Chapitre 3

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Après le repas, mes parents et moi nous rendons à la salle des fêtes où aura lieu l'anniversaire. Il y a beaucoup de choses à faire. Préparer la déco, mettre les chaises et tables en place…

Retrouver ma voiture, même pour ce court trajet, m'a étonnamment fait du bien. Je me la suis payée grâce à mon premier salaire. Ça me rappelle que, même si j'ai raté Maud, ce boulot a quand même été bon à quelque chose.

Alors que nous nettoyons la salle, il me semble entendre ma mère au téléphone. Elle demande à quelqu'un de venir nous aider. Surement Thomas. Bonne idée, une paire de mains en plus ne nous fera pas de mal !

Environ une demi-heure plus tard, je les vois entrer dans la salle. Tous les deux. Nate et Maud, main dans la main, les doigts entrelacés. Ça m'a toujours fait bizarre. Mais aujourd'hui ça me fait mal, putain.

Nate l'embrasse avant de se diriger seul vers mon père aux vestiaires.

Debout à l'autre bout de la pièce, Maud me fait signe. Je ne suis pas en état. Je retourne en cuisine aider ma mère. La cuisine, je connais. J'y travaille plus ou moins. C'est un environnement familier, rassurant. Et il y a ma mère. Elle, ne me rejettera jamais. Alors je reste un moment avec elle à discuter de la soirée à venir. Mais peu de temps après, Maud débarque. Elle m'a suivi.

  • Zed ? m'appelle-t-elle doucement.

Ce surnom… Il n'y a qu’elle pour m'appeler comme ça. Malgré le temps, je ne sais toujours pas si j'aime ce surnom ou pas. Je ne réponds pas. Je ne peux pas lui parler. Putain, rien qu'à la regarder j'ai le cerveau qui part en vrille. Comme si ce qui s’est passé ce matin me revenait en pleine gueule.

  • Je vais voir si Papa a besoin d'un coup de main, j'explique en sortant en trombe de la pièce.

Je laisse Maud et ma mère en plan, aussi étonnée l'une que l'autre.

Pendant près de deux heures, j'enchaîne les prétextes et les excuses pour ne pas me retrouver dans la même pièce qu'elle. Il faut que j'arrête de penser à elle de cette façon. Il faut que j'oublie la sensation de ses jambes autour de moi, la douceur de sa peau, à quel point elle semblait réceptive...

Raaah… Je suis désespérant.

Je secoue la tête et me passe une main sur le visage. Le pire c'est qu'elle est totalement inconsciente de l'effet qu'elle me fait.

  • CEDDY ? Me hèle mon père.

Pile ce qu'il me fallait. Je commençais à être à court de choses à faire pour tuer le temps et mon humeur.

  • Ouais ?
  • On vient de finir de napper les tables. Est-ce que tu peux aller mettre le reste des rouleaux dans la réserve ?
  • Ouais, bien sûr.

Mon père m'envoie les clés avant de filer. Je n'aperçois Maud nulle part. Tant mieux. J'emporte les rouleaux avec moi sans un regard en arrière. J'aurais dû penser à la réserve tout seul. C'est une petite pièce à l'écart qui ne s'ouvre que de l'intérieur ou qu'avec les clés depuis l'extérieur. Une table, une chaise, un porte manteau et une grosse porte entre elle et moi. Avec le minuteur, la lumière s’éteindra toute seule au bout de quelques minutes. Je serai tranquille pour ruminer. Tranquille pour me calmer et oublier.

Je déverrouille la porte et la cale avec un bout de bois. Alors que je pose les rouleaux sur la table, j’entends le bruit des clés qu’on retire de la serrure. Mon premier réflexe est de me retourner pour envoyer bouler quiconque serait venu me déranger.

Mais avant même de la voir, je la sens. Pivoine et amande. Maud.

Danger.

  • Zed…, commence-t-elle.
  • Quoi ? je la coupe.

Je me doute qu’elle veut parler de ce matin. Je refuse d’en parler. Parce que je n’ai que ça en tête. Je ne veux pas l'entendre me dire qu'on est allé trop loin. Parce que c'est vrai putain !

  • Je sais pas si c’est volontaire ou pas, et j’espère sincèrement que non… Mais… Tu m’évites, reprend-elle timidement.
  • Je sais.

Je serre la mâchoire. Je suis sec, beaucoup plus que je ne le devrais. Et je sais que je lui fais mal. Mais comme ça, elle finira peut-être par me détester ou me mépriser. Ça serait tellement plus facile pour elle. Bon, j'aurais toujours mal comme un con mais au moins, il n'y aurait plus de danger.

  • Pourquoi ?
  • A ton avis ?

