L'ATTENTE 

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Elle observait les personnes dans la salle d'attente ,chacune marquant à sa manière le passage du temps .Les jeunes désinvoltes attendaient absorbés par leur écrans ignorant la présence de leurs pairs tant ils semblaient cloitrés dans des univers numériques parrallèles .Les plus mûrs manifestaient Elle observait les personnes dans la salle d'attente ,chacune marquant à sa manière le passage du temps .Les jeunes désinvoltes attendaient absorbés par leur écrans ignorant la présence de leurs pairs taleur impatience autrement ,certains arpentaient les couloirs à intervalles réguliers jetant des regards insistants vers une secrétaire trop distraite et une autre visiblement accapparée par une pile de dossiers en retard .Les plus agés eux ,attendaient patiemment ,ils arboraient tous les signes d'un respect presque sacré pour l'institution .

Les femmes avaient revêtu de belles toillettes ,parées de bijoux anciens comme pour une messe dominicale ,les hommes souvent ingambes veillaient à être présentables ,pantalon tergal mal repassé,ceinture de cuir usée par les bancs d'église et les cérémonies ,ils gardaient une allure digne malgré la maladie et la maladresse et saluaient le personnel avec déférence remerciant à chaque acte .De temps en temps ils animaient la salle d'attente en évoquant des souvenirs du passé ,heureux de trouver une audiance nouvelle et hétéroclyte que les veilles femmes assises non loin écoutaient en silence .Elles souraient ,opinaient du chef retenues par une éducation qui leur avait appris à ne pas s'exprimer trop librement .

Quand le temps s'étirait l'une d'elle fouillait dans un coin de son sac pour en sortir un morceau de fruit sec qu'elle grignotait lentement et discrètement et proposa une part à sa voisine par habitude ou par politesse .On pouvait déterminer leur catégorie sociale où l'état de leurs finances en observant certains détails ,la vétusté de leur sac à main dont le cuir ou le simili cuir s'écaillait sur l'anse et témoignait du poids du temps passé et l'ajustement de leur dentier ,pour certains manifestement refait en disait long .Deux de ces dames avaient appliqué un vernis sur leurs ongles d'un geste imprécis trahi par le tremblement de leur mains vieillissantes ,ce détail très révélateur laissait entrevoir le soin apporté dans leur domicile où la présence peut être d'une personne féminine à leur côté ,attentive à ses gestes précis du quotidient que l'âge rend plus difficile .Elles se sentaient bellles et respectueuses et laissaient facilement échapper un sourire ,fière de leur toilette et de leur grand âge comme si elles venaient honorer ce lieu de leur présence .

Une conversation s'engagea autour d'une période de l'histoire de l'île appelé 'tan Sorin' .Il s'agissait en fait de la période où le gouverneur Constant Sorin était gouverneur de la Guadeloupe .Chacun racontait son histoire personnelle en insistant sur les éléments de privation et de vie dure de l'époque :

_En tan Sorin lorsque le bateau arrivait chargé de marchandise et qu'un homme avait besoin d'une paire de chaussure ,il se précipitait au port et savait que c'était la seule paire qu'il porterai pour plusieurs années .Certains ne portaient qu'un seul coté neuf et gardait l'autre intacte pour plus tard .

-C'est ce qu'on appelait la misère ajouta un viellard qui entra penché sur sa canne .Laissez moi ! je peux marcher dist -Il sechement à un jeune homme qui le soutenait .

_Oui les gens marchaient droit comme des piquets .ajouta un homme moins âgé mais d'une santé plus fragile vêtu d'un tissu en cotton blanc .

_La jeunesse mériterait de connaître ce temps là pour mieux respecter les valuers de la vie .Déclara un autre veillard agitant sa canne comme pour corriger un enfant désobeissant .

A ses mots ,le jeune penché sur sin téléphone leva les yeux un instant et esquissa un sourire moqueur.

Emme se délectait de ses récits qui lui rappelaient les "contes "de son enfance ,ces moments où,pendant les grandes vacances ,sa mère l'emmenait voir une de ses cousines éloignées dont l'époux se complaisait à évoquer ses souvenirs de jeunesse que les enfants écoutaient avec attention comme s'il fût s'agit du grand méchant loup .

C'est en s'interressant à l'histoire des Antilles ,loin des récits de Charlemagne qu'Emme l'antillaise qui avait vécu dans l'exagone compris que Constant Sorin était un général qui avait été missioné pour gouverner les colonies .Gouverneur de Guadeloupe de 1940 à 1943 sous l'autorité de l'Amiral Robert ,officier de la marine française ,il imposait au territoire un véritable régime totalitaire au moment où le régime autoritaire de Vichy était instauré dans la métropole .Ces années de restriction et supression de toute liberté marquèrent l'esprit d'une génération de Guadeloupéen et de martiniquais chez lesquels les marins de l'amiral Robert faisaient régner l'ordre et affirmaient leur commandement .

Dans la salle d'attente les esprits bouillonnaient à la seule évocation du général Robert lorsqu'un homme d'âge frappa un grand coup avec sa canne sur le sol pour manifester son indignation .Il n'était plus question de rire de cette période comme venait de le faire un couple de jeunes mais d'évoquer les moments doulloureux .On fit allusion à cet homme de POInte à pitre qui fût condamné pour avoir écouté trop fort de la musique haitienne depuis sa cuisine .D'autres exemples encore furent donnés et dans un vacarme contrôlé par une éducationrespectueuse des principes ,on appaela un numéro .

C'était son tour.Le médecin appela Emme ,le diagnostic fût posé :Elle sera immobilisé pour plusieurs semaines .Elle qui avit un train de vie trépidant ,se demandait comment elle aalait faire loin de ses occupations routinières même si elle savait au fond qu'il lui fallait du repos .L'effet des anti-inflammatoire et antalgiques s'atténuant ,sa souffrance lui rappela qu'elle n'avait pas d'aures choix et que l'acceptationnde ce repos contraint était déja un pas vers le processus de guérisson .

