Quatre fusils pour un cercueil

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L'enterrement de Freddy Van Buick allait se jouer, ce lundi 10 août, à guichet fermé. L'embaumeur, pour le coup, avait accompli un travail d'orfèvre pour rendre l'artiste plus présentable, en le recousant au point coulé, au point de chausson, au point arrière et au point de croix. Du bel ouvrage qui n'avait rien à envier à la Tapisserie de Bayeux. Puis finition au fond de teint numéroté et rafraîchissement de la nuque. Qu'il était beau Freddy dans sa redingote en sapin ; presque plus beau que de son vivant.

En dehors de la famille proche et de quelques cousins éloignés, beaucoup de Baraquins* étaient venus se recueillir, nourris d'une curiosité malsaine et espérant ainsi fuir la canicule dans la fraîcheur des pierres. L'abbaye de Laval-Dieu n'avait jamais connu une telle influence et la brigade de gendarmerie avait été réquisitionnée pour assurer le bon déroulement des opérations ; ce qui n'était pas une mince affaire, vu l'effervescence qui régnait tout autour. La presse, tenue à l'écart sur l’esplanade, était cantonnée derrière des barrières de sécurité, en compagnie des moins chanceux qui râlaient de n'avoir pu accéder aux places VIP. Les esprits commençaient à s'échauffer, agglutinés sous le cagnard, et oubliant bien vite les gestes barrières et les distances sociales imposés au printemps.

Bellocq se tenait hors de la foule, observant de loin toute cette agitation. Quand bien même il n’était pas très porté sur les évangiles selon Saint Machin ou Saint Truc, il était venu dans le probable espoir que l’assassin de Freddy Van Buick se trouverait là. Un des gendarmes avait d’ailleurs été désigné pour jouer les faux photographes de presse, avec ordre de shooter toute personne correspondant au profil recherché : un.e adolescent.e entre douze et dix-sept ans environ, possiblement accompagné.e d’un chien aux poils roux de catégorie 2. Tandis qu'à l’intérieur de l’abbaye, en couverture, l’adjudant Le Garrec et un adjoint allaient se farcir la messe en premières loges.

Les portes avaient été refermées dès le coup d’envoi de la cérémonie pour préserver l’intimité et le recueillement des proches.

  • Vous ne participez pas aux festivités ? surgit une douce voix derrière le commandant.

Celui-ci se retourna et aperçut Leïla Behdi, toujours aussi pimpante.

  • Oh ! Vous savez, lui répondit le flicard, entre Dieu et moi c’est une histoire compliquée. Et puis le destin ne m’a guère laissé ni le temps ni l’occasion de m’attacher à ce bon vieux Freddy. J’évite les églises, tout autant que vous, j’imagine.
  • Et pourquoi dites-vous ça ?! s'étonna la journaliste.
  • Bah, vous n’êtes pas de confession musulmane ?
  • Mes parents le sont. Mais ce n’est pas parce que je ne bois pas d’alcool à 9 heures du matin, comme vous, qu’il faut en tirer des conclusions. Je ne crache pas sur un verre de Chablis quand l’occasion se présente. Je suis franco-marocaine, fière de mes origines mais profondément athée. Et je déteste la viande de mouton, si vous voulez tout savoir.

Bellocq s’abstint de tout commentaire déplacé sur le gigot à l’ail.

  • C’est difficile d’aller contre les préjugés, conclut-elle.
  • Dixit la fille qui m’imaginait écouter “les Gipsy Kings, ou un truc du genre” dans mon camping-car. 
  • Qu’est-ce qui se passe là-bas ? s’étonna soudain Leïla, pointant son doigt vers l’abbaye. 

Le commandant se tourna et aperçut un gus sortir en courant de la bâtisse et crier à l’aide. Il semblait avoir le diable aux trousses.

  • Ça, c’est pas normal, pressentit Bellocq. Restez ici, Leïla !

Le commandant se dirigea au pas de course vers l’église quand des coups de feu retentirent depuis la nef, créant un mouvement de foule sur le parvis et donnant lieu à une bousculade indescriptible. Bellocq se fraya un chemin au milieu de la cohue tandis que des coups de feu claquèrent à nouveau. Dans la panique générale, les gens qui étaient encore dans l’église tentaient désespérément de sortir. On se serait cru à l’heure de pointe sur la ligne 13 ou le RER B. Les plus chanceux réussirent à s’extirper à temps. Beaucoup tombèrent et se retrouvèrent piétinés tandis que les suivants, beaucoup trop nombreux, furent pris au piège, coincés dans l’ouverture du vantail bien trop étroite ; il était impossible pour le commandant de passer par l'entrée principale.

