18
Cendres, toujours affamé, perd un peu de son entrain. L’appétit est toujours là, mais son visage paraît de plus en plus blême.
« Je crois que j’ai le choix… Puis-je manger d’abord ? Il me faut prendre des forces… Même s'il peut paraître ridicule d’affronter une mort assurée avec le ventre plein, plutôt que vide… »
Cendres se tait quelques instants. Il regarde les flammes du petit foyer qu’il vient d’allumer pour son repas. Et interroge, après réflexions, le golem immobile.
« Qui es-tu, Horace ? lui demande-t-il. Es-tu une création de ton ennemi ? D’où venais-tu, depuis ces oubliettes, avant de m’en sortir ?
- Je te confierai mes secrets en échange des tiens. Tu en sais plus sur moi que moi sur toi. J’ai besoin de garanties. Informe-moi sur tes intentions et tes actes. »
Cendres attrape des brindilles, pour les rompre en morceaux, sans les jeter au feu. De colère, il sait qu’il ne peut pas parler. Et qu’il n’y a, entre le golem et lui, aucune confiance possible.
« On ne pourrait pas en rester là, Horace ? Je ne veux pas mettre en péril ceux qui…
- Tu as le choix. Je te menace depuis les premiers instants où tu t’es adressé à moi.
- Écoute, bougre de golem, fais-toi passer pour une des créations de Baldenazzar, infiltre son armée, et laisse-moi tranquille ! T’ai-je suffisamment aidé, comme ça ?
- Dans ce cas, rends-moi ce dernier service : ne parle de moi à personne.
- Ce ne sera pas difficile, sourit Cendres, dont les yeux s’éclairent.
- Si tu me trahis ou me nuis, je retrouverai tout ce que tu protèges et chéris, pour le détruire avant Baldenazzar. Adieu, Cendres. »
Horace se lève, devant la joie sans filtre de l’intrigant, qui vient de réellement retrouver sa liberté.
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