.
L’intrigant entraîne le golem dans des quartiers privés, sans l’avoir vu se déshabiller, le prenant encore pour un être humain. Ensemble, ils cherchent un juge au hasard, pour le tirer du sommeil. Horace ne comprend pas tout, mais continue de suivre et de soutenir, avec ordre de garder le silence.
« Juge Desroses ! crie Cendres, imitant la façon d’être des huissiers de justice. Vous devez être évacué ! Au nom de la République ! »
Aussitôt, Jeanne Desroses, petite potiche blonde aux formes rondes, belle comme une enfant, apparaît à la porte dans sa chemise de nuit. Ses longs cheveux détachés hypnotisent un moment Cendres, qui a du mal à retrouver ses mots.
« Pour votre sécurité, ô Juge. Vous devez quitter le palais.
- Que se passe-t-il ? demande Jeanne en prenant juste un manteau.
- Nous avons été avertis d’un risque d’incendie », balbutie Cendres.