Sérieusement ? Elle ne se doute pas que c'est le bordel dans ma tête ? Que je serai capable de la prendre, là, contre cette foutue porte ?

  • Tu avais promis, dit-elle d'une petite voix.
  • Quoi ?
  • Tu avais promis que tu ne me tournerais pas le dos.

Mais je ne pensais pas que ça serait si dur !

Je m'avachis sur la chaise derrière moi. Je soupire en me prenant la tête dans les mains.

  • Il faut croire que j'ai menti, je souffle.

Je ne l’entends plus pendant quelques secondes. Puis elle murmure :

  • C'est pas juste.

Ma jalousie me pousse à cracher, sans filtre :

  • Ouais. C’est ce que je me dis tous les jours depuis trois ans en vous voyant.

J'ai été plus amer que je ne l'aurais voulu. Mais je m’en fiche. C'est exactement ce que je pense. Ouais, c’est pas juste. C’est mon frère qui est avec elle. Et pas moi. Il ne la mérite pas. Je me dégoûte de penser comme ça mais je n’y peux rien.

Elle triture ses doigts. Ses petits doigts, là, que je serrais dans une seule de mes mains ce matin. Je fronce les sourcils. Je ne dois pas penser à ça.

  • Tu n’as pas le droit de me dire ça, lance-t-elle tout à coup. J’ai tout fait selon toi. Selon ce que tu voulais. "Statu quo", tu te rappelles ? Et bien, pour ta gouverne, statu quo ça veut dire qu’on ne change rien. Mais tu sais quoi, tout a changé, Zed. Tout. Car tu sais que tu me plais et je sais que je te plais. Et malgré tout, j’ai accordé mes actes selon ce que toi tu pensais, je t’ai laissé de l’espace parce que je voulais ménager ce que tu pouvais ressentir.

Elle a raison. Putain, elle a toujours raison. Elle voit en moi et j'adore ça tout autant que je déteste ça. C'est bon car je sais qu'elle me comprendra quoi qu'il arrive. C'est terrifiant car je ne peux rien lui cacher. C'est l'enfer car elle voit en moi mais elle ne réalise pas combien elle compte. Combien c’est dur justement parce qu’elle compte. Je ne peux pas lui dire ça, alors je la laisse continuer.

  • Tu dis que tu seras toujours là pour moi, mais au final, je ne suis même pas sûre que tu te sois ne serait-ce que posé la question de ce que je ressentais, de ce que ça me fait à moi.

Si en fait, je me suis posé la question. Mais mon côté contradictoire me donne des réponses auxquelles je préfère ne pas penser. Soit je pense qu'elle est heureuse avec mon frère et j'enrage ; soit je l'imagine le quitter mais même comme ça, ça ne serait pas pour moi. Et ça voudrait aussi dire qu’elle sortirait définitivement de ma vie.

  • Tu n’as pas le droit de me dire ça… C’est pas juste. C’est juste… pas juste, finit-elle.

Je ne sais pas vraiment si je veux m'engager sur ce terrain-là. Je ne sais pas où il va nous mener et c'est effrayant. Mais quelque part, je veux savoir. Foutue contradiction.

  • Et qu'est-ce que tu ressens ? je m'entends lui demander.
  • Tu ne veux pas m'entendre dire ça, réplique-t-elle.

Ça c'est un peu fort... Ok je suis plein de contradictions mais là, je trouve qu'elle abuse. Sans son appel, on en serait pas là.

  • La dernière fois que tu m’as appelé à l’aide, c’était plus ou moins un piège… je lui rappelle.

Je vois qu'elle tressaille. Ce souvenir est douloureux pour elle aussi alors ? Je détourne le regard. Je vois qu'elle est mal à l'aise et je n'ai aucune putain d'idée de comment changer ça sans aggraver la situation. Elle a besoin de parler, je l'encourage à poursuivre.

  • Mais je pense ce que j’ai dit. Je suis là pour toi. Ça vaut pour aujourd’hui, demain et les jours d’après. Qu’est-ce que tu ressens ?

Je ne sais pas à quoi m'attendre avec elle. Il vaut mieux que je ne la regarde pas.

  • J’ai mal Zed… Alors, pas comme toi, c’est sûr. Mais c’est absolument horrible d’avoir l’impression de trahir ton frère en pensant à toi et d’avoir l’impression de te trahir toi quand je suis avec lui. Je me sens déchirée. J’étais soulagée que ton dernier CDD prenne fin parce que ça voulait dire que tu revenais. Et j’ai pleuré comme une conne pendant une heure quand j’ai appris que tu repartais parce que je savais que je n’allais plus te revoir. J’ai eu mal partout pendant des heures avant d’affronter ma douleur. J’avais mal à la tête, à la gorge, au cœur et au ventre. Tout mon corps hurlait de douleur parce que tu n’allais plus être là.