  • Lâchez ça et venez avec moi ! hurla-t-il à un gendarme occupé à tirer sur le bras d’un malheureux coincé sous une barrière de sécurité.

Le brigadier abandonna sa prise et obtempéra. Ils longèrent le bâtiment, au milieu de la débâcle et des sauve-qui-peut, jusqu’à la petite porte d’accès qui donnait dans l’abside. Celle-ci avait été malheureusement verrouillée pour éviter l’intrusion des journalistes pendant la cérémonie. Qu’à cela ne tienne ! Devant l’urgence de la situation, Bellocq dégaina son Colt Python, recula d’un pas et tira dans le loquet. Puis les deux policiers prirent leur élan pour enfoncer la lourde à coups d’épaule. Elle finit par céder au bout de la troisième tentative. Le spectacle qu'ils découvrirent alors dans le chœur abbatial les laissa sans voix. C’était un véritable carnage. Bellocq eut juste le temps d'ajuster son crachant et de faire feu pour sauver Le Garrec d’une mort certaine.

***

“Adorate et timete”

Tout avait bien commencé pourtant...

Freddy était arrivé dans sa boîte à six planches, pile à 15 heures pour le début de ses funérailles. Quatre membres éminents de l’Amicale des chasseurs, moustaches peignées et fusils à double canon en bandoulière, avaient été désignés pour tenir les cordons du poêle. Les gaillards particulièrement éméchés, sans doute à cause du chagrin, portaient tout le poids du deuil sur leurs épaules. Tandis que la famille Van Buick, drapée dans sa dignité, fermait le convoi au rythme d’un chant liturgique. La mère, toujours aussi inconsolable, vêtue d’une robe de twill en soie noire, pleurait à chaudes larmes, soutenue par Sergio et Jimmy. Les deux frangins avaient pour l’occasion ressorti les costards en tergal parfumés à la naphtaline. L'ainé des Van Buick, aussi blond que son défunt frangin, avait la gueule cabossée et les joues criblées de marques de variole. Le grêlé en imposait, bâti comme un semi-remorque et laid à faire peur, au sens propre comme au défiguré. Ludovic, le petit dernier, était quant à lui aux abonnés absents. Étant imprévisible, la famille avait jugé préférable qu’il ne vienne pas gâcher le bon déroulement de la cérémonie. Il aurait fallu le bâillonner pour l’empêcher de hurler et lui coudre les mains dans les poches pour éviter qu’il ne se tripote pendant la procession.

L’adjudant Le Garrec et le brigadier Berthot, installés discrètement sur les côtés derrière une colonne, observaient religieusement l’assemblée. Fervent pratiquant, Le Garrec, premier communiant troisième dan, s’était porté naturellement volontaire pour cette mission, prêt à prévenir les renforts si le supposé assassin montrait le bout de son nez. Mais il avait beau scruter l’assistance, aucun individu ne correspondait au signalement. Il n’y avait là, dans cet aréopage, que des seniors et des quadragénaires.

Les obsèques se déroulèrent alors sans anicroche, dans une succession de louanges, d’homélies et de chants sacrés. La famille vint allumer des cierges autour de la caisse à viande, l'aumônier du Grand Barbu lut quelques passages de la Bible et les proches se succédèrent au pupitre pour évoquer les doux souvenirs du regretté Freddy : « Un brave garçon, jamais un mot plus haut que l’autre, un compagnon de chasse exemplaire et le cœur sur la main ». Puis le padre encensa et bénit le corps tout en demandant le pardon de ses péchés. Amen !

L’assemblée, invitée à venir bénir le cercueil à son tour, se leva rangée après rangée et s’aligna en queue de cervelas dans l’allée centrale.

  • Vous avez vu cet homme ? souffla discrètement Berthot à son supérieur.
  • Où ça ?
  • Là, derrière la grosse dame blonde.

L’homme que désignait le brigadier jurait au milieu de l’assemblée avec sa dégaine de clochard sous son vieux pardessus. C’était un vieil homme trapu à l’allure hirsute, les cheveux poivre et sel en pétard, dégarnis sur le dessus et une longue barbe en zinc.

  • C’est Jean-Jean l’ermite, l’informa Le Garrec, un charbonnier qui vit dans un cabanon dans les bois. C’est rare de le voir descendre par ici. J’ignorais qu’il connaissait Freddy.
  • Et il n’y a rien qui vous choque ?
  • Quoi donc ?
  • Porter un manteau en plein mois d’août, par cette chaleur, c’est quand même étrange.
  • En effet, constata l’adjudant. Mais ce n’est pas interdit par la loi, que je sache. Concentrez-vous plutôt sur notre mission !