A son retour ,elle resta pensive et demanda qu'on roula jusqu'au boulevard maritime .Le bleu intense de la mer la surpris .Dune teinte semblable à celle des zones au large ,lorsque la mer s'agite ,ce spectacel éveillait en elel des souvenirs lointains .En détachant son regard de tout ce qui l'entourait pour ne se concentrer uniquement sur cette portion d'eau ,elle aurait presque cru se trouver en haute mer .Le bleu vif portait en lui un mélange de réminiscence des souvenirs heureux ,pleins de rires et d'éclats de joie perdus dans l'immensité de l'océan mais aussi des images plus sombres extraites d'histoires relatant des désastres de la mer .Elle ressentit l'intensité de ces instants resurgir ,le goût du sel sur la langue ,le picotement des rayons du soleil sur sa peau ,Il lui semblait entendre es voix des matelots résonner à ses oreilles ,leur bienveillance se traduisait dans leur gestes génreux et leurs sourires chaleureux comme une invitation à partagher leurs navires et amour pour lamer .elle sourit ,emporté par cette vague de sensations et de souvenirs où passé et présent se mêlaient dans une douceur troublante .

Son grand père maternel lui parlait toujours de la mer ,c'était un descendant d'Amérindien ,les Kalinagos ou indien Caraibes ,ce peuple qui avait traversé la mer pour arriver aux Antilles .Ellr se souvint des histoires qu'il racontait ,des longues chevelures de son aieule quil disait qu'elle tressait .d'aprés son grand père ,ces femmes était douces et séduisantes.Elle avaient pour coutume de s'enduire le corps de Roucou pour s'hydrater et aussi éloigner les moustiques .Il parlait souvent des techniques de pêche ancestrales propre aux Amérindiens dont il détenait les secrets faisant des gestes qui semblables à une danse vous emmenaient dans un autre temps .

Souvent ,il quittait la maison seule pour aller pêcher ,peut-être allait-il aussi à la rencontre de quelques amis descendant de sa communauté .Plus tard ,il revenait avec une quantité surprenante de poissons que les filles et tantes s'empressaient de préparer pour le déjeuner ou le gouter .Il n'y avait pas d'heure pour manger ,les ventres affamés se précipitaient dès que la nourriture était servie .Lorsqu'ils ramenaient un congre ,c'était un véritable festin .L'agitation était telle que tous se ruaient pour admirer le trophée .Chacun s'approchait pour observer la bête luisant de ses écailles noires sous le soleil tapant et en évaluer la longueur .il s'ensuivait des commentaires et comparaisons avec la précédente prise ,des rires masculins éclataient en observant l'animal qui gisait au milieu de ma table en bois brut à côté de la reserve d'eau à l'endroit où on écaillait le poisson .Son grand père ,félicité pour sa bravoure ,restait impassible ,pensif comme s'il revoyait encore l'étendue bleu de l'océan qui l'invitait à une prochaine partie de pêche ,puis s'éloignait discrètement pour aller se reposer en attendant que tout fût prêt.Le congridé était ensuite découpé sur sa longueur pour l'évider puis percer en différents points pour laisser passer au travers une tige de bois épaisse permettant la grillade au charbon .Il ressemblait alors à un caducée qu'il pouvait être d'une certaine façon .L'odeur inoubliable de cette remontée de fumée mélangée de celle des cendres chaudes qui piquetaient les narines ajoutait une saveur et un arôme insolite .

Ces souvenirs surgirent de nulle part alors qu' Emme perdait le sens des réalités ,transportée ailleurs par les ondes de la douleur malgré le traitement qui lui avaitent été administré .Elle revit la scène où elle courut se cacher effrayée par la vue de l'animal chatoyant tenue en longueur alors qu'on essayait de la sortir du sac pour l'exhiber aux yeux de tous .Il donnait l'impressiond'un reptile qui allait subitement se redresser pour se défendre et semer la terreur .Elle dissumula sa peur par un rire nerveux ,assista à la scène les mains devant les yeux ne laissant que des interstices qu'elle fermaient pour entrecouper les instants les plus intenables .

Sur ces gestes floutants ,Emme tomba dans un profond sommeil ,comme anesthésiée par l'effroi décuplé par la peur de l'inconnu .

Elle se reveilla un instant dans la pénombre et s'interrogea sur ce qu'il ya avait lieu de faire et tout à coup comme un être tapis dans l'ombre ,des souvenirs remontaient ,se présentaient à elle comme pour lui dire qu'ilétait temps pour elle de relire son histoire de vie et de comprendre vraiment qui elle était et la personne qu'elle alliat devenir et pourquoi même les choses se déroulaient ainsi .

Il ya des moments dans la vie où on se damande si les instants de pause imposées ne sont pas le signe de quelque changements nécessaires dans la routine de vie personnelle et professionelle .Elle se souvint de ces propos que lui avait tenu une des ses cousines qui l'année précedente s'était cassé la cheville .On ne sait pourquoi disait -elle mais le corps ou l'esprit vous envoient des signes pour vous dire de vous arrêter .Voilà ce qu'on appelle un rester tranquille ,disait-elle .Le temps de sa mue était -il arrivé ?

Elle ne put résister à nouveau à un sommeil que favorisait le ballotement de la voiture et comme un enfant dodelinant ,elle s'endormi vraiment la tête becée de gauche à droite abandonné aux caprice du trajet .

Elle ne put résister à nouveau à un sommeil que favorisait le ballotement de la voiture et comme un enfant dodelinant ,elle

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