Pour le coup, je suis scotché. Je m'attendais à des reproches, un rejet. Si ça c'est pas une déclaration, je ne sais pas ce que c'est. Putain, mon cœur bat beaucoup trop fort. J’enfonce mes ongles dans mes poings pour lutter contre la douleur intérieure.

Elle continue.

  • Et cette douleur c’était rien comparé au jour où je t’ai fait cracher le morceau.

On y vient. Les reproches arrivent. Elle m'en veut de lui avoir dit.

  • J’ai cru que mon cœur allait sortir de mon corps tellement il battait fort, dit-elle en serrant ses bras autour d'elle. Je tremblais comme une feuille. Je devais serrer mon téléphone pour éviter qu’il ne m’échappe des mains. Et j’ai pleuré, pleuré. Plus que tu n’imagines. Sans avoir personne à qui parler parce qu’au fond, qui pourrait comprendre ce que je vivais ? Qui pourrait m’entendre dire que j’ai envie de quelqu’un qui n’est pas mon fiancé ? Que je suis accro à l’odeur de son petit frère…

Merde. Je me doutais pas. Enfin si… Je savais que j'étais pas le seul à avoir morfler ce jour-là. Mais je me doutais pas que c'était à ce point.

Je ne peux plus l'arrêter. Maud est en roue libre et sort tout ce qu'elle a sur le cœur.

  • Depuis toujours quand je viens chez tes parents, je dors dans ton lit pour la même raison. Et pas juste parce que Nate ronfle mais bel et bien parce que ton odeur m’apaise. A chaque fois que je te vois j’ai l’impression que je dois aller vers toi. Je n’arrive pas à passer une minute loin de toi. Quand tu es dans la même pièce que moi, je dois être près de toi. Pourquoi est-ce que tu crois que je t’ai dit que j’aimais entendre ta voix à la fin de ma journée ? J’étais totalement sérieuse. C’est comme me plonger dans un bain chaud. Je t’appelle pour avoir de tes nouvelles mais aussi parce que j’aime le son de ta voix. Elle me berce.

Putain, mais c'est pas vrai ?

Je ne la regarde toujours pas. Je n’arrive même plus à respirer correctement. Figé, je digère tout ce qu'elle vient de me dire. Apparemment, absolument tout chez moi l'attire. Et pas que mon corps en fait. Mon odeur, ma voix…

Je suis toujours dans mes pensées quand je l'entends dire :

  • La première fois que je t’ai vu, tu sais ce que j’ai ressenti ?

Et là je me retourne. Non, je ne sais pas ce qu'elle a ressenti. Honnêtement, avant l'épisode du sapin, je l'avais trouvée hautaine, froide et distante. Au final, je me suis complètement planté... J'ai compris par la suite que c’était sa protection. Après cette nuit, je crois que je la cerne encore mieux.

Ouais ma première opinion d'elle n’était pas glorieuse. Mais physiquement ? C'était comme si quelqu'un avait dessiné mes pensées. Je l'ai reconnue sans jamais l'avoir vue. Et c'était absolument terrorisant. Et comme un con, je ne savais pas comment réagir. Durant nos rares interactions de l’époque, je n'ai pas arrêté de l'embêter comme un gamin de maternel. Je me ficherais bien une paire de claques en y repensant.

Est-ce que je veux vraiment savoir comment elle m'a vu ? Je n'ai pas le temps de répondre à sa question, elle le fait d'elle-même.

  • Tu ne m’as pas juste attirée, tu m’as happée. C’était pas une attirance sexuelle ou mentale, c’était de la physique pure et dure comme celle qu’on étudie à l’école. Tu étais un putain d’aimant ! Et c’est toujours le cas... Zed, tu n’as pas idée de la violence de tout ce que tu me fais ressentir.

Waouh… C'est la merde.

Je tente de me remettre les idées en place. Je secoue la tête.

  • On ne peut pas faire ça, je dis.

Je ne sais pas si je le dis pour elle ou pour moi mais je le dis. Parce que c’est vrai et qu'il faut qu'on s'en rappelle elle et moi.

  • Mais qui a parlé de faire quoi que ce soit ? fulmine-t-elle. Est-ce que je fantasme toujours sur toi ? Ooooh oui. Est-ce que je me demande cent fois par jour quel goût peuvent bien avoir tes lèvres ? Ou quelle sensation ça me ferait d’enrouler mes jambes autour de toi à nouveau ?

Alors elle y pense aussi ?