Le brigadier Berthot, pourtant, ne put se résoudre à décrocher son regard du vieil homme. Quelque chose l’intriguait chez lui, sans pouvoir expliquer pourquoi. Et tandis que les Baraquins continuaient de défiler devant le cercueil, le susnommé Jean-Jean arriva enfin à hauteur de celui-ci, saisit le goupillon qu’on lui tendait puis…

Il frappa en plein museau in nomine patris, un des membres de l’Amicale de chasse qui était planté à côté de la dépouille.

  • Oh mon Dieu ! hurla Berthot.

Devant un public médusé, le viandard s’effondra à la renverse, entraînant quelques pèlerins dans sa chute. Puis Jean-Jean ramassa son fusil tombé à terre et le pointa vers l’assistance.

  • Que personne ne bouge, prévint-il, nerveux.

Les trois autres porteurs avaient déjà épaulé leur arme dans sa direction.

  • Messieurs, du calme ! ordonna l’abbé. Comment osez-vous brandir vos fusils dans la maison du Seigneur ?
  • Je ne veux de mal à personne, avertit Jean-Jean. Ne m’obligez pas à tirer !
  • Gendarmerie nationale, hurla Le Garrec.

Les deux harengs saurs avaient sorti l’artillerie et venaient de s’engouffrer à leur tour dans l’impasse mexicaine. Tandis qu’un des chasseurs tenait le trouble-fête en joue, ses deux compagnons pointèrent leurs flingots en direction des poulets.

  • Posez vos armes et tout se passera bien ! dit l’adjudant.
  • Qu’il lâche d’abord la sienne, rétorqua un des chasse-pattes.
  • Il y a une dizaine de gendarmes dehors, prévint Le Garrec. Inutile de jouer aux cow-boys !

Puis se tournant vers son brigadier :

  • Berthot, allez chercher les renforts !
  • Que personne ne bouge ! intervint Sergio qui s’était levé de son banc. On n’a pas besoin de ces incapables,
  • Restez en dehors de ça, monsieur Van Buick ! ordonna Le Garrec. Et dites à vos amis de baisser leur arme !
  • C’est trop tard, bredouilla l’ermite qui, tenant son fusil d’une main, déboutonna son pardessus et en sortit une machette.
  • Pas de bêtise avec ce coupe-coupe, bafouilla l’adjudant, le doigt sur la détente.
  • J’ai vu la bête l’autre soir, enchaîna Jean-Jean, ignorant l’adjudant. J’ai vu ce qu’elle a fait à ce malheureux. Que Dieu ait pitié de lui !
  • De quelle bête parles-tu, vieux fou ? hurla Sergio.
  • Le warou, pardi ! Venu tout droit des enfers. Il a dévoré la chair de ce malheureux. Son âme est corrompue ; il faut lui couper la tête.

Quelques paroissiens, terrorisés par le dément, firent le signe de croix tandis que celui-ci brandissait sa machette au-dessus du sarcophage.

  • Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut, se mit-il à prêcher, repose à l’ombre du Tout-Puissant. Je dis à l’Éternel : Tu es mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie...

L’ermite allait abattre sa machette sur le couvercle du cercueil lorsqu’un premier coup de feu partit, résonnant sous les voûtes. Le chasseur qui tenait le vieil homme en respect avait interrompu son oraison en lui tirant dans l’épaule. Surpris par la détonation, hommes et femmes se mirent à hurler tandis que Jean-Jean ripostait à l’aveugle, aussi sec, et touchait en plein thorax l’un des viandards qui visait les gendarmes. Sous le coup mortel, le doigt de ce dernier se crispa alors sur sa gâchette et envoya malencontreusement une décharge de chevrotine dans la tête du pauvre Berthot qui s’effondra au pied de son adjudant. Plongeant à couvert derrière le cercueil, Jean-jean élimina ensuite le deuxième chasseur d’une décharge de neuf grains dans la rotule tandis que le troisième gaspillait sa dernière cartouche dans la caisse en sapin.

À court de munitions, tout comme Jean-Jean, celui-ci se jeta à corps perdu sur le fusil encore chargé que son acolyte, la poitrine béante, avait abandonné sur le carreau. Il le saisit, fit basculer rapidement le double canon, s’assurant que la chambre était chargée puis le reclaqua sèchement.

  • Je vais te crever, fils de chienne, songea-t-il, remonté et prêt à en découdre.

Ce fut la dernière pensée qui le traversa avant que l'ermite, arrivé subrepticement dans son dos, ne lui plante sa machette entre les deux omoplates. L’embroché tomba raide mort, tête la première sur les dalles du chœur de la funèbre chapelle.