  • Oui, bien sûr, continue-t-elle. Mais jusqu’à preuve du contraire, je ne t’ai jamais sauté dessus… Ce matin, c’est bien toi qui t’es placé au-dessus de moi, non ? Je n'ai rien fait que tu n'aies pas initié.

J'ai dit qu'elle avait toujours raison ? Putain. Elle enchaîne :

  • Tu te rends même pas compte à quel point tu es injuste avec moi. Je ne suis pas plus responsable que toi de cette situation de merde mais j’en suis victime tout autant que toi. Et j’aurais aimé un peu de soutien de la seule personne qui peut me comprendre.

Putain elle n’a pas juste mal. Elle est dans le même état que moi. Elle vient de s’ouvrir totalement, de se livrer complètement et j’en reste coi. Je n'ai jamais été un grand bavard. Je ne sais jamais quoi dire. Et là encore moins.

Je la vois alors tourner les talons et se diriger vers la porte. Je ne peux pas la laisser partir maintenant que je sais ce qu’elle pense. Alors que la porte s'entrouvre, je plaque ma main dessus pour la refermer.

Putain ne pars pas.

Les yeux rivés au sol, je reste là sans bouger, sans parler. Je voudrais lui dire. Je voudrais pouvoir trouver les mots. Et ils ne sortent pas. Je pense à elle, je pense à mon frère, je pense à trop de choses à la fois pour réussir à sortir une phrase cohérente.

Je peux sentir la chaleur de son dos contre mon torse. Ses mains sont toujours glacées mais le reste de son corps est toujours tellement chaud... Comme ce matin…

Et merde !

Je la sens se retourner. Je ne quitte pas le sol des yeux. Sa petite main froide vient se poser sur ma joue. Elle est toujours douce alors que je ne le mérite pas. Elle est ouverte et disponible mais je n'ai pas le droit de l'avoir.

  • Zed… ? chuchote-t-elle en tentant de relever ma tête.

Je te veux. Je n'ai pas le droit. Je te veux. Je n'ai pas le droit.

Ces deux voix se disputent dans ma tête au rythme de mon cœur.

Je te veux. Je n'ai pas le droit. Je ne veux pas que tu partes.

Nous sommes tellement proches et tellement loin à la fois dans cette pièce. Je veux l'avoir plus près. Doucement, je la fais reculer contre la porte. En appui sur mon avant-bras, je me colle à elle et pose mon front sur le sien. Elle inspire profondément. Sa main est retombée sur mon épaule. Chaud et froid. Je la sens à la fois tendue et détendue. Tout comme moi.

Je suis toujours fasciné par cette espèce de relation miroir. Elle est mon double sur beaucoup d'aspects et mon inverse sur autant d'autres… Je profite de ce moment. J'en ai besoin car je sais qu'après elle s'en ira. Encore.

Je te veux. Je n'ai pas le droit.

Je détache mon front du sien. Elle semble troublée. Je sonde ses yeux, mais je suis hypnotisé par ses lèvres.

Je te veux putain !

Elle a raison : je n'ai pas fait attention à ce qu'elle pensait. Je suis un connard égoïste. Et quitte à l'être, autant aller jusqu'au bout. J'approche mes lèvres des siennes. C’est comme si j’étais dans un film au ralenti. Lorsque je les rencontre enfin, je l'entends gémir.

Hais moi bordel !

Je sens sa main, sa petite main froide, se crisper sur mon épaule. Elle va forcément me repousser. Alors je pose une main sur sa joue. Ses lèvres sont douces, chaudes. Sa bouche est humide et l'espace de quelques secondes je m'imagine ses autres lèvres tout aussi chaudes et humides.

Et merde, je bande putain !

La lumière s’éteint soudainement. La pénombre me donne une audace nouvelle. Je prends ce que je peux de ce baiser car c’est mal, c’est trop et trop peu à la fois. Je tente de faire durer ce baiser volé car je sais qu’elle va y mettre fin d'un instant à l'autre. Déjà sa main se dirige vers ma nuque. Son autre main la rejoint. Et là, loin de me repousser, elle m'attire. Putain elle m'attire à elle. Elle entrouvre les lèvres. Je sens sa langue caresser la mienne. Et je me sens devenir fou. Je me sens pousser des ailes. Mon propre corps ne m'obéit plus. Mon bras quitte la porte. Je veux la sentir totalement sous moi. Sans que je sache vraiment comment, une de mes mains se retrouve au niveau de sa poitrine.

Oh, ces seins ! Combien de fois est-ce que j'ai fantasmé sur eux ? Peu importe. J’en prends un à pleine main. Ils sont tellement gros qu'il déborde de ma poigne.

Je sens ses mains glacées remonter dans mon dos. Elle entoure ma taille de sa jambe et j'en profite pour agripper une de ses fesses. Elle glisse une main dans mon pantalon et la pose sur la bosse de mon boxer. Ses mains sont toujours aussi froides mais contre mon sexe en feu, c’est plus excitant qu’autre chose. Le feu et la glace. C’est ça. Et c’est trop bon. Je soupire contre sa bouche. Tout est chaud et tout est froid à la fois. Et cette odeur à nouveau… Légère et sucrée de fleur d’oranger. Mêlée à cette touche presque citronnée. Elle me fait tourner la tête.

Je me perds en elle, dans la texture de sa peau, l'arôme de sa langue et ce parfum qui me fait m’emballer. Merde, je vais vraiment finir par la prendre contre cette putain de porte. J'ai envie d'elle. Là. Maintenant. Toujours. Je la veux.

A moi. A moi. A moi.

Mon nouveau mantra.

Soudain, nous entendons du bruit de l'autre côté de la porte. Mes mains quittent son corps et elle se retire de mon pantalon. Nous nous détachons légèrement l’un de l'autre. Mais pas trop. Je ne peux pas la lâcher.

J’arrive à distinguer ses yeux grâce à la faible lumière de la veilleuse. J’y lis une grande confusion. Mais pas que… Ses grands yeux bruns me regardent comme si j’étais un petit miracle à moi tout seul.

Je ne vais jamais pouvoir la laisser repartir.

  • Chut, je lui intime.

Elle ne bronche pas. Je la colle contre moi, une main toujours dans ses cheveux. Je la veux pour moi. Et même si je ne suis pas croyant pour deux sous, je me surprends à prier pour que la personne derrière cette porte, qui qu’elle soit, se barre. Très vite.

C’est peut-être Nate. C’est lui son fiancé. Elle n'est pas à toi…

Les pas s’éloignent finalement. Je la serre davantage contre moi. Je la sens bouger imperceptiblement. Putain, je savais que c’était une connerie. J’appuie machinalement sur l’interrupteur pour me donner de la contenance. Pour me donner l’occasion de me préparer à son rejet. Elle lève les yeux vers moi. Des grands yeux tristes. Elle va me dire qu'elle doit partir… Ça va faire mal. Je me prépare aussi vite que possible. Mais tandis que je durcis mon cœur, elle referme les yeux et dépose un baiser dans le creux de mon cou. Juste à la naissance de ma mâchoire. Puis elle se blottit à nouveau contre moi, comme si la lumière n’avait pas changé la donne.

Oh.

Mon cœur fond aussitôt. J’ai trop besoin d’elle. Elle agit toujours comme j’en ai besoin sans même le faire exprès. Elle prend toujours le contrepied de mes pensées sombres. Elle est tendre, forte, sexy.

Putain je ne peux pas la perdre.

Je la serre davantage si c’est possible et dépose à mon tour un baiser contre sa tempe.

Pourquoi est-ce que tu n’es pas à moi ?

Je la sens se redresser sur la pointe des pieds.

  • Zed…, murmure-t-elle à mon oreille.

Sa voix n’est qu’un souffle. Qui me chatouille autant qu’il m’émoustille. Je dois admettre que dans ce genre de situation, ce surnom a quelque chose de très sensuel.

Ok putain, j’adore la façon dont ce surnom débile sonne dit comme elle vient de le faire. Et, la connaissant, elle l’a probablement aussi choisi et imaginé en fonction de comment il sonnerait dans ce genre de moment.

Étant toujours près d’elle, je la sens frissonner.

  • Tu as froid ?

Je lui frictionne les bras. Si elle a toujours les mains froides, il y a une raison... Je ne tiens pas à ce qu’elle se rende malade à rester contre cette porte gelée.

  • Pas vraiment.

Plus je la frictionne et plus mes mouvements se transforment en caresses. Elle laisse tomber les bras le long de son corps et je poursuis mes effleurements. Elle a la chair de poule. Mais à la voir fermer les yeux et s’affaisser sur la porte, je ne crois pas que ça soit à cause du froid.

Je veux la caresser encore. Beaucoup plus. Je me rapproche d’elle et je laisse mes mains s’approcher de sa taille. Elle ne m’arrête pas. Je laisse alors mes doigts prendre ses hanches à nu. Peau contre peau. Pas un mot, pas un geste. Elle me laisse faire. Mais ça ne me suffit pas. Après l’épisode de cette nuit, j’ai peur d’aller trop loin. J’ai besoin qu’elle me confirme qu’elle en a envie. Qu’elle a envie de moi. Qu’elle veut que je la touche moi. Je crois bien que je vais perdre la tête si elle dit non, mais je respecterai.