L’estocade n’avait duré qu’une minute à peine, laissant quatre hommes à terre. Les gens qui hurlaient de plus belle s’étaient précipités en masse vers la sortie, tous pour un et chacun pour soi. Mais la foule s’était retrouvée bien vite agglutinée dans le narthex, poussant comme des forcenés ceux de devant qui n’avançaient plus et qui bloquaient l’issue principale. Au milieu de la volée de moineaux, Sergio et la petite famille s’étaient recroquevillés à l’abri derrière un robuste banc-stalle en chêne.

Et Le Garrec dans tout ça ? me demanderez-vous.

L’adjudant, horrifié à la vue de son collègue tombé au champ d’honneur, était resté figé sous le feu nourri du gunfight. Tremblant, il tenait son SIG-Sauer en direction du forcené mais ne pouvait se résoudre à ouvrir le feu, paralysé par une peur insondable.

Jean-Jean extirpa son merlin de la carcasse encore chaude de sa victime, tel Arthur arrachant Excalibur à son rocher. Il essuya consciencieusement les deux côtés de la lame sur la manche de son pardessus puis se dirigea lentement vers l’adjudant tout en marmonnant dans son bouc :

  • Quand des méchants s'avancent contre moi, pour dévorer ma chair, ce sont mes persécuteurs et mes ennemis qui chancellent et tombent...
  • Pitié, implora Le Garrec, tombant à genou devant l’imposant barbu.
  • Si une armée se campait contre moi, mon cœur n’aurait aucune crainte ; si une guerre s’élevait contre moi, je serais malgré cela plein de confiance...
  • Sainte-Marie, mère de Dieu, venez à mon secours ! sanglota le gendarme.
  • Mais tirez, bon sang ! ordonna Sergio, à l’abri derrière son rempart en chêne.

Jean-Jean éleva son couperet, prêt à frapper le cognard quand la porte verrouillée de l’abside vola soudain en éclat, laissant pénétrer l’archange salvateur qui, dans un halo de lumière, jeta par deux fois la foudre sur le sinistre démon : BANG ! BANG !

***

  • “Bang Bang” ? s'étonna Berry.
  • Beh oui : “Bang Bang” ! Sheila, 1967… C’est une reprise de Nancy Sinatra, l’informa Gervais
  • Je n’étais pas née en 67.
  • Et alors ? Moi non plus, Berry, je n’étais pas né en 67. Ni en 1831 d’ailleurs, et pourtant je connais Victor Hugo et “Notre-Dame de Paris”. Ça s’appelle la culture tout simplement.
  • Ah ça, je connais “Notre-Dame de Paris”, constata l’adolescente. C’est une comédie musicale, non ?
  • Tu me désespères.

Il était 15 heures 45. Et tandis que le Fiat Multipla jaune pisse de Gervais prenait la direction de Charleville-Mézières, Berry assise côté passager, ferma les yeux, bercée par la mélodie mélancolique crachée par les enceintes de l’autoradio et qu’elle entendait pour la première fois :

Nous avions 10 ans à peine

Tous nos jeux étaient les mêmes

Au gendarme et au voleur

Il me visait droit au cœur... Bang bang !

Elle fut tirée de sa rêverie par les sirènes hurlantes et les gyrophares allumés d’une escouade de gendarmerie et de pompiers qui croisa leur route. Gervais dut faire un léger écart sur le bas-côté pour éviter le convoi lancé à fond de balle.

  • Il y a le feu à la basse-cour, on dirait, constata-t-il en les regardant s’éloigner dans le rétroviseur. Il a dû se passer quelque chose de grave à Monthermé.
  • J’ai la dalle dit la jeune fille ne relevant pas les propos de son éducateur.
  • On se prendra un kebab, après ton rendez-vous chez la psy. Ça te dit ?

Berry n’était pas très jouasse à l’idée d’aller voir la docteure Maboul. Elle se méfiait de la psychanalyse comme de la peste. Ce n’était pour elle qu’une science faite par des hommes qui théorisaient sur leurs propres névroses et qui considéraient comme fou celui qui s’exclut de la folie commune. Oh bien sûr, elle le pensait avec ses mots à elle ; ceux d’une fille de treize ans qui n’avait pas envie qu’on entre dans sa tête. Désappointée, elle referma les yeux tandis que son ventre vide gargouillait bruyamment...

Quand j'aperçois des enfants

Se poursuivre en s'amusant

Et faire semblant de se tuer

Je me sens le cœur serré

Bang bang, je me souviens

Bang bang, tout me revient

Bang bang, et ce bruit-là

Bang bang, je ne l'oublierai pas…

* Baraquin : habitant de Monthermé

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