  • Maud ?

Ma voix est faible. A peine un murmure. Elle ne réagit toujours pas et je commence à paniquer. Il me semble la voir acquiescer. Je n’en suis pas vraiment sûr, disons 99%. Non ok, je me cherche des excuses. Je suis sûr à 100%. Ma conscience est déchirée.

Alors je commence à remonter une main le long de son corps. Je continue de la caresser de mes pouces, découvrant sa peau petit à petit. Je m’attends à tout moment à ce qu’elle change d’avis et me repousse.

Ses yeux s’agitent sous ses paupières closes. Puis elle se mord les lèvres. Et c’est un putain de déclic. Avant de devenir complètement fou, je lâche prise. Je la veux, elle me veut. Je n’ai pas besoin de plus à ce moment.

Je fais glisser ma deuxième main sur son corps. Elle est si pulpeuse. Trop de formes pour être juste “mince”. Trop tonique pour être qualifiée de “ronde”. Des courbes dessinées par la vie et par le sport. Un corps atypique, voluptueux, qui me rend fou. Qu’on ne peut que désirer.

Je remonte son t-shirt jusqu’à atteindre ses seins mais je ne les touche pas. Pas encore. Je veux les voir. Doucement, je fais passer son t-shirt par-dessus sa tête et je la sens se figer. De la pudeur, sans doute. Totalement inutile, si vous voulez mon avis. La dentelle rouge et noir de son soutien-gorge met en avant sa poitrine. Je sens mon sexe durcir encore plus.

Ses tétons pointent à travers son soutien-gorge. Je ne sais pas à quel point elle est sensible alors je ne fais que les effleurer. Elle gémit. Putain de musique à mes oreilles. Et c’est moi qui lui fais ça. Je voudrais l’entendre gémir comme ça pendant des heures. Je prends ses deux seins à pleines mains. Et je l’entends soupirer de plaisir. Ce n’est pas un de ses gémissement sexy mais ça me fait le même effet.

Ses seins sont incroyables. J’ai l’impression qu’il faudrait que j’utilise mes deux mains pour n’en couvrir qu’un… J’ai tellement rêvé de ce que ça me ferait de les sentir pour de vrais entre mes mains. Leurs courbes, leur douceur, leur moelleux… Je me laisse aller à la sensation et je l’embrasse dans le cou.

Je veux l’entendre gémir à nouveau. Je masse ses seins, j’abaisse les balconnets pour que ses tétons sortent de leur cachette. Je pince délicatement ces deux framboises qui me font de l’œil.

Comme pour répondre à mon désir, je l’entends réprimer un petit cri. Elle passe une main dans mes cheveux et murmure :

  • Oh mon dieu, Zed. Qu’est-ce que tu me fais ?

Sa voix est rauque. Sexy. J’aime l’entendre parler comme ça. Savoir que c’est moi qui la met dans cet état-là.

A priori, on dirait que je te fais plaisir. Mais dans le doute…

  • Tu veux que j’arrête ?

Même si elle a l’air réceptive, je veux savoir. Et, si elle veut que je continue, je veux l’entendre me le dire. Je l’embrasse dans le cou, dans la poitrine. Tout ce qui est à portée de mes lèvres. Sa respiration est saccadée et elle gémit encore faiblement.

Ses tétons tous roses m’attirent. Je veux les goûter. J’approche lentement mes lèvres d’une de ses framboises. Et je la gobe. Elle pousse un cri. Un vrai cri. Excitant au possible. Je redouble d’ardeur. Je tire fort sur son téton, l’aspire, le fais rouler sous ma langue. Tandis que ma bouche s’occupe d’un de ses tétons, ma main s’occupe de l’autre.

Je vais de l’un à l’autre sans m’arrêter. Je la vois tenter d’étouffer ses cris avec sa main. C’est un sacrilège. Je voudrais que le monde entier entende ce que je lui fais. Il faut que je lui fasse retirer cette main. Je tente de la faire parler. Après tout, elle n’a toujours pas répondu à ma question.

  • Qu’est-ce que tu veux ? je demande sans cesser de la caresser.

Je vois qu’elle se concentre pour me répondre. Ses traits sont déformés par le plaisir. Elle plisse les yeux. Forts.

  • Je… Je n’arrive pas… Je n’arrive pas à penser… Quand tu me touches, halète-t-elle. Je… Je ne peux pas parler… Tant que tu gardes… tes mains… sur moi…

Sa voix… Presque animal. J’ai envie d’elle. Putain j’ai juste trop envie d’elle. Mais si je veux qu’elle me parle encore avec cette voix, je vais devoir ralentir le rythme. Je suçote encore son téton quelques secondes avant de remonter vers son cou, non sans embrasser chaque centimètre de sa poitrine. Puis je prends son visage entre mes mains. Doucement. Fermement.

  • Regarde-moi, lui dis-je.

Je m’attends à ce qu’elle refuse ou qu’elle mette du temps à s’exécuter mais elle ouvre les yeux quasi immédiatement. Ses joues sont toutes rouges. Ses pupilles mangent presque la totalité de ses yeux.

  • Si tu veux arrêter, c’est maintenant, je préviens.

Je ne sais pas exactement ce qu’elle voit en me regardant mais elle appuie soudain sa main contre ma joue. Toujours froide mais pas autant qu’avant je dirai. Elle dépose un baiser au creux de la mienne. Elle glisse ses doigts entre les miens et guide ma paume jusqu’à son sein.Je dépose un baiser dans le creux de sa main.

  • Continue…, souffle-t-elle.

Ce mot-là. Dans sa bouche. Accompagné de ce geste. C’est une décharge électrique. Je lui obéis sans réfléchir. Elle laisse alors échapper un cri à mi-chemin avec un gémissement et ses yeux se révulsent de plaisir. Je grogne et l’embrasse à nouveau.

Je sens une de ses mains se détacher de moi. Je n’ai pas le temps de réfléchir à ce qu’elle fait, que je sens sa main contre mon sexe tendu. Cette sensation de chaud et froid… Elle fait passer un doigt sous l’élastique de mon boxer.

Oh merde…

Je veux la sentir me prendre. Je réalise qu’elle doit manquer de place alors je m’écarte un peu. Je n’ai pas cessé de jouer avec ses seins. Elle ouvre alors les yeux et plonge son regard dans le mien. J’arrête de bouger. Elle est parvenue à écarter suffisamment l’élastique pour y faire passer sa main si elle le voulait. Et elle attend.

Elle est dans la même position que moi plus tôt. Jusqu’où suis-je prêt à la laisser aller ? Est-ce que j’en ai vraiment envie ?

Oooh oui, j’en ai envie. Putain oui !

D’un signe de tête, je lui signifie qu’elle peut faire tout ce qu’elle veut. Je la sens plus que je ne la vois amorcer une descente vers mon bas ventre. Je ne la quitte pas des yeux. Et elle non plus. Je la sens de plus en plus près et j’ai la tête qui tourne. Je crois que j’ai arrêté de respirer.

Mon téléphone se met soudain à vibrer dans ma poche. J’expire d’un coup. Ni Maud ni moi n’osons plus bouger. Elle ne semble pas paniquée, comme je pourrais m’y attendre. Juste interrogative. Est-ce qu’il faut décrocher ?

Je me rappelle que c’est l’anniversaire de ma mère, qu’il reste une tonne de trucs à faire et que si on cherche à me joindre, c’est qu’il y a une raison. Les mains de Maud sont toujours à deux doigts de mon sexe. Putain, ce que j’ai envie qu’elle me touche. Mais ce n’est pas possible pour le moment.

Comme je vois qu’elle ne bouge toujours pas, je viens doucement chercher ses mains. Je remonte ses bras pour les accrocher à mes épaules. Je glisse les miens autour d’elle et je l’embrasse tout en la soulevant. Elle me serre contre elle et je profite encore quelques secondes de cette sensation de plénitude. J’enfonce mon nez dans son cou pour savourer encore un peu sa chaleur, enregistrant cette nouvelle facette olfactive, plus complexe que son odeur habituelle. Puis je la repose, avant de remettre sagement ses seins dans son soutien-gorge. Enfin, je m’éloigne un peu et sors mon téléphone.

  • Allô ? je décroche.

Ma voix a un raté. Je m’éclaircis la gorge et répète :

  • Allô ?
  • Allô, Ceddy ?

C’est mon père.

  • On va être à court de temps pour tout faire, donc on laisse tomber la fin de la salle. Ce n’est pas le plus important… On va rentrer se préparer, et ensuite on passe chez le traiteur récupérer le buffet pour ce soir, continue-t-il.
  • Ok.
  • Tom va passer pour nous emmener. Est-ce que tu sais où est Maud ? Nate vient avec nous, il la cherche depuis tout à l’heure.

Nate…

Ma jalousie reprend le dessus. J’essaie de ne pas être trop sec quand je réponds.

  • Oui, elle est avec moi.

J’ai conscience d’énoncer ça comme un fait. Elle est avec moi. Il n’y a pas moyen qu’elle ne soit pas à moi.

  • D’accord très bien. Est-ce qu'elle veut venir avec nous ?

Et la lui rendre ? Pas question. Je ne lui laisse même pas le choix.

  • Non, on va rester ici.
  • Ah bon ?

Deux mots tous simples qui me font revenir sur terre. La réalité me heurte de plein fouet. C’est moi qui n’ai pas le choix. Elle n’est pas à moi. Je lui tourne le dos le temps de terminer ma conversation. La vraie vie nous attend dehors. Elle va me laisser. Je ne veux pas la regarder se rhabiller avec un air coupable. La conversation va lui avoir rappelé qu’elle va se marier. A quel point tout ça était une erreur. Je tente de trouver un bobard cohérent car il est trop tard pour faire marche arrière.

  • Oui, on a pensé pareil niveau timing. On s’est dit qu’on pourrait rester un peu plus longtemps pour nettoyer, finir de bien placer les tables et tout…
  • Ah, super ! On sera plus efficaces en répartissant les tâches.
  • Oui, voilà.
  • Ok, du coup on vous laisse gérer ça.
  • Ok. Et on se retrouve direct à la salle ou à la maison ? je lui demande.
  • Je pense que le mieux, c’est de se retrouver à la maison quand vous avez fini. Comme ça, on prend qu’une voiture. On sera déjà douchés et prêts quand on rentrera. Il faut que tout le monde soit à la salle pour 19h30, alors ne traînez pas trop.
  • Ok ça marche. A plus.

Je raccroche. Je me fais violence pour me retourner. Elle n’y est pour rien au final. C’est encore moi qui ai commis l’erreur de faire le premier pas…

Toujours contre la porte, Maud n’a pas remis son t-shirt, mais elle couvre son corps de ses bras. Il y a à peine deux minutes, elle se mettait littéralement à nu devant moi et maintenant elle ne veut même plus que je puisse la regarder.

Fais chier.

Il ne faut jamais laisser les gens entrer. C’est ce que je me suis toujours dit et c’est ce que je m’évertue toujours à faire. Alors pourquoi est-ce qu'avec elle je deviens con au point de déroger à la règle ?

  • Est-ce que ça va ? me demande-t-elle.

Non.

  • Oui, je mens, c’était mon père. Ils vont rentrer se préparer et aller chez le traiteur dans la foulée. On doit tous se retrouver à la maison.
  • Oh. D’accord.

Elle a l’air encore plus triste tout à coup. La maison… Ça doit lui rappeler Nate à tous les coups. Je ne veux pas qu’elle voit combien j’ai mal. Je me penche pour ramasser son t-shirt. Je le lui tends et prend un air indifférent.

  • Ouais… Du coup, je sais pas si t’as entendu mais j’ai proposé qu’on range et qu’on place les tables, j’enchaîne.

Elle ne répond pas et me regarde intensément. Je ne veux pas de sa pitié. Elle tend timidement la main pour récupérer son t-shirt. Elle fait même attention à ne pas me toucher. Putain, j’ai vraiment joué au con. Elle ne peut même plus imaginer un simple contact avec moi !

Je la regarde se rhabiller, tentant de fixer dans ma mémoire les courbes de son corps. Je me fais du mal. Putain je sais que je me fais du mal. Mais ma douleur c’est tout ce que j’ai. Dans d'autres circonstances, j'aurais été me servir un verre. Je reboutonne mon pantalon.

  • Bon, on est de nouveau présentable. Allons gérer cette salle.

Elle n’a pas bougé de place. Je vais donc le faire moi-même. Je la prends par les épaules et la force à s’écarter du passage. Je ne peux pas la regarder. Je ne peux plus la regarder. J’ouvre la porte, la cale et sors.

Je trouve rapidement un balai et je me lance dans le nettoyage de cette foutue salle.

Je n’aurais jamais dû revenir. Je n’aurais pas dû la laisser me parler.

Je suis furieux contre moi-même.

« Il faut que ça cesse », la bonne blague !

Je rumine tout seul comme un con dans mon coin tout en lavant le sol. Je réarrange les tables et place les chaises. Contrairement à ses habitudes, Maud ne cherche pas à me parler. Elle doit culpabiliser, elle aussi.

Lorsque la pièce me paraît prête, je m’autorise une petite autocongratulation :

  • Bon, et bah c’est pas mal ça, Cédric. On va pouvoir reprendre la route.

Je range mon balai et récupère mes clés sur le bar. Je suis prêt à quitter la pièce quand je me rends compte que Maud ne me suit pas.

  • Tu viens ? je l’appelle sans me retourner.

Je ne veux pas voir ses yeux coupables. Je ne veux pas voir son corps habillé maintenant que j’ai eu un aperçu de ce qu’elle dissimule dessous.

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